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Fiche d’information05 juin 2025

Actualisation des seuils mondiaux de pauvreté de juin 2025

La Banque mondiale vient d’actualiser les seuils mondiaux de pauvreté. Cette décision fait suite à la publication de nouvelles parités de pouvoir d’achat (PPA) par le Programme de comparaison internationale (PCI) (a) en mai 2024. Les PPA sont le principal outil permettant de convertir les différentes monnaies nationales en une unité commune et comparable, en corrigeant les écarts de prix entre pays. Avec cette nouvelle actualisation, le seuil international de pauvreté passe à 3 dollars par personne et par jour, le précédent seuil, fixé à 2,15 dollars, étant basé sur les PPA de 2017. Les questions-réponses ci-dessous fournissent de plus amples informations sur ce changement et ses conséquences sur le plan de la mesure de la pauvreté mondiale. Pour des informations plus techniques, reportez-vous à ce document (a). 

Depuis 1990, la Banque mondiale publie des estimations du nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans le monde. Ces estimations sont basées sur la manière dont les pays les plus pauvres du monde définissent la pauvreté, cette définition rendant généralement compte des besoins fondamentaux de la population : se nourrir, se loger, se vêtir... Elles ont également été intégrées dans les Objectifs de développement durable et, précédemment, dans les Objectifs du Millénaire pour le développement. 

Outre le seuil mondial d’extrême pauvreté, la Banque publie une série d’indicateurs supplémentaires qui fournissent une description plus complète de la répartition des revenus et de la consommation dans le monde. Le seuil d’extrême pauvreté correspond aux critères de détermination de la pauvreté dans les pays les plus pauvres, lesquels sont moins pertinents dans les pays à revenu intermédiaire. C’est pourquoi la Banque mondiale utilise également deux seuils de pauvreté plus élevés, qui sont caractéristiques des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et supérieure. Par ailleurs, elle a également mis au point un indicateur de pauvreté sociétale, qui correspond à un seuil de pauvreté relatif ajusté en fonction du niveau de revenu de chaque pays. Enfin, il existe également une mesure de la pauvreté multidimensionnelle, qui rend compte de la pauvreté au-delà du revenu monétaire ou de la consommation. 

Ces indicateurs de la pauvreté mondiale servent à suivre les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs mondiaux fixés par la Banque, les Nations Unies et d’autres partenaires de développement. Ils sont également utiles pour des comparaisons entre pays et pour l’établissement de points de référence. Cependant, il est important de souligner leurs limites. Par exemple, pour évaluer le niveau et l’évolution de la pauvreté dans un pays donné, le seuil national de pauvreté est la référence la plus appropriée. De même, c’est le seuil national qui doit servir de base au dialogue sur les politiques à mener ou au ciblage des programmes visant à atteindre les plus pauvres, car il rend compte des dimensions de la pauvreté pertinentes dans un contexte donné. 

Nos seuils de pauvreté sont régulièrement actualisés afin de refléter l’évolution des niveaux de prix à l’échelle mondiale. Le seuil international de pauvreté — tout comme ceux établis pour les pays à revenu intermédiaire inférieur et supérieur — repose sur les statistiques du Programme de comparaison internationale (PCI), qui collecte des données comparatives sur les prix afin de produire des parités de pouvoir d’achat (PPA) pour l’ensemble des économies du monde. Les informations les plus récentes sur les prix (recueillies en 2021) ont été publiées en mai 2024, et elles sont désormais intégrées aux données de la Banque mondiale afin de fournir une estimation la plus précise possible de la pauvreté mondiale. En outre, le nouveau seuil international de pauvreté tient également compte des récentes améliorations apportées à la mesure du bien-être dans les pays à faible revenu. 

Cette nouvelle actualisation du seuil international de pauvreté s’est effectuée selon la méthodologie utilisée lors des précédentes révisions, depuis l’établissement du seuil d’un dollar par jour en 1990. Elle se distingue cependant par le fait que la Banque mondiale a été en mesure d’appliquer les nouveaux calculs de PPA plus rapidement qu’auparavant.  

