La progression de l'égalité entre les hommes et les femmes est source de bénéfices économiques considérables. Aucune société ne peut espérer évoluer durablement sans offrir aux hommes et aux femmes les mêmes débouchés économiques, les mêmes ressources et les mêmes possibilités de choix pour mener leur vie et contribuer à la prospérité de leur famille, de leur communauté et de leur pays.
L'emploi des femmes est un moteur de croissance et d’inclusion. Le PIB par habitant à long terme serait supérieur de près de 20 % en moyenne si les écarts d'emploi entre les hommes et les femmes étaient comblés. En outre, des études estiment entre 5 000 et 6 000 milliards de dollars les gains économiques mondiaux qui pourraient être obtenus si les femmes créaient et développaient de nouvelles entreprises au même rythme que les hommes.
L'égalité des genres et l'autonomisation des femmes sont essentielles pour faire face aux crises, qu'il s'agisse de l'insécurité alimentaire, du changement climatique ou des situations de conflit, fragilité ou violence. Par ailleurs, l'autonomisation économique des femmes dans les secteurs productifs, notamment l'agriculture et la production de biens et services dans les secteurs formel et informel, contribue à l'amélioration de la sécurité alimentaire, à la création d'emplois, à l'amélioration de la productivité et à la croissance du secteur privé. Le leadership des femmes peut améliorer les résultats économiques, environnementaux et sociaux à long terme et favoriser les progrès de la gouvernance, car il est associé à une hausse des marges bénéficiaires nettes des entreprises et à la baisse des émissions de CO2.
Des investissements, des réformes et des interventions sont nécessaires pour : a) renforcer et protéger le capital humain, notamment en luttant contre les violences faites aux femmes ; b) accroître les actifs, les revenus et la productivité des agricultrices et des entreprises féminines ; c) augmenter la participation des femmes au marché du travail et à l'emploi ; d) promouvoir le leadership, l'implication et la participation des femmes à la prise de décision dans les communautés, les entreprises et le secteur public.
La Banque mondiale accorde une importance accrue à l'égalité hommes-femmes dans les situations de fragilité, conflit et violence. Pour cela, elle veille à ce que ses services et ses interventions tiennent compte des besoins spécifiques et effets différenciés selon le sexe, à disposer de meilleures données sur les dimensions de genre de ce type de situations, et à promouvoir le leadership et l'autonomie des femmes en tant que leviers essentiels de la sécurité et de la prospérité. Par exemple, la Banque mondiale a mené des recherches novatrices sur les aspects genrés des déplacements forcés (a), qui contribueront à éclairer ses opérations.
La Banque mondiale est conscient des normes sociales sous-jacentes qui limitent ou au contraire favorisent l'égalité des sexes. Ses interventions s'appuient de plus en plus sur l’apport des sciences comportementales, en s’attachant notamment à y associer les hommes et les garçons.
Son programme de travail en matière d'égalité des sexes constitue un engagement ambitieux et commun à l’ensemble de l’institution. En 2022, la Banque a lancé l’initiative #AccelerateEquality (a), afin de se pencher pendant un an sur les progrès et le bilan de ces dix dernières années dans la lutte contre les inégalités entre les sexes et dans la promotion de l’émancipation des filles et des femmes. Elle s’appuie à présent sur les enseignements tirés de cette initiative pour orienter l'actualisation de sa stratégie en matière de genre (a), qui sera lancée en 2024.
Des défis persistants dans le développement humain
Au niveau mondial, l'accès des femmes et des filles à des services de santé de qualité s'est amélioré, mais il reste encore beaucoup à faire.
Presque tous les décès maternels peuvent être évités. Selon les données recueillies avant la pandémie, la mortalité maternelle avait reculé dans le monde, pour passer de 342 à 211 décès pour 100 000 naissances vivantes entre 2000 et 2017 (a). Avec une baisse de leur taux de mortalité maternelle de 31 % et 23 % respectivement, l’Asie du Sud et l’Europe-Asie centrale sont les deux régions du monde qui ont enregistré les progrès les plus importants au cours de la dernière décennie. Même l’Afrique subsaharienne, qui affiche les plus mauvais chiffres de mortalité maternelle et de fécondité chez les adolescentes à l'échelle mondiale, a elle aussi vu ces taux diminuer sur la même période, respectivement de 15 et 13 %.
Dans le monde entier, la proportion de naissances assistées par un professionnel de santé qualifié est passée de 63 % en 2000 à 81 % en 2018 (a). Les progrès sont plus lents en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, mais l'amélioration se poursuit. Par ailleurs, si les femmes représentent 70 % du personnel de santé et des services sociaux dans le monde, elles n'occupent qu'environ 25 % des postes de direction.
Des avancées concrètes sont constatées pour certains aspects de la santé et des droits sexuels et reproductifs des adolescentes, comme de leur bien-être. Malgré une baisse lente et régulière, le taux de fécondité des filles vivant en Afrique subsaharienne est le plus élevé du monde, un quart d'entre elles donnant naissance avant l'âge de 18 ans. Les besoins non satisfaits de contraceptifs demeurent particulièrement importants chez les adolescentes. On estime que, sur au moins 10 millions de grossesses non désirées chez les adolescentes chaque année, 5,6 millions se terminent par un avortement, la plupart à risque.
Permettre aux femmes et aux jeunes filles de prendre des décisions concernant leur propre corps et leur santé est essentiel pour améliorer les résultats sanitaires. Les complications durant la grossesse et l'accouchement sont la principale cause de décès chez les adolescentes dans les pays en développement (a). En outre, leurs enfants ont aussi plus de risques de souffrir d’insuffisance pondérale à la naissance, de maladies, de retards de croissance et d’autres problèmes liés à une mauvaise nutrition. L'adolescence est une période au cours de laquelle les comportements de santé se mettent en place et l'on estime que près de 35 % de la charge mondiale de morbidité trouve son origine dans cette période de la vie.
