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En Afghanistan et en Inde, des technologies simples et peu coûteuses facilitent les opérations de suivi

01 juin 2010


LES POINTS MARQUANTS
  • Dans les zones isolées d’Afghanistan, des appareils-photos avec GPS suivent la progression des travaux sur les infrastructures d'irrigation.
  • En Inde, un projet pilote prévoit de contrôler par téléphone portable le suivi et la qualité des consultations maternelles et infantiles.
  • Les méthodes « low-tech » – utilisant des technologiques simples – offrent un moyen rapide et peu onéreux de suivre et contrôler les projets couvrant plusieurs sites.

Le 1er juin 2010 — Dans un contexte marqué par des années de guerre, la réhabilitation de l’infrastructure d'irrigation en Afghanistan est cruciale pour assurer la productivité agricole et la sécurité alimentaire. Un vaste projet d'irrigation à l’échelle nationale a été mis en place mais l'enclavement et l'insécurité croissante dans certaines zones rendent les efforts de suivi et de supervision difficiles et incertains.

Une solution a peut-être été trouvée : des appareils photo intégrant le système de positionnement global par satellite (GPS) permettent de photographier les structures d'irrigation en cours de réparation ou de construction et d’enregistrer la date, l'heure, la longitude, la latitude et, dans une certaine mesure, l'altitude des sites. Une technique qui présente l’avantage d’être peu coûteuse et relativement « low-tech » dans la mesure où elle ne nécessite pas de technologies très sophistiquées.

Depuis l’installation de cette technique, au mois de février dernier, le personnel du projet sur le terrain a produit les photographies de 650 sites. Ces photographies serviront de base pour mesurer les progrès accomplis, comme l'explique Usman Qamar, responsable pour la Banque mondiale du Projet de réhabilitation d'urgence de l'irrigation. Ce projet, doté d'un budget de 127 millions de dollars, est financé via l'Association internationale de développement (IDA), l'institution de la Banque mondiale chargée d’accorder des dons et des prêts sans intérêt.

Les photographies GPS sont « un outil très puissant, qui nous donne la confirmation directe que tel élément a été construit et qu’il existe bel et bien à un emplacement donné », précise Usman Qamar.

Des projets pilotes à la recherche de solutions simples

Ce dernier travaille en collaboration avec une équipe de la Banque mondiale en charge des questions d'innovation et avec le ministère de l'Énergie et de l'Eau afghan pour mettre au point un système permettant de collecter les informations sur les jalons du projet, de les cartographier et de les mettre en relation avec d'autres données de développement.

Selon les experts de la Banque mondiale en technologies de l'information et de la communication (TIC), ce nouveau type de supervision « à distance » devrait permettre d’obtenir de meilleurs résultats sur les projets. Il devrait également aboutir à l’amélioration des services fournis aux populations pauvres dans les pays en développement.

L'objectif de l’équipe TIC pour la région Asie du Sud (Deepak Bhatia, Naseer Rana, Pratheep Ponraj et Kimmoye Byron), lorsqu’elle a proposé d'utiliser des appareils photos avec GPS en Afghanistan, était principalement de simplifier la supervision d'un aussi vaste projet, réparti sur des centaines de sites, en permettant au personnel chargé des missions de suivi sur le terrain de mieux cibler ses visites.

Il s’agit, comme le souligne Pratheep Ponraj, « de renforcer les capacités des agences gouvernementales et des ministères pour qu’ils puissent contrôler les projets de manière durable et améliorer leurs résultats en termes de développement ».

« Avec des outils de ce type, une équipe de projet peut obtenir rapidement des informations fiables en provenance de zones géographiques très dispersées. Si une donnée sur un site particulier éveille son attention, alors elle peut décider d'y programmer une visite », poursuit-il.

La difficulté était de trouver une méthode de supervision à distance qui ne nécessite pas une expertise technique chez le personnel de terrain, comme le précise Deepak Bhatia.

« La technique que nous allions proposer devait être simple en termes opérationnels et devait pouvoir continuer à être utilisée même après la fin de l’engagement de la Banque. C’est ce principe qui nous a guidés. La technologie utilisée sur le terrain, par exemple, ne devait pas être sophistiquée au point de nécessiter la présence d’un génie de l'informatique pour vous expliquer comment l'utiliser. Dans le même temps, notre objectif au sein de la CITPO [la division de la Banque en charge des politiques de communication, d'information et de technologies] est de tirer profit de la capacité de transformation qu’offrent les TIC dans le domaine du développement. »

Des solutions reposant sur des pratiques existantes

L'utilisation de la technologie GPS s'est appuyée sur une pratique déjà mise en place dans le cadre du projet d’irrigation en Afghanistan et consistant à « géo-référencer » manuellement les zones de réhabilitation en les photographiant : le personnel de terrain photographiait les sites et accompagnait les photographies de points de repère géographiques. Mais les services du ministère à Kaboul peinaient à s’y retrouver entre les différentes structures et les différents lieux.

