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ARTICLE07 juillet 2022

Côte d’Ivoire : une petite subvention qui change la vie

The World Bank

Dans ce village de la région de Korhogo au nord de la Côte d’Ivoire, Yéo Sali est fière de présenter ses deux vaches à ses visiteurs. 

@ Banque mondiale | Enoh Gnahissan

LES POINTS MARQUANTS

  • Les transferts monétaires associés au projet de filets sociaux productifs financé par la Banque mondiale ont permis à des milliers de ménages vulnérables de développer des activités économiques et améliorer leurs revenus.
  • Grâce à un transfert monétaire de 36 000 FCFA (57, 77 dollars) , des ménages d’un village du nord de la Côte d’Ivoire ont créé leur association et sont devenus prestataires de services incontournables pour les cérémonies locales.
  • Au total, quelque 227 000 ménages ont bénéficié du soutien de ce projet social qui leur a donné les moyens de se lancer.

Nambathiourkaha, 7 juillet 2022. Dans ce village de la région de Korhogo au nord de la Côte d’Ivoire, Yéo Sali est fière de présenter ses deux vaches à ses visiteurs. Modeste agricultrice il y a encore deux ans, elle possède aujourd’hui un cheptel conséquent, signe du changement radical qui s’est opéré dans sa vie. Pour cette femme de 47 ans, mère de quatre enfants, c’est le transfert monétaire accordé par le gouvernement qui a été le déclencheur. « Avant, je ne cultivais que de l’arachide et cela ne me rapportais presque rien, je ne pouvais pas me prendre en charge ou aider mon mari à subvenir aux besoins de la famille », se souvient-elle. Sali était démunie et n’avait jamais entendu parler du projet du gouvernement destiné à aider les Ivoiriens de sa catégorie sociale. « Un jour, des gens sont passés dans notre village pour nous recenser. Ensuite on nous a amenés à la sous-préfecture de Napié pour remplir des documents en nous disant que le gouvernement allait nous aider. Je n’y croyais pas du tout, mais ils m’ont donné un téléphone et une carte SIM et j’ai commencé à recevoir de l’argent par mobile money », témoigne-t-elle.

Je ne suis plus pauvre, cet appui m’a rendu autonome. Mon mari me respecte beaucoup plus car il sait qu’il peut compter sur moi s’il a besoin d’argent.
Yéo Sali
The World Bank

@ Banque mondiale | Enoh Gnahissan

Grâce aux 36 000 francs CFA qu’elle a reçu chaque trimestre sur deux ans, Sali s’est lancée dans l’élevage de porc, une activité génératrice de revenus. Dans la région du Poro, la viande de porc est prisée, et la demande est forte. L’investissement de Sali s’avère donc une réussite. Elle met aussi en pratique les techniques de gestion du budget familial et d’activités génératrices de revenus, auxquelles elle a été formée dans le cadre du projet, pour faire prospérer son affaire. Aujourd’hui, son cheptel est riche de 14 moutons, cinq porcs et deux bœufs. Elle a également mis en place un atelier de coiffure pour sa fille qui finit un apprentissage.

Son regard sur sa situation a changé : « Je ne suis plus pauvre, cet appui m’a rendu autonome. Mon mari me respecte beaucoup plus car il sait qu’il peut compter sur moi s’il a besoin d’argent », confie-t-elle.

À Nambathiourkaha, 80 ménages pauvres ont ainsi reçu des transferts d’argent pour leur permettre de développer diverses activités génératrices de revenus. Tuo Gbombali, octogénaire et chef du village constate un changement dans sa communauté : « Le projet Filets sociaux a apporté un changement considérable dans le village. Aujourd’hui, il n’y a plus de palabres dans les ménages. Les bénéficiaires sont même solidaires de ceux qui n’ont pas reçu de transferts et nous vivons en harmonie ». Pour pérenniser les acquis, les ménages bénéficiaires se sont regroupés en association pour mener des activités communes. Grâce aux cotisations, l’association s’est achetée deux bâches et 150 chaises qu’elle loue aux villageois lors des diverses cérémonies. Elle contribue aussi aux actions sociales, comme la construction du jardin d’enfants du village, en prenant en charge la contribution financière des villageois.

Un pied à l’étrier

Le transfert monétaire dont a bénéficié Sali dépend du projet Filets sociaux productifs, financé par la Banque mondiale en Côte d’Ivoire. Cette initiative fournit des transferts en espèces aux ménages vulnérables de certaines régions pour, à terme, développer les bases d'un système de filet de sécurité sociale. Approuvé en mai 2015 pour un montant de 50 millions de dollars, le projet a permis l’octroi, sur trois ans, d’allocations trimestrielles non remboursables d’un montant de 36 000 FCFA (soit 144 000 FCFA (231 dollars) par an) à 35 000 ménages vulnérables. En mai 2019, le projet a bénéficié d’un financement additionnel de 100 millions de dollars pour étendre la couverture des allocations à 227 000 ménages dans des zones urbaines et rurales à travers toutes les régions de Côte d’Ivoire.

Au-delà des transferts monétaires, le projet aide les ménages ciblés à bénéficier de certains services sociaux de base. « Nous sensibilisons les bénéficiaires sur les objectifs du projet, à savoir : scolariser les enfants, les soigner quand ils sont malades, fréquenter les centres de santé. Ainsi, les ménages ciblés disposent de cartes de couverture maladie universelle qui leur permettent d’être soignés gratuitement. Nous les formons aussi à des activités génératrices de revenus et les aidons à mettre en place une association villageoise d’épargne et de crédit », explique Koné Nabaulsy Martine, agent communautaire et animateur du projet dans la région de Korhogo. Lors du bilan de fin juin 2021, l’association villageoise d’épargne et de crédit de Nambathiourkaha disposait ainsi d’un fonds de caisse de 800 000 FCFA.

Selon N’Dri Yao Claude, directeur régional de la protection sociale de la région Poro, 16 835 personnes ont bénéficié des filets sociaux, renforçant le potentiel économique de nombreux ménages pauvres dans le nord du pays. « Grâce aux transferts monétaires, de nombreux bénéficiaires ont pu agrandir leurs champs, d’autres se sont lancés dans l’élevage, avec des résultats impressionnants. Les témoignages que nous recueillons chaque jour des ménages, notamment des femmes, sont assez édifiants ».

Le changement apporté par ce projet dans la vie de Sali et de bien d’autres bénéficiaires leur a non seulement permis d’améliorer leur niveau de vie, mais aussi de faire évoluer leurs perceptions en démontrant que la pauvreté n’est pas une fatalité. 

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