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Au-delà du conflit : le secteur iraquien de l’énergie veut miser sur l’emploi et la prospérité

06 mai 2014


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Les perspectives économiques du pays sont encore fortement liées au secteur de l’énergie, à l’origine de 98 % des exportations et de 96 % des recettes publiques.

Daniel Fogg l Flickr Creative Commons

LES POINTS MARQUANTS
  • Le secteur iraquien de l’énergie renaît de ses cendres mais reste fragile
  • 98 % des exportations iraquiennes et 96 % des recettes publiques dépendent du secteur pétrolier et gazier
  • Grâce à une nouvelle stratégie soutenue par la Banque mondiale, l’Iraq cherche à assurer, à moyen terme, la diversification de son économie au-delà des gains de court terme que lui procurent les exportations d’hydrocarbures

Comment la Banque mondiale aide l’Iraq à vaincre la « malédiction » des ressources

La récente flambée de violences, à l’occasion des élections, vient cruellement rappeler la fragilité persistante de l’Iraq. Une série d’attaques perpétrées la semaine dernière a fait une centaine de victimes. Ce chiffre donne une idée de l’insécurité permanente dans laquelle vivent les Iraquiens et l’on voit mal, dans ces conditions, comment le développement pourrait contribuer à améliorer leurs vies.

Pourtant, et parce qu’elle sait que le développement est un facteur de stabilité, la Banque mondiale reste engagée aux côtés de l’Iraq pour poser les bases d’une croissance durable et inclusive. En témoigne son aide à l’industrie pétrolière, principale source de revenus pour le pays, pour en tirer le maximum et en faire le moteur du développement.

Avec l’adoption, l’an dernier, de la stratégie nationale intégrée pour le secteur de l’énergie, les autorités iraquiennes se sont lancées dans un ambitieux plan de transformation de ce secteur, puisqu’il prévoit d’investir plus de 600 milliards de dollars en 16 ans.

Et il ne s’agit pas uniquement d’extraire l’or noir.

Pour Thamir Ghadban, responsable du comité consultatif auprès du Premier ministre, « la stratégie va bien au-delà d’un horizon de court terme consistant à maximiser les exportations de pétrole et les recettes qui en découlent. La production augmente et nous voyons le bout du tunnel ».


« La production augmente et nous voyons le bout du tunnel. »

Les perspectives économiques du pays sont encore fortement liées au secteur de l’énergie, à l’origine de 98 % des exportations et de 96 % des recettes publiques. En soutenant les secteurs du gaz et de l’électricité et d’autres activités connexes à valeur ajoutée, les autorités espèrent parvenir à une diversification qui pourrait créer 10 millions d’emplois à l’horizon 2030.

Voici dix ans, à la sortie du conflit, le secteur de l’énergie était en crise. En 2009 encore, la production de pétrole n’avait pas renoué avec ses niveaux d’avant-guerre et le manque à gagner découlant des coupures persistantes de courant — et des déperditions massives et quotidiennes de gaz dans les torchères — s’élevait à 40 milliards de dollars par an.

La remise en état des installations et la compensation d’années de sous-investissement prennent forcément du temps, chacun le sait, mais les efforts des autorités iraquiennes et de leurs partenaires au développement commencent à porter leurs fruits. À l’automne 2013 et pour la première fois depuis la fin de la guerre, la capitale Bagdad a récupéré une alimentation électrique 24 heures sur 24.

Élaborée avec le soutien du fonds fiduciaire pour l’Iraq administré par la Banque mondiale, la nouvelle stratégie énergétique est l’aboutissement d’une concertation étroite entre différents ministères : pétrole, électricité, finances, plan, eau, écologie, industrie et minerais. Cette approche globale a permis de démarrer la mise en œuvre alors même que la stratégie n’a été finalisée que l’an dernier.

« Notre programme a gagné en exhaustivité et en pertinence depuis l’adoption de la stratégie nationale pour le secteur de l’énergie », analyse Charles Cormier, responsable du secteur de l’énergie pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord de la Banque mondiale. « Réforme du secteur gazier, réduction des déperditions électriques, refonte de la distribution, énergies renouvelables ou efficacité énergétique : tous ces sujets ont été abordés. »

La Banque mondiale a financé la présence d’un consultant international auprès du gouvernement iraquien pour l’élaboration de cette stratégie. En concertation avec le conseil consultatif, une de ses équipes d’experts a suivi l’élaboration du texte, fourni des avis critiques et commenté les différentes moutures du document afin de garantir un processus participatif et intégrant l’opinion des différents ministères partenaires, des députés iraquiens, de la société civile et des milieux universitaires.

Pour Junaid Kamal Ahmad, directeur pour le développement durable à la Région MENA, « l’un des aspects les plus satisfaisants a été de constater l’évolution des priorités du gouvernement dans le secteur de l’énergie. Les autorités ont compris qu’il fallait aller au-delà d’un impératif de court terme visant à augmenter les recettes pétrolières ».

Les infrastructures d’appui à la production pétrolière sont renforcées et étendues grâce aux économies réalisées par la réduction des pratiques de brûlage du gaz considéré comme un simple sous-produit. Le but est d’utiliser ce gaz pour produire de l’électricité, au lieu du fuel et du mazout lourds, et d’alimenter des industries en aval, notamment une pétrochimie encore balbutiante. Des accords ont été passés avec des entreprises privées pour investir dans les secteurs énergétiques et contribuer ainsi à la croissance et à la création d’emplois indispensables pour soutenir l’économie locale.

À terme cependant, l’Iraq devra réduire son extrême dépendance au secteur de l’énergie. Junaid Kamal Ahmad rappelle l’objectif de la stratégie : faire en sorte qu’en 2020, l’activité des secteurs hors hydrocarbures dépasse celle des secteurs pétrolier et gazier.


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