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19 mars 2019

Projet pour le capital humain : foire aux questions

 

1. Qu’est-ce que le Projet sur le capital humain ?

Le Projet sur le capital humain  est une initiative mondiale visant à intensifier et améliorer les investissements dans les populations pour accroître l’équité et accélérer la croissance économique. En février 2022, 83 pays de tous les niveaux de revenus collaboraient avec le Groupe de la Banque mondiale sur des approches stratégiques destinées à transformer leurs résultats en matière de capital humain. Nous intensifions les investissements dans le capital humain en Afrique subsaharienne en privilégiant particulièrement l’autonomisation des femmes, l’utilisation de la technologie et l’accélération de l’innovation, entre autres priorités. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, nous nous intéressons particulièrement à des domaines comme la petite enfance et le renforcement de la résilience des personnes vulnérables.

Nous avons mis en place un réseau de pays participant au Projet sur le capital humain afin de rapprocher les États pour lesquels le capital humain est une priorité et pour apporter l’expertise là où elle fait le plus défaut. Des points focaux, basés généralement dans les ministères des Finances, de l’Économie ou de la Planification (et quelques fois dans des ministères techniques) se mettent régulièrement en rapport pour échanger les connaissances et les expériences.

Le capital humain est au cœur de notre stratégie mondiale de développement. Protéger les personnes et investir en elles est l’un des trois grands axes des actions que nous engageons pour atteindre nos objectifs, à savoir mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici à 2030 et promouvoir une prospérité partagée dans tous les pays. Cette intervention est étroitement liée à nos efforts de promotion d’une croissance durable et inclusive et de renforcement de la résilience dans les pays en développement. C’est aussi une priorité transversale d’IDA19, le cycle de financement actuel (juillet 2020 - juin 2023) de l’IDA, le fonds du Groupe de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres.

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2. Qu’est-ce que le capital humain et pourquoi est-il important ?

Le capital humain correspond à l’ensemble des connaissances et des compétences acquises par les individus tout au long de leur vie et à leur état de santé qui leur permettent de réaliser pleinement leur potentiel en devenant des membres productifs de la société. Investir dans les ressources humaines au moyen de la nutrition, des services de santé, d’une éducation de qualité, des compétences et des emplois favorise le développement du capital humain. C’est une nécessité impérieuse pour mettre fin à l’extrême pauvreté et créer des sociétés plus inclusives.

Comme le souligne le Rapport sur le développement dans le monde 2019 : Le travail en mutation, la transformation rapide des compétences est porteuse à la fois de possibilités et de risques. Il apparaît de plus en plus que si les pays ne renforcent pas leur capital humain, ils ne pourront pas réaliser une croissance économique durable et inclusive, préparer leur main-d’œuvre aux emplois plus qualifiés de demain et faire face à la concurrence dans l’économie mondiale. Le coût de l’inaction sur le développement du capital humain est de plus en plus lourd.

Les ministres des Finances qui se sont réunis pour discuter du capital humain lors des dernières Réunions de printemps et Assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale ont insisté sur la place importante qu’occupe le capital humain dans les programmes de transformation de l’emploi et de l’économie dans tous les pays, indépendamment de leur niveau de développement.

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3. Quelle est la situation du capital humain dans le monde aujourd’hui ?

Malgré les avancées sans précédent réalisées dans le domaine du développement humain au cours des 25 dernières années, des défis importants persistent, particulièrement dans les pays en développement.

En 2019, plus d’un jeune enfant sur 5 souffrait de retard de croissance pour cause de sous-alimentation (trop petits pour leur âge, signe précurseur de carences physiques et cognitives (JME 2020). La pandémie actuelle pourrait accroître davantage le nombre d’enfants en retard de croissance.

La crise des apprentissages freine la croissance de nombreux pays. Les données montrent que dans certains pays, les enfants accusent un retard d’apprentissage important par rapport à d’autres élèves ayant passé le même nombre d’années à l’école. Ce phénomène est accentué par la pandémie, de nombreux enfants étant déscolarisés et perdant des occasions d’apprentissage.

Les populations des pays en développement dépensent 500 milliards de dollars par an — plus de 80 dollars par personne -- de leurs propres poches pour accéder aux services de santé, et ce sont les pauvres qui pâtissent le plus de ces dépenses. La COVID-19 perturbe aussi considérablement les services de santé de base, notamment la vaccination systématique et les soins de santé infantile.

Dans les pays les plus pauvres, quatre personnes démunies sur cinq ne sont pas couvertes par un filet de protection sociale, et se trouvent ainsi dans un état de vulnérabilité extrême.

Près de 300 000 enfants meurent chaque année de diarrhée,  faute d’accès à l’eau potable et à l’assainissement.

La première édition de l’indice de capital humain (ICH), publiée par le Groupe de la Banque mondiale en octobre 2018 et mise à jour en 2020, montre que 60 % environ des enfants nés aujourd’hui seront, au mieux, moitié moins productifs qu’ils le seraient s’ils bénéficiaient d’une éducation complète et d’une santé optimale (tel que défini par l’indice, voir question 5). Cette situation trahit une sérieuse crise du capital humain qui pourrait avoir de graves conséquences sur la croissance économique et sur l’aptitude collective du monde à mettre fin à la pauvreté extrême d’ici 2030.

Les carences du capital humain risquent de s’aggraver de jour en jour face à la rapidité des changements mondiaux dans les domaines de la technologie, de la démographie, de la fragilité et du climat. Les conflits et les pandémies peuvent avoir des effets dévastateurs sur le capital humain en raison des pertes touchant la vie, les moyens d’existence, la nutrition et l’interruption des services de santé et d’éducation de base. Ces effets vont vraisemblablement se répercuter tout au long de la vie de bon nombre d’individus, réduisant leur productivité. Or l’investissement dans les ressources humaines est souvent négligé, malgré de nombreux exemples de transformation rapide du capital humain — dans des pays comme Singapour, la République de Corée et l’Irlande — et les succès inédits enregistrés par quelques-uns des pays les plus pauvres du monde.

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4. Quels effets la COVID-19 a-t-elle sur le capital humain ?

La COVID-19 menace d’effacer une décennie de progrès dans le domaine du capital humain, laissant une génération à la traîne, alors que les gouvernements s’efforcent d’endiguer la propagation du virus, de sauver des vies et de reconstruire leurs économies.

