DISCOURS ET TRANSCRIPTIONS

MENA : Une nouvelle donne, de nouveaux défis

23 février 2011


Shamshad Akhtar, Vice-présidente Moyen-Orient et Afrique du Nord Banque mondiale Bruxelles, Belgique

Tel que préparé pour l'allocution

Les événements politiques de ces dernières semaines représentent un tournant décisif, notamment pour la Tunisie et l’Égypte. Ce processus, toujours en cours, aura de très larges répercussions sur l’ensemble de la région, et sur le monde entier. À condition que la transition démocratique soit bien gérée, ces événements constituent pour toutes les parties prenantes une occasion historique de mobiliser la voix des populations et de la société civile pour changer le visage du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Nous nous réjouissons de la tenue d’une telle réunion aujourd’hui, et de la possibilité qui nous est ainsi offerte d’échanger nos idées et de tirer les enseignements de l’expérience de l’UE et de celles d’autres parties du monde, notamment les marchés émergents d’Asie, d’Amérique latine, d’Europe de l’Est et d’Afrique.

Les causes profondes des troubles politiques que traverse la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) trouvent leur origine dans la lassitude des populations à l’égard de régimes autoritaires installés de longue date et la faiblesse de la gouvernance politique et économique ; c’est ce qui ressort de la volonté des populations de se faire entendre et de leurs revendications en faveur de la justice sociale, de l’équité, de la responsabilité et de l’accès aux services publics. La région ne manque cependant pas d’atouts, au premier rang desquels figurent ses jeunes, ses ressources et la résilience dont elle a fait preuve lors de la crise mondiale. En outre, juste avant ces événements, les économies des pays concernés étaient entrées, dans le sillage de la reprise de l’économie mondiale, sur la voie de leur propre redressement économique. Sur le plan budgétaire, la Tunisie avait réussi à maîtriser ses finances publiques tandis que l’Égypte s’était engagée dans un programme de consolidation pour juguler son profond déficit. Enfin, les deux pays disposent d’un matelas de réserves de change. Du fait de leur ouverture et de leur potentiel, ils ont pu enregistrer des entrées de capitaux étrangers et bénéficier des recettes du tourisme.

Même si elles sont encore incomplètes et difficiles à évaluer pleinement, il est probable que les conséquences économiques et sociales de ces dernières semaines soient considérables à court terme. Un déclin de la croissance économique, des recettes budgétaires et des rentrées au titre du tourisme ou de l’IDE est inévitable. Alors que les marchés d’actions mondiaux progressaient, ceux de l’Égypte et de la Tunisie ont chuté de 21 % et 14 % respectivement le mois dernier. Les déséquilibres macroéconomiques vont subir un regain de pression, et les vulnérabilités probablement s’accentuer. Les larges pans de la population qui ne peuvent déjà pas accéder comme il le faudrait à l’emploi, à la terre, aux services de base, aux financements ou à la justice, risquent d’être encore plus marginalisés en raison de l’augmentation des pressions inflationnistes découlant notamment de l’évolution des prix pétroliers et alimentaires. Les complications budgétaires pourraient s’accroître, surtout en Égypte où l’État et les entreprises publiques sont aux prises avec des pressions multiples, notamment salariales. En Tunisie, les banques pourraient se trouver confrontées à un stress sous les effets secondaires du ralentissement de l’activité des entreprises et des investissements.

Lorsque l’on traite des défis auxquels la région MENA doit faire face à court terme, on pense aussi inévitablement aux problèmes profonds auxquels elle est confrontée – gardons-les à l’esprit pour orienter notre réflexion collective.

