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ARTICLE 27 juin 2019

Madagascar : un programme de protection sociale qui allie bien-être communautaire et épanouissement individuel

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Photo: Diana Styvanley, Banque mondiale


LES POINTS MARQUANTS

  • Mis en œuvre dans cinq districts de Madagascar, un projet de filets sociaux offre des formations et des ateliers de sensibilisation aux ménages les plus pauvres.
  • Plus de 31 000 personnes en ont déjà bénéficié et pu obtenir un revenu supplémentaire pendant les mois difficiles.
  • Une caisse d’épargne collective, apporte aussi le coup de pouce financier dont certains des bénéficiaires ont besoin pour lancer ou développer leur activité.

ANTANANARIVO, le 27 juin 2019―Benja Voajanahary s’affaire dans son jardin qui lui sert de pépinière depuis 2018. Il l’a créé peu de temps après avoir reçu une série de formations sur les techniques de production, de culture et de multiplication de jeunes plants par le programme Argent contre travail productif (ACTP). 

Perfectionner son activité ou apprendre un métier grâce à des formations

Benja fait partie des 31 250 ménages vulnérables bénéficiaires de ce programme, mis en œuvre dans cinq districts de Madagascar. « Mon père était agriculteur et je l’ai toujours accompagné dans ma jeunesse. Nos techniques étaient traditionnelles, transmises de père en fils. J’ai donc déjà certaines bases de connaissance mais qui ont vraiment été enrichies avec les formations théoriques et pratiques que j’ai reçues dans le cadre du programme. Je ne me suis plus contenté de cultiver du riz comme mon père, j’ai décidé de démarrer une pépinière et commercialiser mes jeunes plants de girofliers, caféiers, bananiers, ravintsara… » 

Produits de rente qui font la renommée de cette partie sud-est de Madagascar, les jeunes plants de café et de girofle se vendent bien. En une année, Benja a pu commercialiser plus de 700 jeunes girofliers et autant de caféiers en ville, à Manakara. 

L’ACTP figure parmi les programmes de filets sociaux développés par le système national de protection sociale malgache et financé à plus de 14 millions de dollars par la Banque mondiale depuis 2015, par le biais de l’Association internationale de développement (IDA). 

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« Je ne me suis plus contenté de cultiver du riz comme mon père, j’ai décidé de démarrer une pépinière et commercialiser mes jeunes plants de girofliers, caféiers, bananiers, ravintsara », explique Benja Voajanahary qui a reçu une série de formations sur les techniques de production, de culture et de multiplication de jeunes plants par le programme Argent contre travail productif (ACTP). Photo: Diana Styvanley, Banque mondiale

De son côté, sa voisine, Pierrette Ranorosoa surveille tous les matins son bassin à poissons qu’elle vient d’aménager à côté de ses rizières, il y a tout juste deux mois. Pierrette bénéficie aussi du programme ACTP. Après avoir reçu trois formations sur la pisciculture, elle a décidé d’investir dans un bassin. Elle a déjà introduit 150 alevins dans son étang spécialement aménagé selon les normes techniques requises. Elle espère, pouvoir tirer profit de son investissement d’ici juin 2019.  

Parmi les autres formations et ateliers de sensibilisation disponibles : le compostage, l’épargne communautaire, la gestion de budget familial, l’éducation nutritionnelle, l’éducation parentale, l’éducation à l’hygiène, l’eau et l’assainissement...

« Le programme ACTP est un programme de filets sociaux qui vise à offrir des revenus supplémentaires aux ménages les plus pauvres en leur fournissant des revenus ponctuels pendant les moments difficiles en échange de certaines activités. C’est ce que nous appelons Argent contre travail productif », explique Julia Rachel Ravelosoa, économiste principale en protection sociale à la Banque mondiale. « Ces revenus supplémentaires leur permettent de soutenir leur consommation, de protéger leur capital humain et leur donne un coup de pouce pour développer des activités productives susceptibles de les rendre plus résilients ». 