  • La plupart des enfants, plus d’un milliard, ont été déscolarisés à cause de la COVID-19.
  • À l’échelle mondiale, le manque à gagner sur la durée de la vie de cette cohorte d’élèves pourrait s’élever à 10 000 milliards de dollars, du fait de la baisse des niveaux d’apprentissage, de la fermeture des écoles ou des risques de décrochage.
  • Les services de santé de base, notamment la vaccination systématique et les soins de santé infantile, sont fortement perturbés dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire.
  • La pandémie exacerbe les risques de violences à l’encontre des femmes, de mariages précoces et de grossesses chez les adolescentes — autant de facteurs qui limitent les perspectives d’apprentissage et d’autonomisation des femmes et des filles.

En l’absence d’interventions immédiates et massives, à l’instar de celles proposées dans l’analyse sur la protection des populations et des économies, la dégradation des conditions de santé, des connaissances, des compétences et des opportunités en raison de la pandémie qui sévit aujourd’hui aura pour effet demain de fragiliser les chances de reprise économique et de prospérité de nations entières. 

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5. Que fait le Groupe de la Banque mondiale pour aider les pays à protéger le capital humain ?

Alors que les pays à travers le monde s’emploient à endiguer la propagation et les conséquences de la pandémie de COVID-19, le Groupe de la Banque mondiale s’est mobilisé avec une ampleur et une rapidité sans précédent pour les aider à mieux faire face à l’urgence sanitaire et à renforcer leurs systèmes de santé.

Face à la propagation rapide de la pandémie dans les pays en développement, le Groupe de la Banque mondiale apporte des niveaux d’aide sans précédent aux pays clients. C’est ainsi qu’il met à disposition pas moins de 160 milliards de dollars de financements jusqu’en juin 2021. Cet appui vient répondre aux chocs sanitaires, économiques et sociaux auxquels les pays sont spécifiquement confrontés et comprend plus de 50 milliards de dollars fournis par l’IDA sous forme de dons et de crédits à des conditions très favorables.

Les opérations de soutien d’urgence lancées par le Groupe de la Banque mondiale aident actuellement plus d’une centaine de pays en développement à sauver des vies, à détecter la pandémie, à la prévenir et à y répondre. Nous aidons aussi les pays à accéder à des fournitures médicales indispensables en intervenant auprès des fournisseurs pour le compte des gouvernements.

En plus du soutien apporté dans le domaine de la santé, les opérations mettent l’accent sur la protection sociale, en procurant notamment des allocations monétaires aux ménages, ainsi que sur la lutte contre la pauvreté et les financements à l’appui de politiques de développement.  La Banque mondiale s’efforce par ailleurs de restructurer, redéployer et réaffecter des ressources dans ses projets en cours.

L’action du Groupe de la Banque mondiale face à cette situation de crise est structurée en trois temps : secours, restructuration et reprise résiliente. Ses principaux axes d’intervention sont les suivants :

Sauver des vies – Nous aidons les pays à enrayer la propagation du virus, assurer les services de santé, garantir l’accès aux soins pour les ménages vulnérables et mieux se préparer au risque épidémique. Nous nous engageons à faire en sorte que les pays les plus pauvres aient un accès juste et équitable aux futurs vaccins.

Protéger les populations pauvres et vulnérables – Nous finançons des interventions qui visent à soutenir les revenus et la sécurité alimentaire des ménages les plus vulnérables, l’emploi pour les ménages pauvres, les entreprises informelles et les microentreprises.  Nous aidons les populations et les autorités locales à faire face aux conséquences de la crise, améliorer et développer les services et renforcer la résilience aux chocs futurs.

Par exemple, la Banque aide l’Inde à étendre ses programmes de transferts monétaires et d’aide alimentaire, en s’appuyant sur un éventail de plateformes et de programmes nationaux existants, afin d’offrir une protection sociale aux travailleurs essentiels participant à la lutte contre la COVID-19. Ce soutien bénéficie aux groupes vulnérables, en particulier les migrants et les travailleurs du secteur informel, très exposés au risque d’exclusion.

Favoriser une croissance durable des entreprises et la création d’emplois – Nous apportons des conseils stratégiques et un appui financier aux entreprises et aux établissements bancaires, afin de contribuer à la protection des emplois et d’aider en particulier les PME à surmonter la crise et renouer avec la croissance.

Renforcer les politiques publiques, les institutions et les investissements – Nous aidons les pays à jeter les bases d’une reprise résiliente en mettant l’accent sur la gouvernance et les institutions.  En étroite collaboration avec le Fonds monétaire international (FMI), nous aidons les pays à mieux gérer leur dette publique, procéder à des réformes essentielles dans la gestion des finances de l’État et identifier les possibilités de relance de l’économie porteuses de croissance verte et de développement sobre en carbone.

Des lectures supplémentaires sont disponibles sur la première série de projets d’intervention sanitaire d’urgence financés par le Groupe de la Banque mondiale, et aussi sur l’impact des 100 premiers jours de la riposte globale.

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6. Que peut-on faire pour protéger les populations et investir en elles au-delà de la pandémie ?

Pour la suite, les pays devraient s’employer à mettre leurs ripostes à la COVID-19 en cohérence avec leurs objectifs à long terme en matière de capital humain. Les gouvernements, la société civile, les institutions financières internationales et le secteur privé doivent unir leurs forces afin de soutenir le déploiement des investissements ambitieux et éclairés dont les pays ont besoin pour donner à chacun les moyens de réaliser son potentiel.

  • Accroître les dépenses sociales, protéger la marge de manœuvre budgétaire créée par le moratoire sur la dette, afin de garantir que les services de base et l’appui financier bénéficient aux personnes pauvres et vulnérables.
  • Investir dans la prestation des services de base
    • Renforcer les filets de protection sociale pour se protéger des chocs et faciliter les réformes
    • Privilégier davantage les soins de santé primaire et la préparation aux pandémies, la nutrition, le développement de la petite enfance, l’apprentissage et les services de base dans tous les secteurs, en faisant appel à la technologie et en améliorant la gouvernance.

Seules des mesures ambitieuses en faveur de la santé, de l’éducation et de la protection sociale, reposant sur des données probantes, permettront de regagner le terrain perdu et de donner aux enfants d’aujourd’hui les moyens de dépasser les acquis des générations précédentes en matière de capital humain et de qualité de vie. Jamais la pleine réalisation du potentiel créatif de chaque enfant n’aura eu une telle importance. 

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7. Quels résultats attend-on du Projet sur le capital humain ?

