DISCOURS ET TRANSCRIPTIONS

Déclaration de M. Jim Yong Kim, Président du Groupe de la Banque mondiale, à l'occasion de sa réunion avec M. François Hollande, Président de la république française

08 novembre 2013


Jim Yong Kim Paris, France

Tel que préparé pour l'allocution

PARIS, 8 novembre 2013 — Le Président du Groupe de la Banque mondiale, M. Jim Yong Kim, a prononcé ce jour la déclaration suivante, à l'occasion de sa réunion avec le Président de la République française, M. François Hollande.

(S'exprimant en français)

«Monsieur le Président de la République, Messieurs les ministres, mesdames et messieurs,

«C’est un grand honneur pour moi et pour le Groupe de la Banque mondiale d’accueillir le Président de la République dans notre bureau de Paris ce matin. 

«Je souhaiterais tout d’abord exprimer mes sincères condoléances aux familles de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les deux journalistes de RFI tués au Mali la semaine dernière. 

«J’aimerais également faire part de ma solidarité et de mon respect envers tous les journalistes qui risquent leur vie chaque jour dans le but de donner une voix à ceux qui sans leur travail ne pourraient pas être entendus.

«L’émotion que j’ai vécue lors de ma rencontre avec les militaires français a été particulièrement forte, car au prix de leur vie, ils ont participé à la libération de cette partie Nord du Mali que j’ai eu à visiter. 

«Les relations entre la France et la Banque Mondiale datent de plus de 60 ans. Vous avez été un des pays fondateur de notre institution, qui en 1947 a bénéficié du premier prêt de la Banque Mondiale; il s’agissait de l’après-guerre, de la reconstruction de votre pays. Et c’est aujourd’hui la première fois que nous avons le privilège d’accueillir le Chef de l’État français.

«Monsieur le Président, votre appui de longue date à la sous-région a été une source d’inspiration et de motivation. Les interventions pertinentes de vos représentants, au sein de notre institution, nous ont également permis de mieux saisir les liens étroits entre sécurité et développement. 

«Ce voyage m’a permis de mieux appréhender les défis auxquels font face les populations et dirigeants du Sahel, et d’être encore plus convaincu que travaillant ensemble nous pouvons apporter des solutions durables aux problèmes que vivent les populations. 

«Je retourne à Washington avec un fort sentiment d’espoir et d’optimisme. 

«Si vous le permettez, je souhaiterais maintenant m’adresser à vous en anglais»

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(Poursuivant en anglais)

«Compte tenu du rôle important que la France a joué pour sensibiliser les instances internationales aux difficultés que rencontre le Sahel, je suis particulièrement honoré d'avoir pu m’entretenir aujourd'hui avec le Président Hollande. J'ai pu lui faire part de ma visite dans le Sahel en compagnie du Secrétaire général des Nations Unies, du Président de la Commission de l'Union africaine, du Commissaire au développement de l'Union européenne et du Président de la Banque africaine de développement. Cette mission conjointe sans précédent, conduite par le Secrétaire général des Nations Unies, nous a permis d'évoquer avec les dirigeants du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Tchad, les questions importantes et connexes que sont la paix, la sécurité et le développement. L'une des conclusions que nous avons tirée de notre visite est qu'une démarche régionale coordonnée s’impose pour s'attaquer aux principaux problèmes de développement de la région. 

«Au cours de ce voyage, le Groupe de la Banque mondiale s'est engagé à réaliser de nouveaux investissements régionaux à hauteur de 1,5 milliard de dollars, au cours des deux prochaines années, une somme qui s'ajoutera aux grands programmes d'ores et déjà réalisés dans les pays. Ces aides supplémentaires viendront appuyer des priorités clés du développement régional, telles que les régimes de protection sociale qui permettront d'aider les familles à supporter les pires effets de l’adversité économique et des catastrophes naturelles. Elles nous permettront aussi d'investir dans les infrastructures nécessaires pour stimuler la croissance et la stabilité. Nous nous sommes engagés à accroître notre action en faveur du pastoralisme et de l'irrigation pour relancer la productivité agricole et créer des débouchés en zone rurale. L'autonomisation sociale et économique des femmes fera partie intégrante de l'action menée en ce sens ; nous devons tirer parti de l'énergie de tous, notamment celles des femmes, afin de bâtir un avenir sûr et prospère pour la région.

