Skip to Main Navigation
ARTICLE 11 août 2021

Mali : Comprendre l’impact de la COVID-19 pour mieux agir

Image

Jeune femme faisant la menuiserie métallique © Ollivier Girard / Banque mondiale


LES POINTS MARQUANTS

  • Les effets combinés de la pandémie de la COVID-19 et de la crise sociopolitique ont entrainé une récession de l’économie malienne et une accélération de la dette publique en 2020.
  • Le ralentissement économique a porté un coup d’arrêt aux progrès réalisés au cours de la dernière décennie en matière de réduction de la pauvreté, engendrant une hausse de la population pauvre de près de 900 000 personnes.
  • Pour atténuer les effets de la crise, le Mali doit renforcer ses politiques en matière d’éducation et de soutien au secteur privé et assurer un meilleur équilibre entre les dépenses sociales et les besoins d’investissements.

BAMAKO, le 11 août 2021 - Selon le dernier rapport de la Banque mondiale sur la situation économique du pays, la pandémie de la COVID-19 et le coup d’État militaire d’août 2020 ont entrainé l’économie malienne dans une récession en 2020.  

Le rapport intitulé "Note sur la situation de l’Economie du Mali : Protéger les personnes vulnérables le temps de la reprise’’ souligne que les mesures prises par les autorités pour contenir la propagation de la COVID-19 n’ont pas empêché un ralentissement de l’économie malienne. Après avoir enregistré une croissance moyenne de 5.1 % entre 2013 et 2019, le PIB réel s’est contracté de 2 % en 2020. La campagne agricole s’est soldée par une baisse de production cotonnière de 79 % en 2020, en raison de la chute des cours mondiaux et de désaccords sur les subventions aux intrants accordées aux producteurs. Les investissements publics non prioritaires ont été réduits pour faire face aux dépenses liées à la crise sanitaire et au désengagement des bailleurs de fonds après le coup d’État militaire. L’aide extérieure a été différée avec pour conséquence un recours plus important au financement domestique sur le marché régional. Du côté de la demande, la consommation privée a diminué sous l’effet de la baisse des envois de fonds et de la réaction des ménages face au risque sanitaire et aux mesures de confinement.  

« Les leviers de la croissance économique au Mali ont été fortement affectés par la COVID-19. Les coups de frein portés à l’activité économique mondiale et aux échanges internationaux ont été directement ressenti par les ménages maliens, qui ont vu leur situation se détériorer du jour au lendemain », souligne Xun Yan, économiste à la Banque mondiale, auteure du rapport. « La crise sanitaire a ainsi provoqué une augmentation du nombre de pauvre de près de 900 000 personnes, freinant les progrès réalisés au cours de la dernière décennie en matière de réduction de la pauvreté », renchérit Eliakim Kakpo, économiste à la Banque mondiale et co-auteur du rapport.  

La chute de l’activité économique et le ralentissement des échanges internationaux ont mécaniquement fait chuter les recettes fiscales. Le financement du plan d’urgence de riposte contre la COVID-19 (2,3 % du PIB) a creusé le déficit budgétaire qui s’est établi à 5,5 % du PIB en 2020. La dette publique s’est accrue pour atteindre 44,1 % du PIB.  

Image
Source : FMI, INSTAT et Estimations Banque mondiale

 

Perte de revenus des entreprises 

Selon l’enquête Business Pulse Survey (BPS), destinée à mesurer le pouls des entreprises durant la crise sanitaire, plus de 83 % des entreprises interrogées ont signalé une perte de revenus en juin 2020, alors que 12 % d’entre elles ont été contraintes de fermer. « Les entreprises de taille moyenne ont été les plus durement touchées par les fermetures et les réductions permanente de la main-d’œuvre », mentionne Diletta Doretti, spécialiste principale du développement du secteur privé à la Banque mondiale et co-auteure du rapport

Sur le plan social, le rapport indique que la fermeture des écoles et la perte de revenus des ménages, particulièrement ruraux, ont restreint l’accès à l’éducation des enfants en âge de scolarisation. « Si rien n’est fait, de nombreux élèves risquent d’abandonner définitivement l’école en raison de la baisse de revenus de leurs parents. Les filles sont particulièrement touchées et risquent de ne pas réintégrer l’école et d’être de surcroit exposé aux mariage et grossesses précoces », alerte Aly Sanoh, économiste principale sur les questions de pauvreté à la Banque Mondiale et co-auteur du rapport, pour qui les enfants en âge de scolarisation aujourd'hui sont susceptibles de connaître des revenus inférieurs au cours de leur vie en raison de la pandémie. 

 

Image
Jeune élève dans sa classe  © Ousmane Traoré / Banque mondiale

 

Pour atténuer les effets de la crise économique, le rapport recommande d’adopter des stratégies d’apprentissage à distance plus efficaces et de prévoir une période de rattrapage rapide lorsque les enfants retournent à l’école. Un système éducatif plus performant et plus équitable est suggéré à travers la mise en œuvre d’un enseignement de rattrapage et de programmes d’apprentissage accéléré, et la révision des calendriers académique et des examens pour permettre une plus grande continuité scolaire, en particulier dans les zones les plus pauvres ou touchées par les conflits.  

Le rapport préconise aussi d’orienter les politiques d’appui au secteur privé vers l’amélioration des infrastructures et du climat des affaires, ce qui requiert un choix stratégique entre les dépenses de protection sociale et celles visant l’aide aux entreprises individuelles.  

Enfin, le gouvernement doit trouver un équilibre entre les dépenses de sécurité, les dépenses sociales, et celles liées à l’investissement, tout en maintenant la viabilité budgétaire. A cet égard, la poursuite des réformes de la gestion des finances publiques sera essentielle tout comme celles visant à améliorer l’efficacité des dépenses sociales. 



Api
Api