Le Projet sur le capital humain aide à faire en sorte que les dirigeants nationaux acquièrent la marge de manœuvre politique nécessaire pour prioriser les investissements porteurs de transformation dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la protection sociale. L’objectif est d’obtenir des progrès rapides, pour permettre aux enfants du monde entier d’arriver à l’école le ventre plein et avec tous les atouts en main, d’acquérir une instruction digne de ce nom, et d’espérer ainsi, à l’âge adulte, arriver sur le marché du travail en bonne santé et dotés des compétences requises pour mener une vie productive.

Le projet repose sur trois piliers :

(i)    L’indice de capital humain (HCI) quantifie la contribution de la santé et de l’éducation à la productivité de la prochaine génération de travailleurs. Les pays l’utilisent pour évaluer le manque à gagner résultant de leur déficit de capital humain, et déterminer dans quelle mesure ils pourraient progresser plus vite et transformer ces pertes en autant de gains s’ils agissaient maintenant. Cette vidéo permet d’en apprendre davantage sur cet indice.

L’indice fut lancé en octobre 2018 et mis à jour en mi-septembre 2020. Cette mise à jour a pris en compte les nouveaux résultats du PISA et elle introduit 17 nouveaux pays, pour une couverture de 98 % de la population du globe. L’ICH 2020 propose aussi une ventilation par sexe plus complète.

(ii)    Un effort d’évaluation et de recherche important est engagé pour compléter l’indice et aider les pays à prendre des mesures efficaces. Au sein des pays, des mesures crédibles des progrès réalisés dans les domaines de l’éducation et de la santé permettent de mieux reconnaître les réussites et de décider de l’allocation des ressources. Elles permettent par ailleurs aux décideurs de prendre conscience de l’importance d’investir dans le capital humain, donnant ainsi l’impulsion nécessaire à l’action publique. À l’échelle mondiale, les efforts d’évaluation générale et de collecte de données primaires nouvelles sont essentiels pour mettre en évidence les points forts et la possibilité d’améliorer les résultats en matière de capital humain. Le Projet sur le capital humain contribuera à étayer la recherche et les analyses sur les facteurs de promotion du développement du capital humain, par exemple, en appliquant à grande échelle le programme des Indicateurs de prestation de services et l’étude de la Mesure de la qualité et des résultats de l’éducation des jeunes enfants.

(iii)    L’accompagnement des pays, basé sur une approche « pangouvernementale », les aide à s’attaquer aux principaux obstacles au développement de leur capital humain. Cette approche stimule l’engagement au plus haut niveau, avec le temps, et permet d’établir des liens entre les programmes sectoriels et de renforcer le corpus de données probantes. Le travail que nous menons auprès des pays met l’accent sur l’efficacité et la qualité, les réformes des politiques et la mobilisation des ressources nationales, afin que ces pays ne se contentent pas de dépenser plus, mais aussi mieux.

La série d’opérations à l’appui des politiques de développement du capital humain à Madagascar constitue une illustration de l’action de la Banque mondiale dans les pays. La première de ces opérations vise à soutenir le Gouvernement de Madagascar dans son investissement dans le capital humain en améliorant les ressources humaines dans les domaines de la santé et de l’éducation, la disponibilité et la prévisibilité des ressources financières dans les secteurs sociaux et les protections légales au profit des femmes et des enfants. La deuxième opération est en cours de préparation.

Le Projet sur le capital humain encourage l’intensification de cette forme de soutien aux réformes des politiques publiques et des institutions, et s’emploie aussi à mettre au point une série d’instruments et de produits destinés à aider les pays à atteindre leurs objectifs, en ce qui concerne par exemple les dépenses publiques sur le capital humain et les revues institutionnelles, ainsi que des études de cas rendant compte des succès et des innovations enregistrés dans les pays.

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8. Qu’est-ce que l’indice de capital humain ? Comment est-il calculé ?

L’indice de capital humain est un indicateur synthétique du niveau de capital humain qu’un enfant né aujourd’hui devrait pouvoir atteindre à l’âge de 18 ans, compte tenu des risques qu’il court d’être en mauvaise santé et de recevoir une éducation insuffisante dans le pays où il vit. On trouvera sur le site Web de la Banque mondiale intitulé Open Knowledge Repository un exposé détaillé de la méthodologie de l’indice et une vidéo instructive est disponible ici.

L’indice se distingue en particulier par le fait qu’il mesure la contribution de la santé et de l’éducation à la productivité des individus et des pays, en se fondant sur des études microéconomiques rigoureuses.

Il varie entre 0 et 1, et ne prend la valeur 1 que si un enfant né aujourd’hui peut espérer vivre en pleine santé (ne subir aucun retard de croissance et vivre au moins jusqu’à 60 ans) et atteindre son potentiel d’éducation formelle (14 années de scolarité de qualité avant l’âge de 18 ans).

La note d’un pays représente la distance qui le sépare du « seuil ultime », à savoir une scolarité complète et une santé optimale. Une note de 0,70 dans l’indice de capital humain signifie que le niveau de revenu qu’un enfant né aujourd’hui peut espérer atteindre à l’âge adulte sera égal à 70 % de ce qu’il aurait pu atteindre s’il avait suivi une scolarité complète et joui d’une parfaite santé.

L’indice peut être directement lié aux scénarios concernant le niveau de revenu futur des pays et des particuliers. Une note de 0,50 signifie par exemple que le pays pourrait avoir un PIB futur par travailleur deux fois plus élevé s’il atteignait le niveau correspondant à une scolarité complète et à la pleine santé.

L’indice se présente sous forme de moyenne nationale et est ventilé par sexe pour les pays disposant des données requises.

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9. Quelles sont les données utilisées pour calculer l’HCI ?

L’ICH illustre de manière quantitative les principales étapes de la trajectoire d’un enfant né en une année donnée jusqu’à l’âge adulte, et leur incidence sur la productivité de la prochaine génération de travailleurs. Il a trois composantes :

Composante 1 : Survie. Cette composante de l’indice rend compte de la triste réalité qu’une partie des enfants nés aujourd’hui n’atteindront pas l’âge auquel commence le processus d’accumulation de capital humain par l’éducation scolaire. Elle est mesurée à partir du taux de mortalité des moins de 5 ans, la survie jusqu’à l’âge de 5 ans étant le complément dudit taux de mortalité.

Composante 2 : Scolarité. Cette composante de l’indice combine des informations sur la quantité et la qualité de l’éducation scolaire reçue.

La quantité d’éducation est mesurée par le nombre d’années d’études qu’un enfant peut espérer suivre jusqu’à l’âge de 18 ans, compte tenu des taux de scolarisation enregistrés. La valeur maximale possible est 14 ans, ce qui correspond au nombre maximal d’années d’études suivies jusqu’à 18 ans par un enfant qui entre à l’école maternelle à 4 ans.

