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Finance numérique : donner aux pauvres les moyens d'agir grâce aux nouvelles technologies

10 avril 2014


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Jin-Yong Cai, vice-président exécutif et directeur général de l’IFC, ouvre le débat consacré à la finance numérique à l’occasion des Réunions de printemps 2014.

Michael Rizzo/CGAP

LES POINTS MARQUANTS
  • La finance numérique recèle un immense potentiel du point de vue de l'inclusion financière et l’accès aux services de base, sachant que près de 50 % des personnes vivant dans les pays en développement possèdent un téléphone portable.
  • Le défi est énorme, puisque 2,5 milliards d'individus et plus de 200 millions de petites entreprises sont privés d’accès aux services financiers de base et au crédit.
  • Au-delà des seuls services financiers, la finance numérique peut permettre d’élargir considérablement l'accès aux services dans d’autres secteurs : agriculture, transport, eau, santé, éducation et énergies propres.

Les solutions numériques et les nouvelles technologies ont un immense potentiel pour résoudre d'importants problèmes de développement, si l’on en croit les participants à un événement organisé en marge des Réunions de printemps 2014 et consacré à la finance numérique. Un potentiel qu’il faut exploiter pour atteindre l’objectif que le Groupe de la Banque mondiale s’est fixé à l’horizon 2020 : l’accès aux services financiers pour tous.

Car la lutte contre l’exclusion financière est un véritable défi : 2,5 milliards d’habitants dans les pays en développement sont privés de tout accès à des services financiers formels, et plus de 200 millions de petites entreprises sont incapables d'accéder aux financements dont elles ont besoin pour grandir.

En outre, comme l’a souligné le vice-président exécutif et directeur général de la Société financière internationale (IFC), Jin-Yong Cai, en préambule à la discussion, « les avantages de la finance numérique s'étendent largement au-delà de l’accès aux services financiers ; c’est aussi un puissant instrument qui peut notamment permettre de favoriser la création d’emplois dans les pays en développement ».

Animé par Tilman Ehrbeck, directeur du Groupe consultatif d’aide aux populations les plus pauvres (CGAP), ce forum était co-organisé par l'IFC, la Banque mondiale et le CGAP. Il a d’abord donné lieu à la présentation de plusieurs sociétés innovantes dans le domaine de la finance numérique, puis à un débat réunissant dirigeant du secteur privé et représentants des pouvoirs publics autour d’une question cruciale : comment reproduire ces innovations à grande échelle dans les pays en développement ?

Les responsables de bKash, Airtel Money-Africa et Mobisol ont expliqué comment leurs entreprises parviennent à résoudre d'importants problèmes de développement en déployant diverses approches de la finance numérique.

« Les millions de pauvres qui ont recours à des transactions financières sur mobile, comme avec bKash, contribuent directement à générer de nombreux effets multiplicateurs, ce qui crée une valeur ajoutée qui peut être utilisée dans des activités productives comme le financement des entreprises. L'argent numérique permet ainsi aux simples individus de contribuer à la construction de leur pays, mais aussi à sa bonne santé macroéconomique », a expliqué Kamal Quadir, PDG de bKash.


« Les avantages de la finance numérique s'étendent largement au-delà de l’accès aux services financiers ; c’est aussi un puissant instrument qui peut notamment permettre de favoriser la création d’emplois dans les pays en développement.  »

Jin-Yong Cai

Vice-président exécutif et directeur général de la Société financière internationale

À partir du moment où des solutions technologiques innovantes telles que les paiements par téléphone portable sont offertes à la population, on rend aussi possible l’offre et la demande d’autres services financiers : crédit, assurance, épargne mais aussi éducation financière. Ceux qui en sont à présent exclus bénéficient ainsi d'un meilleur accès à des services de transfert d'argent, de microcrédit et d'assurance.

« Si elle sonne comme un thème de marketing, la finance numérique est en fait déjà une réalité quotidienne pour tous nos clients en Tanzanie, au Kenya et au Rwanda qui utilisent les systèmes d'énergie solaire domestique proposés par Mobisol », a fait observer Thomas Duveau, directeur du développement commercial chez Mobisol. « Payer son énergie par petites échéances et sur mobile n'est pas une option de luxe : c'est déjà la norme pour des transactions commerciales effectuées par ceux qui se trouvent tout en bas de la pyramide économique. »

La finance numérique a également un rôle important à jouer pour les petites entreprises. Elle ne fournit pas seulement un accès aux financements, mais aussi des systèmes de paiement électronique, des produits financiers sécurisés et la possibilité de disposer d’un historique financier. Arjuna Costa, partenaire d’Omidyar Network, a insisté sur l'importance de ce dernier point, qui permet aux prêteurs de disposer de données sur les transactions des individus et des entreprises.

Sandhya Rani, responsable des postes de l'État indien de l'Andhra Pradesh, a mis l'accent sur l'énorme potentiel de la finance numérique sur le plan du développement rural, ainsi que sur le rôle central des services postaux : « Avec plus de 150 000 bureaux de poste, la plupart situés en zone rurale, nous sommes amenés à jouer un rôle essentiel en matière de renforcement de l'inclusion financière, parce que nous pouvons fournir efficacement toute une gamme de services financiers, notamment des services bancaires, d'assurance et de transfert de fonds, même dans les zones les plus reculées du pays. ».

Walt Macnee, président du Centre MasterCard pour la croissance inclusive, a souligné à quel point les innovations dans les technologies de paiement électronique, avec des systèmes sur mobile et de prépaiement, transforment véritablement la vie de ceux qui en bénéficient, sur le plan de la sécurité, de l’autonomie et de l’insertion. L’argent électronique est, selon lui, la seule solution pour atteindre l'accès universel aux services financiers d'ici 2020.

Quant à la reproduction de ces innovations à grande échelle, les membres de la table ronde ont unanimement souligné la nécessité d’une étroite coopération public-privé pour parvenir à lever les obstacles de coût, de distance et de réglementation.


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