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ARTICLE 19 juillet 2018

Le barrage de Nachtigal : une étape clé dans le développement de l’hydroélectricité au Cameroun


YAOUNDÉ, 19 juillet 2018 — Marie-Paule Effagon a beau avoir accès à l’électricité, les fréquentes coupures de courant qui peuvent durer deux jours de suite lui compliquent la vie

« Les aliments que j’ai achetés pour le mois s’abîment, mes enfants ne peuvent pas faire leurs devoirs le soir et le taux d’agressions et la criminalité dans les rues augmentent considérablement dans ces périodes-là », explique cette enseignante de 48 ans qui vit à Yaoundé, la capitale du Cameroun.

Si les pannes électriques sont monnaie courante pour bon nombre de Camerounais, seule la moitié des habitants du pays ont l’électricité, et le taux d’accès est nettement plus faible dans les campagnes. En 2016, 74 % de la population vivaient dans des localités raccordées au réseau électrique. Pour ceux qui ont l’électricité, le coût du service ponctionne une grosse partie du budget familial.

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Une fillette fait ses devoirs — Photo : Power Africa

 

Le projet hydroélectrique de Nachtigal sera la prochaine infrastructure à bas coût à voir le jour sur le fleuve Sanaga. L’objectif est d’améliorer l’accessibilité et la fiabilité de l’approvisionnement en énergie renouvelable dans tout le pays. S’inscrivant dans une volonté plus globale de réduire le coût de l’électricité et d’en faire une ressource durable, le barrage augmentera les capacités installées de 30 % et renforcera l’offre d’énergie verte.

Avec la construction du barrage de Lom Pangar en 2016, le montant annuel estimé de la compensation tarifaire est passé de 25 millions de dollars pour 12 mois (2017) à 16 millions de dollars pour 24 mois (2018-20). Quand il sera opérationnel, le barrage de Nachtigal permettra au pays d’économiser chaque année 100 millions de dollars supplémentaires de coûts de production.

Le Cameroun ambitionne de devenir un pays industrialisé à revenu intermédiaire à l’horizon 2035 avec un taux de pauvreté inférieur à 10 %. Pour y parvenir, il devra impérativement accroître l’accès à l’énergie. Ce secteur fait partie des priorités identifiées dans la stratégie nationale de croissance et de réduction de la pauvreté, qui souligne la nécessité de diversifier l’agriculture, d’augmenter la productivité et de réaliser de vastes projets d’infrastructure. Fort d’un potentiel hydroélectrique estimé à plus de 12 000 MW — le troisième en Afrique subsaharienne —, le Cameroun doit développer ces ressources pour faire baisser le coût de l’électricité et accroître sa compétitivité économique.



Le Groupe de la Banque mondiale est un partenaire stratégique de longue date dans le secteur de l’énergie camerounais, comme en témoignent son important portefeuille de projets et son appui constant au programme national de réformes depuis 1998. Ces dernières années, il a financé plusieurs opérations : le Projet de développement du secteur de l’énergie (a) en 2008, afin de contribuer à la modernisation du cadre sectoriel et à l’électrification des zones rurales ; le projet d’hydroélectricité de Lom Pangar en 2012, qui vise à réguler les fluctuations saisonnières du débit de la Sanaga ; le projet de réforme du transport de l’électricité en 2016, pour améliorer les capacités, l’efficacité et la fiabilité du réseau électrique national ; et le projet d’assistance technique pour le développement de l’hydroélectricité dans le bassin du fleuve Sanaga en 2017, dans le but de partager des informations techniques et réglementaires sur les risques hydrologiques, la sécurité des barrages, l’optimisation des investissements en cascade et la mise en concurrence pour l’octroi de concessions.

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Vue 3D du barrage de Nachtiga.


Le projet de barrage hydroélectrique de Nachtigal est l’un des très rares partenariats public-privé (PPP) (a) à avoir vu le jour dans ce secteur en Afrique subsaharienne. Les PPP, qui sont un moyen de mobiliser le secteur privé et d’utiliser au mieux les maigres ressources publiques, correspondent à la volonté de la Banque mondiale de maximiser les financements pour le développement (a).

« Le Groupe de la Banque mondiale a joué un rôle décisif pour lever des fonds privés en faveur du projet de Nachtigal en mobilisant le soutien de l’ensemble de ses institutions et permettant ainsi de lever des fonds auprès d’un grand nombre de partenaires publics et privés. Le projet a notamment obtenu un niveau de prêts bancaires inédit à l’échelle de l’Afrique subsaharienne », se félicite Elisabeth Huybens, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Cameroun.

La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) s’est concentrée sur le cadre réglementaire, le renforcement des capacités du gouvernement et la mise à disposition d’instruments d’atténuation du risque. Co-développeur, principal bailleur de fonds et fournisseur de swaps, la Société financière internationale (IFC) a apporté au promoteur du projet un nombre significatif d’instruments de prise de participation, de dette et de couverture et a mobilisé d’autres prêteurs. Avec son assurance contre les risques politiques, l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) a contribué à atténuer les risques pour les bailleurs de fonds et les fournisseurs potentiels de swaps.

En plus du Groupe de la Banque mondiale, le promoteur, Électricité de France (EDF), les banques commerciales locales et internationales et les autres bailleurs — sont mobilisés pour garantir la viabilité de l’opération.

Le projet hydroélectrique de Nachtigal marque une nouvelle étape dans le plan du gouvernement camerounais visant à améliorer l’accès à l’électricité sur le territoire. Marie-Paule Effagon et tous les autres se prennent ainsi à espérer des jours meilleurs :

« J’espère que ce nouveau barrage mettra fin aux coupures de courant, rendra l’électricité moins chère et permettra à tous, en ville ou à la campagne, d’avoir de l’électricité », conclut-elle.



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