Au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Tchad, le projet pour l’autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel (SWEDD) a pour objectif de favoriser l’émancipation des femmes et des adolescentes ainsi que leur accès à des services de santé reproductive, maternelle et infantile de qualité, tout en améliorant le partage de connaissances au sein de la région. Plus de 200 000 adolescentes (a) dans l’ensemble des pays couverts par le projet ont bénéficié d’une palette d’interventions en appui à leur scolarisation ; 400 établissements de formation pour les personnels de santé et les sages-femmes ont été évalués et équipés ; trois centres d'excellence ont été mis sur pied au Niger, en Côte d’Ivoire et au Mali, qui proposent le premier programme de mastère en soins infirmiers et obstétricaux du Sahel. Parallèlement, le projet a associé des milliers d’hommes et de jeunes garçons à des discussions consacrées à la santé de la procréation, de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent, ainsi qu’aux questions de genre, de pouvoir et de dynamique dans les rapports entre les femmes et leurs frères, maris et pères.
=> Pour en savoir plus sur l'impact des politiques en faveur de l’autonomisation des adolescentes, consulter le rapport Policy Lessons on Empowering Adolescent Girls
En Inde, le projet de renforcement des systèmes de santé du Meghalaya (a) contribue à la refonte des politiques de ressources humaines afin de promouvoir l'insertion, les transitions professionnelles et la progression de carrière des femmes, notamment par l'ajout de clauses préférentielles dans les marchés publics. Ce projet devrait également inciter les femmes à recourir aux services de santé, en particulier les femmes enceintes et celles vivant dans des villages.
Au Niger, un programme approuvé récemment va déployer des interventions innovantes et globales en matière de nutrition et de santé pour améliorer l'efficacité, l'équité et la viabilité du système sanitaire, tout en favorisant l'autonomisation des femmes et des filles.
Éducation
En dépit d’une amélioration constante et significative de l’éducation des filles et des jeunes femmes dans le monde, notamment en matière d’accès aux études et d'apprentissage, les progrès sont encore bien trop lents pour des indicateurs clés, en particulier en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud et dans les situations de fragilité, de conflit et de violence.
À l’échelle mondiale, les filles continuent d'accuser un retard considérable par rapport aux garçons en ce qui concerne les taux d'achèvement du secondaire, tandis que les préjugés sexistes qui prévalent dans le système éducatif renforcent la ségrégation professionnelle. La perpétuation des stéréotypes de genre, par l'environnement d'apprentissage en classe ou par le comportement du corps enseignant, du personnel et des pairs, induit des effets durables sur les résultats scolaires et les disciplines d'études, en particulier dans les filières scientifiques. D’après une étude réalisée par la Banque mondiale, cet accès limité à l’instruction et les obstacles qui empêchent les filles d’achever leurs 12 années de scolarité coûtent aux pays entre 15 000 et 30 000 milliards de dollars en perte de productivité et de revenus tout au long de la vie.
La pauvreté demeure le premier déterminant de l’accès des filles à l’éducation. De récentes études (a) portant sur 24 pays à revenu faible montrent qu'en moyenne, seulement 34 % des filles des ménages du quintile le plus pauvre terminent l'école primaire, contre 72 % de celles issues des ménages du quintile le plus riche. Les filles qui se heurtent à de multiples obstacles, tels que le niveau de revenu, le lieu de résidence, le handicap ou l'origine ethnolinguistique accusent le plus grand retard.
Éduquer les filles (a) ne se limite pas à leur scolarisation. C’est aussi faire en sorte qu’elles apprennent et se sentent en sécurité à l’école ; qu’elles suivent un cursus complet et acquièrent les savoirs et savoir-faire nécessaires pour réussir sur le marché du travail ; qu’elles se dotent des compétences socio-affectives qui leur permettront d’évoluer et de s’adapter aux mutations du monde ; qu’elles soient en mesure de décider de leur vie et de contribuer à l'ensemble de la collectivité.
Une nouvelle vague de programmes de la Banque mondiale dans le domaine de l'éducation — par exemple en Angola, au Nigéria et en Tanzanie (a) — inclut des interventions fondées sur des données probantes afin de créer des espaces sûrs pour les filles dans les écoles, d'améliorer leur santé sexuelle et reproductive et de travailler avec les enseignants pour faire évoluer les normes sociales. La Banque mondiale teste en permanence des programmes novateurs et intègre les enseignements tirés de ce qui fonctionne pour améliorer l'éducation des femmes et des filles, afin de garantir un « cercle vertueux » de renforcement de leurs compétences et de l'impact des interventions.
Les défis de l'éducation des filles : des chiffres éloquents (a)
- Plus de 129 millions de filles ne sont pas scolarisées dans le monde (a), soit environ 32 millions en âge de fréquenter l'école primaire et 97 millions en âge de fréquenter l'école secondaire. En Asie du Sud, environ 46 millions de filles ne vont pas en classe, et elles sont 52 millions en Afrique subsaharienne.
- Si les taux d'achèvement du cycle primaire (a) sont similaires pour les deux sexes à l'échelle mondiale (90 % pour les garçons et 89 % pour les filles), dans les pays à revenu faible, celui des filles est inférieur à celui des garçons dans le secondaire : 36 % contre 44 %.
- Dans les situations de fragilité, de conflit et de violence, les filles ont 2,5 fois plus de probabilités de ne pas aller à l'école que les garçons et, dans le secondaire, elles courent 90 % plus de risques de ne pas être scolarisées que les filles vivant dans d'autres environnements.
