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Nouveau don à Haïti pour répondre à des besoins urgents

05 août 2010


LES POINTS MARQUANTS
  • Un don de 30 millions de dollars vise à soutenir le maintien du fonctionnement du gouvernement et la fourniture des services essentiels aux Haïtiens.
  • Cette initiative est un signal fort à l'ensemble des donateurs que la transparence est au premier plan des opérations gouvernementales.
  • Grâce à de solides garanties fiduciaires, ce don devrait permettre d'attirer des ressources supplémentaires.

WASHINGTON, le 5 août 2010 - Le don que la Banque mondiale vient d’accorder à Haïti, d'un montant de 30 millions de dollars, va contribuer au financement des dépenses publiques essentielles mais, comme l’institution l’a déclaré aujourd'hui, il aidera aussi – ce qui n’est peut-être pas d’une moindre importance – à renforcer la confiance entre le gouvernement et la population haïtienne en répondant à ses besoins les plus urgents.

Destiné à la « politique de développement d'urgence », ce don va permettre au gouvernement haïtien d’éliminer son déficit budgétaire et contribuer à renforcer la responsabilisation dans le secteur public. Pour Pamela Cox, vice-présidente de la Banque mondiale pour l'Amérique latine et les Caraïbes, il s’agit aussi d’un signal fort envoyé aux Haïtiens et aux bailleurs de fonds internationaux que le gouvernement répond aux besoins essentiels du pays d'une manière transparente.

« Ce don est essentiel car il va aider le gouvernement à maintenir ses opérations après la catastrophe et lui permettre de fournir les services dont les gens ont besoin pour faire face à cette terrible tragédie ».

Aux côtés de la directrice générale de la Banque mondiale, Sri Mulyani Indrawati, Mme Cox s’est récemment rendue en Haïti afin de mesurer les besoins et les progrès accomplis sur le terrain, et de rencontrer le Premier ministre Jean-Max Bellerive ainsi que plusieurs responsables du pays.

La réponse de la Banque mondiale après le tremblement de terre s’est traduite par une accélération rapide de ses actions en faveur d’Haïti, comme l’a rappelé Mme Cox : la Banque mondiale s'est engagée à verser 479 millions de dollars, dont la moitié a déjà été versée, avec une rapidité de décaissement exceptionnelle. Ces ressources ont été mises à la disposition du gouvernement haïtien mais, compte tenu de l’importance des besoins, Mme Cox a relevé la nécessité d’une action concertée de la part de la communauté internationale. Elle a notamment souligné les inquiétudes des donateurs et des organisations non gouvernementales sur l’usage des fonds et sur les questions de transparence et de responsabilisation.

« À ce stade, il est important que la Commission intérimaire de reconstruction d'Haïti regroupe et coordonne tous les donateurs pour obtenir des résultats », a-t-elle insisté.

En plus de son appui global aux efforts de reconstruction en Haïti, la Banque mondiale apporte également son expertise en matière de reconstruction après une catastrophe, notamment en la personne de Mme Indrawati, laquelle a joué un rôle clé dans la reconstruction de la province d'Aceh, après le tsunami de 2004, en tant que ministre des Finances de l'Indonésie.

Lors de sa rencontre avec le Premier ministre haïtien M. Bellerive, Mme Indrawati a insisté sur le rôle d’une commission de reconstruction pour fixer les priorités du gouvernement et regrouper les donateurs au sein d’une unique instance – une tâche difficile pour la plupart des gouvernements, qui plus est ceux, comme Haïti, dont les capacités sont fragiles. Elle a par ailleurs mis en avant la grande utilité de disposer d’un fonds fiduciaire pour coordonner l'ensemble des donateurs, regrouper les ressources et cofinancer des projets avec des organismes partenaires.

Qualifiée de globalement « fructueuse », cette réunion a permis à Mme Indrawati et M. Bellerive d’aboutir à une meilleure compréhension de leurs attentes et de leurs besoins.

Pour Mme Cox, l’entrevue a débouché sur « quantité de bonnes idées » ; elle a également été l'occasion pour le Premier ministre « de déterminer les points sur lesquels il devait rapidement avancer dans les prochains mois, soit notamment le déblaiement des décombres, auquel la Banque mondiale apporte son aide, toutes les questions d’hébergement et de logement, et enfin le domaine de l'éducation, dans lesquels la Banque déploie aussi un programme important ».

Le nouveau don va appuyer la réalisation de ces objectifs dans la mesure où il peut permettre d'attirer d'autres financements : c’est ce que fait valoir Luc Razafimandimby, économiste principal à la Banque mondiale ayant contribué à la mise en œuvre de l'opération.

Conforme au programme de gouvernance à court terme présenté par les Haïtiens à la conférence des donateurs de mars 2010 à New York, cette initiative devrait être en mesure d'envoyer un signal clair indiquant que les Haïtiens sont sérieux, a déclaré M. Razafimandimby.

Et d’ajouter : « N'oublions pas que cette opération s'accompagne d'un cofinancement de 25 millions de dollars du Fonds pour la reconstruction d'Haïti (FRH), auquel ont contribué le Brésil et la Norvège, lesquels n'auraient pas mis d’argent sur la table sans les assurances d'une gouvernance limpide ».

Le nouveau don soutient la transparence budgétaire dans le secteur de l’électricité – un secteur qui attire de plus en plus les financements publics et privés », renforce les contrôles budgétaires et la passation des marchés publics, et contribue aux mesures de lutte contre la corruption en :

  • Renforçant la transparence des paiements aux producteurs d'électricité indépendants;
  • Réinstaurant des contrôles budgétaires sous la forme d’audits externes et internes au sein du ministère des Finances
  • Faisant appliquer la Loi sur la déclaration des actifs parmi les membres du Gouvernement afin de réduire la corruption
  • Renforçant la réglementation des passations de marchés afin de garantir une application systématique de la nouvelle loi dans ce domaine.

Ce don répond à la première demande de financement du FRH formulée par le Gouvernement haïtien le 17 juin dernier et approuvé le même jour par le Comité de pilotage du FRH. Et, insiste Mme Cox, ces 30 millions de dollars destinés à l’appui budgétaire ont été approuvés en un temps record grâce à l’implication extraordinaire du personnel de la Banque, et en particulier les membres du bureau d'Haïti, gravement endommagé par le tremblement de terre.

« Nous travaillons toujours tous ensemble dans une seule pièce pendant que les réparations sont en cours dans le bâtiment, mais le moral du personnel est très bon et nous sommes tous très reconnaissants de son dévouement et de son travail acharné dans cette situation très difficile. »

Api
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