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publication19 juin 2025

Baromètre économique de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale – Printemps 2025

Baromètre économique CEMAC 2025

LES POINTS MARQUANTS

  • La croissance du PIB dans la région CEMAC a augmenté pour atteindre 3,0 % en 2024, mais reste insuffisante pour créer des emplois substantiels et réduire la pauvreté, le revenu par habitant ayant augmenté de 0,2 % en 2024.
  • Le solde budgétaire s'est détérioré dans la région, en moyenne, les pays étant exposés à d'importantes pressions liées à la dette publique et à des vulnérabilités externes, exacerbées par la volatilité des prix des hydrocarbures et par un environnement commercial mondial particulièrement incertain.
  • Pour améliorer les conditions de vie et créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, il serait essentiel pour les pays de la CEMAC de mieux cibler les dépenses publiques pour investir dans les infrastructures et dans les domaines sociaux. Des réformes sont également nécessaires pour promouvoir un secteur privé plus dynamique, une meilleure gestion des finances publiques et des services publics plus efficaces.

The World Bank
Monument de la réunification du Cameroun. Crédits: Kelly sur Pexels.

L’édition de printemps du Baromètre économique semestriel de la CEMAC est un rapport qui examine la situation économique actuelle de la CEMAC, suivi de brèves analyses par pays. Téléchargez le rapport ici.

Voici quelques points clés du rapport :

L'activité économique dans la région CEMAC a connu une croissance modérée en 2024, qui reste insuffisante pour créer suffisamment d'emplois pour les jeunes de la région et entraîner une réduction substantielle de la pauvreté. Le Cameroun et le Tchad ont affiché les meilleures performances de croissance, tirées respectivement par l'augmentation des exportations de cacao et de coton et par l'expansion du secteur non pétrolier. Le Gabon a connu une augmentation de la production pétrolière, tandis que la République du Congo a enregistré une croissance modeste, marquée par une expansion des secteurs non pétroliers et un recul de la production pétrolière. La République centrafricaine et la Guinée équatoriale ont affiché les estimations de croissance les plus basses, avec une reprise modeste due à diverses améliorations sectorielles. Le taux de croissance régional devrait atteindre 2,9 % en 2025-2027, bien en deçà de celui de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Les perspectives économiques de la CEMAC sont exposées à des risques élevés, principalement en raison d'un environnement mondial particulièrement incertain.

Croissance du PIB réel en zone CEMAC, 2020-2027

Baromètre économique CEMAC – Printemps 2025

La situation budgétaire de la CEMAC s'est détériorée en 2024 en raison de la baisse des prix du pétrole, de la diminution des recettes des produits de base et des pressions importantes sur les dépenses publiques. Le solde budgétaire moyen de la région est passé à un déficit de -1,5 % du PIB, contre un excédent de 0,6 % en 2023. Les dépenses publiques ont augmenté à 19,7 % du PIB, tandis que les recettes totales ont reculé à 18,2 %, dans un contexte de difficultés à contenir et cibler les dépenses publiques et à mobiliser davantage de recettes fiscales. Le ratio de la dette publique sur le PIB de la région reste élevé, en particulier au Congo et au Gabon où il se situe au-dessus du critère de convergence de la CEMAC fixé à 70 % du PIB.

Position budgétaire (% du PIB) de la CEMAC et de l'UEMOA, 2020-2027

Baromètre économique CEMAC – Printemps 2025

Dans le même temps, la balance commerciale de la CEMAC est restée stable dans l'ensemble, enregistrant une légère baisse, passant de 8,9 % à 8,6 % du PIB entre 2023 et 2024. La région continue à maintenir des excédents commerciaux et des excédents du compte courant, soutenus par les exportations des hydrocarbures. Cependant, la vulnérabilité du pays à la volatilité des prix des produits de base est évidente, la baisse des prix du pétrole ayant un impact sur la position commerciale.

La région de la CEMAC a connu une augmentation significative du ratio de la dette publique sur le PIB ces dernières années, reflétant des besoins de financement croissants. Le coût élevé du service de la dette a considérablement réduit la marge de manœuvre budgétaire, laissant moins de place aux dépenses dans des services essentiels comme la santé et l'éducation. Les ratios dette/PIB ont augmenté en raison de chocs économiques externes, d'adjudications infructueuses de titres de créance et de risques de refinancement élevés. Le Congo et le Gabon affichent des niveaux élevés de dette, avec des opérations de reprofilage de la dette (domestique) réalisées récemment pour gérer les engagements. La situation de la dette de la région est également compliquée par des défis en matière de transparence, ce qui rend difficile une gestion efficace de la dette. Une stratégie efficace d'assainissement des finances publiques, associée à une meilleure gestion de la dette et des finances publiques, à un investissement accru dans le capital humain et à un soutien ciblé aux plus vulnérables, est essentielle pour éviter une crise de la dette, améliorer les perspectives d'endettement et assurer la viabilité des finances publiques.

Dette extérieure totale par créancier, 2023 par pays, en milliards de dollars

Baromètre économique CEMAC – Printemps 2025
Remarque : Guinée Éq. = Guinée Équatoriale ; CAR = République Centrafricaine.

Outre la pression de la dette, les pays de la CEMAC sont confrontés à d'autres défis, notamment la dépendance à l'égard de l'aide extérieure et des exportations de matières premières, ainsi que les fragilités sociales et institutionnelles. Ces vulnérabilités exposent la région à des risques importants tels que la réduction de l'aide étrangère, le durcissement des conditions de financement et les perturbations commerciales. Il serait important d’adopter et de mettre en œuvre des stratégies ciblées visant à renforcer la résilience économique, sociale et institutionnelle, promouvoir la diversification économique et la croissance basée sur l'emploi et améliorer la gouvernance.

La création d'un plus grand nombre d’emplois de qualité est essentielle à la réduction de la pauvreté et au renforcement de la cohésion sociale. Dans l'ensemble, la croissance régionale de la CEMAC reste fortement dépendante des secteurs à forte intensité de capital, tels que le secteur pétrolier et d'autres secteurs extractifs, qui génèrent peu d'emplois pour la population en croissance rapide de la région, laissant de nombreux jeunes sans emploi. Le taux de chômage, qui s'élève à environ 9.7 % de la population active de la CEMAC, est plus de quatre fois supérieur à celui de l'espace UEMOA. En outre, plus de 65 % des emplois se trouvent dans le secteur informel, principalement dans des activités de services à faible productivité. Pour permettre aux entreprises de se développer, d'embaucher davantage et de s'étendre dans davantage de secteurs, il serait essentiel d’améliorer les infrastructures et les conditions d'activité économique, et d’investir dans les compétences de la main-d'œuvre et le capital humain, afin d’accroître ainsi leur résilience aux chocs extérieurs et de stimuler la croissance économique à long terme.

The World Bank
Rue au Cameroun. Crédits: Kelly sur Pexels.