- On estime que les femmes représentent deux tiers de la population analphabète dans le monde. Le taux d'alphabétisation des femmes de plus de 15 ans n'est que de 83 %, contre 90 % pour les hommes.
- Garçons et filles sont victimes d’une crise des apprentissages. On mesure la pauvreté des apprentissages en fonction de la proportion d'élèves qui ne sont pas en mesure de lire correctement à l'âge de 10 ans. Si cette proportion est en moyenne inférieure de 4 points de pourcentage pour les filles par rapport aux garçons, les taux de pauvreté des apprentissages sont toujours très élevés pour les deux groupes. Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, le taux moyen est de 59 % pour les garçons et de 55 % pour les filles, mais l'écart se resserre dans les pays à revenu faible où la pauvreté des apprentissages est en moyenne d'environ 93 % pour les garçons comme pour les filles.
=> Pour en savoir plus sur l'impact des politiques en faveur de l'éducation des femmes, consulter le rapport Policy Lessons on Improving Education Outcomes
Économie
Perspectives économiques et emploi
Les inégalités entre les hommes et les femmes en matière d'opportunités économiques persistent dans toutes les régions et ont largement stagné au cours des trois dernières décennies. En témoignent les différences importantes de participation au marché du travail (a), les disparités salariales, les écarts en termes de bénéfices des entreprises, la sous-représentation dans les postes de direction et la ségrégation professionnelle qui confinent les femmes dans des emplois peu productifs. L’écart des taux d'activité entre hommes et femmes est proche de 30 % en moyenne dans le monde, mais il atteint jusqu’à 56 % dans des régions comme le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ou l'Asie du Sud.
Les études montrent qu'il existe un lien étroit entre l'autonomisation économique des femmes — l’aptitude et la capacité à générer des revenus, d'accumuler des biens et de gérer leur utilisation — et d'autres objectifs de développement, notamment en ce qui concerne la santé, la nutrition des enfants, l'investissement dans l'éducation et la réduction des violences de genre (a).
=> Pour en savoir plus sur les politiques en faveur de la participation des femmes à la vie active, consulter le rapport Increasing Female Labor Force Participation
=> Pour en savoir plus sur l'impact des politiques en faveur de l'accès des femmes au marché du travail, consulter le rapport Policy Lessons on Facilitating Labor Markets
La COVID-19 a accentué des disparités de longue date sur le marché du travail et au foyer, limitant la participation des femmes à la population active du fait de l'accroissement des tâches liées à la prise en charge des enfants, des adultes âgés et des membres de la famille malades. Les pertes d'emploi consécutives à la pandémie ont été plus importantes pour les femmes que pour les hommes, dans toutes les tranches d'âge et à tous les niveaux d'éducation. Et, dans les zones urbaines comme en milieu rural, les entreprises féminines ont plus souvent fermé leurs portes que pour celles appartenant à des hommes.
En outre, les femmes ont moins souvent bénéficié d'une forme quelconque d'aide publique. Malgré les difficultés, les entreprises dirigées par des femmes ont réagi à la crise en faisant preuve de résilience et d'innovation. Une enquête menée auprès de 40 000 entreprises dans des pays à revenu faible et intermédiaire (a) a révélé que les petites et microentreprises dirigées par des femmes étaient beaucoup plus susceptibles de recourir à des plateformes numériques que celles dirigées par des hommes.
Les agricultrices sont souvent moins productives que leurs homologues masculins en raison d'un accès moindre aux ressources nécessaires telles que les engrais et les semences. Par exemple, en Éthiopie, les femmes produisent 23 % de moins par hectare que les hommes. Une étude basée sur des données provenant de 126 pays (a) et couvrant plus de 46 000 entreprises révèle un écart important entre les sexes en matière de productivité du travail, les entreprises détenues par des femmes étant environ 11 % moins productives que celles qui le sont par des hommes.
Au Nigéria, 2,3 milliards de dollars de produits agricoles supplémentaires pourraient être générés en comblant cet écart et, en Tanzanie, cela permettrait à 80 000 personnes de plus de se nourrir correctement chaque année. La production alimentaire pourrait être développée en offrant des services de vulgarisation agricole tenant compte du genre, en assurant l’égalité des droits fonciers, en remédiant aux contraintes des agricultrices en matière de temps de travail, d'intrants et de capital, ou encore en promouvant l'inclusion tout au long de la chaîne de valeur. L'autonomisation des femmes peut également améliorer la nutrition grâce à l'adoption de bonnes pratiques agricoles et domestiques.
=> Pour en savoir plus sur l'impact des politiques en faveur des femmes dans l’agriculture, consulter le rapport Policy Lessons on Agriculture
Les dirigeantes d'entreprises qui innovent peuvent être des agents du changement et apporter de nouvelles solutions aux défis mondiaux, mais elles se heurtent à de multiples obstacles pour développer leurs entreprises. Les faits démontrent qu'il est urgent de mettre au point des outils permettant de cibler sur les entreprises féminines les interventions les plus profitables. Il est également nécessaire de concevoir des interventions à multiples facettes pour lever les nombreuses barrières que rencontrent les entreprises dirigées par des femmes, en tenant compte de leurs besoins différents au cours de la mise en œuvre des projets.
=> Pour en savoir plus sur les politiques en faveur des entreprises féminines, consulter le rapport What Works in Supporting Women-led Businesses?
