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Mise à jour – 20 mars 2024

L’inflation des prix alimentaires intérieurs reste élevée : une inflation supérieure à 5 % est observée dans 60 % des pays à faible revenu (sans changement par rapport à la précédente mise à jour datant du 29 février 2024), 63,8 % des pays à revenu intermédiaire inférieur (soit une baisse de 2,2 points de pourcentage), 46 % des pays à revenu intermédiaire supérieur (+4 points) et 27,3 % des pays à revenu élevé (-9,1 points). En termes réels, l’inflation des prix alimentaires a dépassé l’inflation globale dans 62,9% des 167 pays pour lesquels des données sont disponibles.

Télécharger notre dernier point sur la montée de l’insécurité alimentaire et l’action de la Banque mondiale

Les indices des prix agricoles et des prix des céréales ont clôturé à plus 2 % par rapport aux niveaux enregistrés il y a deux semaines, tandis que l’indice des prix à l’exportation gagnait 1 %. Pour les céréales, les cours du maïs ont clôturé en hausse de 12 %, tandis que ceux du blé cédaient 4 %, les prix du riz restant inchangés. En glissement annuel, les cours du maïs et du blé ont enregistré un recul de 32 % et 21 % respectivement, et ceux du riz une augmentation de 27 %. Par rapport aux prix enregistrés en janvier 2020, les cours du maïs et du riz affichent une hausse de 14 % et 50 % respectivement, tandis que ceux du blé sont en baisse de 3 %. (Se reporter aux fiches de données actualisées [a] tous les mois pour suivre l’évolution des indices des prix des produits de base agricoles et alimentaires)

Dans une note spéciale publiée le 18 mars, le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) (a) met en lumière la situation catastrophique qui sévit dans la bande de Gaza. Selon ces dernières estimations, les gouvernorats de Gaza et de Gaza-Nord devraient basculer dans la famine d’ici au mois de mai. Actuellement, 1,1 million de personnes, soit la moitié de la population de la bande de Gaza, se trouvent dans la phase 5 de l’IPC (niveau de catastrophe). Cela signifie qu’elles sont exposées à des pénuries alimentaires extrêmes et dans l’incapacité de satisfaire leurs besoins fondamentaux, ce qui entraîne des risques accrus de malnutrition aiguë et de mortalité. En outre, 854 000 personnes (38 % de la population) se trouvent dans la phase 4 de l’IPC (niveau d’urgence), ce qui nécessite une action immédiate pour préserver les vies et les moyens de subsistance. Dans les gouvernorats du nord, où la famine est imminente, 70 % de la population sont sous la menace d’une insécurité alimentaire catastrophique (phase 5 de l’IPC), et 30 % d’une situation d’urgence (phase 4 de l’IPC). Les enquêtes auprès des ménages révèlent des tendances alarmantes : la quasi-totalité des familles sautent des repas tous les jours et une proportion importante des enfants de moins de deux ans souffrent de malnutrition aiguë.

Le dernier bulletin de veille du Système d’information sur les marchés agricoles (AMIS) (a), publié en mars, fait d’état d’une relative stabilité des marchés de produits de base alimentaires au mois de février, et ce en dépit de perturbations exogènes (problèmes d’acheminement en mer Rouge et ailleurs, manifestations d’agriculteurs dans divers pays...). Les cours du blé, du maïs et du soja sont tombés à leur plus bas niveau depuis deux ans ; ceux du riz ont connu une légère baisse imputable à la réduction des échanges durant les fêtes du Nouvel An lunaire, mais ils restent sensiblement plus élevés que l’année passée à la même période. Ce mois de février a été marqué par des températures exceptionnellement chaudes, qui ont accéléré la croissance des cultures dans nombre de régions ; dans l’hémisphère Nord, la phase végétative du blé d’hiver a été raccourcie, tandis que les récoltes de maïs et de soja se sont poursuivies dans l’hémisphère Sud.

