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publication 03 octobre 2018

Rapport de suivi de la situation économique (octobre 2018): une nouvelle économie pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord


Pour accélérer la croissance et créer des emplois pour des millions de jeunes chômeurs, les pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) devront développer une économie numérique qui tire parti de sa main-d’œuvre jeune et instruite. Cela nécessitera l’adoption de nouvelles technologies et la fourniture de « biens publics numériques », comme un accès rapide et fiable à l’Internet haut débit et des solutions de paiement numérique.

Les pays de la région MENA ont toutes les caractéristiques nécessaires pour brûler les étapes du développement numérique. La jeunesse instruite a déjà adopté les nouvelles technologies numériques et mobiles, mais celles-ci sont encore balbutiantes et les jeunes de la région se heurtent à des obstacles pour les utiliser à des fins productives.

De gros efforts seront nécessaires pour saisir les opportunités que l’économie numérique offre à la région. Les décideurs devront travailler sur de multiples fronts, tout en utilisant au mieux tous les outils disponibles. Plus tôt ils commenceront, plus les jeunes d’aujourd’hui auront de chances d’éviter l’exclusion économique et de réaliser leur plein potentiel ainsi que celui de leur région. Le présent rapport expose les principes d’une nouvelle économie numérique pour la région MENA qui englobe l’innovation et l’esprit d’entreprise.

Chapitre 1. La « Nouvelle économie » : un programme d’émancipation économique des jeunes et des femmes
Les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord comptent d’importantes populations de jeunes instruits qui ont déjà largement adopté les nouvelles technologies numériques et mobiles et leur population féminine est fort instruite. Si ces caractéristiques représentent un immense potentiel de croissance et de création d’emplois, la question qui se pose est de savoir si la région peut s’adapter à une nouvelle réalité économique.

Chapitre 2. Le piège du revenu intermédiaire au Moyen-Orient
Pour un pays en développement, accéder au statut de pays à revenu intermédiaire est à la fois une bénédiction et une malédiction. Si cette accession signifie que la pauvreté extrême et les privations ont disparu, le fléchissement de la croissance qui s’ensuit habituellement fait que rares sont les pays qui réussissent à progresser vers le groupe des pays à revenu élevé. L’histoire le montre et c’est effectivement ce qui s’est passé pour les pays de la région MENA, pour la plupart membres du groupe des pays à revenu intermédiaire.

Cet enfermement des pays de la région dans le statut du revenu intermédiaire indique la présence d’obstacles structurels à la croissance. Tous sont notamment pénalisés par l’absence d’un secteur privé dynamique, qui tient au manque de volonté ou à l’incapacité à adopter les technologies les plus récentes. Cette situation a empêché une hausse durable de la productivité sans laquelle aucun gouvernement ne peut assurer l’amélioration générale des niveaux de vie.

Chapitre 3. Les bases de la nouvelle économie : une approche visionnaire
Une nouvelle réalité économique doit s’imposer sans plus attendre au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Dans une région où les contrats sociaux se délitent et où les économies obtuses ne parviennent pas à employer la main-d’œuvre la plus instruite et potentiellement la plus productive, une approche progressive du changement n’est pas viable.

Au lieu de cela, la région a besoin d’un effort concerté, comparable à celui déployé par les États-Unis lorsqu’ils ont décidé, au début des années 1960, d’envoyer un homme sur la lune. Une telle approche peut mobiliser les gens autour d’un objectif commun et transformer la manière dont les pouvoirs publics, les entreprises, les institutions financières internationales et les sociétés civiles mènent leurs affaires. Elle transformerait les économies de la région et contribuerait à ce que des millions de jeunes trouvent les bons emplois qu’ils méritent.

Chapitre 4. L’internet au Moyen-Orient et Afrique du Nord
L’infrastructure numérique de la région est en retard sur celle des autres régions émergentes. La vitesse est lente. Les prix, bien qu’inférieurs, restent élevés. Trop peu d’utilisateurs disposent d’un accès Internet à haute vitesse. De nombreux pays de la région sont caractérisés par des monopoles ou des obstacles à l’entrée sur le marché Internet. D’importants obstacles existent dans le domaine de l’infrastructure Internet, ce qui limite l’innovation tout au long de la chaîne de valeur. Les limites ainsi placées sur les centres de données et les entreprises à forte intensité de données nuisent au climat général d’une économie de la donnée.

Chapitre 5. Repenser le rôle de l’État au Moyen-Orient et en Afrique du Nord
Les pays arabes devraient s’efforcer d’inculquer une culture de la rentabilité et promouvoir l’émergence d’organes de réglementation indépendants mais responsables, et moins compter sur l’État pour redynamiser leur économie et réduire les inégalités.

Perspectives économiques régionales

La croissance économique de la région MENA devrait rebondir à 2 % en moyenne en 2018, contre 1,4 % en moyenne en 2017. Le léger rebond de la croissance régionale reflète l’impact positif des réformes et des politiques de stabilisation entreprises dans de nombreux pays, ainsi que le récent accroissement de la production et des prix du pétrole et la hausse de la demande extérieure.

La croissance économique de la région MENA devrait s’améliorer modestement en 2019-20 pour atteindre une moyenne de 2,6 % d’ici à la fin de la décennie.

Les exportateurs de pétrole bénéficieront considérablement de la hausse relative des prix du pétrole, de l’augmentation de la production pétrolière, des réformes et d’un possible accroissement de la demande extérieure. Les importateurs de pétrole devraient bénéficier des réformes, de l’augmentation des échanges commerciaux avec l’Europe et la Chine et des apports financiers des exportateurs de pétrole de la région MENA.

Les pays de la région sont confrontés à plusieurs défis qui, s’ils ne sont pas relevés, pourraient décourager la reprise économique et entraver les perspectives de croissance à long terme. Ces défis comprennent le rythme inadéquat des réformes, la tentation de revenir à des politiques budgétaires procycliques et des taux de chômage élevés chez les jeunes et les femmes. L’augmentation des niveaux d’endettement dans les pays de la région pourrait également assombrir les perspectives de croissance.

Prévisions économiques disponible en français pour:

Algérie | Djibouti | Maroc | Tunisie