Approuvé en 2018, le projet pour le développement et la croissance des PME en République démocratique du Congo (RDC) propose des activités de renforcement des capacités et des aides financières qui s'attachent entre autres à soutenir les femmes et les jeunes entrepreneurs. Il s'est associé au Laboratoire d’innovation sur le genre (GIL) en Afrique afin de tester l'effet de la combinaison d'une formation à la prise d'initiative personnelle pour les entrepreneuses avec des subventions en nature de 2 000 dollars. Les femmes sont conviées à la formation avec leurs maris dans le but de comprendre les effets de la prise en compte des contraintes socioculturelles qui pourraient restreindre les investissements dans les entreprises féminines. Le projet d’autonomisation des femmes entrepreneures et de valorisation des MPME pour la transformation économique et l’emploi, approuvé en mai 2022, vise à étendre la portée et l'impact des interventions sur les entreprises dirigées par des femmes, en créant un marché pour les services de développement des entreprises afin de générer des sources durables de financement et de formation pour les femmes entrepreneures et les MPME, et en soutenant la mise en œuvre de la législation existante en faveur de l'égalité entre les sexes.
En Serbie, le projet pour l'accélération de l’innovation et l’entrepreneuriat (a) contribue à la croissance et à la compétitivité en améliorant la recherche scientifique, l’entrepreneuriat innovant et l’accès aux financements. Sur la totalité des subventions accordées jusqu’à présent, soit 1,3 million de dollars, 56 % ont été allouées à des femmes.
=> Pour en savoir plus sur l’impact des politiques en faveur des femmes entrepreneures, consulter le rapport Policy Lessons on Supporting Women Entrepreneurs
La transition écologique renforce la demande de compétences en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STIM) et ouvre des perspectives dans des secteurs traditionnellement dominés par les hommes. Ainsi, dans les pays à faible revenu, l’écart entre les hommes et les femmes est de sept points de pourcentage dans les filières de formation en ingénierie, industrie et construction. Dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et les pays à revenu élevé, la différence s’élève, respectivement, à 15 et 17 points de pourcentage. Il est aujourd'hui nécessaire de mettre en place des politiques pour garantir que les femmes aient la possibilité d'accéder à des emplois orientés vers les STIM, très demandés et mieux rémunérés. La Banque mondiale déploie ainsi des efforts concertés pour stimuler la participation des femmes dans les STIM et d'autres secteurs à forte valeur ajoutée.
La part totale des femmes dans les compagnies d'électricité en Asie du Sud varie de 3 à 25 %, et celle des femmes travaillant dans les secteurs de l'ingénierie et techniques est encore plus faible, entre moins de 1 % et 21 %. WePOWER est un réseau professionnel de femmes bénévoles, très dynamique dans le secteur de l'énergie et de l'électricité en Asie du Sud. Il soutient la participation des femmes aux projets et institutions du secteur et promeut l'évolution des normes sociales concernant les femmes dans l'enseignement des STIM. Les partenaires de WePOWER organisent différentes activités autour de cinq piliers stratégiques afin de combler les disparités en matière d'emploi des femmes dans le secteur de l'énergie et de représentation des filles dans les filières STIM. Entre 2019 et 2022, les 28 partenaires de WePOWER (a) ont mené à bien plus de 2 700 activités qui ont bénéficié à plus de 68 000 femmes. Ainsi, environ 560 professionnelles ont été embauchées et 1 325 stagiaires féminines ont été recrutées dans des fonctions techniques.
Tâches familiales
Les femmes consacrent trois fois plus de temps que les hommes, soit une à cinq heures de plus par jour (a), à des tâches domestiques et familiales non rémunérées. Leur charge de travail a en outre augmenté pendant l’épidémie de COVID-19 en raison de la fermeture des écoles, du confinement des personnes âgées et des contaminations au sein des familles. Selon les données d'une enquête sur l'avenir des entreprises (a) menée fin octobre 2020, 18 % des femmes dirigeantes d'entreprise ont déclaré consacrer six heures ou plus par jour à des tâches domestiques, contre 10 % chez leurs homologues masculins. En outre, un récent document de travail de la Banque mondiale (a) indique que le taux de cessation des activités était en moyenne supérieur de quatre points de pourcentage pour les entreprises dirigées par des femmes et que celles-ci ont connu pendant cette crise des baisses de revenus plus importantes que celles détenues par des hommes.
L’augmentation de la charge de travail n'a pas seulement affecté l'emploi des femmes, mais aussi l'éducation des adolescentes : dans 46 pays du monde, 63 % des filles, contre 43 % des garçons (a), ont fait état d'une augmentation des tâches ménagères liées à la COVID-19 et une fille sur cinq a déclaré avoir trop de travail domestique pour pouvoir étudier, soit deux fois plus que les garçons.
Les investissements dans les services de garde peuvent avoir un impact sur plusieurs générations en améliorant l'autonomie économique des femmes, les résultats scolaires des enfants, le bien-être des familles, la productivité des entreprises et la croissance économique globale. L'élargissement de l'accès à des services de garde de qualité et abordables est l'un des leviers les plus efficaces que les pays peuvent actionner pour renforcer le capital humain et accélérer l'égalité. D'une part, bénéficier de services de garde d'enfants peut permettre aux mères de trouver un emploi, d'augmenter le temps de travail, la productivité et les revenus et d'améliorer la qualité du travail. D'autre part, des services de garde de qualité peuvent favoriser les facteurs de développement essentiels pendant les premières années d'un enfant pour l'acquisition des compétences fondamentales qui l'aideront à réussir à l'école et tout au long de sa vie.
Un rapport de la Banque mondiale (a) indique que plus de 40 % des enfants d'âge préscolaire dans le monde — soit 350 millions d'enfants — sont privés des services de garde dont ils auraient besoin. Le développement de ce secteur d’activité et la formation d’une main-d’œuvre spécialisée pourraient par ailleurs créer jusqu’à 43 millions de nouveaux emplois tout en permettant à davantage d’adultes, notamment les femmes, de chercher du travail ou de reprendre une activité. L'amélioration des possibilités d'emploi pour les femmes dépendra de la mise en œuvre de politiques publiques et de programmes volontaristes, en particulier d'investissements dans l’« économie des soins », ainsi qu'un engagement fort du secteur privé.