Comme le montre un billet récent de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) (a), deux ans après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la guerre continue d’avoir de profondes répercussions sur les marchés agricoles mondiaux et de menacer la sécurité alimentaire dans le monde. Ce conflit, qui a débuté le 24 février 2022, a gravement affecté la production et les échanges en Ukraine, au détriment de la sécurité alimentaire mondiale, le pays étant un important exportateur de produits agricoles. Les marchés mondiaux des produits de base se sont cependant adaptés à ces perturbations, en partie grâce à une hausse des exportations d’autres pays, dont la Russie, ce qui a contribué à atténuer l’impact du choc initial.

Une nouvelle étude de grande ampleur (a), réalisée à partir de données couvrant 44 pays à revenu faible ou intermédiaire, met en évidence les effets potentiels des prix des denrées alimentaires sur la malnutrition infantile. Une augmentation de 5 % du prix réel des aliments sur une période de trois mois augmente le risque d’émaciation et d’émaciation sévère de 9 % et 14 % respectivement chez les enfants de moins de cinq ans. Les jeunes garçons, les enfants issus de foyers ruraux et pauvres en actifs et ceux appartenant à des ménages sans terres agricoles sont plus susceptibles d’en souffrir. L’étude souligne également les conséquences durables d’une atteinte nutritionnelle même de courte durée dans les 1 000 premiers jours de la vie : une augmentation de 5 % des prix alimentaires pendant la période prénatale accroît les risques futurs de retard de croissance et de retard de croissance sévère de 1,6 % et 2,4 % respectivement. Les hausses des prix alimentaires diminuent en outre la qualité de l’alimentation des jeunes enfants : une augmentation des prix de 5 % dans les 12 derniers mois réduit de 3 % la probabilité d’une alimentation suffisamment diversifiée, la consommation s’orientant vers des aliments de base tels que les féculents, moins coûteux.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a donné lieu à une vague de mesures sur les exportations et les importations de denrées. La crise alimentaire mondiale a été en partie aggravée par l’intensification des restrictions commerciales mises en place par les pays dans le but d’accroître l’offre intérieure et de faire baisser les prix. Au 11 mars 2024, 16 pays avaient imposé 23 interdictions d’exportation sur certains produits agricoles et 8 pays avaient adopté 15 mesures limitant les exportations.

 

L’action de la Banque mondiale

En mai 2022, la Banque mondiale s’est engagée[tweetquote:[En mai 2022, la Banque mondiale s’est engagée à mettre à disposition une enveloppe de 30 milliards de dollars sur une période de 15 mois pour faire face à la crise alimentaire. Elle a dépassé cet objectif, et s’emploie maintenant à mobiliser une enveloppe totale de 45 milliards de dollars en soutien à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, dont 22 milliards de dollars de nouveaux financements et 23 milliards de dollars réaffectés à partir de projets existants.

Son portefeuille d'opérations dans ce domaine s’étend désormais à 90 pays. Il comprend des interventions de court terme, comme l’extension des dispositifs de protection sociale, mais s’attache aussi à renforcer la résilience à plus long terme, en boostant notamment la productivité agricole et l’agriculture climato-intelligente.

Quelque 335 millions de personnes devraient en bénéficier, soit 44 % du nombre total de personnes sous-alimentées dans le monde. Environ 53 % des bénéficiaires sont des femmes, dont on sait qu’elles sont plus durement touchées par la crise. Voici un tour d’horizon de l'action de la Banque mondiale :

