Depuis plus de deux semaines, la ville de Chardonnières, côte sud d’Haiti, vit une certaine effervescence. Entre badauds, petits cultivateurs, marchands et écoliers qui essaient de rallier leurs activités respectives, se trouve Fredline Calvaire, une dame dans la trentaine et qui se voue au métier de la construction. Si jadis, ce secteur était réservé aux hommes, aujourd’hui cette mère de quatre enfants, svelte et d’apparence timide, impose son savoir-faire dans la construction d’un petit pont qui relie différentes communautés de Chardonnières au reste de la région.
Suite au passage de l’ouragan Matthew déversant plus de 600 mm de pluies principalement dans le grand sud d’Haiti, plus d’un million de personnes ont été isolées à cause des routes impraticables et des rivières en crue. L’ouragan a généré un bilan de plus de 450 morts et des pertes générales de l’ordre de 2,778 milliards de dollars (32 pourcent du PIB) dont 106.4 millions de dollars américains (18 pourcent du PIB) dans le secteur transport.
« Au lendemain de l’ouragan Matthew, nous avons été complètement coupés du reste de la région à cause de la destruction du pont, emporté par les eaux de ruissellement. A chaque fois qu’il pleuvait dans les montagnes adjacentes, nous ne pouvions pas accéder au centre de santé ni nous rendre au marché sans risquer nos vies en traversant des rivières en crues qui, assez souvent, débordent de leurs lits respectifs pour causer des dégâts au sein des ménages », rappelle un cultivateur vivant dans la localité.