Avec ses partenaires, la Banque mondiale a lancé en 2022 l'initiative Investir dans la garde d'enfants (a) afin d'augmenter et d'optimiser les financements dans ce domaine en adoptant une approche globale, tant au sein de l'institution que des gouvernements impliqués. L'initiative mobilisera entre 180 et 225 millions de dollars de nouveaux financements pour élargir l'accès à des services de garde d'enfants de qualité et abordables dans les pays à revenu faible et intermédiaire du monde entier. Elle s'appuie sur de solides bases déjà en place, notamment l'Initiative de financement en faveur des femmes entrepreneures (We-Fi), les travaux d'IFC, le rapport Les Femmes, l'Entreprise et le Droit, ainsi que les équipes de recherche et opérationnelles.
Le projet des chaînes de valeur compétitives pour l’emploi et la transformation économique en Côte d'Ivoire vise à alléger les contraintes pesant sur les femmes en matière de participation au marché du travail grâce à la fourniture de services de garde d'enfants, y compris des services itinérants. Avec la mise en place d’un mécanisme d’investissement à long terme, le projet va également améliorer l’accès aux financements pour au moins 200 start-up et jeunes PME, notamment celles dirigées par des femmes, et 30 grandes entreprises engagées dans des investissements verts.
=> Pour en savoir plus sur l’impact des politiques en faveur de l'accès et du recours aux services de garde d'enfants, consulter le rapport Policy Lessons on Access to and Uptake of Childcare Services
Violences de genre
Environ une femme sur trois dans le monde (a) subit des violences de genre au cours de sa vie. Ces violences ont de graves conséquences sur le bien-être des femmes et des filles, de leurs familles durant plusieurs générations et des sociétés en général. Selon les estimations, le coût des violences conjugales à elles seules s'élèverait à 3,7 % du PIB de certains pays. Pourtant, 30 pays (a) du monde n'ont promulgué aucune loi réprouvant spécifiquement la violence domestique. Par ailleurs, dans 46 pays (a), il n'existe aucune disposition légale prohibant et sanctionnant fermement les cas de harcèlement sexuel au travail. Les confinements et les restrictions de déplacement consécutifs à la pandémie ont entraîné une forte augmentation des violences de genre, et de nombreux pays ont signalé une hausse considérable des appels d’urgence pour violence domestique.
Les violences de genre recoupent divers aspects des inégalités entre les hommes et les femmes et nécessitent une approche multisectorielle. La Banque mondiale s'investit de plus en plus dans la prévention et la réponse à cette violence par l'intermédiaire d'opérations dans tous les secteurs et dans chaque région, en aidant les pays à fournir des services, à créer des environnements sûrs, à promouvoir une transformation positive des comportements et à renforcer l'autonomie des femmes et des filles.
Au Kenya (a), la Banque mondiale aide les prestataires de santé à détecter les risques et les conséquences sanitaires des violences faites aux femmes et à proposer une assistance de première ligne et des traitements médicaux. À la suite de la recrudescence des cas de violence de genre liée à la pandémie de COVID-19, la Banque mondiale aide le Kosovo à former les agents des centres de santé primaire à la prise en charge des violences conjugales et à l’aide psychologique.
En Éthiopie, la Banque mondiale soutient des interventions essentielles en faveur de la parité des sexes et de l’autonomisation des filles dans les classes primaires supérieures : création d’espaces sûrs, actions auprès des garçons pour favoriser les changements de comportement sur les violences de genre, formation aux compétences de la vie courante et aménagements scolaires pour la mise en place d’installations sanitaires adéquates pour les filles.
En Tanzanie, le programme pour l’amélioration des apprentissages (a) aide les écoles à apporter des améliorations qui bénéficieront aux jeunes filles. Ces actions consistent notamment à favoriser leur bien-être grâce à un meilleur environnement scolaire, à créer des clubs destinés à leur inculquer des compétences de la vie courante et des connaissances en matière de santé sexuelle et reproductive, à promouvoir des pratiques d’enseignement soucieuses des questions de genre et à sensibiliser les personnels administratifs et les enseignants à la prévention et à la lutte contre les violences faites aux filles.
=> Pour en savoir plus sur l’impact des politiques en faveur de la réduction des violences de genre, consulter le rapport Policy Lessons on Reducing Gender-based Violence
Actifs, finance et numérique
Actifs
Sur les 190 pays étudiés dans le rapport Les Femmes, l'Entreprise et le Droit 2023, 76 limitent les droits fonciers des femmes. Dans 18 pays (a), les femmes n'ont pas les mêmes droits de propriété sur les actifs immobiliers. Les conjoints survivants masculins et féminins n'ont pas les mêmes droits d'hériter des biens dans 43 pays (a), et 41 économies (a) empêchent les filles d'hériter au même titre que les fils.
Pourtant, les faits (a) démontrent que les droits fonciers sont essentiels au développement économique. Et les pays dotés de régimes juridiques plus égalitaires (a) affichent généralement des niveaux plus élevés de propriétés détenues par les femmes. Lorsque les femmes ont accès aux actifs, les communautés prospèrent, car cela accroît leur capacité à créer et développer des entreprises en leur offrant les garanties dont elles ont besoin pour obtenir des crédits. Ces femmes peuvent ainsi investir pour leur famille et améliorer la situation (a) de leurs enfants pour qu'ils puissent faire des choix et vivre dignement.