La qualité de l’éducation traduit les efforts entrepris par la Banque mondiale pour harmoniser les résultats des grands programmes internationaux d’évaluation des acquis des élèves dans le but d’obtenir une mesure des acquis scolaires harmonisés. Ceux-ci sont mesurés en unités d’une échelle mondiale de résultats scolaires harmonisés semblable à celle utilisée dans le cadre de l’Enquête internationale sur les mathématiques et les sciences (TIMSS). Une note de 625 correspond à une performance élevée au sens du programme TIMSS, tandis qu’une note de 300 correspond à une faible performance équivalant aux normes minimales utilisées pour plusieurs évaluations régionales.

Composante 3 : Santé. Il n’existe aucun indicateur de santé accepté dans une large mesure, mesuré directement et accessible aisément, qu’on peut employer de la même façon que les années d’études le sont comme mesure standard du niveau d’instruction atteint. À la place, deux indicateurs indirects du contexte sanitaire général sont utilisés :

Le taux de survie à l’âge adulte. Il est mesuré par le pourcentage de jeunes de 15 ans qui atteignent l’âge de 60 ans. Cette mesure de la mortalité sert d’indicateur indirect de l’ensemble de problèmes de santé non mortels auquel un enfant né aujourd’hui sera exposé à l’âge adulte si la situation actuelle perdure dans le futur.

La croissance en bonne santé chez les enfants de moins de 5 ans. Elle est mesurée par les taux de retard de croissance, c’est-à-dire 1 moins le pourcentage d’enfants de moins de 5 ans qui n’ont pas une taille normale pour leur âge. Le retard de croissance sert d’indicateur du contexte sanitaire durant la période prénatale et néonatale et pendant la petite enfance. Il regroupe les risques pour la santé auquel un enfant né aujourd’hui a de fortes chances d’être exposé durant ses premières années, qui auront des répercussions importantes sur sa santé et son bien-être à l’âge adulte.

Les données des composantes de l’ICH et les notes définitives obtenues par les pays au titre de l’indice ainsi que les informations détaillées sur les sources sont accessibles dans les fichiers placés sur le site Web du Projet sur le capital humain et peuvent être téléchargées sur le site Web Databank de la Banque mondiale. L’ensemble de données de l’ICH mondial en format Excel, qui peut également être téléchargé sur le site Web du Projet sur le capital humain, comporte une calculatrice incluant des équations pour déterminer l’ICH, sur laquelle les usagers peuvent saisir des valeurs pour les composantes et calculer la note ICH pour tout pays pris en compte.

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10. Quelles sont les sources de données pour l’HCI ? Comment ces données sont-elles vérifiées ?

Toutes les données utilisées pour calculer l’HCI sont accessibles au public et mesurées directement et de manière cohérente entre les pays.

Composante 1 : Survie. La survie jusqu’à l’âge de 5 ans est mesurée sur la base des taux de mortalité compilés par le Groupe interinstitutions des Nations Unies pour l’estimation de la mortalité infantile.

Composante 2 : Scolarité. Les années de scolarité escomptées sont mesurées à partir des taux de scolarisation à la maternelle, au primaire et aux premier et second cycles du secondaire qui sont mesurés par l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU). Les données sur les acquis scolaires harmonisés proviennent de la base de données de Patrinos et Angrist (2018) intitulée Global Database on Education Quality, qui regroupe des travaux de la Banque mondiale sur l’harmonisation des notes d’évaluation à partir de programmes internationaux d’évaluation des acquis scolaires.

Composante 3 : Santé. La survie à l’âge adulte est mesurée sur la base des taux de mortalité des 15-60 ans tirés des Perspectives pour la population mondiale de la Division de la population des Nations Unies. Étant donné que le PNUD ne rend pas compte des taux de mortalité des adultes pour chaque pays de moins de 90 000 habitants, ces données sont complétées par les taux de mortalité des adultes compilés par le projet de la charge mondiale de morbidité (GBD) qui est géré par l’Institute of Health Metrics and Evaluation (IHME) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour de plus petits pays. Chez les enfants de moins de 5 ans, une croissance en bonne santé est mesurée à l’aide de taux de retard de croissance tirés des estimations conjointes de l’UNICEF, l’OMS et la Banque mondiale (JME).

Les données utilisées pour calculer l’HCI sont soumises à un processus d’examen approfondi par tous les services de la Banque. Elles sont transmises aux équipes-pays de la Banque mondiale qui les font vérifier par des experts de l’éducation et la santé de l’institution ainsi que par leurs homologues relevant des ministères compétents au sein de l’administration. Ce processus d’assurance de la qualité est particulièrement important en ce qui concerne les taux de scolarisation, car pour certains pays, les données y relatives peuvent faire défaut ou être obsolètes dans la base de données de l’UIS. Dans un tel scénario, les mises à jour de l’ICH sont effectuées sur la base de données plus récentes et/ou cohérentes issues du système d’information sur la gestion de l’éducation (SIGE) d’un pays, de statistiques de l’éducation ou d’une enquête représentative au niveau national. L’examen des données permet à l’ICH d’incorporer des taux de retard de croissance tirés d’enquêtes représentatives au niveau national récemment mis à disposition, mais qui n’ont pas encore été pris en compte dans la base de données JME.

Des notes détaillées sur les sources de données pour tous les pays couverts par l’ICH sont incorporées aux fichiers de données de l’ICH par pays placés sur le site Web du Projet sur le capital humain et peuvent être téléchargées sous forme de métadonnées sur le site Web DataBank de la Banque mondiale.

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11. Qu’entend-on pas acquis scolaires harmonisés et comment sont-ils calculés ?

Les acquis scolaires harmonisés utilisés pour mesurer la qualité de l’enseignement dans tous les pays sont basés sur une initiative de grande envergure visant à harmoniser les évaluations internationales du niveau des élèves à partir de plusieurs programmes multinationaux d’évaluation des résultats scolaires pour produire l’ensemble de données sur la qualité de l’éducation intitulé « Global Dataset on Education Quality » (Patrinos et Angrist, 2018). Cet ensemble de données harmonise les résultats de trois grands programmes internationaux d’évaluation — l’Enquête internationale sur les mathématiques et les sciences (TIMSS), le Programme international de recherche en lecture scolaire (PIRLS) et le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) — et de quatre programmes régionaux importants, à savoir le Consortium de l’Afrique australe et orientale pour le pilotage de la qualité de l’éducation (SACMEQ), le Programme d’analyse des systèmes éducatifs (PASEC), le Laboratoire latino-américain d’évaluation de la qualité de l’éducation (LLECE) et le Programme d’évaluation des aptitudes à la lecture, à l’écriture et au calcul dans les îles du Pacifique (PILNA). Il prend également en compte les évaluations de l’apprentissage de la lecture dans les petites classes (EGRA) coordonnées par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).

