Mesurer l’impact du tremblement de terre de 2010 en Haïti

03 avril 2014


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Des réverbères à Delmas 32 (Port-au-Prince).

Groupe de la Banque mondiale

À la suite du séisme de 2010 en Haïti, la Banque mondiale a fourni une aide technique importante destinée à l’élaboration et à la gestion d’une enquête nationale sur la pauvreté, en introduisant l’utilisation de nouvelles techniques de saisie de données. Pour la première fois depuis plus de dix ans, le pays dispose désormais d’une enquête sur les conditions de vie de sa population, avec des données fiables et détaillées sur la consommation des ménages qui n’avaient pas été actualisées depuis 1998. Par ailleurs, l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI) est à présent davantage en mesure de réaliser des enquêtes solides en vue d’une utilisation ultérieure.

Défis

Théâtre d’une histoire agitée, d’une crise chronique de la gouvernance et de troubles civils, Haïti accuse des taux de pauvreté extrêmement élevés, un accès aux services de base très limité et des indicateurs de développement humain particulièrement faibles. En raison du manque de ressources et de capacités de l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI), les données sont restreintes et les conditions de vie de la population ont toujours été mal connues. Les seuls taux de pauvreté disponibles pour Haïti datent de 2001 ; la pauvreté était alors mesurée en fonction du revenu et des seuils internationaux de pauvreté. Or, le revenu est largement considéré comme un outil imparfait pour rendre compte du bien-être de la population dans des pays comme Haïti.

Solutions

À la suite du séisme de 2010, Haïti a cherché à mener une enquête sur les conditions de vie de ses habitants. Alors qu’une partie du travail d’échantillonnage était déjà finalisée en 2010, la préparation de l’enquête a connu des retards en raison des perturbations provoquées par la catastrophe naturelle et du manque de capacités administratives.

En février 2012, une nouvelle équipe, appuyée par la Banque mondiale, s’est chargée de l’élaboration de l’enquête, avant de la mener à son terme six mois plus tard. Le nettoyage des données, qui a pu commencer moins d’un an plus tard, a permis de déterminer l’excellente qualité de l’enquête, avec un taux de non-réponse de 1,4 % seulement.

Cette réussite s’explique en partie par un travail de préparation remarquable, qui a bénéficié du soutien technique de la Banque apporté au gouvernement pendant toute la durée de l’activité, ainsi que par le recours à une technique innovante pendant l’enquête : l’utilisation de tablettes à la place de questionnaires papier standard.

Résultats

L’enquête, en général, et les données portant sur la consommation, en particulier, permettront de déterminer un seuil de pauvreté national et de fournir une série d’indicateurs de base pour mesurer l’évolution de la pauvreté et du partage de la prospérité dans le pays. Elle s’est imposée rapidement comme une composante fondamentale du nouveau système haïtien de suivi de la pauvreté, ce dispositif étant appelé à devenir un puissant instrument d’élaboration des politiques publiques sur la base d’éléments factuels.

Par ailleurs, l’activité a été réalisée en coopération étroite avec l’IHSI, qui a bénéficié d’une aide technique importante dans l’élaboration et la gestion de l’enquête, avec notamment l’introduction de nouvelles techniques dans la saisie des données.

Contribution du Groupe de la Banque mondiale

La mise en œuvre de l’enquête a coûté près de 1,7 million de dollars. Cette opération a bénéficié de plusieurs sources de financement : le Fonds espagnol pour l’Amérique latine et les Caraïbes (SFLAC) a débloqué 400 000 dollars destinés à l’aide technique portant sur la phase préparatoire de l’enquête ; la Banque mondiale a alloué 850 000 dollars au titre du Projet de relèvement d’urgence des institutions et des infrastructures, qui a financé en grande partie le coût de l’enquête, en plus des 463 000 dollars tirés de son budget.

Partenaires

L’enquête a pu se dérouler jusqu’à son terme grâce au partenariat de trois institutions : l’IHSI, la Banque mondiale et DIAL, un centre de recherche public en France qui a également contribué au financement de l’enquête à hauteur de 180 000 dollars.

Perspectives

L’enquête a connu plusieurs prolongements :

1) la réalisation d’une deuxième phase huit mois après la première ; 

2) la mise au point d’un seuil de pauvreté national décidé avec le gouvernement haïtien sur la base des données disponibles ;

3) le lancement d’une évaluation multisectorielle de la pauvreté fondée sur les nouveaux éléments disponibles, dont les conclusions sont attendues courant 2015 ou 2016.

Bénéficiaires 

L’IHSI constitue le premier bénéficiaire du projet, en ce qu’il a bénéficié d’une assistance technique étendue et de la restitution de données fiables à l’issue de l’enquête. Le gouvernement haïtien profite indirectement de cette opération, avec des décideurs désormais armés de statistiques solides pour échafauder leurs politiques. Cette initiative profitera également à long terme à la population, notamment si elle contribue à insuffler une nouvelle culture de l’action publique axées sur le suivi et l’évaluation des données ainsi que sur l’élaboration de politiques fondées sur ces éléments factuels.



CARTE DU PROJET



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