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ARTICLE12 septembre 2023

CPIA 2023 : principales conclusions en cinq tableaux

The World Bank

L'Évaluation des politiques et des institutions (CPIA – Country Policy and Institutional Assessment) est un outil de diagnostic annuel portant sur les pays d'Afrique subsaharienne (ASS) éligibles au financement de l'Association internationale de développement (IDA), l'institution de la Banque mondiale chargée d'aider les pays les plus pauvres. Le rapport CPIA a pour objectif de refléter la qualité des politiques et dispositifs institutionnels pour chaque pays, en se concentrant sur les éléments dont le pays a le contrôle. Les notes obtenues permettent d’évaluer si la croissance durable et la réduction de la pauvreté peuvent être soutenues par les politiques et le cadre institutionnel existants (répartis en 16 critères organisés autour de 4 groupes).

Le CPIA attribue une note à chaque pays, ainsi qu'une note globale pour la région, sur une échelle de 1 (résultat le plus faible) à 6 (le plus élevé) dans quatre domaines : la gestion économique, les politiques structurelles, les politiques favorisant l'inclusion sociale et l'équité, ainsi que la gestion et les institutions du secteur public. Les résultats informent les gouvernements de l'impact des efforts de chacun des pays à l'appui d'une croissance inclusive et de la réduction de la pauvreté. La note globale aide à déterminer le montant des prêts concessionnels et des dons accordés par la Banque mondiale aux pays d'ASS à faible revenu. Le rapport CPIA comprend des notes pour 39 pays éligibles au financement de l'IDA et joue un rôle essentiel dans le suivi des pays et le partage des meilleures pratiques régionales.

En 2022, l'actualité politique et institutionnelle a été à nouveau dominée par les événements internationaux. Après deux années au cours desquelles les priorités politiques ont été principalement axées sur la réponse à la pandémie de COVID-19, le début de l’année a fait naître l'espoir que les pays pourraient revenir aux priorités à long terme pour le développement, y compris la résilience au changement climatique. Cependant les événements internationaux ont continué à affecter profondément les pays d'ASS. La poursuite de l'invasion de l'Ukraine par la Fédération de Russie, combinée aux contraintes persistantes de la chaîne d'approvisionnement, à la réintroduction des restrictions liées à la pandémie de COVID-19 en Chine en 2022 et aux mauvaises récoltes dans certains pays, ont entraîné des chocs importants sur les prix des denrées alimentaires et de l'énergie. En conséquence, les pays d'ASS ont enregistré différentes variations de leur note CPIA, malgré une note moyenne stable cachant certaines tendances plus profondes.

N°1 - Les pays d'Afrique subsaharienne qui ont affiché des améliorations dans leurs notes CPIA sont plus nombreux qu'en 2021

Malgré de nouveaux défis internationaux, de mauvaises récoltes et les chocs des prix enregistrés en 2022, les pays d'Afrique subsaharienne qui ont vu leurs notes globales CPIA s'améliorer sont plus nombreux que l'année précédente. Cependant la note moyenne pour les 39 pays d'ASS évalués est restée stable en 2022 à 3,1. En effet, les légères améliorations en matière d'inclusion sociale et de politique structurelle (groupes B et C) ont été éclipsées par la stagnation en matière de gestion économique et du secteur public (groupes A et D).

Évolution de la note régionale et tendances à long terme

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N°2 – Les groupes gestion économique, inclusion sociale, et gouvernance enregistrent les évolutions de notes les plus significatives

Les groupes gestion économique, inclusion sociale, et gouvernance ont enregistré les évolutions de notes les plus significatives, reflétant la performance des politiques mais aussi les défis institutionnels. Les hauts niveaux d'endettement, l'inflation, et le durcissement des conditions financières ont menacé la stabilité économique et la croissance, soulignant le besoin d'une meilleure gestion budgétaire et de réformes structurelles.

Douze pays d'Afrique subsaharienne ont enregistré des améliorations de leur note globale, alors qu'ils n'étaient que sept l'année précédente. La note globale a augmenté de 0,1 point pour 11 pays – le Bénin, le Burundi, le Cabo Verde, la Côte d'Ivoire, la République démocratique du Congo, la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Mozambique, la République du Congo, et la Zambie – tandis que le score du Togo a augmenté de 0,2 point. En revanche, la note globale pour huit pays de la sous-région – les Comores, l'Érythrée, l'Éthiopie, le Malawi, Sao Tomé-et-Principe, le Soudan et le Tchad – a enregistré une baisse de 0,1 point et le Ghana une baisse de 0,2 point.