La méthode d’harmonisation se base sur un « taux d’harmonisation » des évaluations internationales des acquis scolaires avec leurs pendants régionaux, qui peut dès lors servir à placer les évaluations sur une échelle commune. Les résultats des évaluations sont convertis en unités du programme TIMSS servant de base de référence, ce qui correspond en gros à une moyenne de 500 points et à un écart type entre les élèves de 100 points. L’harmonisation a pour point de départ le ratio des notes moyennes des pays dans chaque programme sur les notes correspondantes de ces pays dans le programme d’évaluation de référence, pour l’ensemble des pays participants à la fois au programme de référence et à d’autres programmes d’évaluation. Prenons l’exemple des pays qui participent à la fois aux évaluations PISA et TIMSS. Le ratio des notes moyennes PISA et des notes moyennes TIMSS pour ce groupe de pays donne un facteur de conversion des scores PISA en scores TIMSS qui peut ensuite être utilisé pour convertir les scores PISA de tous les pays en scores TIMSS. Le taux d’harmonisation est établi en regroupant tous les doublons observés entre 2000 et 2017, ce qui le rend constant au fil du temps. Ainsi, les fluctuations des acquis scolaires harmonisés à l’intérieur des pays, dans le temps, pour un programme d’évaluation donné, traduiront uniquement l’évolution des notes des évaluations elles-mêmes, et non des variations du facteur de conversion entre les évaluations.

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12. Comment la méthodologie sur laquelle repose l’indice de capital humain a-t-elle été examinée ?

La méthodologie sur laquelle repose l’ICH est décrite dans la brochure du Projet sur le capital humain téléchargeable ici. Elle a été présentée pour la première fois dans le Rapport sur le développement dans le monde 2019 : Le travail en mutation, qui examine aussi les compétences nécessaires pour entrer sur le marché du travail, un aspect essentiel du capital humain.

Certains des postulats analytiques de l’indice sont aussi présentés dans le Rapport sur le développement dans le monde 2018 : Apprendre pour réaliser la promesse de l’éducation, qui a mis en lumière la crise de l’apprentissage. Les deux rapports se fondent sur une vaste consultation d’acteurs nombreux et divers à travers le monde.

David Weil, professeur et spécialiste de la comptabilité du développement à Brown University, a aussi collaboré étroitement aux recherches.

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13. Les pays sont-ils classés au titre de l’indice de capital humain ?

Il n’y a pas de classement au titre de l’ICH, qui se base essentiellement sur des indicateurs significatifs de productivité des futurs travailleurs pour établir des comparaisons entre pays. Parce que l’HCI se mesure en termes de productivité de la prochaine génération de travailleurs par rapport à la référence qui est une éducation complète et une santé parfaite, les unités de l’indice s’interprètent naturellement : une valeur de 0,50 pour un pays signifie que la productivité future d’un enfant né en une année donnée dans ce pays n’est que la moitié de ce qu’elle pourrait être au regard du niveau de référence. Les classements mettent excessivement l’accent sur le fait qu’un pays ayant un HCI de 0,51 (comme les Fidji) se place devant un pays dont l’HCI est de 0,50 (comme le Maroc). Cependant, cette interprétation fait l’impasse sur la question fondamentale, à savoir qu’aux Fidji comme au Maroc, les enfants nés aujourd’hui grandiront sans avoir réalisé la moitié de leur capital humain. Ce qui est nettement plus important que de savoir quel pays est « en avance » sur quel autre.

Les classements augmentent aussi artificiellement les légères différences entre les notes, tout en dissimulant les informations sur les pertes et les gains réalisés en valeur absolue par les pays au titre de l’HCI. Par exemple, huit pays se trouvent dans la fourchette des notes comprises entre 0,60 et 0,61, donc si l’HCI de l’un de ces pays établi à 0,60 augmente d’à peine 0,01 point, ce pays avancera de huit places dans le classement. En revanche, à peine deux pays sont notés entre 0,70 et 0,71, dont si l’un de ces deux pays devait améliorer sa note de 0,01 point, il ne gagnerait qu’une place.

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14. À quelle fréquence l’indice de capital humain est-il mis à jour ?

L’évolution des composantes de l’HCI — mesurée en termes de résultats — n’apparaît pas rapidement. Les variations annuelles de ces composantes sont le plus souvent relativement faibles et/ou traduisent davantage la disponibilité des données et des questions de mesure qu’une véritable évolution des résultats en matière de capital humain.

Les données sur les composantes de l’HCI sont aussi mises à jour à différentes fréquences. Les données administratives concernant la survie des enfants à 5 ans et les données sur la scolarisation qui sous-tendent les années de scolarité escomptées sont actualisées chaque année. Les données sur la survie à l’âge adulte sont mises à jour tous les deux ans, et celles sur le retard de croissance proviennent d’enquêtes réalisées environ tous les 3 à 5 ans. Les données sur les acquis scolaires sont moins fréquentes et les programmes d’évaluation suivent différents calendriers. On enregistre peu de données nouvelles pendant les années où de grands programmes d’évaluation comme le PISA, le TIMSS ou le PIRLS ne signalent pas d’évolution.

Afin de rendre compte de changements significatifs relatifs au niveau de capital humain d’un pays à l’autre, l’HCI sera mis à jour tous les deux ans. La première édition de l’indice a été publiée en 2018 pour 154 pays. La publication suivante en 2020 a étendu la couverture de l’HCI à 174 pays et donné un aperçu de l’état du capital humain avant l’apparition de la COVID-19, ainsi qu’une base de référence pour suivre l’incidence de la pandémie sur le capital humain.

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15. Pourquoi l’indice de capital humain ne couvre-t-il pas tous les pays ?

L’indice de capital humain 2018 couvrait 156 pays membres du Groupe de la Banque mondiale et leurs territoires, ainsi que la Cisjordanie et Gaza. L’ICH 2020 couvre 174 pays représentant 98 % de la population mondiale.