En Éthiopie, le projet de développement de l'entrepreneuriat féminin (a) fournit des financements et des conseils pour favoriser la croissance des entreprises féminines, dans le but d'améliorer leurs revenus et leurs emplois. En 2013, le projet a créé la toute première ligne de crédit ciblant les femmes entrepreneures en Afrique. Outre ces prêts, les dirigeantes d'entreprise peuvent suivre une formation innovante axée sur le développement commercial. Le projet cherche également à lever les obstacles culturels et logistiques auxquels se heurtent les femmes pour accéder à des financements en élargissant les formes de garanties reconnues qui sont nécessaires pour obtenir des prêts et en tirant parti de nouveaux produits et de nouvelles technologies de crédit pour accroître l'accessibilité financière.
Services financiers et numériques
À l'échelle mondiale, les femmes ont 9 % de moins de chances (a) que les hommes de disposer d'un compte dans une institution financière ou d'un compte bancaire mobile, les disparités étant encore plus fortes dans les pays les plus pauvres. Les services financiers numériques peuvent renforcer la participation économique des femmes, favoriser le développement économique et aider les femmes à investir dans une entreprise, obtenir un emploi et gérer les risques financiers. Selon les estimations de la Société financière internationale (IFC), le déficit de financements en faveur des PME féminines s'élève à 1 500 milliards de dollars.
Partout dans le monde, les femmes ont moins de chances d'accéder à des services financiers comme le crédit et le financement par capitaux propres, l'épargne et l'assurance. Il est prouvé que les écarts entre les hommes et les femmes sont plus importants pour les entreprises de taille moyenne, qui sont trop grandes pour les institutions de microfinance et trop petites pour les produits plus risqués proposés par les banques, les sociétés de capital-risque et les sociétés de capital-investissement. Une étude (a) estime à 173 milliards de dollars le déficit de financement des microentreprises détenues par des femmes (24 % du déficit de financement des microentreprises) et à 1 500 milliards de dollars le déficit de financement des PME détenues par des femmes (33 % du déficit de financement des PME).
Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, les femmes sont moins nombreuses à avoir accès à internet et à la téléphonie mobile (a). Avant même la pandémie, la probabilité qu’une femme vivant dans ces pays possède un téléphone mobile était de 8 % inférieure à celle d’un homme. En outre, toujours dans ces pays, il y a 300 millions de moins de femmes que d'hommes qui utilisent l'internet mobile, soit un écart de 20 %. Ces obstacles peuvent empêcher les femmes d'exploiter de nouveaux débouchés dans le domaine des services et du commerce, notamment via les plateformes numériques et le commerce électronique.
Le deuxième financement en faveur du secteur privé, de la numérisation et du capital humain (a) en Mauritanie soutient des réformes visant à accroître l'accès des femmes à la finance numérique, en particulier dans les zones rurales, grâce à un cadre juridique permettant l'utilisation de services financiers dématérialisés. Cette série de financements soutient également des mesures destinées à permettre le déploiement du programme national de protection sociale, par exemple la création d’un système d’identification numérique pour faciliter la reconnaissance des bénéficiaires de l’aide sociale et la généralisation des transactions dématérialisées dans le cadre des programmes de transferts monétaires.
L'initiative G2Px a été lancée début 2020 en partenariat avec la Fondation Bill & Melinda Gates. Elle s'inscrit dans le cadre plus large des efforts d’amélioration des transferts de l'État aux particuliers (ou « G2P » pour government-to-person), grâce à la numérisation. Son objectif est de changer de modèle pour se concentrer sur des résultats de développement majeurs, tels que l'inclusion financière, l'autonomisation économique des femmes et des économies budgétaires pour le gouvernement. G2Px place les femmes au cœur des programmes de paiement numérique entre administration publique et particuliers, ce qui peut aider les pays à atténuer les risques d’exclusion et maximiser l’impact sur les femmes et les filles.
=> Pour en savoir plus sur les politiques en faveur de l'inclusion numérique des femmes, consulter le rapport Increasing Access to Technology for Inclusion
Identification et législation
Identification
Si les femmes n'ont pas le même accès que les hommes aux moyens d'identification, les gouvernements auront du mal à assurer l'universalité des services de base, l'accès à des opportunités économiques et le respect des droits et des protections des citoyens, et aussi à donner aux femmes les moyens de participer pleinement à l'économie numérique. Les données (a) du rapport Les Femmes, l’Entreprise et le Droit 2023 indiquent que 28 pays exigent toujours des femmes la production de documents supplémentaires pour faire une demande de passeport. Et selon l'enquête Global Findex de 2017 (a), 45 % des femmes vivant dans les pays à faible revenu n'avaient pas de pièce d'identité, contre 30 % des hommes.
La Banque mondiale procure des financements et une assistance technique à 49 pays pour renforcer leurs systèmes d'enregistrement des données d'état civil et d'identification. Une partie essentielle de ce soutien consiste à s'assurer que ces systèmes sont pleinement accessibles aux femmes et qu'ils peuvent efficacement contribuer à la prestation de services et à un meilleur accès aux débouchés économiques, sans discrimination.
L'initiative ID4D (a) de la Banque mondiale est à la pointe de ce mouvement, avec le généreux soutien financier de la Fondation Bill et Melinda Gates depuis 2016. Les activités d'ID4D consistent notamment à cerner et éliminer les obstacles juridiques, procéduraux et technologiques à l'accès et à l'utilisation des moyens d'identification par les femmes. Ainsi, des interventions sont menées pour réduire le coût, le temps et la distance nécessaires à l'enregistrement de l'état civil des femmes, de même que des campagnes de promotion et d'information ciblées sur l'identification, en particulier pour sensibiliser la population féminine.
