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Selon un rapport de l’ONU, plus de la moitié de la population mondiale vit désormais en ville

11 juillet 2007


11 juillet 2007 – Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les citadins sont plus nombreux que les campagnards.

D’après un nouveau rapport de l’ONU, la population mondiale s’élève actuellement à 6,6 milliards d’habitants dont un peu plus de la moitié vit en milieu urbain, pour la plupart dans les pays en développement.

D’ici à 2050, selon le rapport, la population mondiale fera un bond de plus de 37 %, soit de 6,616 milliards à 9,076 milliards d’habitants, les plus fortes augmentations s’enregistrant en Asie et en Afrique.

Ce rapport paraît au moment où les villes et les pays célèbrent la Journée mondiale de la population et sont confrontés au défi de la transformation des gains démographiques massifs en opportunités.

« Ce qui se passe dans les villes d’Afrique, d’Asie et d’autres régions va donner forme à notre avenir commun », déclare la directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population, Thoraya Ahmed Obaid. « Nous devons abandonner une mentalité qui résiste à l’urbanisation et agir maintenant pour lancer un effort mondial concerté qui aidera les villes à libérer leur potentiel dans le but de stimuler la croissance économique et de résoudre les problèmes sociaux ».

La croissance étant inévitable, les gouvernements doivent élaborer en temps utile des politiques qui permettent de transformer de potentielles crises en opportunités. « S’ils attendent, il sera trop tard », précise Mme Ahmed Obaid. « Cette vague d’urbanisation est sans précédent. Les changements sont trop vastes et trop rapides pour permettre aux planificateurs et aux décideurs de se borner à réagir : en Afrique et en Asie, le nombre de citadins augmente d’environ un million chaque semaine en moyenne. Les dirigeants doivent faire preuve de perspicacité et prendre des mesures prévoyantes afin d’exploiter pleinement les possibilités offertes par l’urbanisation ».

William Cobbett de la Banque mondiale, directeur de l’Alliance des villes, coalition mondiale des villes appuyée par la Banque et visant à réduire la pauvreté en milieu urbain, a déclaré que le rapport de l’ONU identifie « trois urgentes initiatives de politique » consistant à :

  • reconnaître le droit des populations pauvres de vivre en ville, en abandonnant toute tentative de décourager la migration et de freiner la croissance urbaine ;
  • adopter une vision large et à long terme de l’utilisation de l’espace urbain (en fournissant  des terrains viabilisés au minimum pour la construction de logements, en assurant une planification anticipée afin de promouvoir une utilisation durable des terres, et en portant le regard au-delà des limites des villes pour réduire au minimum leur « empreinte écologique ») ; et
  • engager des efforts internationaux concertés visant à appuyer des stratégies pour l’avenir des villes.

Quatre des dix « mégavilles » (abritant au moins 10 millions d’habitants) se trouvent en Asie  du Sud — Bombay, Calcutta, Delhi et Dhaka. L’Asie abrite les 3/5 de la population mondiale, mais c’est l’Afrique qui connaîtra la plus forte croissance démographique au cours des prochaines décennies, indique le rapport.

D’après les projections, la population africaine sera plus de deux fois plus nombreuse d’ici 2050 : elle passera de 945,3 millions à l’heure actuelle à 1,937 milliard d’habitants, 88 % de cette croissance étant enregistré en Afrique subsaharienne où se trouvent bon nombre des pays les plus pauvres de la planète. Si l’Afrique est encore principalement rurale, la future croissance s’observera pour l’essentiel dans les zones urbaines, dont la population passera de 294 millions d’habitants en 2000 à 742 millions en 2030.

Le rapport souligne que la population des autres régions en développement croîtra rapidement, allant de 335 millions à 598,5 millions d’habitants d’ici 2050 dans les pays arabes, et de 576,5 millions à 782,9 millions d’habitants dans les pays d’Amérique latine et des Caraïbes.

En Amérique du Nord, le rythme de croissance devrait être nettement plus lent d’ici à 2050, la population canadienne passant de 32,9 millions  à 42,8 millions d’habitants, et celle des États-Unis de 303,9 millions à 395 millions d’habitants.

L’Europe et certains pays de l’ex-Union soviétique sont les seules régions où l’on s’attend à une baisse démographique. La population européenne devrait diminuer de 727,7 millions à 653 millions d’habitants, et celle de la Russie de 141,9 millions à 111,8 millions d’habitants.  La population ukrainienne connaîtra la plus forte baisse, soit de 45,5 millions à 26,4 millions d’habitants, cette tendance étant alimentée par un faible taux de fécondité ainsi que par la migration continue, notamment la mobilité interne au sein de l’ex-Union soviétique.

Le rapport relève que même si beaucoup d’attention est accordée aux 20 mégavilles du monde, plus de la moitié des citadins de la planète vivent dans des villes de moins de 500 000 habitants.  Il ressort de l’étude que ces villes de plus petite taille disposent de terrains non aménagés et possèdent le potentiel économique pour faire face aux chocs démographiques, mais elles sont handicapées par l’inhabitabilité des logements et l’insuffisance des infrastructures, notamment celles d’approvisionnement en eau et d’assainissement.

L’un des mythes de la croissance urbaine, souligne le rapport, est que l’exode rural doit être contenu. Le rapport note que les migrants qui s’installent en ville opèrent généralement des « choix rationnels » qui leur donnent plus d’options d’habitabilité que n’auraient pu leur offrir les villages ruraux. L’ouvrage Migrations internationales, développement économique et politique que vient de publier la Banque mondiale tire une conclusion similaire.


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