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Jobs4Africa : la jeunesse africaine partage ses préoccupations et ses idées pour créer plus d’emplois sur le continent

04 juin 2012


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Selon les jeunes participant aux sessions de réflexion organisées au Kenya, au Ghana et en RDC, les gouvernements doivent faire en sorte que l’enseignement soit mieux adapté aux compétences requises pour trouver et conserver un emploi bien rémunéré. 


WASHINGTON, le 4 juin 2012— Les jeunes Africains veulent travailler mais pour décrocher un emploi de qualité, ils doivent pouvoir s’éduquer et se former et avoir accès aux informations comme aux opportunités.

Tel est le constat commun qui ressort des quatre journées de réflexion avec des jeunes originaires du Ghana, du Kenya et de la République démocratique du Congo (RDC).

« Nous voulons mobiliser les Africains, leur donner des leviers d’action, faire évoluer les choses et permettre aux gens d’agir dans le bon sens », a déclaré Marieme Jamme, co-fondatrice d’Africa Gathering et animatrice des sessions. Plus de 600 jeunes ont rejoint la Banque mondiale et Africa Gathering du 20 au 27 avril 2012, afin de proposer des solutions pour créer plus d’emplois en Afrique et remédier aux problèmes auxquels ils sont confrontés.

Ces manifestations faisaient partie d’une initiative plus large de la Banque mondiale destinée à recueillir le point de vue des jeunes dans la perspective d’un rapport sur la création d’emplois productifs pour la jeunesse africaine.

« L’énergie et la créativité dont font preuve les jeunes de moins de 25 ans en quête d’un travail — ils sont plus de 7 millions dans ce cas chaque année en Afrique — représentent autant de perspectives de relance de l’économie du continent », analyse Deon Filmer, économiste principal pour la Région Afrique, à la Banque mondiale, et membre de l’équipe de rédaction du rapport. « Mais cet afflux massif de jeunes sur le marché du travail pose aussi des difficultés aux pays qui tentent de créer des emplois et d’améliorer leur productivité ».

« Nous devons recréer le lien entre éducation et emploi »

Après avoir déploré que l’école ne leur impartisse pas de compétences négociables, les participants réunis à Accra ont suggéré une remise à plat des politiques publiques d’éducation pour mieux les aligner sur les attentes des entreprises. Comme l’a souligné l’un d’eux, « l’enseignement est déconnecté des perspectives de carrière ». Cet autre a estimé que les organismes de développement devraient exiger des pays qu’ils conçoivent des programmes d’emploi pour les jeunes avant de leur accorder des prêts ou des dons. Sachant que tous ont également reconnu qu’un diplôme ne garantissait pas automatiquement l’obtention d’un emploi.

« Cela m’incite à pousser mes amis à faire preuve d’inventivité », a indiqué Setsofia, du Ghana. « Le programme d’études secondaires reste trop intellectuel… Ce qu’il faut, c’est apprendre à appliquer les théories ».

Outre une remise à plat du système éducatif pour mieux armer les diplômés face à la concurrence professionnelle, les participants ont souhaité aussi avoir plus d’informations sur les débouchés possibles et bénéficier de services d’orientation professionnelle. Certains ont proposé de créer des programmes de tutorat et des centres de conseil et d’orientation ouverts aux élèves, aux entrepreneurs et aux diplômés.

« Si nous voulons que la jeunesse ghanéenne travaille, nous devons ouvrir plus de centres ou pôles d’orientation inter-universités et sur l’ensemble du territoire », a renchéri Andrew Renner.

« Le problème se situe au niveau des emplois intermédiaires »

Pour les participants de la session de Nairobi, l’accès à l’éducation pousse les jeunes à vouloir devenir médecins, avocats ou cadres dans des secteurs comme la publicité, le tourisme ou la finance.

Pour Mary, il n’y a pas suffisamment d’emplois intermédiaires pour absorber la masse de jeunes dans le besoin : « tout le monde veut décrocher un emploi de catégorie supérieure mais beaucoup de ceux qui veulent travailler restent sur le carreau. Y a-t-il de la place pour tous ? ».

Pour les participants, cette aspiration a produit une génération de jeunes qui ne sont pas qualifiés pour des postes d’ouvriers comme ceux qu’offre l’agriculture. Alors que les 122 participants présents ont tous reconnu que leurs grands-parents étaient agriculteurs, moins de 20 % d’entre eux travaillaient à l’heure actuelle dans ce secteur.

Ils ont aussi souligné le manque d’informations sur les modalités d’accès au secteur agricole et le fait qu’aucun exemple de réussite spectaculaire ne donnait envie aux jeunes d’y entrer. « Quand nous pensons à l’agriculture, nous l’associons au labeur sous un soleil brûlant », a indiqué l’un d’eux, « mais ça ne se résume pas à ça ».

Beaucoup redoutent aussi que ce désintérêt pour l’agriculture ait d’autres conséquences que pour la seule question de l’emploi. « Si nous ne développons pas notre agriculture, comment arriverons-nous à nourrir les nouveaux-venus ? », s’est enquis l’un d’eux.

« Nous connaissons tous un jeune de 35 ans sans aucune expérience professionnelle »

Deux points étaient au cœur de la session de réflexion de deux jours organisée à Kinshasa, la capitale de la RDC : assurer une formation professionnelle aux jeunes et élargir l’accès aux informations de carrière. Pour ce faire, les participants ont interpellé les autorités et réclamé une stratégie de création d’emplois pour les jeunes. « À quoi bon s’il n’y a pas de volonté politique à Kinshasa ? », a demandé Stepahene.

Selon un représentant du Youth Employment Network (YEN), qui milite pour l’emploi des jeunes, le réseau dispose actuellement de 200 antennes dans le pays réparties sur onze provinces. Mais, à son grand regret, les jeunes ignorent ce qu’elles font.

Pour Asaphe, cela ne fait que souligner le problème de l’information : « n’avoir qu’une seule plateforme de conseils est tout à fait insuffisant. Il faut constituer plusieurs groupes consultatifs ».

Nick Nsewa a proposé que les universités et les pouvoirs publics réfléchissent ensemble à une offre d’éducation et de formation adaptée et à la création d’emplois supplémentaires pour les diplômés.

Malgré certaines critiques envers la Banque mondiale, leurs gouvernements respectifs et les politiques adoptées, les participants ont apprécié de pouvoir ainsi faire entendre leur avis.

« Nous sommes les hérauts d’une Afrique nouvelle », a déclaré un participant du Ghana. « Nous avons des ressources intellectuelles. À nous de faire en sorte que les conditions soient réunies sur le continent ».


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