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En Afrique, les projets de développement ont tout à gagner de l’engagement des parlementaires

21 juillet 2016


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African parliamentarians visit the Bagre Pole Project during a World Bank workshop in Ouagadougou. 


LES POINTS MARQUANTS
  • Le bureau de la Banque mondiale au Burkina Faso a accueilli un atelier de formation pour renforcer le rôle des parlementaires dans le contrôle des finances publiques.
  • L’atelier, qui a réuni plus d’une cinquantaine de participants, a également permis de présenter le portefeuille de la Banque mondiale dans le pays et d’évoquer les freins aux projets dans la région.
  • Les députés se sont rendus sur le site du projet de pôle de croissance de Bagré, où ils ont pu constater l’impact du soutien de la Banque mondiale.

OUAGADOUGOU, 21 juillet 2016—Les législateurs peuvent se révéler de puissants alliés dans le suivi des programmes de développement. Conformément à leur mandat, les membres du parlement votent les lois, discutent et examinent les politiques de développement et tiennent les gouvernements comptables de l’avancement des projets soutenus par les institutions financières internationales. En Afrique subsaharienne, plus de 60 % des pays sont légalement obligés de ratifier les prêts et les projets financés, entre autres, par la Banque mondiale.

Depuis une bonne quinzaine d’années, le Groupe de la Banque mondiale tisse systématiquement des liens avec les parlementaires. Si, statutairement, ses interlocuteurs privilégiés sont les ministères des Finances et du Développement, ses relations avec les députés ont prouvé leur utilité pour concrétiser les objectifs de développement poursuivis par les autorités et par l’institution.

La 18e reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA) est une opération cruciale pour aider le Groupe de la Banque mondiale et ses clients à obtenir des résultats dans le cadre du programme international de développement sur fond de changement climatique, de crise des déplacés et des risques de catastrophe à anticiper.

Dans les pays donateurs, ce sont les députés qui approuvent les budgets d’aide au développement et, le plus souvent, fixent le niveau de contribution à l’IDA. Dans de nombreux pays en développement, les parlementaires ratifient les prêts de la Banque mondiale, sachant que leurs électeurs sont les premiers bénéficiaires des opérations de l’IDA.

C’est pourquoi depuis dix ans, la Banque mondiale sollicite toujours plus les députés à l’occasion des consultations organisées pour concevoir et appliquer des cadres de partenariat stratégique et encourage les interactions, à travers des visites de terrain, des conférences ou des formations. Les enjeux sont trop importants pour ignorer ces élus.

L’atelier parlementaire qui s’est déroulé à Ouagadougou du 24 au 26 mai 2016 a largement plaidé pour une mobilisation accrue des députés. Les deux jours et demi de travaux ont permis à la cinquantaine de participants de plancher sur le renforcement de leurs fonctions de contrôle sur les finances publiques.

Co-organisée par le bureau de la Banque mondiale au Burkina Faso, l’équipe responsable de la coopération mondiale au sein du département des relations extérieures et par le programme de renforcement de la gouvernance parlementaire, cette formation a également permis de présenter le portefeuille des opérations de la Banque mondiale dans le pays, représentant une enveloppe de 1,2 milliard de dollars, et d’évoquer des pistes de collaboration. Lors de déplacements sur le terrain — notamment à Bagré, site du projet de pôle de croissance qui entend aider les autorités à faire de cette commune un creuset du développement des industries agroalimentaires — les participants ont aussi pu constater de visu l’impact des opérations financées par la Banque mondiale.

« Ces déplacements sont un moyen pour nous de mieux contrôler l’action du gouvernement », souligne Tibila Kabore, président de la commission des finances à l’Assemblée nationale. « Tous les prêts souscrits par les autorités doivent être ratifiés par les députés, qui sont donc tenus de les examiner soigneusement. »

Cette visite de terrain a également été l’occasion d’évoquer, plus généralement, les freins aux projets dans la région. La délégation a ainsi abordé la question de la réinstallation des communautés touchées par le projet de Bagré et fait le point sur les efforts de la Banque mondiale, notamment sur le plan des infrastructures et de l’accès à l’eau, pour redonner des moyens de subsistance aux habitants de Biré qui ont été déplacés à Loaba, à quelques kilomètres de là.

« Recueillir l’opinion des députés est essentiel pour le succès de nos projets et de nos programmes », rappelle Cheick F. Kanté, responsable des opérations pour le Burkina Faso à la Banque mondiale. Cette formation a consolidé le partenariat établi entre la Banque mondiale et le parlement burkinabè. Conformément à la volonté de la Banque de favoriser la décentralisation et de renforcer la gouvernance du secteur public, ces contacts ont permis de poser les jalons d’une réforme à venir des collectivités locales.

Ces ateliers vont bien au-delà d’une simple collaboration institutionnelle : ils permettent de démontrer tout l’impact positif, en termes de développement, d’un programme de formation ciblé tout en renforçant l’appropriation des opérations de la Banque mondiale par les acteurs locaux qui, en les comprenant mieux, peuvent plaider en leur faveur. Sans compter qu’ils confortent les parlementaires dans leur rôle, en leur donnant des armes politiques pour extraire les pays de la pauvreté — ce qui constitue bien évidemment un scénario gagnant-gagnant pour tous.


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