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Fiches de résultats 01 décembre 2017

12 champs d'action pour le climat : Géothermie

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En Indonésie, un nouveau mécanisme d’atténuation des risques encourage les investissements dans le développement à grande échelle de la géothermie.

Défis et opportunités

L’exploitation des poches d’eau chaude ou de la vapeur situées sous l’écorce terrestre constitue une alternative bon marché, durable et de plus en plus répandue aux combustibles fossiles. La géothermie est l’une des rares formes d’énergie renouvelable pouvant assurer une production régulière 24h/24. À condition d’être correctement utilisée, son coût peut concurrencer celui du charbon ou du gaz naturel, permettant aux pays de s’affranchir de leur dépendance aux importations de combustibles et d’accroître leur sécurité énergétique. Énergie verte par excellence, la géothermie peut aussi jouer un rôle central dans la décarbonisation du secteur de l’électricité.

En dépit de ses nombreux atouts, cette ressource naturelle peine à gagner du terrain, pénalisée par l’importance des coûts à engager pour la phase initiale de prospection et le risque d’une exploration infructueuse. Des mesures d’atténuation du risque, notamment pendant la phase initiale de prospection, peuvent pourtant débloquer les investissements, comme en témoigne l’expérience internationale. Pour mobiliser les investissements privés massifs nécessaires à un déploiement à grande échelle de la géothermie, il est indispensable de mettre en place des mécanismes d’atténuation du risque qui facilitent ces levées de fonds, en utilisant notamment le levier des financements concessionnels, des financements climatiques et des garanties.

Le plan mondial de développement de la géothermie (a), mis en place dans le cadre du Programme d’assistance à la gestion du secteur énergétique (ESMAP) (a) de la Banque mondiale, répond à ce besoin. Ce dispositif a levé, à ce jour, 235 millions de dollars.

Au sein du Groupe de la Banque mondiale, la Société financière internationale (IFC) offre également des services financiers et de conseil en appui aux projets de prospection et de développement de la géothermie menés par le secteur privé dans les marchés émergents. En 2010 au Nicaragua, l’IFC a ainsi organisé un montage financier de 190 millions de dollars pour soutenir le tout premier projet d’investissement du pays dans la géothermie. Quand elle sera achevée, la centrale géothermique de San Jacinto (a), d’une capacité de 72 MW, couvrira pratiquement 20 % des besoins énergétiques du pays. En 2013, l’IFC a passé un accord avec le réassureur international Munich Re pour élaborer et tester une assurance du risque pour la prospection géothermique (a) en Turquie ; les quatre projets pilotes sont financés par des investissements privés totalisant 420 millions de dollars et devraient accroître de 140 MW les capacités géothermiques actuelles du pays.

 

Transformation par l’action

Le potentiel géothermique de l’Indonésie est exceptionnel et le soutien à l’essor de cette filière est au cœur du cadre de partenariat du Groupe de la Banque mondiale avec ce pays, articulé autour des mesures gouvernementales définies comme prioritaires du fait de leur pouvoir de transformation.

À l’heure actuelle, la production d’électricité du pays est extrêmement dépendante des combustibles fossiles, notamment du charbon. La conversion à la géothermie (a) devrait aider l’Indonésie à réduire sensiblement ses émissions de gaz à effets de serre et, ce faisant, à soutenir la réalisation des objectifs nationaux d’atténuation qu’elle s’est fixés dans le cadre de sa contribution à l’accord de Paris sur le climat. Face à une demande énergétique croissante qu’il entend satisfaire de manière écoresponsable, le gouvernement s’est lancé dans un plan ambitieux de développement de ses ressources géothermiques.

Pour atteindre son objectif de produire 5,8 GW d’électricité géothermique à l’horizon 2026, l’Indonésie va devoir consentir quelque 25 milliards de dollars d’investissements supplémentaires dans les huit ans à venir, dont une large part devrait être apportée par le secteur privé.

Avec le soutien de la Banque mondiale et d’autres partenaires, le gouvernement prépare un nouveau mécanisme d’atténuation des risques dans la géothermie. Il pourra ainsi lever plusieurs milliards de dollars auprès d’opérateurs privés et débloquer des investissements pour la phase de prospection et de forages initiaux. Les investisseurs disposeront ainsi d’arguments suffisants pour attirer des financements commerciaux destinés à un développement à grande échelle. D’ici sept ans, ce nouveau mécanisme devrait accroître les capacités géothermiques de plus de 1 GW.

Ce mécanisme bénéficie de l’engagement de longue date de la Banque mondiale en soutien à la géothermie en Indonésie : en 2012, elle a octroyé au gouvernement un financement du Fonds pour l’environnement mondial dans le but de réformer le climat de l’investissement et de faciliter l’essor de cette filière. Elle a également aidé la société publique Pertamina Geothermal Energy (PGE) à démarrer son ambitieux programme de développement de la géothermie grâce à un prêt de 175 millions de dollars de la BIRD, en plus d’un financement concessionnel de 125 millions de dollars du Fonds pour les technologies propres (a).

En 2017, la Banque mondiale a alloué 55,25 millions de dollars de dons au projet de développement en aval de la filière géothermique en Indonésie, dans le but de faciliter les investissements dans la production. Le Fonds pour les technologies propres apporte 49 millions de dollars d’aide au déploiement des infrastructures et aux forages exploratoires. Le Fonds pour l’environnement mondial (a) octroie 6,25 millions de dollars d’aide supplémentaire pour des interventions d’assistance technique destinées à renforcer les capacités de prospection géothermique, y compris à travers des mesures de diligence raisonnable et de sauvegarde. Le ministère des Finances et PT. Sarana Multi Infrastruktur, une société de financement des infrastructures détenue par l’État, abonderont à hauteur du financement du Fonds pour les technologies propres.

Résultats attendus

L’Indonésie prévoit de porter à 23 % d’ici 2025 la part des énergies nouvelles et renouvelables dans son mix énergétique primaire, dont 5,8 GW supplémentaires de capacités géothermiques. Le mécanisme d’atténuation des risques dans la géothermie aidera le pays à atteindre cet objectif en mobilisant des milliards de dollars de financements commerciaux pour créer plus de 1 GW de nouvelles capacités. L’électricité d’origine géothermique représente actuellement près de 1,8 GW, sachant que le potentiel global est estimé à 29 GW. D’autres pays pourraient, en s’inspirant du modèle indonésien, adopter une approche similaire pour généraliser l’utilisation de la géothermie.

 

Chiffres clés

  • La production d’énergie géothermique à l’échelle planétaire pourrait atteindre 70 à 80 GW. Mais 15 % seulement des réserves connues sont exploitées à des fins de production électrique, soit à peine 13 GW.
  • Une campagne de prospection et un programme de forages exploratoires pour trois à cinq puits géothermiques coûtent entre 20 et 30 millions de dollars.
  • La géothermie est la deuxième source d’énergie renouvelable de l’Indonésie, derrière l’hydroélectricité, et constitue une alternative verte à la production d’électricité par les centrales à charbon. Près de 30 millions d’Indonésiens — soit 12 % de la population — restent privés d’accès à une source d’électricité moderne et fiable.