Surtout chez les femmes, qui parviennent à devenir progressivement autonomes, selon les premières évaluations, et investissent dans des petites entreprises familiales pour améliorer leurs revenus. 

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Après avoir reçu trois formations sur la pisciculture, Pierette a décidé d’investir dans un bassin et espère pouvoir tirer profit de son investissement d’ici juin 2019. Photo: Diana Styvanley, Banque mondiale

Un revenu ponctuel pendant les mois difficiles 

Les activités Argent contre travail consistent essentiellement à construire des biens ou aménager des infrastructures utiles à l’ensemble de la communauté. La communauté identifie elle-même les chantiers prioritaires à travers un plan d’aménagement. Ainsi, dans cinq districts de Madagascar, les communautés ont reboisé 764 ha de terre, aménagé 900ha de terrains, irrigué 12 700 ha de surfaces agricoles et planté plus de trois millions de jeunes pousses dans les pépinières, depuis le début du programme en 2015. En contrepartie de ces travaux, les bénéficiaires reçoivent de l’argent. Les chantiers s’étalent sur 80 jours par an et sont réalisés durant les périodes de faibles activités agricoles ou pendant les périodes de soudure, au moment où les ménages ont le plus besoin de soutien. Ces périodes de soudure surviennent généralement avant la récolte et pendant la préparation de la rentrée scolaire. 

Et cela semble être efficace, l’évaluation à mi-parcours de ce programme révèle que grâce aux revenus des 80 jours de travail annuel et aux formations, les ménages bénéficiaires ont pu améliorer leurs conditions de vie et ont obtenus davantage d’opportunités économiques. « Notre vie s’est améliorée. Ma petite entreprise de pépinière marche vraiment bien. Je commence à me faire connaître et je reçois de plus en plus de clients. La pépinière arrondit mes fins de mois, et j’envisage d’étendre la superficie », confie Benja Voajanahary.

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Dans le village d’Andremanta, district de Manakara, chaque membre contribue à l’épargne communautaire avec un montant minimum de 500 ariarys. Cette épargne sert de fonds aux membres pour dépanner en cas d’urgence ou pour financer leurs propres projets. Photo: Diana Styvanley, Banque mondiale

Aménager ensemble, produire ensemble, recevoir des formations adaptées aux besoins de production communautaires, le programme ACTP renforce aussi la cohésion sociale. Il a introduit et développé le concept d’épargne communautaire aux niveaux des villages en créant des associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC). Elles regroupent 15 à 25 bénéficiaires et se réunissent toutes les semaines. Dans le village d’Andremanta, district de Manakara, chaque membre contribue à l’épargne communautaire avec un montant minimum de 500 ariarys qu’il peut multiplier par deux ou cinq maximum toutes les semaines. Cette épargne sert de fonds aux membres pour dépanner en cas d’urgence ou pour financer leurs propres projets. Comme Penalie Christine, à 35 ans cette mère célibataire de trois enfants en bas âge vend des petits beignets au bord de la route pour survivre. Après être devenue membre de l’AVEC, elle y a contracté un prêt de 50 000 ariarys (16 dollars) en février 2019 pour développer son commerce, en y ajoutant du pain et du café chaud. Elle envisage de rajouter un deuxième prêt pour pouvoir vendre des biscuits et des bonbons. 

« Je suis une mère célibataire et j’ai toujours eu l’habitude de ne pouvoir compter sur personne pour élever mes enfants. Mais, maintenant, je me sens heureuse d’être membre de l’AVEC qui m’aide à investir, voir plus loin, gagner un peu plus », explique-t elle. « Le soutien financier dont nous disposons auprès de l’AVEC en tant que membre est très important pour nous toutes. »

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Après être devenue membre de l’AVEC, Christine a contracté un prêt de 50 000 ariarys (16 dollars) en février 2019 pour développer son commerce, en y ajoutant du pain et du café chaud. Elle envisage de rajouter un deuxième prêt pour pouvoir vendre des biscuits et des bonbons. Photo: Diana Styvanley, Banque mondiale

 



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