Pays côtier d’Afrique de l’Ouest, la Guinée partage ses frontières avec six pays (Guinée-Bissau, Sénégal, Mali, Sierra Leone, Libéria et Côte d’Ivoire) et recensait 13,53 millions d’habitants en 2021. Premier employeur du pays, le secteur de l’agriculture joue un rôle clé dans la réduction de la pauvreté et le développement rural : il assure les revenus de 57 % des ménages ruraux et l’emploi de 52 % de la main-d’œuvre.
En plus de ce secteur, les ressources naturelles, mais également les industries de transformation et les services, sont autant d’atouts économiques pour la Guinée. Mais, pour en tirer pleinement profit et accélérer le processus de transformation structurelle, le pays doit améliorer sa gouvernance.
La Guinée tire également une partie de ses revenus de l’exploitation minière. L’expérience montre toutefois que l’exploitation minière et l’hydroélectricité peuvent avoir des impacts négatifs directs et indirects sur la biodiversité et l’environnement. Ces risques potentiels devront être soigneusement gérés. Autre grand défi pour la Guinée, le chômage des jeunes et les inégalités hommes-femmes.
Situation politique
La CEDEAO, à l’occasion de son 62ème sommet le 4 décembre 2022, a validé le calendrier de 24 mois de transition avec effet janvier 2023, tout en demandant aux autorités de transition de tenir un dialogue national incluant l’ensemble des acteurs politiques. Le dialogue inclusif inter-guinéen entamé le 25 novembre à l’initiative du Président Doumbouya, a pris fin le 20 décembre 2022 avec la participation de 35 entités socio-politiques sous la coordination de trois facilitatrices. Les conclusions contiennent 13 points thématiques dont les dix points prioritaires élaborés conjointement par les autorités de la transition et la CEDEAO dont entre autres (i) le recensement général de la population et de l'habitat, (ii) le recensement administratif à des fins d'état civil, (iii) l’établissement du fichier électoral, (iv) l’élaboration de la nouvelle constitution, (v) l'organisation du référendum, (vi) l’élaboration des lois organiques, (vii) l'organisation des élections locales, (viii) l’organisation des élections législatives (ix) la mise en place des institutions et (x) l'organisation de l'élection présidentielle. Les quatre principales coalitions socio-politiques avaient boycotté et rejeté les conclusions et recommandations issues du dialogue. Cette impasse politique entre les autorités de transition et les Forces Vives de Guinée avait donné lieu à des manifestations faisant des victimes en mi-février. Face à cette situation qu’elle considère unilatérale, la CEDEAO a décidé, lors du sommet de l’Union Africaine les 18-19 février 2023, de maintenir les sanctions contre la Guinée, en imposant des interdictions de voyager aux membres du gouvernement et à d'autres hauts cadres, tout en demandant aux autorités guinéennes de créer un comité conjoint de suivi et d'évaluation, de s'abstenir de toute action unilatérale au risque de saper l'esprit de collaboration des deux parties et de mener un dialogue national inclusif avec tous les acteurs politiques, en garantissant leur sécurité et leur liberté.
En début mars, le Premier ministre Bernard Goumou a invité ces principaux acteurs à rejoindre le processus de dialogue, mais ils ont décliné l'appel et posé des préalables dont entre autres l’arrêt des poursuites et des harcèlements judiciaires contre les acteurs socio-politiques, un nouveau cadre de dialogue sous la présidence de la CEDEAO et la levée de la suspension des libertés de manifester. Dans ce bras de fer, la médiation des leaders religieux a permis de mettre les deux parties au tour de la table de négociations.
- La croissance a accéléré en 2022 pour atteindre 4.7 %, après une forte accélération des activités minières.
- Sur la même année, l’inflation est estimée à 12.1 %, une légère baisse par rapport à 2021 (12.6 %), du fait d’une politique monétaire restrictive et d’une forte appréciation du taux de change.
- Le déficit budgétaire global (dons compris) s’est amélioré, passant de 1.8 % du PIB en 2021 à 0.9 % en 2022. Cependant, les recettes fiscales sont restées faibles, à seulement 10,6 % du PIB. Les recettes fiscales minières sont restées stable à 2.1 % du PIB.
- Les subventions au secteur de l'électricité ont diminué de 2,8 % du PIB en 2021 à 1.9 % en 2022. Parallèlement, l’État a augmenté ses dépenses d’investissement, qui ont été de 1.4 % du PIB, supérieures à ce qui était réalisée en 2021.
- La dette publique a baissé de 40.4 % du PIB en 2021 à 35,2 % en 2022, en raison du remboursement d’obligations contractées sur le marché domestique et de dettes titrisées.
- Les incertitudes autour de la transition politique pourraient ralentir la mise en œuvre de réformes. En particulier, le retard dans les reformes qui visent à renforcer la gouvernance et la performance financière du service public de l'électricité, pourrait réduire les investissements privés et les dépenses dans les programmes sociaux.
Dans ce contexte, le gouvernement gagnerait à augmenter la mobilisation de recettes intérieures, approfondir la réforme du secteur de l'électricité et accroître les mesures de santé et de protection sociale.
Dernière mise à jour: 29 mars 2023