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Il est urgent d’agir contre le changement climatique et le ralentissement de la croissance

10 octobre 2015


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De gauche à droite et de haut en bas : le président du Groupe Banque mondiale, Jim Yong Kim, avec deux de ses anciens patients ; la présentatrice du journal de CNN en Español, Gabriela Frías ; l'acteur Sean Penn ; les membres de l'audience lors de la conférence de presse d'ouverture des Assemblées. Toutes les photos : © Simone D. McCourtie/Banque mondiale, sauf Sean Penn : © Franz Mahr/Banque mondiale


LES POINTS MARQUANTS
  • Au terme des Assemblées annuelles organisées à Lima (Pérou), la priorité s’est portée sur les obstacles qui entravent l’élimination de l’extrême pauvreté et la promotion d’une prospérité partagée.
  • Dans son communiqué, le Comité du développement fait état d’une hausse des risques de dégradation de la situation économique pour le deuxième semestre 2015 et pour 2016, avec pour conséquence d’entamer la confiance dans de nombreux pays en développement.
  • « Nous avons la conviction que nous pourrons mettre fin à l’extrême pauvreté, mais la dernière ligne droite sera extrêmement difficile en raison de la lenteur de la croissance économique mondiale », avertit le président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim.

Le Groupe de la Banque mondiale annonçait voilà une semaine que la part de personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans le monde passerait pour la première fois sous la barre des 10 % en 2015.

Mais au terme des Assemblées annuelles 2015 du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) organisées à Lima (Pérou), l’accent a été mis davantage sur les obstacles qui entravent l’élimination de l’extrême pauvreté et la promotion d’une prospérité partagée, à savoir le changement climatique, l’atonie de la croissance mondiale et les crises dans les États fragiles.

Dans leur communiqué, les 25 membres du Comité du développement du Groupe de la Banque mondiale et du FMI font état d’une hausse des risques de dégradation de la situation économique pour le deuxième semestre 2015 et pour 2016. « Les perspectives d’un durcissement des conditions de financement, d’un ralentissement des échanges et d’un nouveau fléchissement des cours des produits de base réduisent la confiance dans de nombreux pays en développement », précise le communiqué. Le Comité du développement a demandé instamment au Groupe de la Banque mondiale et au FMI « d’assurer un suivi attentif des risques et des facteurs de vulnérabilité [et] de renforcer leur aide aux pays ».

Dans son discours prononcé devant la totalité des États membres du Groupe de la Banque mondiale et du FMI, le président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim a reconnu que la conjoncture était défavorable.

« Nous avons la conviction que nous pourrons mettre fin à l’extrême pauvreté, mais la dernière ligne droite sera extrêmement difficile en raison de la lenteur de la croissance économique mondiale, de la fin de l’extraordinaire cycle des produits de base, de la perspective d’une hausse des taux d’intérêt et de la poursuite de la fuite des capitaux hors des pays émergents », a-t-il observé.

« Pour stimuler la croissance, il faudrait passer au crible l’impact chaque dollar dépensé sur fonds publics. Il faudrait tout mettre en œuvre pour augmenter la productivité. Et à une période où les banques prennent de moins en moins de risques, nous devons veiller à ce que les capitaux soient accessibles, surtout pour les propriétaires de petites entreprises et les entrepreneurs qui créeront des emplois. »

Les Assemblées annuelles, qui se sont tenues pour la première fois depuis 1967 en Amérique latine, ont abordé divers enjeux mondiaux et traité certaines questions propres à la région. Le public a pu suivre en temps réel une série de manifestations diffusées sur le web portant sur les inégalités, le ralentissement de l’activité économique, les énergies renouvelables, le changement climatique et le double objectif du Groupe de la Banque mondiale de mettre fin à l’extrême pauvreté dans le monde d’ici à 2030 et de promouvoir une prospérité partagée. Ces débats ont réuni, aux côtés des ministres et des experts en développement, des dirigeants d’entreprise ainsi que des personnalités célèbres de tous horizons. La Banque a également publié cette semaine un nouveau relevé de la situation économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, l’Asie de l’Est et le Pacifique, l’Afrique et l’Asie du Sud.

La crise mondiale autour des réfugiés et des migrants, qui constitue une urgence pour la communauté internationale, a été au centre des préoccupations. Dans son communiqué, le Comité du développement a indiqué que la crise nécessitait un « appui ciblé » pour « faire aux défis auxquels sont confrontés les pays et les régions en proie à des troubles, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, mais aussi dans d’autres États fragiles et en conflit ».

