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publication 30 novembre 2020

La République centrafricaine à l’heure de la COVID-19 : diversifier l’économie pour renforcer la résilience et favoriser la croissance

Dernier numéro: 
  • November 2020
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Publiée le 30 novembre 2020 par la Banque mondiale, cette troisième édition des Cahiers économiques de la République centrafricaine confirme le ralentissement de l’économie en 2019, à 3,1 %, contre 3,8 % en 2018 — une performance néanmoins supérieure à celle des États de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et d’autres pays en situation de fragilité et de conflit. La pandémie de COVID-19 devrait entraîner une contraction de l’activité en 2020, dans une fourchette comprise entre 0 et -1,2 %, qui touchera la plupart des groupes déjà vulnérables, comme les personnes déplacées, les femmes et les enfants. En dépit des incertitudes entourant le prochain scrutin électoral et la mise en œuvre de l’accord de paix, les perspectives restent positives, surtout si le pays parvient à diversifier son économie. Ce rapport avance plusieurs pistes de diversification capables de renforcer la résilience, créer des emplois et réduire les vulnérabilités. Voici les quatre points à en retenir :

1.    Malgré la baisse régulière de la dette publique, la RCA reste exposée au risque de surendettement. Le ratio dette publique/PIB est passé de 63 % en 2014 à 47,8 % en 2019, à la faveur d’un redressement progressif de l’économie, de l’apurement des arriérés et d’une politique de sobriété en matière d’emprunts (figure 1b). Avec le règlement des arriérés intérieurs, la dette domestique a reculé de 14,2 % du PIB en 2017 à 10,6 % en 2019. La dette extérieure se réduit elle aussi, mais à un rythme moins soutenu. À moyen terme, l’endettement devrait rester soutenable, à condition que les autorités poursuivent la mise en œuvre des réformes structurelles dès que la crise de la COVID deviendra moins aiguë.

Figure 1. Taux de croissance annuelle du PIB réel et dette publique

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Source : Estimations de la Banque mondiale à partir des données du WEO, du GEP et du MPO, août 2020. Note : Les chiffres de 2019 sont des estimations ; ceux de la période 2020-21 sont des prévisions. Les chiffres concernant la CEMAC, les pays en situation de fragilité, conflit et violence (FCV) et l’Afrique subsaharienne (ASS) ne comprennent pas la RCA. Source : Calculs des auteurs à partir des données du ministère des Finances et du Budget, du FMI et de la Banque mondiale.

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Source : Estimations de la Banque mondiale à partir des données du WEO, du GEP et du MPO, août 2020. Note : Les chiffres de 2019 sont des estimations ; ceux de la période 2020-21 sont des prévisions. Les chiffres concernant la CEMAC, les pays en situation de fragilité, conflit et violence (FCV) et l’Afrique subsaharienne (ASS) ne comprennent pas la RCA. Source : Calculs des auteurs à partir des données du ministère des Finances et du Budget, du FMI et de la Banque mondiale.

2.    La RCA doit diversifier son économie pour renforcer la résilience, créer des emplois et atténuer les vulnérabilités. Fortement dépendante de l’agriculture de subsistance et de l’exportation de quelques produits de base (coton, café, diamant et bois), l’économie est exposée aux chocs. D’autant que les exportations et la participation du pays aux chaînes de valeur mondiales ont nettement reculé depuis 2000 (figure 2). La diversification de l’économie est indispensable pour installer un développement durable et renforcer la résilience. Elle peut aussi contribuer à réduire la pauvreté et les vulnérabilités en procurant de nombreux emplois dans l’ensemble du pays. Enfin, en encourageant la transformation structurelle, la création d’emplois et la multiplication des débouchés avec, à la clé, moins de revendications, de frustrations et de conflits, elle peut favoriser la sortie du piège de la fragilité et du cercle vicieux des violences.

Figure 2. Exportations de la RCA et participation aux chaînes de valeur mondiales, 2000-18

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Source : Calculs des auteurs à partir des données COMTRADE des Nations Unies, 2000-18.

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Source : Calculs des auteurs à partir des données COMTRADE des Nations Unies, 2000-18. Source : Calculs des auteurs à partir de la base de données EORA, 2000-18.
 

3.    Pour diversifier son économie, la RCA pourrait s’appuyer sur le potentiel de son agriculture et de sa foresterie ainsi que sur des débouchés d’exportation existants. Le pays peut renforcer les exportations de produits existants et développer de nouvelles gammes de produits pour lesquels il dispose d’un avantage comparatif. Les principaux produits d’exportation comme le bois et le coton offrent de réelles perspectives de spécialisation en ouvrant la voie à une diversification plus large. Il existe au moins dix produits connexes à l’industrie du bois, comme le contreplaqué, le liège, les bois façonnés, les engrais ou les bois à usage décoratif. Les perspectives de spécialisation dans ces filières sont là, puisque le savoir-faire et les capacités nécessaires à la production s’apparentent à ceux de l’industrie du bois. En outre, la RCA pourrait renforcer ses échanges intrarégionaux et profiter ainsi du potentiel d’un marché estimé à 211 millions de dollars.

4.    La diversification économique doit aller de pair avec des réformes transversales et des investissements dans les secteurs porteurs. Cette diversification ne pourra pas se concrétiser sans engagement, par les autorités, à rétablir l’état de droit, construire une administration performante et créer des institutions efficaces. L’environnement des affaires doit être optimisé pour permettre l’essor de l’activité privée. L’amélioration de l’accès à l’électricité est la clé du développement du secteur privé, tout comme l’accès aux transports pour faciliter le commerce transfrontalier. Dernier point, non des moindres, l’accord de paix doit être pleinement mis en œuvre puisqu’il représente le seul moyen pour le pays de tourner la page de la fragilité et de s’engager vers une stabilisation durable, une transition indispensable pour jeter les bases d’une diversification économique réussie.