L’HCI agrège les mesures des différentes dimensions du capital humain : la santé (survie des enfants, retard de croissance, espérance de vie à l’âge adulte) de même que la quantité et la qualité de la scolarisation (années de scolarité escomptées et acquis scolaires). De ces cinq composantes, les données sur les acquis scolaires sont les plus difficiles à rassembler, les pays participant peu aux programmes internationaux ou régionaux d’évaluation des acquis des élèves. La participation à l’une des grandes évaluations internationales ou régionales de l’apprentissage est un prérequis et le principal obstacle au calcul de l’indice de capital humain de certains pays.

L’édition 2020 de l’HCI inclut les données les plus récentes disponibles pour rendre compte des notes de 174 pays au titre de l’indice, en étendant la couverture à 17 pays supplémentaires par rapport à l’édition 2018. La mise à jour de 2020 utilise des données nouvelles et élargies pour chacune des composantes de l’HCI, qui étaient disponibles en mars 2020. En 2018, les données avaient été recueillies auprès de sources officielles et avaient fait l’objet d’un processus rigoureux d’examen et de validation. Compte tenu du moment où les données ont été collectées, cette mise à jour peut servir de base de référence pour déterminer les niveaux d’accumulation du capital humain juste avant le déclenchement de la pandémie de COVID-19.

Globalement, l’HCI 2020 montre que, avant l’apparition de la pandémie, un enfant devait pouvoir atteindre en moyenne 56 % de sa productivité potentielle en tant que futur travailleur. Cette moyenne mondiale masque cependant des variations considérables entre les régions et les économies. Par exemple, un enfant né dans un pays à faible revenu peut espérer être à 37 % aussi productif que s’il bénéficiait d’une éducation complète et d’une santé optimale. Pour un enfant né dans un pays à revenu élevé, ce chiffre est de 70 %.

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16. Quelles sont les limites de l’HCI ?

Comme tout exercice de comparaison entre pays, l’HCI a des limites.

Des composantes de l’indice telles que le retard de croissance et les résultats d’évaluations sont mesurées de façon irrégulière dans certains pays et ne le sont jamais dans d’autres. D’autres composantes, comme les taux de survie des enfants et des adultes, sont imprécises dans les pays où les registres de l’état civil sont incomplets ou inexistants. Indispensables pour estimer le nombre d’années de scolarité escomptées, les données sur les taux de scolarisation sont parfois lacunaires et publiées avec d’importants retards. En conséquence, l’HCI d’un pays peut être déterminé sur la base d’indicateurs quelque peu obsolètes qui ne rendent pas compte de l’état actuel du capital humain dans ce pays.

L’exercice d’harmonisation des acquis scolaires utilise les résultats provenant de différents programmes internationaux d’évaluation qu’il convertit en des unités communes. Cependant, l’âge des personnes évaluées et les sujets couverts varient en fonction des programmes. Par conséquent, les acquis harmonisés peuvent faire apparaître des différences dans l’échantillonnage et la cohorte de participants aux évaluations (Liu et Steiner-Khamsi 2020). De plus, il est possible que les résultats d’évaluations ne rendent pas fidèlement compte de la qualité de l’ensemble du système éducatif d’un pays dans la mesure où les individus évalués ne sont pas représentatifs de toute la population d’élèves. Il n’existe pas encore de mesures fiables de la qualité de l’enseignement tertiaire, en dépit de l’importance des études supérieures pour le capital humain dans un monde en mutation rapide. L’indice ne rend pas non plus fidèlement compte d’autres aspects importants du capital humain, comme les aptitudes non cognitives, bien que ceux-ci puissent contribuer directement et indirectement à la formation du capital humain Lundberg 2018).

L’ICH a notamment pour objectif d’appeler l’attention sur ces lacunes et de stimuler l’action afin d’y remédier. Améliorer les données est une entreprise de longue haleine. En attendant et compte tenu de ces insuffisances, il convient d’interpréter avec prudence les notes des pays dans l’indice. Certes, l’indice estime l’incidence de l’éducation et de la santé aujourd’hui sur la productivité des travailleurs de demain, mais il est loin de mesurer avec précision les petites différences entre les pays.

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I.             Analyse de l’HCI

17. Comment l’indice de capital humain a-t-il évolué depuis son lancement en 2018 ?

L’ICH a été rendu public pour la première fois lors des Assemblées annuelles d’octobre 2018 du Groupe de la Banque mondiale. La méthodologie utilisée en 2018 est la même que celle utilisée pour la mise à jour de septembre 2020.

La mise à jour de 2020 comporte des données plus récentes pour l’ensemble des composantes de l’indice. Elle couvre aussi davantage de pays, accentue la ventilation par sexe et permet de mesurer les progrès en matière de capital humain au fil du temps en comparant les données de l’HCI 2020 avec celles de l’HCI antérieur.

Fait important, la mise à jour de 2020 de l’HCI mondial donne un aperçu du capital humain jusqu’à l’apparition de la pandémie de COVID-19.

Outre la mise à jour mondiale qui mesure les données au niveau des pays, les données de l’HCI ont été analysées (désagrégées) plus avant i) au niveau infranational ainsi que ii) par situation socioéconomique. Pour en savoir plus sur ces exercices, consulter le document intitulé : « Insights from Disaggregating the Human Capital Index ».

Les données de l’HCI ont été désagrégées à l’échelon infranational dans plus de 20 pays et l’indice peut être calculé à ce niveau dans tous les pays à l’aide de données représentatives pertinentes.

En ce qui concerne la désagrégation des données socioéconomiques (SES), le document de travail intitulé Policy Research Working Paper 9020 par D’Souza, Gatti, et Kraay est le document original qui décrit entièrement la méthodologie. Actuellement, plus de 50 pays – pour la plupart à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et de la tranche supérieure – disposent de données SES.

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18. Que montre l’indice de capital humain en ce qui concerne les filles et les garçons ?

La ventilation par sexe est plus importante dans l’HCI 2020. Dans cette édition en effet, l’HCI peut être calculé séparément pour les garçons et les filles de 153 pays sur les 174 couverts, contre 126 pays sur 157 pour l’édition 2018. De surcroît, la mise à jour de 2020 détermine l’HCI pour 2010, et permet de procéder à des calculs séparés pour les garçons et les filles dans 90 des 103 pays inclus dans l’indice de 2010.

L’absence de données sur les notes d’évaluations ventilées par sexe nous empêche de le faire dans le groupe restant, qui comprend un nombre disproportionné de pays à faible revenu, preuve qu’il importe de continuer d’investir dans l’amélioration des systèmes de données.

