Habitat durable et financement du logement en Haïti

04 avril 2014


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Quartier de Delmas 32 à Port-au-Prince (Haïti).

Groupe de la Banque mondiale

La Banque mondiale a accordé un don destiné à soutenir la première politique du logement globale voulue par le gouvernement d’Haïti en 2013, avec pour résultats la création et le renforcement de l’Unité de construction de logements et de bâtiments publics (UCLBP), la consolidation du secteur du logement et l’élaboration de documents d’orientation pour la structuration des interventions sectorielles dans un cadre d’action cohérent. L’architecture institutionnelle a été clarifiée parallèlement aux compétences de l’UCLBP et d’autres institutions publiques intervenant dans le secteur du logement. Lancé par le Premier ministre, le projet a permis de mieux sensibiliser l’administration aux enjeux du secteur du logement.

Défis

Le séisme de janvier 2010 en Haïti a révélé l’absence d’une institution de référence dédiée au logement et d’un cadre d’orientation abouti pour accompagner la reconstruction des quartiers et des logements. Dans les années qui ont suivi le tremblement de terre, le processus de reconstruction était plus affecté par des difficultés d’ordre institutionnel (comme le manque d’orientations claires pour le redressement du pays) que par des défis techniques (choix d’un modèle d’abri, par exemple). La plupart des problèmes techniques identifiés découlaient d’un manque de direction et de coordination : des organismes multiples (et parfois inexpérimentés) s’essayaient à proposer des approches et à développer des solutions en parallèle.

Sur le plan institutionnel, les autorités haïtiennes étaient confrontées à deux questions majeures :

  • comment procéder à la reconstruction du pays en l’absence d’un cadre institutionnel, et notamment de politiques permettant de prendre des décisions éclairées dans les domaines concernés, d’organisations totalement opérationnelles et des réglementations prévues par la législation en vigueur ;
  • comment mettre en place les dispositifs et les orientations nécessaires à la reconstruction du pays.

Les organismes internationaux avaient pour difficultés corollaires :

  • de proposer un financement des programmes dans un environnement marqué par des carences institutionnelles et l’absence de choix stratégiques dans des domaines techniques majeurs ;
  • de coordonner leur action avec les autorités locales et d’autres organismes extérieurs, en l’absence d’une entité de coordination fonctionnelle.

Pour l’ensemble des acteurs concernés, la plus grande des difficultés résidait dans l’absence d’entité de coordination opérationnelle et/ou dans les failles de la structure en place, principaux facteurs d’inertie.

Solutions

L’objectif de ce don d’assistance technique était d’aider les autorités d’Haïti à évaluer la situation du logement et à conduire les travaux préparatoires à une révision ultérieure de la politique en la matière, sous l’angle en particulier des mécanismes institutionnels et financiers favorisant la promotion du logement dans le pays. L’appui technique apporté par la Banque mondiale a épaulé dans un premier temps la Commission interministérielle du logement et la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti jusqu’à la fin de sa mission avant de seconder l’UCLBP ; il s’agissait de définir une stratégie globale d’aide financière pour la reconstruction des logements et de réunir les acteurs du secteur et les donateurs autour d’objectifs et de principes communs.

À cette fin, la Banque mondiale a mobilisé les instruments complémentaires suivants :

  • aide technique, concertation et formulation d’une politique publique, et renforcement des institutions ;
  • opérations pilotes et investissements d’envergure ;
  • tenue d’ateliers et mutualisation des connaissances.

L’équipe chargée du projet a su stimuler une collaboration et une synergie vigoureuses entre divers services de la Banque mondiale (gestion urbaine, finances et développement du secteur privé) tout en réunissant autour d’elle des acteurs importants comme le Programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU-habitat) pour la préparation de la future politique du logement, et l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) pour les questions de financement des logements. Des consultants et des chercheurs de renom ont également participé à cet effort, en prenant part avec d’autres professionnels à des sessions de partage de connaissances.