  •  Les fruits de la croissance n’ont pas été équitablement répartis. L’illustration de ce constat est le taux de chômage élevé que connaît la région MENA – de l’ordre de 20 à 25 % chez les jeunes dans certains pays, voire plus encore chez les diplômés de l’université et les femmes, ces dernières ayant l’un des taux d’activité les plus faibles au monde. Les populations les plus démunies sont très vulnérables. Dans le cas de l’Égypte, par exemple, le nombre de pauvres double si l’on fixe le seuil de pauvreté à 2,50 dollars par jour. Les disparités régionales sont également très marquées.
  • La croissance est restée en dessous de son potentiel dans la région MENA et elle n’a pas créé d’emplois. En cause : le manque de diversification économique, la faiblesse des investissements privés (15 % du PIB en moyenne, soit la moitié qu’en Asie de l’Est), elle-même liée à l’existence d’obstacles à l’entrée, et des incitations qui favorisent les relations privilégiées au détriment de la concurrence. Alors que plusieurs réformes économiques ont été entreprises ces dernières années, une enquête de la Banque mondiale auprès des entreprises a montré que leur mise en œuvre a été de médiocre qualité et que les institutions restent attachées à des pratiques et à un cadre réglementaire dépassés. D’après une autre étude de la Banque, si la productivité totale des facteurs s’inscrit en hausse depuis 2005 en Égypte, la croissance résulte essentiellement d’une augmentation des quantités de facteurs utilisées et non d’un accroissement de la productivité. Le gain de productivité obtenu est en outre principalement attribuable à la dépense publique, aux exportations, aux investissements et à l’inflation tandis que la productivité du travail est faible. Pour obtenir une croissance plus forte, il est nécessaire de passer d’une économie de bas salaires et faible valeur ajoutée à une économie à forte intensité de qualifications et fondée sur les technologies.
  •  Les marchés du travail et les systèmes éducatifs sont dysfonctionnels. Selon les résultats 2009 de l’évaluation du climat de l’investissement (ICA), le montant élevé des charges sur les salaires (cotisations sociales), la réglementation rigide du marché du travail et l’inadéquation des qualifications sont les principales raisons pour lesquelles les entreprises n’embauchent pas. Le manque d’innovation et d’entreprenariat, ainsi que l’absence de mécanismes d’équilibre du marché posent également problème. Les efforts entrepris pour élargir l’accès à l’éducation ont négligé la qualité de l’enseignement, comme le montrent les résultats de la région dans les évaluations internationales. Pour y remédier, il faudrait réorganiser de fond en comble la gouvernance du système éducatif, c’est-à-dire faire évoluer les modes d’apprentissage et les régimes d’incitation pour les enseignants, et réformer les systèmes d’enseignement supérieur.
  •  L’exclusion financière et sociale est forte. L’accès aux financements est faible et le système de protection sociale fragmenté et inefficace – près de 8 % du PIB est essentiellement consacré à subventionner le prix du carburant ainsi que des réseaux de redistribution de produits alimentaires inefficaces qui n’atteignent pas les plus démunis.
  •  L’intégration et la diversification du commerce sont faibles, tant au niveau des produits que des marchés. Les échanges au sein de la région MENA, en particulier, ainsi que les échanges hors pétrole avec le reste du monde, sont restés insuffisants et ont freiné la croissance et les opportunités d’emploi.


Adhésion des pays et collaboration étroite entre toutes les parties prenantes, et notamment les partenaires du développement

Sous l’impulsion de la demande publique, les autorités ont devant eux une occasion historique de s’attaquer à ces défis de taille, de rompre avec le passé et de changer de paradigme pour tracer clairement la voie vers une transformation politique, économique et sociale. La région devra avancer de manière équilibrée et veiller à la qualité et à la rapidité des mesures économiques de court terme tout en se positionnant face aux défis de moyen terme. Le rythme et l’ordre des réformes devront être coordonnés de manière à maintenir la stabilité macro-économique, et en tenant compte des capacités dont disposent les institutions pour mettre en œuvre les programmes.

Tout en gardant ces éléments à l’esprit, la restauration de la confiance publique exige un signal fort et un changement rapide des structures de gouvernance. Il s’agit de préserver l’intérêt général et de protéger les groupes vulnérables en menant des programmes innovants, bien ciblés et dans un souci de responsabilité fiduciaire, d’encourager la participation de la société civile aux réformes économiques et de donner un nouveau souffle au secteur privé pour libérer son potentiel économique. À l’appui des gouvernements en transition, la Banque mondiale se tient prête à répondre aux défis les plus immédiats, tout en s’engageant sur les problématiques de moyen terme. Les pays devront dès le départ montrer leur détermination à changer la gouvernance économique de manière à faciliter une mise en œuvre efficace des programmes adoptés.

Face à la crise économique mondiale, la Banque mondiale s’est fortement engagée ces derniers dix-huit mois tant auprès de l’Égypte que de la Tunisie, pour lesquelles elle a effectué des études économiques et sectorielles d’envergure. Ces travaux pourront aujourd’hui être utilisés pour mieux comprendre les problèmes complexes qui se profilent et mettre au point des interventions adaptées. Outre l’évaluation des coûts initiaux, économiques et financiers, de ces événements politiques, des travaux portent actuellement sur la recherche de mesures de court terme, tandis que le dialogue se poursuit sur les défis à relever à moyen terme.