  • Au Honduras, une série de projets axés sur la compétitivité rurale (COMRURAL II et III) (a) vise à doper l’entrepreneuriat et la création d’emploi dans les filières agroalimentaires, tout en promouvant une stratégie soucieuse des enjeux du climat et de la nutrition. À ce jour, le programme a créé 6 678 nouveaux emplois et bénéficié à environ 6 287 petits producteurs de café, de légumes, de produits laitiers, de miel et autres denrées alimentaires (dont 33 % de femmes, 15 % de jeunes et 11 % de membres des populations autochtones), qui ont pu tirer parti d’un accès amélioré aux marchés et de l’adoption de techniques agricoles plus efficaces.
  • Au Honduras, toujours, le projet pour la sécurité alimentaire (PROSASUR) (a) cible les ménages ruraux pauvres et vulnérables qui vivent dans le « Corridor sec ». Il est venu en aide à 12 202 familles, en soutenant la réalisation de sous-projets agricoles favorisant la nutrition, l’élaboration de plans de sécurité alimentaire et des plans nutritionnels communautaires, ainsi que des actions d’éducation à la nutrition et à l’hygiène. Au sein de ces familles bénéficiaires, 70 % des enfants de moins de cinq ans et leurs mères ont désormais un score de diversité alimentaire égal ou supérieur à 4 (consommation d’au moins quatre groupes d’aliments).
  • Le programme de résilience des systèmes alimentaires pour l'Afrique de l’Est et australe, doté de 2,75 milliards de dollars, aide les pays de la région à accroître la résilience de leurs systèmes alimentaires et leur capacité à agir contre la montée de l'insécurité alimentaire. À présent dans sa troisième phase, il permettra d’améliorer les stratégies interorganisations de riposte aux crises alimentaires, d’intensifier les efforts à moyen et long terme en faveur d'une production agricole résiliente, d'un développement durable des ressources naturelles et d'un accès élargi au marché, et de mettre davantage l'accent sur la résilience des systèmes alimentaires dans l'élaboration des politiques.
  • Au Malawi, un crédit de 95 millions de dollars de l’IDA (a) en faveur du projet pour la commercialisation des produits agricoles (AGCOM) a pour objectif de développer certaines filières et d’apporter une réponse immédiate et efficace en cas de crise ou de situation d’urgence remplissant des critères préalablement établis.
  • Un don de 200 millions de dollars de l’IDA aide Madagascar à renforcer la décentralisation des services, améliorer l’approvisionnement en eau, restaurer et protéger les paysages, et améliorer la résilience des systèmes alimentaires et de subsistance dans la région aride du Grand Sud.
  • Au Burundi, le projet de développement communautaire intégré (a), qui bénéficie d’un crédit de 60 millions de dollars, accompagne les réfugiés et les communautés d’accueil dans quatre provinces du nord du pays afin d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, construire des infrastructures socioéconomiques et soutenir le développement de microentreprises dans le cadre d’une approche participative.
  • Le projet d’appui régional à l’Initiative pour l’irrigation au Sahel (a), d’un montant de 175 millions de dollars, contribue à renforcer la résilience et à stimuler la productivité des activités agricoles et pastorales au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Sénégal et au Tchad. Il permet à plus de 130 000 personnes de bénéficier de solutions d’irrigation à petite et moyenne échelle, avec un portefeuille de projets d’investissement couvrant quelque 68 000 hectares.
  • Le projet de réponse urgente à la crise alimentaire en Centrafrique (a) a procuré à 329 000 petits exploitants des semences, des outils et une formation aux techniques agricoles et post-récolte, de façon à développer leur production tout en résistant mieux aux risques liés au climat ou aux conflits.
  • En Guinée-Bissau, le projet de sécurité alimentaire d’urgence (a) (15 millions de dollars) contribue à accroître la production agricole et l’accès des familles vulnérables à la nourriture. Plus de 72 000 agriculteurs ont reçu des semences résistantes à la sécheresse et à haut rendement, des engrais et du matériel agricole, et bénéficié d’une campagne nationale de vaccination animale. En outre, 8 000 ménages vulnérables ont bénéficié d’allocations monétaires destinées à l'achat de nourriture et à la lutte contre l’insécurité alimentaire.