Jim Yong Kim, en début de semaine, en convenait lui-même : « La crise des réfugiés représente un défi colossal pour toutes les parties concernées. Depuis plusieurs années, le Groupe de la Banque mondiale apporte son appui aux communautés d’accueil des réfugiés au Liban et en Jordanie et nous cherchons de nouveaux moyens d’accroître notre aide aux voisins de la Syrie. »

 


« Si les dirigeants mondiaux ne parviennent pas à trouver le moyen d’assurer une croissance sobre en carbone qui maintiendra le réchauffement planétaire à moins de 2 °C, nous avons peu d’espoir de mettre fin à l’extrême pauvreté et, plus généralement, de préserver notre Terre pour nos enfants et nos petits-enfants et pour toutes les générations à venir. »
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Jim Yong Kim

Président du Groupe Banque mondiale

Le 10 octobre, les Nations Unies, le Groupe de la Banque mondiale et le Groupe de la Banque islamique de développement ont annoncé une initiative conjointe visant à accroître l’appui financier apporté au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, en faveur des pays accueillant un nombre considérable de réfugiés, des pays touchés par un conflit et des États où l’investissement fait cruellement défaut afin qu’ils puissent redresser leur économie.

« Le changement climatique et les catastrophes naturelles compromettent les progrès durement acquis dans le domaine du développement, en particulier pour les populations pauvres et vulnérables », a souligné le Comité du développement, demandant au Groupe de la Banque mondiale d’aider les États à évaluer les risques liés au climat, à améliorer leur résilience et à « accroître leur soutien financier et technique et à mobiliser leurs ressources ».

Selon les ministres des Finances du groupe des 20 pays les plus vulnérables (a) au changement climatique (V20), représentant près de 700 millions d’habitants, quelque 50 000 décès annuels sont dus au changement climatique, un chiffre appelé à croître de manière exponentielle d’ici à 2030.

Le 9 octobre, à la suite de la réunion ministérielle sur le climat organisée par le Pérou et la France, le Groupe de la Banque mondiale s’est fermement engagé à accroître d’un tiers le financement de projets liés au climat, soit une contribution annuelle de 29 milliards de dollars, cet engagement s’accompagnant du soutien de ses États membres.

« Le Groupe de la Banque mondiale est prêt à renforcer son aide pour répondre à la demande croissante des pays », a indiqué Jim Yong Kim dans sa conférence de presse (a) du 8 octobre.

De leur côté, les pays doivent « afficher de véritables ambitions » à la conférence de Paris en décembre, a-t-il souligné en précisant que « la volonté politique d’agir sans attendre [était] ici capitale » : « Nous pensons qu’il est politiquement réaliste de mobiliser 100 milliards de dollars par an au financement d’interventions climatiques en faveur des pays en développement d’ici à 2020. »

« Si les dirigeants mondiaux ne parviennent pas à trouver le moyen d’assurer une croissance sobre en carbone qui maintiendra le réchauffement planétaire à moins de 2 °C, nous avons peu d’espoir de mettre fin à l’extrême pauvreté et, plus généralement, de préserver notre Terre pour nos enfants et nos petits-enfants et pour toutes les générations à venir », a poursuivi Jim Yong Kim.

Le Comité du développement s’est également prononcé sur une série de questions importantes :

  • Il a approuvé le rôle de coordination assumé par le Groupe de la Banque mondiale avec les gouvernements, les organisations multilatérales, le secteur privé et la société civile pour la mobilisation de fonds en faveur des Objectifs de développement durable (ODD) adoptés le mois dernier lors de l’Assemblée générale des Nations Unies.

    « Nous soulignons la nécessité de privilégier une croissance solidaire, l’emploi, les infrastructures, le développement humain et les systèmes de santé, et de renforcer les activités du Groupe de la Banque mondiale dans les États fragiles et en conflit », a indiqué le Comité du développement, demandant à ce que la Société financière internationale (IFC) et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) (a) jouent « un rôle plus catalyseur afin de mobiliser davantage d’investissements et de financements auprès du secteur privé à l’appui du développement ».
  • Le Comité a enjoint au Groupe de la Banque mondiale et au FMI d’accroître l’ampleur de leur appui aux pays en développement pour lutter contre les financements illicites. Ces financements et les activités qui leur sont associées, notamment l’évasion fiscale, la corruption, les activités criminelles et les actes de collusion, représentent de lourdes ponctions sur les ressources des pays en développement.
  • Il a salué l’utilité du Rapport de suivi mondial qui a permis de suivre les progrès des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), auxquels succèdent à présent les ODD. Le dernier rapport, présenté lors des Assemblées annuelles, « montre que les transformations démographiques internationales influeront probablement profondément sur la trajectoire du développement mondial durant la période du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Sous réserve de la poursuite des politiques adaptées, les transformations démographiques peuvent contribuer à la croissance aussi bien dans les pays en développement que dans les pays développés ».
  • Il a également souligné l’importance que revêtent la qualité et la couverture des données, ainsi que leur disponibilité pour la prise de décision et pour le suivi et la mise en œuvre des ODD. Il a demandé au Groupe de la Banque mondiale et au FMI d’accroître leur appui aux pays en développement pour renforcer leurs capacités statistiques nationales et investir dans la compilation de données.

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