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Le ralentissement économique aux États-Unis et ses répercussions sur les transferts de fonds vers l’Amérique latine et les Caraïbes

08 avril 2008


Le 8 avril 2008 - Les transferts de fonds à destination de l’Amérique latine et des Caraïbes se sont élevés à près de 60 milliards de dollars au cours de 2007, faisant de cette région le plus important bénéficiaire de transferts de fonds du monde en développement. Cependant, il ne s’agit que d’une hausse annuelle de 6 %, soit une très faible augmentation par rapport au taux annuel de croissance de 19 % enregistré entre 2000 et 2006.

Le nouveau rapport de la Banque mondiale intitulé Remittances and Development: Lessons from Latin America (Transferts de fonds et développement : leçons de l’Amérique latine), qui analyse le profil des bénéficiaires des transferts de fonds en Amérique latine et dans les Caraïbes, souligne que les retombées positives des transferts de fonds comprennent une meilleure capacité d’épargne, une réduction du taux de pauvreté et des améliorations au niveau des indicateurs en santé et en éducation.

Les choses pourraient toutefois changer de manière radicale si les gouvernements n’agissent pas immédiatement pour faciliter la circulation de transferts de fonds et pour maximiser leur impact sur le développement.

Les auteurs de ce rapport, Humberto López, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région de l’Amérique centrale et Pablo Fajnzylber, économiste principal de la Banque mondiale pour la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, notent que le ralentissement économique actuel aux États-Unis a freiné les transferts de fonds à destination de cette région. La situation pourrait avoir un impact sur la capacité des ménages pauvres bénéficiant de transferts de fonds à faire face aux perturbations économiques telles que la récente hausse des prix des produits alimentaires. Les auteurs soulignent également l’importance des coûts des transferts (vu la faible augmentation des transferts de fonds observée en 2007) et la nécessité de lier les transferts de fonds à des services financiers pour améliorer l’impact à long terme de ces transferts sur le développement.

« Il est impossible d’ignorer le rôle des transferts de fonds dans la région puisqu’ils représentent près de 70 % des investissements étrangers directs et qu’ils sont près de huit fois plus importants que l’aide au développement officielle reçue par la région. Ils aident les familles pauvres à accroître leurs économies et à envoyer leurs enfants à l’école », rappelle Pamela Cox, vice-présidente de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes à la Banque mondiale.

Autres conclusions
Le rapport fait ressortir certains défis importants liés aux transferts de fonds tels que l’exode des cerveaux, les problèmes de surévaluation du véritable taux de change et la perte de la compétitivité internationale.

Une autre conclusion intéressante de ce rapport est le fait que dans des pays tels que le Mexique, le Salvador et le Paraguay, ce sont principalement les ménages les plus pauvres qui bénéficient de transferts de fonds alors que dans d’autres pays tels que le Nicaragua, le Pérou et Haïti, les transferts aident surtout la classe moyenne.

La plupart des migrants du Mexique et de l’Amérique centrale proviennent des segments de la population ayant les niveaux d’éducation les plus faibles. À l’inverse, la majorité des migrants des Caraïbes et de l’Amérique du Sud ont un niveau d’éducation supérieur à celui du reste de la population de leur pays d’origine.

Le rapport Remittances and Development examine les trois principaux problèmes dans ce domaine et émet les recommandations suivantes :

Améliorer l’accès aux services bancaires
Les transferts de fonds ont des retombées positives sur le développement financier en Amérique latine, mais l’accès physique aux succursales bancaires y est plus limité que dans d’autres pays et les coûts des services bancaires y sont plus élevés. En 2004, seulement 7 % de tous les transferts de fonds à destination de l’Amérique latine ont été envoyés par le biais des banques, contre 78 % par des agences de transferts d’argent et 11 % par des personnes visitant leur pays d’origine.

Afin d’améliorer l’accès aux services bancaires pour les migrants et leur famille, les auteurs estiment que les banques devraient faire des efforts pour inciter les migrants à devenir clients, en réduisant leurs frais bancaires et en proposant des produits adaptés aux besoins des migrants. De tels efforts augmenteraient la probabilité que les migrants utilisent leur compte bancaire pour transférer de l’argent, ce qui aurait pour effet d’accroître les retombées des transferts de fonds sur le développement financier local. Les auteurs du rapport notent également que les gouvernements pourraient réduire les coûts des démarches règlementaires des banques ouvrant des succursales et autres guichets pour desservir ces communautés.

Faciliter la circulation des transferts de fonds
Pour les migrants qui envoient de l’argent dans leur pays d’origine, les services de transferts de fonds sont encore chers, avec des frais allant jusqu’à 20 % du capital envoyé, selon la taille et le type de transferts ainsi qu’en fonction de son origine et de sa destination. Dans cette optique, la réglementation devrait encourager une offre de services qui s’adresse au plus grand nombre d’usagers et dont les coûts sont les plus faibles possibles.

Le rapport recommande que les gouvernements et les fournisseurs de services de transferts de fonds facilitent la transparence en recueillant et en publiant une liste comparative des prix et des conditions de services offerts par diverses agences. Les auteurs citent l’exemple du gouvernement du Mexique qui a lancé un portail Web permettant de comparer les prix et les niveaux de sécurité, et de trouver l’emplacement des agences qui permettent d’envoyer de l’argent à partir des États-Unis vers le Mexique. Ces efforts pourraient être complétés par l’enseignement de connaissances financières de base aux utilisateurs.

La Banque propose également que les autorités des pays bénéficiaires permettent à un plus grand nombre d’institutions financières d’avoir accès au marché des transferts de fonds en veillant à ce que leur participation ne soit pas limitée par une réglementation excessivement contraignante. Les sociétés d’épargne et de crédit, les coopératives de crédit et les sociétés de microfinance seraient notamment bien placées pour agir comme agents payeurs puisque leur réseau est souvent plus proche des bénéficiaires habituels des transferts de fonds que ceux des grandes banques commerciales.

Réduire les conséquences macroéconomiques des transferts de fonds
Même si les transferts de fonds ont des retombées positives, ils peuvent également engendrer une appréciation du taux de change et ainsi possiblement réduire la compétitivité internationale des économies respectives.

Dans ce contexte, le rapport recommande que les gouvernements examinent diverses mesures fiscales pour accroître leur productivité ainsi que de possibles réformes pour réduire la fiscalité des revenus du travail.


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