La République démocratique du Congo (RDC), d'une superficie équivalente à celle de l'Europe occidentale, est le plus grand pays d'Afrique subsaharienne. Elle possède des ressources naturelles exceptionnelles, notamment des gisements de minerais (cobalt, cuivre, etc.), un grand potentiel hydroélectrique, de vastes terres arables, une formidable biodiversité et la deuxième plus grande forêt tropicale du monde.
Pourtant, la plupart des habitants de RDC n'ont pas profité de ces richesses. Une longue succession de conflits, d’instabilité, de troubles politiques et de régimes autoritaires a conduit à une crise humanitaire aussi sévère que persistante, à laquelle s'ajoutent des déplacements forcés de populations. Et la situation ne s'est guère améliorée depuis la fin des guerres du Congo en 2003.
La RDC est l'une des cinq nations les plus pauvres du monde. En 2022, environ 62 % de la population du pays — soit 60 millions de personnes — vivait avec moins de 2,15 dollars par jour. Ainsi, près d'une personne sur six en situation d'extrême pauvreté en Afrique subsaharienne vit en RDC.
Situation politique
En 62 ans d'indépendance, la RDC n'a connu sa première transition pacifique du pouvoir qu'en janvier 2019. Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, fils de l’opposant historique Étienne Tshisekedi, a remporté l’élection présidentielle de décembre 2018 et a succédé à Joseph Kabila, qui dirigeait le pays depuis 18 ans. Il semble qu'un nouveau contrat social soit en train de se dessiner entre l'État et les citoyens, à travers la généralisation de l’enseignement primaire gratuit, une plus grande transparence et des réformes du secteur public, et l’importance accordée à la prévention des conflits et à la stabilisation dans l’Est du pays.
Cependant, malgré les efforts de prévention des conflits et de stabilisation, des poches d'insécurité persistent dans le pays, particulièrement dans sa région orientale. La RDC finalise actuellement la phase d'inscription des électeurs dans la perspective des futures élections générales prévues fin 2023. Ces derniers mois, la situation sécuritaire s'est toutefois gravement détériorée dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, où des milliers de personnes ont dû fuir les affrontements entre l'armée congolaise et des groupes armés. Le bon déroulement du scrutin permettrait à la RDC de continuer sur la voie de la stabilité politique et de poursuivre des réformes nécessaires pour permettre à la majorité de sa population de bénéficier des immenses atouts que possède le pays.
Situation économique
La croissance économique a grimpé à 8,6 % en 2022, dans la continuité de la forte dynamique enregistrée en 2021 (6,2 %). Les investissements et les exportations du secteur minier restent les principaux moteurs de la croissance, à la faveur de l’expansion des capacités et du redémarrage de la demande mondiale. La progression des secteurs non miniers (notamment les services) est en revanche modeste, avec une croissance qui a ralenti à 3 % en 2022, contre 4,5 % en 2021. L’augmentation des recettes d'exportation n’a pas permis de compenser le renchérissement des factures d'importation de denrées alimentaires et de carburant, ce qui conduit à un creusement du déficit des transactions courantes, estimé à -2,9 % du PIB en 2022 (contre -1 % en 2021). Les investissements directs étrangers et les financements extérieurs ont toutefois permis de porter les réserves à hauteur de 7,9 semaines d'importations en 2022, contre un montant correspondant à 5,4 semaines un an plus tôt, tout en limitant les fluctuations excessives des taux de change. La hausse des prix mondiaux de l'énergie et de l’alimentation imputable à la guerre menée par la Russie en Ukraine a entraîné des pressions inflationnistes dans le pays, avec une montée du taux d'inflation moyen de 9,1 % en 2021 à environ 9,2 % en 2022.
Le déficit budgétaire s’est détérioré pour atteindre -2,7 % du PIB en 2022 (contre -0,8 % en 2021), la mobilisation accrue de recettes ne permettant pas de compenser entièrement la hausse des dépenses en capital et des dépenses courantes. Le niveau des recettes intérieures a atteint 15,6 % du PIB en 2022 grâce à une évolution favorable des prix des produits de base et à la numérisation du processus de recouvrement, tandis que les dépenses (19,7 % du PIB) ont elles aussi augmenté en raison de dépenses de sécurité exceptionnelles et du paiement d'arriérés, qui sont venus s’ajouter aux ajustements salariaux et aux subventions pour les carburants. Les perspectives à moyen terme pour la RDC sont favorables, les estimations prévoyant une croissance de 7,5 % en 2025. Son économie reste cependant vulnérable aux fluctuations des prix des produits de base et aux performances de croissance de ses principaux partenaires commerciaux, elles-mêmes exposées aux risques de perturbation liés aux conflits géopolitiques. Les conséquences économiques de la guerre en Ukraine, à travers la hausse globale des prix des aliments et du pétrole, pourraient exercer une pression plus forte sur le déficit budgétaire, l'inflation et la consommation des ménages, exacerbant ainsi la pauvreté et les inégalités.