Les évènements récents et les leçons tirées de l’expérience ont souligné l’importance, pour la Banque mondiale, de mettre l’accent sur les points suivants :

Changer les méthodes de participation. Il faut évaluer la mission qui incombe aux gouvernements de transition et leur adhésion à cette mission, et faire preuve de circonspection face à la volonté croissante de la population de faire entendre sa voix. En outre, il est essentiel que les partenaires du développement opèrent en favorisant l’intégration et en étroite collaboration pour coordonner leurs approches. Nous devons par ailleurs aller au-delà des dirigeants et atteindre la société civile, notamment les économistes, le secteur privé et les ONG, et montrer clairement notre adaptabilité et notre souplesse, tout en gérant prudemment les attentes et les risques. L’aide doit être multiple : aide budgétaire immédiate (pour faire face aux besoins croissants de financements) et investissements rapides à l’appui des interventions nécessaires en faveur des plus démunis, de la création d’emplois et de programmes spéciaux. Cet appui doit s’accompagner de services de conseil, d’un renforcement des capacités institutionnelles et de programmes de formation en entreprenariat et autres. À l’évidence, ce sont les pays de la région MENA eux-mêmes qui devraient assurer la coordination des partenaires du développement, et donner leur adhésion à tout mécanisme complémentaire éventuel.

Le renforcement des cadres de gouvernance est une revendication très claire des populations et aura des retombées positives pour les nouveaux régimes. Il conviendrait de promouvoir les axes d’amélioration suivants :

  • instaurer la transparence et ouvrir l’accès à l’information et aux statistiques économiques ;
  • réduire/supprimer les obstacles à l’entrée ;
  • développer des politiques de la concurrence et antitrust ;
  • favoriser les ONG et les associations indépendantes ;
  • élaborer un cadre réglementaire pour les conflits d’intérêt au niveau des fonctionnaires et des élus ;
  • réformer l’administration publique.

Encourager une croissance solidaire, diversifiée et équitable. De nombreux pays de la région ne peuvent plus rester des employeurs de premier et de dernier recours. Toute stratégie de développement dans les pays la région MENA doit privilégier une croissance économique tirée par le secteur privé et créatrice d’emplois. À cet égard, les difficultés sous-jacentes de la région n’ont pas changé. Le Groupe de la Banque mondiale va apporter son appui à la mise en place de mesures plus rapides et efficaces qui encouragent la concurrence, l’adoption de nouvelles technologies, l’innovation, l’amélioration des compétences et les réformes qualitatives des systèmes d’éducation qui vont avec. L’Europe et le reste du monde pourraient appuyer les échanges et les flux de capitaux privés en élargissant l’accès aux marchés et en favorisant la mobilité de la main d’œuvre, la constitution de partenariats dans les secteurs des énergies renouvelables, l’harmonisation juridique et réglementaire, la libéralisation des services, etc. Compte tenu de la crise actuelle, la BIRD et l’IFC sont disposées à restructurer leurs portefeuilles et à ajuster leurs domaines d’intervention en fonction des besoins. Accroître l’accès aux financements pour les segments les plus défavorisés de la population de la région MENA, améliorer les infrastructures, augmenter la qualité des services d’éducation et de santé et appuyer les secteurs à forte valeur ajoutée : tous ces objectifs sont autant de moyens d’accroître les opportunités d’emploi et la compétitivité de la région. Et ils sont encore plus d’actualité aujourd’hui qu’auparavant.

Dans ce cadre général, l’IFC prévoit de prioriser l’insertion sociale en s’attachant à mieux répondre aux besoins des pauvres et de la classe moyenne. L’IFC va notamment explorer les possibilités liées aux entreprises de niveau II et III, malgré l’existence de risques à court terme plus importants pour ces sociétés et leurs investissements dans des zones défavorisées des pays à revenu intermédiaire. À court terme, l’IFC va i) entreprendre une évaluation coordonnée du secteur privé dans les pays affectés ii) procéder à des tests de résistance pour vérifier la solidité des portefeuilles et iii) aider les clients à restructurer leurs portefeuilles et accorder de nouveaux financements pour atténuer les pertes prévisibles et iv) accorder des financements rapides par le biais d’instruments à court terme (crédits commerciaux, mécanismes de partage des risques pour les PME, facilités de crédit, microfinance, etc.).