Dans l’ensemble, les pays déclassés se situaient vers le bas de l’échelle, tandis que les pays dont les notes ont été améliorées avaient généralement des notes globales supérieures à 3, ce qui indique une divergence croissante des notes dans l'ensemble de la région.

Aperçu de l'évolution des notes de l'enquête CPIA en 2022

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N°3 L'écart entre l'Afrique de l'Ouest et du Centre, et l'Afrique de l'Est et australe continue de se creuser

L'écart entre les sous-régions s'est creusé, l'Afrique de l'Ouest et du Centre (AFW) poursuivant sa progression et améliorant légèrement sa note de 3,2 à 3,3, tandis que l'Afrique de l'Est et australe (AFE)  reste stable avec une note de 3,0, maintenant globalement sa note moyenne de 2019. En AFW, la note globale a augmenté pour huit pays, tandis que la note a augmenté pour quatre pays en AFE. Les notes globales pour l'AFW se sont redressées depuis la chute enregistrée lors de la crise des prix des matières premières en 2014-2015, tandis que les notes moyennes de l'enquête CPIA pour l'AFE on poursuivi leur déclin jusqu'en 2019 et n'ont pas rebondi depuis. La gestion macro-budgétaire représente un facteur déterminant dans cet écart : l'AFW affichant toujours des performances supérieures à celles de l'AFE dans les catégories gestion économique et du secteur public.

Évolution dans le temps de l'AFE et de l'AFW

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N°4 – Les différences entre sous-régions sont en partie liées aux États fragiles et touchés par des conflits

Les performances des pays en situation de fragilité et touchés par les conflits (FCS) expliquent pour la plupart les résultats relatifs des deux sous-régions, ces pays connaissant de hauts niveaux de fragilité sociale. L'AFE présente un éventail de notes plus large, de 1,6 à 4,1 contre 2,5 à 3,9 pour l'AFW. Le pays obtenant la note la plus élevée, le Rwanda, se trouve en AFE. L'impact des crises récurrentes et des chocs affectant quelques pays explique en grande partie les résultats relatifs des deux sous-régions. Les quatre pays les moins bien notés : le Soudan du Sud, l'Érythrée, la Somalie et le Soudan se trouvent en AFE, et sont encore exposés aux conflits et à la fragilité. La note moyenne de l'AFE sans ces pays est presque identique à celle de l'AFW. En revanche les états FCS en AFW ont enregistré des performances relativement bonnes, entraînées largement par l'amélioration des performances dans leur note de gestion économique (groupe A). La large appartenance des pays de la sous-région à des unions monétaires apparaît comme l'un des facteurs expliquant ces résultats : l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) regroupant huit des neuf pays en situation fragile et touchés par les conflits.

Notes globales de la CPIA, par état de fragilité et de conflit

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N°5 – Les pays membres d'union monétaire se sont montrés plus résilients face aux prix élevés de l'énergie et des denrées alimentaires

Les pays ayant des parités monétaires, notamment les membres d'unions monétaires, ont maintenu des niveaux d'inflation plus bas et des notes de gestion économique plus élevées que leurs pairs dans la région.

Étant donné que la région connaît différents régimes de change, les politiques visant à réduire la volatilité des taux de change et la répercussion de l'inflation sont une préoccupation majeure pour les décideurs politiques. En 2022, les taux de change se sont dépréciés pour de nombreux pays de la région, ce qui a renchéri les biens importés, y compris les denrées alimentaires et l'énergie, et a contribué à l'augmentation des taux d'inflation. Cependant les pays à taux de change fixe ont maintenu des niveaux d'inflation relativement bas, avec une moyenne de 8,0 % pour 2022. De même, les pays à taux de change flottant (Madagascar, la Somalie et l'Ouganda) ont également maintenu l'inflation à des niveaux gérables, avec une moyenne de 7,4 %. Ces expériences contrastent avec celle des pays qui ont maintenu une parité de type glissant ou un taux de change activement géré, dont les niveaux d'inflation ont atteint des moyennes à deux chiffres (15,2 % et 13,9 % respectivement) au cours de l'année. Cette différence peut s'expliquer en partie par des mesures budgétaires coûteuses, souvent prises pour limiter la répercussion des taux de change sur l'inflation. Bien que l'objectif soit d'atténuer les pressions inflationnistes, de telles mesures risquent d'avoir un impact négatif sur les finances publiques et sur le taux de change, et d'exacerber au final les pressions inflationnistes.

Résultats, par régime de change

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