De nombreux pays sont parvenus à réduire les différences entre filles et garçons dans les résultats relatifs au capital humain. Cependant, dans la plupart des pays, la distance qui sépare l’ensemble des enfants du niveau idoine de capital humain est beaucoup plus grande que les écarts qui subsistent entre les filles et les garçons. Dans le domaine de l’éducation, les filles vivant dans les pays à revenu intermédiaire ou à revenu élevé ont généralement rattrapé, voire dépassé les garçons sur le plan de la scolarisation et des acquis scolaires. Par ailleurs, dans certaines dimensions de l’indice relatif à la santé, les filles devancent légèrement les garçons dans la plupart des pays.

L’édition 2020 de l’indice a une portée limitée et ne rend pas compte de certaines différences importantes entre filles et garçons dans les résultats relatifs au capital humain. Elle ne mesure pas par exemple le nombre d’avortements basés sur le sexe du fœtus ni celui des « filles manquantes ». L’indice utilise des indicateurs indirects pour décrire l’environnement, qui sont eux-mêmes peu précis sur la manière dont le rôle dévolu à chacun des deux sexes et les relations entre hommes et femmes influencent cet environnement. Les filles continuent d’être en butte à des difficultés importantes dans des dimensions dont ne tient pas compte l’ICH. Le mariage des enfants, les responsabilités domestiques, les grossesses chez les adolescentes et les violences sexistes en milieu scolaire empêchent de garder les filles à l’école, particulièrement dans les milieux à faible revenu.

Bien que le taux de scolarisation des filles ait augmenté, les taux de fréquentation et d’achèvement des études — notamment dans le secondaire — laissent à désirer chez les filles comme chez les garçons. Lorsque les filles grandissent et entrent sur le marché du travail, elles ont davantage de difficultés à tirer parti de leur capital humain. Ces difficultés se traduisent par exemple par la discrimination au travail, le manque de services de garde d’enfants et de politiques adéquates en matière de congés, le harcèlement sexuel, l’insécurité des moyens de transport, les disparités dans l’accès aux services financiers et aux marchés, et les obstacles juridiques et réglementaires qui les empêchent de créer et développer leurs entreprises.

Pour permettre à tous, hommes et femmes, de recueillir les fruits de leur investissement dans le capital humain, ces obstacles doivent être éliminés. Le nouvel HCI basé sur l’utilisation (HCIU) propose un ajustement de l’indice qui prend en compte les taux de participation différenciés au marché du travail pour les hommes et les femmes, qui montrent qu’une plus large proportion du capital humain féminin reste inutilisée en raison de taux de participation au marché du travail et de l’emploi plus faibles dans de nombreux pays.

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19. Quels effets la COVID-19 a-t-elle sur le capital humain ?

La COVID-19 met à risque les gains de capital humain durement acquis par les pays. Ce que nous enseignent les pandémies et les crises antérieures, c’est que leurs effets ne sont pas seulement ressentis par ceux qu’elles touchent directement, mais qu’ils se répercutent souvent sur l’ensemble de la population et dans de nombreux cas, sur plusieurs générations.

La méthodologie de l’HCI peut être utilisée pour quantifier certains des effets potentiels de la COVID-19 sur le capital humain futur des enfants et des jeunes. S’agissant de jeunes enfants (ceux nés pendant la pandémie ou qui ont actuellement moins de 5 ans), les perturbations des systèmes de santé, les restrictions d’accès aux soins et les pertes de revenu des ménages vont se traduire par l’accroissement de la mortalité juvénile, de la malnutrition et du retard de croissance. Parce que le retard de croissance et les résultats scolaires sont étroitement liés, la pandémie risque de compromettre les résultats scolaires des enfants plus tard dans leur existence. D’après des simulations préliminaires basées sur l’ICH, dans les pays à faible revenu, le capital humain des jeunes enfants devrait être inférieur d’environ 1 % à ce qu’il aurait été en l’absence de COVID-19.

Au plus fort de la pandémie, près de 1,6 milliard d’enfants à travers le monde n’avaient plus accès à l’école. Pour la plupart des enfants d’âge scolaire, la pandémie a eu pour conséquence que l’enseignement et l’apprentissage formels ne se fassent plus en présentiel. Étant donné que la capacité à offrir des solutions d’enseignement à distance et y accéder diffère d’un pays à l’autre, voire à l’intérieur des pays, on peut anticiper des pertes considérables en termes de scolarisation et d’apprentissage. Les chocs de revenus associés à la COVID-19 obligeront aussi de nombreux enfants à abandonner leurs études. La combinaison de tous ces effets donne à penser que la pandémie pourrait réduire globalement les années de scolarité corrigées en fonction de l’apprentissage d’un semestre, soit de 7,8 à 7,3 ans. En termes d’ICH, cette perte signifie une baisse de près de 4,5 % de la note au titre de l’indice pour la cohorte actuelle d’enfants. Pour un pays dont l’HCI est 0,50, cela signifie une baisse de 0,025 point, ce qui est du même ordre de grandeur que l’augmentation de l’HCI réalisée par de nombreux pays durant la décennie écoulée.

Faute d’appliquer immédiatement des mesures fortes, l’incidence négative de la pandémie sur le capital humain va probablement continuer à réduire la productivité des pays et leurs perspectives de croissance pendant des décennies. En 20 ans, environ 46 % de la main-d’œuvre d’un pays typique (constitué d’une population entre 20 et 65 ans) sera constituée d’individus qui étaient scolarisés ou avaient moins de 5 ans pendant la pandémie de COVID-19. En ce temps-là, un pays typique pourrait toujours afficher une baisse de son HCI de près d’un point complet (0,01) en raison de la COVID-19. Ce qui signifie que même temporaire, le choc de la pandémie de COVID-19 pourrait toujours laisser des cohortes actuelles d’enfants à la traîne pour le restant de leur vie.

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20. Qu’est-ce que l’indice de capital humain basé sur l’utilisation ?

Dans de nombreux pays, lorsque l’enfant d’aujourd’hui atteint l’âge actif, il est possible qu’il ne trouve pas d’emploi, et même lorsqu’il en trouve, il se peut que cet emploi ne lui permette pas d’utiliser pleinement ses compétences et ses capacités cognitives pour accroître sa productivité. Dans ces cas, son capital humain peut être considéré comme sous-utilisé. Reconnaissant l’importance de cette tendance à la fois pour les individus et les politiques, l’indice de capital humain basé sur l’utilisation (HCIU) permet de corriger l’HCI en fonction de la sous-utilisation du capital humain sur le marché du travail. Cette variante de l’indice peut être calculée pour plus de 160 pays (Pennings 2020).