Résultats

Malgré l’absence d’une institution responsable de la reconstruction des logements, la Banque mondiale a pu mobiliser l’équipe de transition, les institutions financières locales, l’administration haïtienne, les donateurs et les partenaires techniques afin de jeter les premières bases d’un dialogue sur les problèmes cruciaux que posent le financement et la politique du logement, et de lancer un programme d’envergure pour y remédier.

Aux yeux du gouvernement haïtien comme de la communauté des donateurs, ce don a eu une importance capitale. Une nouvelle équipe gouvernementale a été désignée en septembre 2011 ; l’UCLBP a vu le jour le 24 novembre 2011 (décision entérinée le 1er juillet 2012), favorisant un dialogue plus régulier avec les autorités.

Cette initiative et les avancées permises par l’octroi de ce don ont servi au lancement d’une « table sectorielle sur le logement » en octobre 2012, sous la conduite du gouvernement. À signaler également, la rédaction d’un document stratégique pour l’exécution d’un plan d’action concernant le financement des logements et la publication d’une note d’orientation produite en juin 2012 par le gouvernement et officiellement approuvée par le Premier ministre en octobre 2013.

Contribution du Groupe de la Banque mondiale

Le projet a été financé par un don de 300 000 dollars émanant du Fonds espagnol pour l’Amérique latine et les Caraïbes (SFLAC), dont l’administration est assurée par la Banque mondiale. Il entrait en lien avec d’autres activités en cours de la Banque mondiale, comme le Projet de soutien à la reconstruction de logements à l’échelle communautaire, financé par le Fonds de développement institutionnel, et le Projet de reconstruction de logements dans des quartiers ciblés de Port-au-Prince, financé par le Fonds de reconstruction d’Haïti. Le travail accompli dans le cadre de ce don complète par ailleurs une opération de la Société financière internationale (IFC) portant sur le marché financier de l’immobilier et du logement en Haïti.

Partenaires

L’initiative a permis d’organiser les discussions et d’instaurer une collaboration entre les principaux acteurs du développement dans le secteur de la reconstruction du logement en Haïti. Des réunions se tiennent périodiquement avec les donateurs concernés et l’UCLBP pour débattre du contenu des orientations retenues et de la voie à suivre en matière de développement. En octobre 2012, ce groupe de collaboration est devenu le mécanisme officiel de coordination du secteur sous l’égide de l’UCLBP, conformément à l’engagement du gouvernement de collaborer à l’efficacité du développement.

Parmi les principaux partenaires figurent l’Association internationale de développement (IDA), l’USAID, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ONU-habitat, l’UNOPS, l’Agence française de développement (AFD), l’Union européenne, l’Agence espagnole pour la coopération au développement international, l’Agence canadienne pour le développement international, la Banque interaméricaine de développement et la Croix-Rouge. Les projets soutenus par ces donateurs (pour un montant global d’environ un milliard de dollars) ont bénéficié de cette initiative et des directives communes qui en ont découlé.

Perspectives

Grâce à ce don, l’UCLBP a pu bénéficier de financements supplémentaires auprès du PNUD, de l’USAID, du gouvernement chilien et de l’AFD, et consolider ainsi ses capacités de supervision et de programmation.

La Banque mondiale a parallèlement accordé un don de développement institutionnel pour aider l’UCLBP à produire des directives précises et à mobiliser une aide technique destinée à appuyer son programme de travail. En reconnaissance du travail accompli par l’UCLBP, celle-ci a été nominée à l’un des prix décernés lors de l’édition 2014 du Forum urbain mondial, à Medellín (Colombie).

Bénéficiaires

Le projet a bénéficié à la fois aux institutions publiques concernées et à leur personnel, ainsi qu’aux citoyens haïtiens, qui ont in fine bénéficié d’un plus large accès à une offre de logements abordables.



carte du projet



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