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ARTICLE 09 décembre 2020

Éliminer les violences contre les femmes : l’exemple de la République démocratique du Congo

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LES POINTS MARQUANTS

  • La campagne « 16 Jours d’activisme pour mettre fin à la violence faite aux femmes » est l’occasion pour les individus et les organisations du monde entier d’appeler à la prévention et l’élimination des violences contre les femmes et les filles. C’est aussi le moment de réfléchir à la résilience exceptionnelle des femmes dans les États fragiles.
  • Déjà touchées de manière disproportionnée par les conflits, les femmes sont aujourd’hui confrontées à une recrudescence des violences sexistes favorisée par les mesures de confinement prises pour endiguer la pandémie de COVID-19.
  • En République démocratique du Congo, l’hôpital de Panzi s’est associé à la Banque mondiale pour apporter une aide d’urgence aux victimes de ces violences. Le docteur Denis Mukwege, colauréat du prix Nobel de la paix, nous fait part de ses réflexions sur les moyens de conforter leur reconstruction, leur résilience et leur autonomisation.

Au cours de sa vie, une femme sur trois sera confrontée à une forme de violence physique ou sexuelle. Une statistique glaçante. Partout dans le monde, les violences contre les femmes ont des conséquences durables sur la vie des communautés et des effets dévastateurs sur leurs moyens de subsistance. Ces dernières semaines, la communauté internationale s’est ralliée autour de la campagne « 16 Jours d’activisme pour mettre fin à la violence faite aux femmes » — un moment privilégié pour réfléchir aux difficultés auxquelles se heurtent les femmes pour mettre fin à ce fléau et sur les remarquables capacités de résilience dont elles font preuve face à des violences endémiques.

Si elle concerne le monde entier, cette pandémie sévit massivement dans les États en conflit où les violences sexuelles sont souvent une arme de guerre. Représentant plus de la moitié des populations déplacées dans le monde, les femmes sont déjà touchées de manière disproportionnée par les conflits. La pandémie de COVID-19 n’a fait qu’amplifier cette tendance préoccupante, avec une hausse des cas de violences contre les femmes à la faveur des mesures généralisées de confinement (a).

En 1999, le docteur Denis Mukwege fonde l’hôpital de Panzi, en République démocratique du Congo, afin de créer un centre d’excellence pour la santé maternelle. Mais alors que la seconde guerre du Congo fait rage, ses premières patientes ne sont pas des femmes enceintes à la recherche d’un endroit sûr pour accoucher mais des victimes de viols extrêmement brutaux. Très vite, l’équipe hospitalière réoriente ses priorités pour offrir une prise en charge humaine et globale aux survivantes : réparer et soigner les blessures physiques et gynécologiques, assurer des services de conseil et d’assistance juridique et accompagner le rétablissement socioéconomique de ces femmes, à travers des cours d’alphabétisation et de gestion de petites entreprises et des programmes de microcrédit. Deux décennies plus tard, des dizaines de milliers de femmes et de filles ont bénéficié des soins du gynécologue prix Nobel et de son équipe dévouée.

La Banque mondiale renforce son engagement pour lutter contre les violences de genre dans les États fragiles et en conflit. Elle a financé le projet de prévention et de lutte contre les violences sexistes en RDC, mis en œuvre par le Fonds social du pays en collaboration avec plusieurs partenaires de la société civile, dont l’hôpital et la fondation de Panzi. L’objectif est d’offrir une palette complète de services aux victimes de violences, en intervenant au plus près des communautés. Conscient que l’éloignement des structures de soins en RDC complique encore les difficultés que rencontrent les victimes, le projet travaille avec différentes organisations, comme l’hôpital de Panzi, pour assurer une prise en charge d’urgence dans des centres délocalisés polyvalents et, surtout, des dispensaires mobiles. C’est là un enjeu crucial dans ce pays, où l’accès reste l’un des grands freins aux consultations : 48 % des femmes doivent marcher pendant plus d’une heure pour se rendre dans un dispensaire.

Dans cet entretien vidéo, le docteur Mukwege, champion de la lutte mondiale pour l’élimination des violences faites aux femmes, évoque son expérience aux côtés des victimes et explique comment une prise en charge globale de ces survivantes peut conforter leur reconstruction, leur résilience et leur autonomisation.




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