Au Mozambique, le projet de gouvernance et d'économie numériques (a) promeut l'accès à l'identification officielle pour les femmes et les filles de manière pratique, par exemple en facilitant l'enregistrement de la carte d'identité (y compris les certificats de naissance pour les filles) lorsque les femmes accouchent dans des établissements de santé.
Lois et règlementations
Si les pays avancent à petits pas vers une plus grande égalité entre les sexes, les perspectives économiques des femmes à travers le monde sont toujours entravées par des lois et règlementations discriminatoires. En moyenne, les femmes ne jouissent que des trois quarts des droits juridiques accordés aux hommes.
Les réformes visant à supprimer les obstacles à l’inclusion économique des femmes ont été lentes et hétérogènes selon les régions. En 2022, plus de 18 pays ont promulgué 34 réformes. La plupart visaient à augmenter les congés payés pour les parents, notamment les pères, à supprimer les restrictions au travail des femmes et à imposer l’égalité de rémunération. Les progrès en matière d'égalité entre les sexes devant la loi sont essentiels à la réussite de la reprise économique. En effet, des lois plus égalitaires (a) ont été corrélées à une plus grande participation des femmes au marché du travail, à une réduction de l'écart salarial entre hommes et femmes et à de meilleurs résultats de développement, comme la santé et l'éducation des femmes. Néanmoins, en 2022, le rythme mondial des réformes en faveur de l’égalité devant la loi pour les femmes a atteint son niveau le plus bas depuis vingt ans (a).
Au Niger, la forte prévalence des mariages et grossesses précoces se traduit par un taux de fécondité important et par le taux de croissance démographique le plus élevé au monde. Selon une étude de la Banque mondiale (a), l'amélioration du niveau d'éducation et la réduction de la fécondité pourraient accroître le PIB du pays de plus de 12 % d'ici 2030. Le deuxième financement à l’appui de politiques de développement inclusif au Niger a appuyé l'adoption de réformes visant à mettre fin au mariage des enfants, à autoriser l'accès des adolescentes mariées au planning familial sans qu'elles soient obligatoirement accompagnées des parents ou du mari, et à permettre aux filles de rester à l'école en cas de grossesse ou de mariage.
Genre et climat
Le changement climatique et les politiques dans ce domaine n'affectent pas de la même manière les hommes et les femmes, en particulier parmi les groupes de population pauvres, vulnérables et socialement désavantagés. Travailler à la fois sur le genre et le climat peut avoir davantage d'impact que si l'on aborde chaque question séparément. Cela consiste à développer l'autonomisation et le leadership des femmes au sein des communautés, des entreprises, de l'industrie et des cercles politiques pour permettre une meilleure gestion des ressources et de l'environnement et une meilleure préparation aux catastrophes ; à sécuriser les actifs des femmes, leur accès au financement et leur inclusion économique afin de renforcer la résilience et les capacités d'adaptation ; et à promouvoir l'égalité des chances dans le cadre de la transition écologique.
La Banque mondiale aide les gouvernements, les professionnels du développement, les donateurs et les bénéficiaires à cerner et exploiter les pistes qui se fondent sur l'analyse de genre pour rendre l'action climatique plus efficace et plus inclusive. L'autonomisation, le leadership et le pouvoir de décision des femmes en matière d'action climatique sont associés à une meilleure gouvernance des ressources, à l'obtention de résultats en matière de conservation et à une meilleure préparation aux catastrophes. A contrario, le fait de ne pas prendre en considération les différences entre les sexes et les obstacles structurels et comportementaux qui entravent la participation des femmes peut compromettre l'efficacité des interventions climatiques avant même leur lancement.
La Banque mondiale intensifie également ses efforts dans plusieurs axes : remédier aux inégalités d’accès aux emplois de la « nouvelle économie » (énergies renouvelables, construction respectueuse du climat et adaptation) ; favoriser la pleine participation des femmes aux bénéfices de la transition numérique (en utilisant par exemple les systèmes dématérialisés de paiement de l'État aux particuliers afin d’accélérer la réduction de la fracture numérique entre les sexes) ; renforcer les capacités de leadership des femmes dans les mécanismes de préparation aux crises, d’intervention rapide et de relèvement, ainsi que dans les dispositifs de gouvernance des infrastructures ; promouvoir les investissements dans des emplois de qualité et dans l’entrepreneuriat en faveur des femmes dans le secteur des énergies renouvelables.
=> Pour en savoir plus sur les politiques en faveur de l'égalité des sexes dans l’action climatique, consulter le rapport Placing Gender Equality at the Center of Climate Action
Au Costa Rica, la Banque a travaillé avec le gouvernement et le Fonds de partenariat pour le carbone forestier (FCPF) (a) à la réalisation d’une analyse des questions de genre (a) qui a débouché sur une feuille de route et sur un plan d’action visant à accroître la participation des femmes aux activités de réduction des émissions dues à la dégradation des forêts et à la déforestation (REDD+). L’analyse de l’utilisation des terres sous l’angle des disparités entre les sexes (a) a mis en lumière les obstacles juridiques auxquels les femmes se heurtent en matière de droits fonciers. Ces résultats ont conduit à concevoir autrement la manière d’encourager, de soutenir et de reconnaître les contributions des femmes aux initiatives en faveur du développement de paysages durables et productifs. Le programme national de rémunération des services écologiques (a) du Costa Rica donne désormais un accès prioritaire aux femmes et assouplit les exigences relatives aux droits fonciers qui entravaient auparavant leur participation.
=> Pour en savoir plus sur l’impact des politiques en faveur des droits fonciers des femmes, consulter le rapport Policy Lessons on Women’s Land Titling
Déplacements forcés
Les contraintes et les obstacles liés au genre sont souvent amplifiés dans les situations de déplacement forcé. Les données recueillies à travers le monde montrent que les femmes déplacées n’ont pas accès à des services essentiels, notamment en matière de santé sexuelle et reproductive, de soutien psychologique ou encore de prise en charge en cas de violence sexuelle ou sexiste. Elles ne bénéficient pas non plus d’une offre continue d’éducation ou de formation.
