DISCOURS ET TRANSCRIPTIONS

Passer de la croissance à la transformation

13 octobre 2013


Le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique, Makhtar Diop Assemblées annuelles 2013 de la Banque mondiale et du FMI Washington, États-Unis

Tel que préparé pour l'allocution

C’est un grand plaisir pour moi de me trouver parmi vous et d’ouvrir cette discussion, au cours de laquelle nous allons aborder une question d’importance primordiale pour l’Afrique, à savoir, comment passer de la croissance à la transformation. C’est un sujet qui me préoccupe au plus haut point et je suis très heureux que l’ACET l’aborde d’une manière structurée et qu’il ait préparé un rapport exhaustif.

Je suis également heureux que nous puissions nous rencontrer aujourd’hui pour en parler d’un point de vue politique et pour entendre l’avis des responsables politiques qui sont confrontés à ce problème sur le terrain.

Il ne fait aucun doute que l’Afrique a fait des progrès significatifs au cours de ces dernières années et que le rythme de croissance de nombreux pays du continent est impressionnant. Cette croissance est d’autant plus impressionnante qu’elle est imputable en grande partie à des politiques bien conçues, à une meilleure gestion au niveau macro-économique, à une amélioration de la gouvernance et à l’instauration de conditions plus favorables pour le secteur privé. Les ministres des Finances et de l’Économie africains ne méritent que des compliments pour l’ensemble de leurs efforts à cet égard. 

Mais des niveaux élevés de croissance ne sauraient suffire ; ils doivent également se traduire par la création d’emplois et par une augmentation et une diversification des opportunités économiques. Voilà le problème auquel nous devons maintenant nous attaquer sur l’ensemble du continent. La plupart des pays dépendent toujours du secteur primaire. Seuls un ou deux pays ont des secteurs manufacturiers compétitifs sur le plan international. L’insuffisance de productivité est générale, tant pour les acteurs individuels que pour les entreprises. Il existe peu d’exemples d’application des technologies de pointe ou des dernières innovations.

C’est à ce niveau que le continent doit changer s’il veut réaliser son plein potentiel. La diversification économique, un accroissement de la productivité et de la compétitivité, la création d’emplois et un recours plus systématique à la technologie sont tous impératifs.

C’est ce que l’ACET entend par transformation économique. Il a ainsi identifié cinq attributs pour la transformation qui sont la diversification, la compétitivité à l’export, la productivité, la technologie et le bien-être.

Ces attributs forment le pivot d’un processus d’évolution fondamentale des économies et constituent le socle sur lequel ancrer une croissance durable, qui profite à la société dans son ensemble plutôt qu’à quelques uns. Permettez-moi d’attirer votre attention sur deux points qui me semblent cruciaux pour la transformation des économies africaines.

L’un de ces points concerne l’éducation et les compétences. Donner accès à une éducation de base est indispensable mais nous devons dépasser les chiffres pour nous intéresser à la qualité de l’éducation. C’est un problème qui se pose dans de nombreux pays. Certes, les enfants vont à l’école mais ils n’y apprennent pas grand-chose et ce qu’ils y apprennent ne les prépare pas à gagner leur vie. 

Je suis également convaincu qu’il faut aller plus loin que l’éducation de base. Nous avons besoin de travailleurs qualifiés et compétents, ce qui signifie que nous devons dispenser un enseignement supérieur de qualité. La qualité des institutions d’enseignement supérieur du continent a diminué et nous devons nous atteler à leur reconstruction.

Nous devons également nous intéresser aux compétences qui sont requises au 21ème siècle. La science et la technologie sont capitales pour le développement industriel, la production, l’extraction et la transformation des ressources naturelles, le développement des infrastructures et les prestations de santé, ainsi que pour tout un éventail d’autres choses dont dépendent nos vies.

Mais la science et la technologie ont été négligées dans une grande partie du continent et il devient désormais impératif pour notre développement que nous commencions à nous intéresser à elles.

L’autre point concerne les infrastructures. Il n’est simplement pas imaginable que le continent puisse atteindre ses objectifs de développement dans l’état actuel de ses infrastructures. L’énergie, en particulier, est au centre du jeu. L’accès à l’énergie change littéralement la vie des gens. Or, il est inacceptable que 600 millions de personnes n’aient pas encore accès à l’électricité sur le continent. 

Je pourrais encore développer bien d’autres points car c’est un sujet qui me tient à cœur, mais je me contenterai de conclure en faisant seulement une dernière observation. La Banque mondiale a défini deux objectifs primordiaux – éliminer la pauvreté extrême et accroître la prospérité partagée. Pour atteindre ces objectifs en Afrique, la croissance à elle-seule ne suffira pas, quel que soit son niveau. Un changement structurel – ou dans le vocabulaire de l’ACET, une transformation économique – est donc nécessaire.  


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À Washington
Phil Hay
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