COMMUNIQUÉS DE PRESSE

Développer les institutions financières comme moyen de remédier à la frustration et à l’exclusion

15 septembre 2011




Programme pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord

WASHINGTON, le 15 septembre 2011 – Les systèmes financiers dans l’ensemble du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) ont fait la preuve de leur capacité de résilience pendant la crise financière mondiale et pendant les turbulences politiques qui s’en sont ensuivies, mais ils n’ont pas permis d’ouvrir l’accès aux ressources financières, ce qui explique en partie les chiffres relativement bas de la croissance enregistrés dans la région ainsi que l’incapacité relative à la création des emplois. Cette situation a également contribué à générer un profond sentiment de frustration au sein des populations jeunes et particulièrement nombreuses de la région, selon les conclusions d’un nouveau rapport de la Banque mondiale.

« Nous avons commencé à travailler sur ce rapport en collaboration avec nos partenaires du Fonds monétaire arabe, de la Banque de développement islamique et de l’Union des banques arabes bien avant le Printemps arabe », déclare Roberto R. Rocha, conseiller senior et principal auteur de Financial Access and Stability: A Road Map for the Middle East and North Africa (Accès aux ressources financières et stabilité : feuille de route pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord). « Nombre de nos observations prennent aujourd’hui encore plus de relief à la lumière de protestations qui sont une manifestation flagrante du mécontentement populaire à l’égard de systèmes dans lesquels les opportunités sont rares, la concurrence est limitée et l’accès aux ressources financières est particulièrement encadré. »

Ce rapport décrit les secteurs financiers de la région MENA comme étant dominés par de grandes banques convenablement capitalisées mais essentiellement non diversifiées et non compétitives. Les institutions financières non-bancaires clés comme les compagnies d’assurance, les mutuelles et caisses de retraite, le leasing et l’affacturage, ne sont que peu développées à quelques exceptions près. Les marchés de capitaux sont bien présents dans de nombreux pays, mais ils sont principalement dominés par les institutions financières et les organismes d’infrastructure. Les instruments à revenu fixe et les marchés privés ne sont présents qu’en quantité négligeable.

Et il est à noter que les systèmes bancaires de la région n’ont pas réussi à donner un accès étendu, rigoureux et équitable aux ressources financières. Ils ont des taux de concentration très élevés en matière de prêts, traduisant le désir des banques de se concentrer avant tout sur les prêts aux grandes entreprises et groupes industriels qui ont pignon sur rue, alors que 20 % seulement des petites et moyennes entreprises de la région MENA ont un crédit bancaire ou disposent d’une ligne de crédit, soit l’un des taux les plus faibles des régions émergentes. Cet état de fait a étranglé leur capacité à se développer et à créer des emplois.

Le nombre de comptes de dépôt et de prêt par adulte est également bas selon les normes internationales et la pénétration de la microfinance demeure à un niveau décevant. Le manque d’accès aux ressources financières a aussi pour conséquence la part faible des prêts hypothécaires dans les portefeuilles de prêts.

« Nous voyons un grand nombre de diplômés universitaires qui n’ont pas accès aux opportunités et aux emplois ; nous voyons de jeunes couples qui ne peuvent pas se marier parce que le marché du financement de logements est presque inexistant », déclare Loic Chiquier, directeur financier pour la région MENA à la Banque mondiale. « Tout ceci ne fait qu’exacerber un sentiment d’exclusion sur le plan économique et de mécontentement sur le plan politique. »

Le manque d’accès aux ressources financières est imputable aux carences de l’infrastructure financière, à l’insuffisance de concurrence dans le secteur bancaire et aux lacunes du cadre juridique qui empêchent le développement de sources de financement alternatives. Ce rapport établit que la structure des systèmes bancaires de la région MENA évolue actuellement dans la bonne direction, mais que la concurrence demeure faible. La réduction de la part des banques d’État est un bon signe pour l’avenir, dit Rocha, mais les systèmes bancaires demeurent moins concurrentiels que ceux d’autres régions, en raison de la présence massive de l’État dans certains pays, de conditions d’entrée plus restrictives, de systèmes d’information de crédit déficients empêchant les petites et grandes banques de se mesurer sur le même terrain, de l’encadrement insuffisant des fortes expositions et des prêt associés, ainsi que du manque de concurrence des marchés financiers et des établissements non-bancaires.

« Nous avons fait un travail fructueux avec nos partenaires pour aboutir à des bases statistiques et analytiques permettant d’étayer ces résultats et conclusions, et l’idée me semble désormais largement répandue que, si le secteur financier représente une partie du problème, il doit aussi représenter une partie de la solution – et y être associé », déclare Rocha.

Il ajoute que ceci impliquerait la mise en œuvre d’un programme complet et intégré pour améliorer l’accès et préserver la stabilité. Le rapport établit que, pour réussir, ce programme doit comprendre trois ensembles de réformes qui se soutiennent mutuellement : le renforcement de l’infrastructure financière, une concurrence accrue entre les banques, ainsi que le développement d’institutions non-bancaires et d’instruments financiers. Il est cependant impératif de compléter ces réformes par des mesures de stabilisation financière qui garantissent que les systèmes financiers conservent leur résilience à mesure que l’accès est amélioré et que de nouveaux risques apparaissent. L’expérience vécue ailleurs, notamment en Europe centrale, a mis en évidence le danger inhérent à une amélioration rapide de l’accès aux ressources financières sans étayer la stabilité.

Contacts médias
À Washington
Tina Taheri
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ttaheri@worldbank.org
Esther Lee Rosen
Téléphone : (248) 935-0510
erosen@worldbank.org


COMMUNIQUÉ DE PRESSE N° :
2012/072/MENA

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