À présent, les photographies intégrant les données GPS sont téléchargées dans les bureaux régionaux et envoyées par courriel – ou bien les cartes mémoires sont remises en mains propres – au siège du ministère à Kaboul. Là, un personnel spécialement formé les visionnent dans un navigateur Internet ou sur Google Earth et les ajoutent à la base de données du projet.

Tandis que Google Earth ne permet pas à l’heure actuelle d'afficher des images en haute résolution ou récentes de l'Afghanistan, ces photos géo-référencées et régulièrement mises à jour peuvent être intégrées dans les cartes de systèmes d'informations géographiques (SIG). Ces cartes permettent d’afficher d'autres indicateurs liés aux questions de développement, tels que les frontières administratives, les classifications de sols, la productivité agricole ou encore les données liées aux récoltes.

Un projet pilote en Inde exploitant les téléphones portables et les cartes à puce ?

L'équipe de la Banque en charge des questions d'innovation développe des systèmes de suivi des bénéficiaires et de vérification des services dans d'autres régions. C’est le cas notamment en Inde, dans l'État du Karnataka, où un projet pilote prévoit de mesurer l'efficacité des services de santé fournis aux mères et aux enfants en bas âge.

Le système utilisera vraisemblablement des téléphones portables – de plus en plus abordables et répandus – pour enregistrer en temps réel les résultats des visites effectuées dans les zones les plus enclavées par les personnels de santé, afin de déterminer si les programmes fonctionnent bien, explique Deepak Bathia. Les infirmières pourront envoyer sous forme de SMS des informations sur le nombre de patients vus en consultation, le nombre de vaccinations effectuées, ou encore le nombre d’analyses.

L'équipe prévoit également d'expérimenter différentes options pour vérifier que les patients ont bien reçu les soins et pour connaître leur degré de satisfaction. Les options envisagées comportent l'utilisation de téléphones portables et SMS ou de cartes à puce.

Ce projet pilote a été en partie financé par une subvention octroyée dans le cadre du Mécanisme de partenariat pour la gouvernance, soutenu par le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Norvège. Ce dernier finance également le travail de l'équipe en charge des questions d'innovation.

Naseer Rana explique que son équipe s’efforce d’exploiter les tendances en cours en Asie du Sud en faveur de plus de transparence et de responsabilité, telles que les mesures récentes destinées à améliorer l'accès à information, l'utilisation en progression rapide des téléphones portables, y compris dans les zones rurales, et l'intérêt croissant pour les « audits sociaux » qui permettent de soumettre les projets et les programmes à un examen public. Autant d’éléments qui sont de nature à « faire considérablement progresser la responsabilité », estime Naseer Rana.

« Ces projets pilotes montrent la créativité dont fait preuve le personnel de la Banque mondiale dans des circonstances difficiles. Ils sont très prometteurs en termes d’amélioration de nos résultats, non seulement dans la Région Asie du Sud, mais au niveau de l’ensemble de la Banque », se félicite la Vice-présidente de la Région Asie du Sud Isabel Guerrero.

Et Usman Qamar de conclure : « Dans des environnements non sécurisés comme l'Afghanistan, tous les projets, et en particulier ceux qui sont mis en place dans des zones rurales, peuvent tirer bénéfice de l'utilisation d’une technologie simple comme les appareils photos GPS, qui rassurent les gouvernements et les bailleurs de fonds sur la réalité des opérations sur le terrain. »


« La technologie utilisée sur le terrain, par exemple, ne devait pas être sophisti-quée au point de nécessiter la présence d’un génie de l'informatique pour vous expliquer comment l'utiliser. »

Deepak Bhatia

équipe TIC pour la région Asie du Sud de la Banque mondiale.

L'irrigation en Afghanistan :

  • Seuls 12 % des terres d'Afghanistan sont arables.
  • 85 % des terres arables du pays nécessitent une irrigation.
  • 60 à 70 % des systèmes de captage des eaux souterraines ne sont pas utilisés et les réseaux de canaux sont endommagés.
  • En 2008, le retard dans l'arrivée des pluies et le faible niveau des précipitations a entraîné une chute des récoltes de blé pluvial, provoquant un déficit national de plus de 2 millions de tonnes de blé.

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