«Les financements du Groupe de la Banque mondiale permettront d'investir dans d'autres opérations hydroélectriques et de nouvelles sources d'énergie propre qui contribueront à un développement considérable de l'irrigation et à la transformation de l'agriculture ; à protéger et développer le pastoralisme au profit des plus de 80 millions d'habitants du Sahel qui en tirent leur principale source d'alimentation et de revenu ; à développer les services de santé aux femmes et aux filles ; et à améliorer les communications et la connectivité régionales entre les pays.

«Cette enveloppe comprend également un montant de 300 millions de dollars alloué par la Société financière internationale (IFC), l'institution de la Banque chargée des opérations avec le secteur privé, qui est destiné à financer le développement du secteur privé dans le but de favoriser la création de bons emplois et de contribuer à la stabilité de la région. Ces financements visent en outre à mobiliser des milliards de dollars d'investissement supplémentaires. L'Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), l'institution de la Banque chargée d'assurer le risque politique, fournira quant à elle 585 millions de dollars de garanties au cours de l'année à venir en vue d'un projet gazier qui sera réalisé en Mauritanie et permettra d'exporter de l'énergie vers le Sénégal et le Mali.

«L'intensification de notre engagement envers le Sahel est rendue possible par le soutien de tous nos donateurs qui se sont donné la main pour venir en aide aux pays les plus pauvres dans le cadre du Fonds éponyme de l'IDA. L’IDA est une coalition internationale rare qui rassemble des pays développés, des pays émergents et des pays en développement en vue d’appuyer les priorités et les plans de développement des pays à faible revenu. Nous sommes très reconnaissants à l'égard de la France pour son engagement en faveur de la solidarité internationale et l’appui marqué qu'elle a toujours fourni à l'IDA. 

«Les peuples du Sahel luttent depuis trop longtemps contre le marasme économique. Ils supportent la rudesse du climat et les périodes de famine ; ils pâtissent de fléaux intimement imbriqués : des taux de fécondité élevés, et les taux de mortalité maternelle et infantile les plus forts du monde. Toutefois, ce n'est pas un destin immuable. Voilà trop longtemps que nous manquons à nos devoirs en conservant pour le Sahel des aspirations qui traduisent notre incapacité à voir au-delà des défis bien réels auxquels la région est confrontée. Les peuples du Sahel ne manquent pas d'ambition pour eux-mêmes. Lorsque j'étais à Tombouctou il y a quelques jours, des groupes de gens très divers se présentaient tous avec le même message : ils ne veulent rien d'autre que ce que nous désirons tous : un bon emploi, une bonne éducation, l'accès à des soins de santé de qualité et l'espoir d'une vie meilleure pour leurs enfants. Les membres de la communauté internationale doivent relever leurs aspirations pour la région, et redoubler d'efforts pour prouver notre solidarité au moyen d'un appui efficace et pragmatique.

«Monsieur le Président, votre engagement personnel à l'égard de cette région a suscité de grands espoirs, et nous devons maintenant passer à l'action et honorer nos promesses à l'égard des peuples du Sahel qui sont en souffrance depuis longtemps. 

«Sous votre conduite, la France a joué un rôle clé pour le rétablissement de la stabilité dans la plupart des zones du Mali, ce qui a été favorable pour la région tout entière. Le Groupe de la Banque mondiale et la France ont des visées communes dans le Sahel. Nos programmes de travail sont complémentaires. La France a su montrer la voie en se focalisant sur les liens entre le développement, la sécurité, l'amélioration de la gouvernance et le renforcement des institutions en vue de préparer l'avenir. Surtout, la France s'emploie à renforcer la coopération entre les pays du Sahel et du Maghreb, un aspect auquel nous attachons également beaucoup d'importance. Cette coopération jouera aussi un rôle important en aidant les pays des deux régions à s'attaquer au crime organisé qui a miné la sécurité et les moyens d'existence des populations locales.

«Conformément aux assurances que j'ai données au Président Hollande ce matin, le Groupe de la Banque mondiale se réjouit par avance de travailler en partenariat et en coopération avec la France, et de profiter de son immense expertise technique ainsi que de son histoire, de son engagement et de son investissement de longue date dans la région. »

(Reprenant en français)

«Merci Monsieur le Président, Merci pour tout ce que vous avez fait pour les populations du Sahel.»


 

 


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