Compte tenu des conflits persistants à l'Est, le défi immédiat qui se pose à la RDC est de renforcer la sécurité et de maintenir la stabilité politique et macroéconomique tout en intensifiant les réformes en cours pour assurer une croissance durable.
Situation sociale
La RDC se classe au 164e rang sur 174 pays selon l'indice de capital humain 2020, conséquence de décennies de conflits, de fragilité et de développement contrarié. L'indice de capital humain de la RDC s'établit à 0,37, au-dessous de la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne (0,40). Cela signifie qu'un enfant congolais né aujourd'hui ne peut espérer réaliser que 37 % de son potentiel, par rapport à ce qui aurait été possible s'il avait bénéficié d'une scolarité complète et de qualité, et de conditions de santé optimales. Les principaux facteurs à l'origine de ce score médiocre sont le faible taux de survie des enfants de moins de cinq ans, le fort taux de retard de croissance des enfants et la piètre qualité de l'éducation.
Le taux de retard de croissance en RDC (42 % des enfants de moins de cinq ans) est l'un des plus élevés d'Afrique subsaharienne et la malnutrition est la cause sous-jacente de près de la moitié des décès dans cette classe d’âge. Et contrairement à d'autres pays africains, la prévalence du retard de croissance en RDC n'a pas diminué au cours des vingt dernières années. En raison d’un taux de fécondité très élevé, le nombre d'enfants souffrant d'un retard de croissance a augmenté de 1,5 million.
La RDC abrite diverses populations autochtones dont l’existence est marquée par un grand nombre de difficultés : expulsion de leurs terres ancestrales, discriminations ou encore manque d’accès à des services de base comme les soins de santé et l’éducation. Ces populations continuent malgré tout de jouer un rôle important dans la préservation de la diversité culturelle du pays et la promotion de pratiques de gestion durable des ressources. Et si des efforts existent pour reconnaître et protéger les droits des populations autochtones, il reste encore beaucoup à faire pour assurer leur pleine participation à la société et la protection de leurs modes de vie traditionnels.
L'accès à l'éducation s'est considérablement amélioré au cours des deux dernières décennies, en particulier chez les filles et les plus jeunes. Entre 2000 et 2017, le taux net de scolarisation dans le primaire a augmenté de 50 %, passant de 52 à 78 %. Mais le taux d'achèvement du primaire reste bas (75 %), et la qualité de l'éducation extrêmement faible : on estime que 97 % des enfants de dix ans en RDC sont en situation de pauvreté des apprentissages, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas en mesure de lire et comprendre un texte simple.
Les femmes se heurtent à des obstacles importants en matière de perspectives économiques et d'autonomisation et elles sont notamment confrontées à un niveau élevé de violences et de discriminations. Seulement 16,8 % des filles terminent l'école secondaire, soit environ deux fois moins que les garçons. Les mariages précoces et les taux de fécondité élevés posent problème, le niveau de fécondité des femmes et adolescentes sans aucune éducation étant deux fois supérieur au taux observé chez celles qui ont achevé leurs études secondaires (7,4 enfants contre 2,9, DHS 2014). La moitié des femmes déclarent avoir subi des violences physiques et près d'un tiers ont subi des violences sexuelles, le plus souvent au sein du couple (DHS 2013).
Le taux d'activité des femmes en RDC est estimé à près de 62 %, la plupart d'entre elles travaillant dans l'agriculture. Bien que ce taux soit relativement élevé, les femmes gagnent beaucoup moins que les hommes et possèdent moins d'actifs. Un rapport réalisé en 2021 recense trois grands facteurs à l'origine des écarts persistants et significatifs entre les sexes dans le pays : le contrôle des terres, la capacité d'expression et d'action, et le risque et l'incertitude, en particulier la vulnérabilité aux chocs et aux violences de genre.
Les systèmes de santé de la RDC ont été durement touchés par le conflit prolongé qui sévit dans le pays et par des crises humaines complexes qui perdurent de longue date dans le monde. Cette situation a en outre été considérablement aggravée par la pandémie de COVID-19 et, avant elle, par les épidémies récurrentes de choléra, de rougeole ou d’Ebola. La demande de vaccins anti-COVID a été relativement limitée en raison de fortes réticences dans la population. Il apparaît par ailleurs que la pandémie a eu un impact négatif sur le degré d'utilisation des services de santé depuis mars 2020 : baisse des consultations hospitalières et prénatales, accès réduit au planning familial et à la contraception, augmentation de l'insécurité alimentaire et hausse des cas de violences sexuelles et sexistes. En raison de la pandémie, près de 23 millions d'enfants n'ont pas été vaccinés comme ils l’auraient dû en 2020, soit le nombre le plus élevé depuis plus d'une décennie selon des données récentes de l'OMS et de l'UNICEF. Tous ces éléments mettent en lumière l’impact de la COVID-19 sur les systèmes de santé, laissant à craindre que l'interruption temporaire des services de santé de base entraîne, faute d’action, une crise sanitaire secondaire.
Dernière mise à jour: 11 avr. 2023