L’HCIU sera mesuré de deux manières. Pour « l’HCIU de base », l’utilisation est définie comme la fraction de la population en âge de travailler qui est employée. Si cette mesure est simple et intuitive, elle ne rend pas compte du fait que dans les pays en développement, une large part des emplois ne permet pas toujours aux travailleurs d’utiliser pleinement leur capital humain pour accroître leur productivité. « L’HCIU complet » corrige cette lacune en introduisant la notion « d’emploi de meilleure qualité » — qui prend en compte les employés du secteur non agricole en plus des employeurs — qui désigne le type d’emplois courant dans les pays à forte productivité.

Le taux d’utilisation complète dépend de la proportion de la population en âge de travailler d’un pays dans des « emplois de meilleure qualité ». Les pays ayant des notes élevées au titre de l’HCI encourent aussi des pénalités d’utilisation plus importantes s’ils affichent de faibles taux d’emplois de meilleure qualité, car ils ont plus de capital humain sous-utilisé.

Si les différentes méthodologies donnent différentes notes pour certains pays pris individuellement, l’HCIU de base et l’HCIU complet génèrent des taux d’utilisation similaires pour les différentes catégories de revenu et les différentes régions, ainsi que de manière générale. Les taux d’utilisation s’établissent en moyenne autour de 0,6, mais ils suivent des courbes en forme de U lorsqu’ils sont rapportés au revenu par habitant d’un pays à l’autre — ils sont les plus bas dans un plus large éventail de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. L’analyse de la sous-utilisation donne à voir que dans un monde où le capital humain est optimal et pleinement utilisé, le revenu par habitant à long terme pourrait quasiment tripler.

Les deux types d’HCIU révèlent des disparités entre les femmes et les hommes qui sont nettement différentes des chiffres obtenus à partir de l’HCI. Alors que l’HCI des garçons et des filles est pratiquement le même, avec un léger avantage pour les filles en moyenne, les ICHU sont plus faibles pour les filles que pour les garçons dans la quasi-totalité des pays, en raison de plus faibles taux d’utilisation. Les taux d’utilisation de base (dans l’emploi) sont inférieurs de 20 points de pourcentage chez les femmes que chez les hommes de manière générale, avec un écart de plus de 40 points de pourcentage dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord et en Asie du Sud. Les taux d’emploi chez les femmes suivent de très près les courbes en forme de U lorsqu’ils sont rapportés au niveau de revenu des pays, tandis que chez les hommes, ils sont nettement moins variables, avec une plus faible dispersion d’un pays à l’autre. L’écart entre les femmes et les hommes est également visible dans le taux d’utilisation complet, bien que plus faible. Ces résultats indiquent qu’alors que les disparités entre les sexes en termes de capital humain dans l’enfance et l’adolescence se sont résorbées pendant les deux dernières décennies (en particulier dans le secteur de l’éducation), il reste des défis majeurs à relever pour traduire ces gains en des possibilités pour les femmes.

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21. Quelle est la différence entre l’indice de capital humain et l’indice de développement humain du PNUD ?

L’indice de développement humain du PNUD est un indicateur synthétique précurseur qui mesure le niveau moyen atteint dans les dimensions essentielles du développement humain — vivre longtemps et en bonne santé, acquérir des connaissances et avoir un niveau de vie décent.

Bien que les deux indices attirent l’attention sur l’importance cruciale des capacités humaines pour le développement d’un pays, l’indice de capital humain insiste également sur les raisons économiques d’investir dans le capital humain. Très complémentaires, les deux indices sont cependant formulés différemment.

L’indice de capital humain établit une corrélation entre certains résultats relatifs au capital humain et les niveaux de productivité et de revenu. C’est une mesure prospective de l’incidence de l’état de santé et du niveau d’instruction actuels (y compris une nouvelle mesure des années de scolarité corrigées en fonction de l’apprentissage) sur la productivité de la prochaine génération de travailleurs.

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22. Comment l’indice de capital humain s’articule-t-il avec les objectifs de développement durable (ODD) ?

Les composantes de l’indice (survie, scolarité et santé) ont un lien direct avec au moins trois des objectifs mondiaux que les pays du globe se sont fixés à l’horizon 2030.

Survie jusqu’à l’âge de 5 ans : En intégrant la mortalité des enfants de moins de 5 ans, l’indice de capital humain s’articule avec la cible 2 de l’ODD 3 : ramener la mortalité néonatale à 12 décès pour 1 000 naissances vivantes au plus, et la mortalité des enfants de moins de 5 ans à 25 décès pour 1 000 naissances vivantes au plus.

Années de scolarité corrigées en fonction de l’apprentissage : L’indice de capital humain intègre cette mesure novatrice de l’apprentissage qui contribue à la réalisation de la cible 1 de l’ODD 4 : assurer, entre autres, l’achèvement d’un cycle complet d’enseignement primaire et secondaire de qualité, sur un pied d’égalité. En suivant l’évolution du nombre d’années de scolarité escomptées, corrigées en fonction de la qualité, les pays pourront surveiller la réalisation de cette cible dans le domaine de l’éducation.

Santé : L’indice intègre le taux de survie des adultes et la prévalence des retards de croissance chez les enfants. Le taux de survie des adultes représente la probabilité qu’un adolescent de 15 ans atteigne l’âge de 60 ans. Pour améliorer cet indicateur, les pays devront principalement s’attacher à réduire les causes de mortalité prématurée, ce qui aidera à atteindre la cible 4 de l’ODD 3. La prévalence des retards de croissance chez les enfants de moins de 5 ans est l’un des principaux indicateurs de réalisation de la cible 2 de l’ODD 2, qui vise à mettre fin à toutes les formes de malnutrition d’ici à 2030.

L’indice vise à attirer l’attention sur un large éventail de mesures pouvant être prises dans différents secteurs pour développer le capital humain et atteindre plus rapidement les ODD.

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23. L’indice de capital humain prend-il en compte tous les aspects du capital humain ?

Tous les aspects relevés par l’HCI sont importants, mais tout ce qui est important pour le développement du capital humain n’est pas pris en compte par l’HCI. L’indice pourrait être amélioré et élargi avec le temps.

Depuis octobre 2020, les fiches-pays pour l’ICH comprennent un ensemble d’indicateurs complémentaires choisis avec soin, qui rendent compte de l’HCI dans une perspective plus régionale et nationale du capital humain.

Pour le capital humain, comme pour toutes les données ayant trait au développement, le Groupe de la Banque mondiale collabore étroitement avec ses pays membres pour aider à développer les capacités et à améliorer la qualité des données.

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Veuillez adresser vos questions à : humancapital@worldbank.org