Tout en ciblant les défis à court terme, la BIRD et l’IFC continueront de privilégier l’augmentation des investissements régionaux et la prestation de services-conseils de haute qualité afin de renforcer les capacités institutionnelles des principales entités publiques et privées de la région. Les domaines prioritaires en matière de conseil sont l’amélioration de la gouvernance et de la transparence ; le respect des droits des investisseurs et autres mécanismes de règlement des différends ; l’accès aux financements, les systèmes d’information sur le crédit et la gestion des risques par les banques ; les partenariats public-privé et l’existence d’un cadre porteur pour les entreprises – l’objectif est de remédier aux contraintes structurelles et de capacités auxquelles est confronté le secteur privé. Il sera important d’appuyer le transfert des biens saisis afin d’aider les entités publiques (banques centrales par exemple) et les acteurs du secteur privé dans les pays affectés à redéfinir leurs priorités.

Transformer des systèmes de protection sociale fragmentés pour qu’ils soient cohérents, durables et bien coordonnés avec les politiques plus larges de l’assurance sociale et de l’emploi. Une réponse immédiate pourrait consister à :

  • mettre en place des programmes de transferts en espèces ciblant les populations pauvres et vulnérables ;
  • établir un fonds pour le développement communautaire destiné à donner aux communautés locales les moyens de financer et de gérer, avec la participation de la population, de petits projets publics dans des régions défavorisées (ayant un fort taux de chômage) ;
  • mettre en œuvre un « plan d’urgence pour l’emploi » qui permettrait d’atténuer à court les effets de la crise du chômage, sans la forme par exemple de programmes d’insertion professionnelle pour les jeunes diplômés.

À moyen terme, la Banque mondiale participera à l’élaboration de politiques et de cadres de réglementation porteurs sur les marchés du travail (sachant qu’il s’agit de sujets politiquement sensibles), la promotion de l’intermédiation privée, la révision des systèmes de protection sociale (coins fiscaux, cotisations sociales, pensions) et la libéralisation des professions. Plutôt que de continuer à protéger les emplois, il faudra protéger les revenus des travailleurs pendant les périodes de transition en mettant en place une aide sociale accrue, une assurance chômage et des mesures actives d’assistance. Selon de récentes enquêtes menées auprès des entreprises, le montant élevé des charges sur les salaires (cotisations sociales) et la rigidité de la réglementation du marché du travail sont les principales raisons pour lesquelles les entreprises de Tunisie, d’Égypte, du Liban et de la Syrie n’embauchent pas.

De concert, l’IFC va renforcer ses interventions dans les domaines suivants :

  • des investissements dans le secteur réel qui génèrent des emplois : commerce de détail, services (tourisme, TIC, télécommunications, etc.) ;
  • l’élargissement de l’accès aux financements pour les groupes de population les moins bien desservis : prêts hypothécaires pour les plus pauvres, prêts étudiants... ;
  • l’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur (surtout pour les enseignements techniques et professionnels) afin de répondre aux attentes du secteur privé et d’atténuer la frustration des jeunes – l’Initiative E4E prépare un plan d’action pour orienter dans les années qui viennent les activités d’investissement et de conseil de l’IFC dans ce domaine ;
  • l’augmentation des investissements dans l’industrie agro-alimentaire et dans des secteurs à plus forte valeur ajoutée, où l’aide de l’IFC en matière de transfert de technologies, de meilleures pratiques internationales et de normes environnementales et sociales pourra contribuer à édifier des économies de la connaissance compétitives.

Déployer rapidement des programmes pour réduire la volatilité des prix alimentaires. Les pays de la région MENA importent 30 % du blé négocié dans le monde entier, et ce pourcentage devrait passer à 55 % d’ici 2030. La forte hausse des prix des produits alimentaires suscite de vives inquiétudes quant à la sécurité alimentaire, la malnutrition et l’aggravation de la pauvreté. Cette tendance concerne tout particulièrement les pays de la région MENA, sachant que leurs populations connaissent un accroissement rapide, que leurs ressources en eau et en terres arables sont limitées et qu’ils sont très dépendants des marchés alimentaires internationaux.