C’est dans le domaine de l’emploi que les disparités entre les sexes sont les plus importantes, avec un écart d’au moins 90 % dans les taux d’emploi en défaveur des femmes, qui atteint même 150 % au Nigéria où environ 36 % des hommes déplacés ont un emploi, contre environ 15 % chez les femmes. Ces chiffres témoignent plus largement de la ségrégation qui existe sur le marché du travail à travers le monde et qui est aggravée par des facteurs qui limitent les perspectives d’emploi des femmes réfugiées : barrières linguistiques, taux d’alphabétisation plus faibles, tâches familiales non rémunérées, normes de genre, entre autres.
Les violences conjugales sont également plus fréquentes chez les femmes déplacées que chez celles des populations d’accueil. En Somalie, les taux de violences conjugales atteignent 36 % parmi les personnes déplacées contre 26 % dans les communautés d'accueil (soit un écart de 30 %). Au Soudan du Sud, près de la moitié des femmes déplacées (47 %) avaient subi des violences de la part de leur partenaire au cours de l’année écoulée, soit près de deux fois plus que les estimations nationales (27 %) et quatre fois plus que la moyenne mondiale (environ 12 %). En Colombie et au Libéria, les femmes ayant vécu un déplacement forcé ou la proximité de la mort dans un contexte de conflit étaient entre 40 et 55 % plus susceptibles d’être victimes de violence au cours de leur vie (a). Dans le cas de la Colombie, les violences à l’égard des femmes déplacées sont plus graves et entraînent souvent des blessures.
=> Pour en savoir plus sur l’impact des politiques en faveur de la réduction des violences de genre, consulter le rapport Policy Lessons on Reducing Gender-based Violence
La Banque mondiale est bien placé pour aider les pays clients à accélérer les progrès grâce à des investissements relativement modestes qui produisent des résultats considérables, même dans les contextes de fragilité, de conflit et de violence. Le modèle dit « de progression » pour la lutte contre la pauvreté, qui se base sur les programmes de protection sociale existants pour ajouter aux transferts monétaires des actifs productifs, un soutien aux communautés et des formations professionnelles, a fait ses preuves dans différents pays et cultures et obtenu des résultats prometteurs dans des situations de fragilité, de conflit et de violence. De même, la Banque mondiale apporte de plus en plus son soutien aux pays clients dans la prévention et la réponse aux violences de genre.
Au Bangladesh, le projet pour une réponse multisectorielle d’urgence face à la crise des Rohingyas finance la création de lieux destinés à offrir aux femmes et aux adolescentes un espace sûr, ainsi que des services d’intervention immédiate pour la prise en charge des violences de genre. En mars 2022 (a), 10 500 femmes et filles avaient recours à ces services dans le cadre de sept espaces dédiés à leur accueil.
Dans le nord du Mozambique, où les femmes et les filles déplacées à l’intérieur du pays sont particulièrement exposées aux violences de genre, le projet d’appui aux investissements dans le développement du capital humain et l’inclusion (a) soutient la mise en place de services coordonnés pour la lutte contre les violences faites aux femmes en formant les personnels de la santé et de la police, notamment, à la reconnaissance et au traitement de ces violences.
Riposte à la COVID-19
La COVID-19 a jeté un éclairage nouveau sur le travail de la Banque mondiale en matière de genre. L’institution a aidé les pays à faire face à la crise sanitaire immédiate et à ses impacts sociaux et économiques. Elle soutient également les efforts de reconstruction d'économies plus inclusives et plus résilientes aux chocs futurs.
L'Initiative de financement en faveur des femmes entrepreneures (We-Fi) (a) aide ses bénéficiaires affectées par la pandémie à survivre à la crise, mais aussi à développer leur activité et à renforcer leur résilience à long terme. En s'efforçant d'améliorer l'accès des femmes aux financements, aux marchés, aux réseaux et aux informations, l’initiative We-Fi (a) les aide à réaliser leur potentiel et à devenir des moteurs de la croissance économique et de la création d'emplois. En décembre 2021, les projets menés par We-Fi avec plus de 247 partenaires avaient directement aidé 11 000 entreprises féminines dans plus de 55 pays.
De même, le Mécanisme d'accès aux opportunités pour les femmes entrepreneures (WEOF) (a) vise à élargir l'accès au capital pour les dirigeantes d'entreprise et à démontrer la viabilité commerciale de l'investissement dans les femmes. Ce mécanisme propose des financements mixtes, des services de conseil et des études de marché pour mobiliser des services financiers destinés aux PME féminines. En 2022, l'initiative a financé 144 000 cheffes d'entreprise. En Zambie (a), la Banque mondiale finance la continuité des services de nutrition et de santé de la reproduction, de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent(e). Au Cambodge (a), elle renforce la disponibilité des services essentiels pour la prévention de la mortalité des femmes, notamment un meilleur accès au planning familial, la réduction des grossesses chez les adolescentes, ainsi qu'un dépistage et un traitement efficaces du cancer du col de l'utérus.
La Banque mondiale aide les femmes à reprendre une activité économique par l'intermédiaire de programmes de travail contre rémunération, d'un soutien accru à la garde des enfants, de la fourniture d'intrants agricoles et d'un meilleur accès au crédit et aux liquidités pour les entreprises dirigées par des femmes, notamment en Afghanistan (a), en Mauritanie, au Mozambique (a) et au Togo.
Dernière mise à jour: avr. 06, 2023