Chaque matin, au chant du coq, Sig Madina, un quartier populaire de Conakry, se réveille aux bruits des charretier-vendeurs proposant des bidons remplis d'eau contre 2 000 ou 5 000 francs guinéens, selon la capacité du bidon. L’eau potable est désormais disponible pour les habitants du quartier qui en ont besoin pour leur survie quotidienne.
Mais cela n’a pas toujours été le cas. Il y a seulement 24 mois, l'eau était une ressource rare à Sig Madina. Les ménages peinaient à recueillir un minimum d’eau auprès des charretiers. Chaque jour, Makalé Cissé, mère de cinq enfants, ne pouvait acheter que 20 bidons de 20 litres, pour satisfaire aux besoins de sa famille : se laver, préparer à manger et boire. Ce qui lui coûtait l’équivalent de 60 dollars par mois, soit environ 20 % de son budget mensuel.
Lorsque l'argent venait à manquer, Makalé et ses filles parcouraient, à pied, plus de deux kilomètres, bidons sur la tête, pour aller chercher de l’eau à la borne-fontaine la plus proche. Se lever tôt était la norme.
« Non seulement c’était loin, mais l’eau n’était pas de bonne qualité. Mes enfants tombaient régulièrement malades et la recherche d’eau affectait la performance scolaire de ma fille », explique-t-elle. Aïssata, sa fille ainée a échoué à deux reprises au Baccalauréat. « Je partais souvent en retard à l’école et je n’avais pas de temps pour réviser mes leçons. Je n’avais pas de choix ; je devais aider ma mère », raconte Aïssata.
Comme à Sig Madina, de très nombreux ménages étaient confrontés aux difficultés d’approvisionnement en eau potable à Conakry et sa banlieue en raison de la vétusté des conduites d’eau, datant de la période coloniale.