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Les communautés locales, véritables partenaires du développement au Yémen

22 mai 2012


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Les bénéficiaires directs du projet seront les membres des communautés rurales dispersées, où 80 % des investissements seront réalisés, ainsi que les communautés pauvres en milieu urbain.

Scott Wallace l World Bank

LES POINTS MARQUANTS
  • La crise politique récente a été provoquée en grande partie par les frustrations généralisées née de l’exclusion économique et sociale.
  • Un nouveau projet cherche à fournir les infrastructures nécessaires pour améliorer l’accès aux services publics de base et à créer des emplois à court terme.
  • Le projet exige un profond degré de coopération entre le gouvernement et les communautés locales.

Le Yémen rencontre des difficultés considérables pour assurer son développement, au premier rang desquelles un relief accidenté et des communautés extrêmement isolées et dispersées. Pour la plupart, ces communautés manquent d’infrastructures de base et n’ont guère accès aux services sociaux. Les efforts requis chaque jour pour se procurer des produits de première nécessité relèguent donc toute autre forme d’activité au second plan. Les conséquences de cette situation sont considérables sur le plan du développement humain. Ainsi, dans les communautés isolées non raccordées à l’eau courante, les fillettes consacrent entre quatre et sept heures par jour à la corvée d’eau, et n’ont guère le temps de fréquenter l’école.

La crise politique récente a été provoquée en grande partie par les frustrations généralisées née de l’exclusion économique et sociale. Dans les communautés rurales isolées, ce phénomène d’exclusion est criant. C’est dans ce contexte que le Conseil des Administrateurs de la Banque mondiale vient d’approuver pour le Yémen un projet de travaux publics à haute intensité de main-d’œuvre dont le but est de répondre à des besoins précis, en termes d’infrastructures et d’emplois notamment, tout en œuvrant pour un objectif à plus long terme de collaboration resserrée entre les citoyens et ceux qui les gouvernent. Ce projet sera géré par Ali Khamis, chargé des opérations senior à la Banque mondiale. Lui-même originaire du Yémen, il est particulièrement bien placé pour appréhender les défis de son pays, géographiques ou liés au développement.

Quels sont les objectifs — et les bénéficiaires — de ce projet de travaux publics à haute intensité de main-d’œuvre ?

Ali Khamis, chargé des opérations senior dans le secteur du développement urbain : Le projet cherche à fournir les infrastructures nécessaires pour améliorer l’accès aux services publics de base et à créer des emplois à court terme. Comme il exigera un profond degré de coopération entre le gouvernement et les communautés locales, il aura pour effet supplémentaire de renforcer le contrat social à plus longue échéance entre l’État yéménite et les citoyens. Les bénéficiaires directs du projet seront les membres des communautés rurales dispersées, où 80 % des investissements seront réalisés, ainsi que les communautés pauvres en milieu urbain.


« La réussite se traduira aussi par la capacité à faire des communautés locales de véritables partenaires du développement, une évolution qui, au final, renforcera le contrat social entre l’État yéménite et les citoyens. »

Ali Khamis

Spécialist senior des opérations au sein du département du Développement urbain pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord

Quel processus de réflexion a présidé à l’insertion de tel ou tel chantier public dans le projet ?

AK : Le pays a un immense besoin de services d’infrastructures de base. L’organisme chargé de l’exécution du projet a reçu près de 17 000 demandes émanant de plusieurs communautés pour différents types de services. Les 65 millions de dollars alloués dans le cadre du projet seront exploités au mieux pour satisfaire un maximum de requêtes. Le projet a été conçu pour garantir une distribution des fonds à la fois équitable et transparente. D’où une approche en deux étapes : pour commencer, les allocations à chacun des 21 gouvernorats (le projet couvre la totalité du territoire) seront décidées en fonction de la taille de la population, de l’indice de pauvreté et de l’éloignement physique. Ensuite, tous les sous-projets seront examinés en fonction de critères précis, parmi lesquels la contribution de la communauté aux investissements, le nombre minimal d’emplois censés découler du sous-projet et la contribution de ce dernier à la lutte contre la pauvreté. En outre, des enquêtes de référence seront effectuées avant la sélection des sous-projets afin de vérifier qu’ils correspondent bien à une demande et qu’ils sont viables à long terme.

Comment les communautés locales seront-elles impliquées dans la mise en œuvre du projet ?

AK : Les demandes de sous-projets émanent des communautés elles-mêmes. Elles participent de près aux étapes d’identification et de préparation et sont donc pleinement investies. Une fois retenus, les sous-projets sont attribués à des entreprises locales de petite taille, à l’issue d’appels d’offres ouverts. La responsabilité de la supervision du chantier est confiée, toujours par appel d’offres, à des cabinets conseil du cru, qui rendent compte à l’unité de gestion du projet. Les communautés devront repérer et préparer les sites et faire en sorte que les sous-traitants y aient accès tout au long des travaux. Pour les sous-projets prévoyant des volets d’assainissement, d’adduction d’eau et de récupération d’eau, les communautés locales devront assurer la pérennité de ces équipements en prenant en charge le fonctionnement et la maintenance.

Qu’attendez-vous de ce projet en termes de résultats ?

AK : Nous avons estimé qu’un million de personnes devraient bénéficier des services fournis. Nous tablons aussi sur la création de 120 000 emplois mois-hommes à durée déterminée. Plus généralement, le projet sera une réussite si le processus d’identification et de préparation favorise l’autonomisation des communautés vivant dans des zones rurales peu peuplées et des citadins pauvres, en leur ménageant une place plus importante dans les décisions qui déterminent leur avenir. La réussite se traduira aussi par la capacité à faire des communautés locales de véritables partenaires du développement, une évolution qui, au final, renforcera le contrat social entre l’État yéménite et les citoyens.


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