  • Mené en collaboration avec le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR), le projet AICCRA (a) a pour objectif d’accélérer l’impact de la recherche climatique du CGIAR en Afrique. D'un montant de 60 millions de dollars, il a permis à près de 3 millions d’agriculteurs africains (dont 39 % de femmes) de bénéficier de technologies agricoles climato-intelligentes et de services d’information climatique essentiels. Ces outils et services aident les agriculteurs à accroître leur production et à renforcer leur résilience face à la crise climatique. Au Mali, par exemple, les agriculteurs qui ont suivi les recommandations de l’application mobile RiceAdvice ont vu leurs rendements augmenter en moyenne de 0,9 tonne par hectare et leurs revenus de 320 dollars par hectare.
  • Le programme de résilience des systèmes alimentaires en Afrique de l’Ouest (766 millions de dollars) vise à mieux anticiper les risques d'insécurité alimentaire et à améliorer la résilience des systèmes agricoles. Il s'emploie notamment à développer les services de conseil numérique pour la prévention et la gestion des crises agricoles et alimentaires, renforcer les capacités d’adaptation des acteurs des filières agricoles et investir dans l’intégration des marchés et les échanges régionaux afin d’accroître la sécurité alimentaire. Un financement additionnel de 345 millions de dollars est actuellement en préparation pour le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo. 
  • La deuxième phase du projet pour la sécurité alimentaire et la résilience au Yémen a bénéficié d’un don supplémentaire de 150 millions de dollars (a), qui aidera à faire face à l'insécurité alimentaire, à renforcer la résilience à protéger les moyens de subsistance.
  • Au Tadjikistan, une aide supplémentaire de 50 millions de dollars (a) contribuera à atténuer les effets de l'insécurité alimentaire et nutritionnelle sur les ménages et à renforcer la résilience de l’agriculture.
  • En Jordanie, un projet d’un montant de 125 millions de dollars (a) a pour objectif de renforcer le développement du secteur agricole tout en améliorant la résilience climatique, en accroissant la compétitivité et l’inclusion et en assurant la sécurité alimentaire à moyen et long terme.
  • En Bolivie, un projet d’un montant de 300 millions de dollars permettra d’améliorer la sécurité alimentaire, l'accès aux marchés et l’adoption de pratiques agricoles climato-intelligentes.
  • Un prêt de 315 millions de dollars aidera le Tchad, le Ghana et la Sierra Leone à mieux faire face à l'insécurité alimentaire et à améliorer la résilience de leurs systèmes agricoles.
  • Le projet d’appui d’urgence pour la sécurité alimentaire et la résilience, d’un montant de 500 millions de dollars, va accompagner les efforts déployés par l’Égypte en vue d'assurer la continuité de l’approvisionnement en pain des ménages pauvres et vulnérables, renforcer la résilience du pays aux crises alimentaires et soutenir des réformes nécessaires pour améliorer les résultats en matière de nutrition.
  • Un prêt de 130 millions de dollars en faveur de la Tunisie vise à atténuer les répercussions de la guerre en Ukraine en finançant des importations de blé tendre qui sont vitales pour le pays et en fournissant un soutien d’urgence pour couvrir les importations d’orge pour la production laitière et les besoins en semences des petits exploitants agricoles pour la prochaine campagne céréalière.

Au mois de mai, le Groupe de la Banque mondiale et la présidence du G7 ont officialisé le lancement de l’Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire (a), une initiative conjointe qui vise à mobiliser une action immédiate et concertée face à cette crise. Cette Alliance a mis au point un tableau de bord sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le monde (a), qui est accessible au grand public et fournit des informations actualisées aux décideurs mondiaux et locaux pour aider à améliorer la coordination des moyens financiers et des mesures mises en œuvre en réponse à la crise alimentaire.

Les dirigeants de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Fonds monétaire international (FMI), du Groupe de la Banque mondiale, du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont publié une troisième déclaration conjointe le 8 février 2023. Pour éviter l’aggravation de la crise de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ils appellent à l'adoption d’autres mesures d’urgence pour « i) éteindre les foyers de famine, ii) faciliter les échanges, améliorer le fonctionnement des marchés et renforcer le rôle du secteur privé, et iii) réformer et réaffecter des subventions aux effets douteux grâce à un ciblage minutieux et une démarche efficiente ». Dans leur réponse à la crise, les pays devraient concilier les interventions urgentes à court terme et les efforts de résilience à plus long terme.

Dernière mise à jour: mars 20, 2024

Le point sur l'inflation alimentaire

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