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ARTICLE 15 juillet 2021

« Je ne serais pas arrivée là sans l’aide de ma mère et la passion de mon oncle »

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Photo: Linda


Lancé en 2014, le programme de Centres d’excellence dans l’enseignement supérieur en Afrique (CEA) cherche à répondre aux demandes de compétences spécialisées et prioritaires sur le marché du travail. Devenu synonyme d’un enseignement supérieur de qualité pertinent, il a soutenu plus de 14 000 étudiants en mastère et en doctorat dans l’agriculture, la santé et les sciences, dont 30 % de femmes. Découvrez l’expérience de Linda — et les difficultés qu’elle a dû surmonter.

YAOUNDÉ, Cameroun, 15 juillet 2021 — . « Ils lui disaient : tu ferais mieux de lui faire apprendre la couture ou la coiffure. Mais ma mère a toujours résisté. » Elle était aux côtés de sa fille, quels que soient ses choix.

Linda a donc quitté Bamenda pour l’université de Buea, au Cameroun, afin d’étudier la chimie et les sciences des matériaux. Pendant les congés scolaires, elle va toujours donner un coup de main à son oncle, décédé depuis. Celui-ci fabriquait des carreaux de céramique et cela avait éveillé sa curiosité.

Un appétit pour les sciences des matériaux

« J’avais vraiment envie d’en savoir plus sur les matériaux. Pourquoi les choses sont comme elles sont ? Que se cache-t-il à l’intérieur ? Même en achetant un produit quelconque, comme de la lotion pour le corps, j’allais toujours regarder la composition. » Linda entend parler du mastère en sciences des matériaux à l’Institut panafricain des matériaux (PAMI) à Abuja (Nigéria) par un ami déjà inscrit dans un centre d’excellence là-bas. Encouragée par son professeur, elle obtient une bourse d’études.

afin de valoriser les ressources minérales et minières de l’Afrique de l’Ouest et centrale.

Une fois à Abuja, son enthousiasme ne faiblit pas. « Le jour de la rentrée, quand le superviseur nous a demandé si nous savions ce que nous voulions étudier, je pense que j’ai été la première à lever la main : j’ai toujours voulu travailler dans la céramique. »


« Je ne serais pas arrivée là sans l’aide de ma mère et la passion de mon oncle  »
Linda
Ingénieure fière de son parcours et bien décidée à aider les autres

Les travaux de recherche de Linda vont porter sur l’impact des déchets de polymères sur les propriétés mécaniques des carreaux de céramique fabriqués à partir d’argile africaine. Comme le Cameroun importe la plupart de ses carreaux en céramique, les producteurs locaux sont rares. Ayant vu l’entreprise de son oncle périciliter après la mort de ce dernier, Linda a décidé de chercher des solutions pour augmenter la production dans son pays.

Inspirée par l’un de ses condisciples, Linda commence à réfléchir à la question des impacts environnementaux. Les Nigérians raffolent de l’eau pure, qu’ils consomment en sachets, une solution censée fournir instantanément aux consommateurs une eau potable hygiénique et bon marché.

« Dès que tu sors du campus, le sol est jonché de sachets d’eau pure vides. Alors je me suis dit que je pouvais utiliser cette matière dans mes carreaux de céramique. » Le programme de mastère ne laisse aucun répit. Linda se souvient encore des longues heures passées le soir, chez elle, après les cours, à travailler sur ses devoirs et à préparer les exposés collectifs.

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Photo: Linda

Mais « l’ambiance géniale » du Centre a rendu globalement l’expérience tout à fait positive. Avec ses camarades de cours originaires d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale (et une colocataire nigériane), Linda a pu s’adapter à la vie dans un nouveau pays. « Tous ces gens avec des cultures différentes et des prononciations différentes. Parfois, nous nous moquions simplement les uns des autres. C’était une expérience vivante, collaborative et interactive. Malgré des domaines d’étude différents, nous ne faisions qu’un sur le campus. »

Avoir un impact sur sa communauté

Aujourd’hui, Linda effectue un doctorat au Nelson Mandela African Institution of Science and Technology à Arusha, en Tanzanie. Elle s’est délibérément tournée vers les sciences naturelles. Un drame personnel est à l’origine de cette décision, qui a également renforcé son envie d’agir pour son village et sa communauté.

« L’un de mes cousins est mort du choléra après avoir bu de l’eau polluée. Maintenant je sais que je tiens quelque chose — la fabrication de céramique — que je peux rapporter dans mon pays, le Cameroun. Mais j’ai aussi besoin de réfléchir à des solutions pour continuer d’aider mes compatriotes. »

Le doctorat de Linda porte sur l’utilisation d’ingrédients naturels, comme le moringa et le charbon actif, pour améliorer la purification de l’eau. Elle obtiendra son diplôme en 2023-24 mais elle est d’ores et déjà très fière du chemin qu’elle a parcouru, malgré les obstacles.

« . Dans la tradition africaine, la femme se marie et met au monde les enfants. La situation reste compliquée pour moi, car tous mes proches ont un avis sur ma vie. »

Même si cela lui pèse parfois, Linda est absolument déterminée à aider les autres. « Des tas de gens ont besoin d’aide. Je n’ai pas l’intention de mener une vie égoïste mais bien de me consacrer à celles et ceux qui m’entourent. »

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Linda et sa mère, fan inconditionnelle et source de motivation. Photo: Linda

Les femmes et la science : ne jamais cesser d’avancer !

Linda a un conseil tout simple à donner aux autres jeunes Africaines qui envisagent de faire des études scientifiques ou techniques : « Allez toujours de l’avant ! ».

« Les gens pensent que les sciences sont réservées aux personnes très intelligentes. Si, en grandissant, on ne cesse de vous dire combien les mathématiques ou la chimie sont difficiles, continuez à étudier. Continuez à lire ce que vous ne comprenez pas. Plus vous lirez, et mieux vous comprendrez ce qui vous échappe pour l’instant. »



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