  • La flambée des prix sur les marchés internationaux exerce de fortes pressions sur les budgets nationaux et ceux des ménages, qui seront fonction de l’ampleur des subventions à la consommation domestique et du degré de répercussion de la hausse sur les prix intérieurs. Ce sont les pauvres, qui consacrent entre 35 et 65 % de leur revenu à l’alimentation, qui auront probablement le plus à en souffrir.
  • En réaction à la crise alimentaire de 2008, la Banque mondiale a entrepris des opérations à décaissement rapide destinés à renforcer les filets de protection sociale pour les populations les plus démunies dans des régions fragiles comme le Yémen, Djibouti et la Cisjordanie et Gaza. Des programmes de soutien de ce type peuvent être conçus dans les pays affectés pour assurer la satisfaction des besoins alimentaires.
  • Depuis 2008, la Banque mondiale a également accru les prêts alloués à l’amélioration de la productivité agricole et de l’efficacité de l’irrigation, avec un montant d’engagements d’environ 450 millions de dollars dans des projets de ce type au Maroc, en Égypte, au Yémen, en Tunisie et à Djibouti. Les projets entrepris en Égypte et en Tunisie se révèlent particulièrement pertinents dans le contexte difficile actuel en ce qu’ils privilégient des approches de développement de proximité, piloté par les communautés locales et reposant sur un haut degré de responsabilité et de transparence dans l’affectation des ressources.
  • La Banque mondiale promeut également des travaux d’analyse sur des sujets tels que le système de distribution de pain et le ciblage des pauvres en Égypte, et le secteur agricole en Tunisie, au Maroc, et en Égypte. Elle conduit aussi actuellement une étude régionale intégrant dix pays de la région MENA et consacrée à l’efficacité des chaînes d‘importation et d’approvisionnement du blé, et aux possibilités d‘amélioration en vue d’accroître la sécurité alimentaire.

Encourager l’intégration économique mondiale et régionale. À la demande du monde arabe, le Groupe de la Banque mondiale a lancé plusieurs programmes de coopération régionale, qui s’inscrivent dans le cadre plus large de la fourniture de conseils aux pays de la région MENA sur l’action à mener en matière d’intégration économique (interne et externe). On peut citer quelques programmes régionaux majeurs susceptibles de donner lieu à des opportunités de partenariats futurs. Nous avons notamment créé deux nouveaux mécanismes de financement régionaux, l’un pour aider le secteur des micro, petites et moyennes entreprises à se développer, l’autre pour améliorer les infrastructures. Dans un cas comme dans l’autre, l’accent est mis sur la création d’emplois et d’échanges commerciaux, ainsi que sur l’obtention d’un appui extérieur pour l’atténuation des risques.

Dans le même esprit, nous apportons notre concours financier au déploiement de l’énergie solaire dans la région MENA, en collaboration avec plusieurs partenaires ici présents. Les études réalisées par la Banque mondiale montrent qu’il serait possible de créer environ 80 000 emplois dans la région, à condition, en particulier, de pouvoir accéder aux marchés de l’énergie verte en Europe selon des règles du jeu équitables. Nous attendons de l’Europe qu’elle agisse rapidement pour démontrer la faisabilité du Projet méditerranéen sur l’énergie solaire. Il s’agirait d’un signal fort envoyé aux pays de la région MENA sur le plan de l’intégration, de l’emploi, du transfert de technologie et du changement climatique.

Nous souhaitons par ailleurs financer la facilitation du commerce transfrontière et l’infrastructure de transport au Mashreq et en Afrique du Nord, et serions heureux de voir nos partenaires du développement participer à ce projet. Notre programme vise à intégrer les sous-régions entre elles mais aussi, ce qui est crucial, à les relier de manière plus efficace à l’Europe et aux régions voisines (notamment le Conseil de coopération du Golfe en ce qui concerne le Mashreq). De même, nous travaillons sur les transports maritimes dans la région et sur les projets d’autoroutes de la mer en Méditerranée. Tous ces programmes régionaux sont souples, chaque pays du monde arabe pouvant avancer comme il le peut et l’entend, et bien adaptés pour répondre aux problèmes de compétitivité que connaît la région. Nous vous invitons à nous rejoindre dans ces initiatives.

Améliorer l’accès aux marchés régionaux et mondiaux, pour les biens et les services, pour les capitaux, pour le travail : c’est là, selon nous, que réside l’avenir économique de la région MENA. Bien évidemment, nous sommes désireux de connaître quels sont les projets de l’UE et des autres parties du monde pour la région MENA, et dans quelle mesure ils vont être à présent développés à plus grande échelle. Nous sommes devant une occasion historique et nous espérons que tous sauront la saisir.

 

Api
Api

Bienvenue