Le seuil international de pauvreté est actualisé de manière périodique afin de tenir compte de l’évolution des prix dans le monde. Son relèvement reflète également la disponibilité de données de meilleure qualité sur les coûts supportés par les populations des pays à faible revenu pour répondre à leurs besoins essentiels (alimentation, habillement et logement). Les données sont actualisées, mais les méthodes utilisées pour calculer le seuil international de pauvreté n’ont pas changé. Le seuil international de pauvreté avait été mis à jour pour la dernière fois en 2022, lors de la révision des niveaux de prix entre les PPA de 2011 et celles de 2017. 

Cependant, même si les montants sont actualisés, le seuil international de pauvreté fonctionne toujours de la même manière que lors de son introduction en 1990 : il permet de dénombrer les personnes en situation de pauvreté absolue selon les normes des pays les plus pauvres du monde. 

La Banque mondiale utilisera les estimations de la pauvreté basées sur les PPA de 2021 pour ses principaux rapports. Les estimations reposant sur les PPA de 2017 seront toujours disponibles sur la plateforme Pauvreté et inégalités (PIP) (a), ce qui donnera la possibilité de comparer les chiffres clés et les données historiques à partir d’autres PPA. La plateforme PIP permet en outre aux utilisateurs de fixer leurs propres seuils de pauvreté.  

Le seuil international de pauvreté correspond au seuil national de pauvreté médian dans les pays à faible revenu. La Banque mondiale définit deux autres seuils, qui correspondent à la situation des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et supérieure. Ces deux seuils permettent de mieux évaluer la pauvreté dans les pays à revenu intermédiaire, où l’extrême pauvreté est moins répandue. Ils ont également fait l’objet d’une actualisation à la suite de la publication de nouvelles PPA pour l'année de référence 2021, qui viennent remplacer celles de 2017.  

Les seuils pour les pays à revenu intermédiaire ont également été révisés pour intégrer les données officielles les plus récentes concernant les seuils nationaux de pauvreté de plus de 60 économies (par rapport à la mise à jour précédente). Ces nouveaux seuils traduisent en partie une élévation des critères définissant la pauvreté. Pour le suivi mondial de la pauvreté, nous avons maintenu une approche cohérente dans le temps : nous nous appuyons sur le savoir collectif des pays en matière de pauvreté monétaire afin de définir un seuil représentatif de la pauvreté à l’échelle mondiale. 

L’objectif de la Banque mondiale — réduire le taux d’extrême pauvreté à moins de 3 % d’ici à 2030 — n’a pas changé. La révision du seuil international de pauvreté ne découle pas d’un changement méthodologique dans la manière de mesurer la pauvreté mondiale, mais de l’actualisation des données. La disponibilité d’enquêtes de meilleure qualité dans les pays à faible revenu permet de mieux évaluer le niveau de vie des ménages et de définir un point de référence plus précis pour suivre l’évolution de la pauvreté monétaire à l’échelle mondiale. Le nouveau seuil mondial d’extrême pauvreté reflète ainsi une estimation plus exacte de la valeur correspondant à un niveau minimal de consommation de biens et de services.  

En revanche, pour les pays à revenu intermédiaire inférieur et supérieur, où les données sont relativement de bonne qualité, les ajustements des seuils de pauvreté peuvent correspondre à des hausses de valeur liées à l’enrichissement de ces pays. Ainsi, certains pays peuvent présenter un niveau de pauvreté plus élevé même sans modification réelle de leurs données. Il est cependant important de souligner que, pour le suivi mondial, le seuil représentatif propre à chaque groupe de revenu constitue un repère utile. Les comparaisons entre pays sont régulièrement utilisées dans les indicateurs économiques, même si les méthodes qui les sous-tendent varient. 

Sous la houlette de la Commission de statistique des Nations Unies (UNSC) et coordonné par la Banque mondiale, le Programme de comparaison internationale (PCI) constitue l’une des plus vastes initiatives statistiques au monde. Il est mis en œuvre dans le cadre d’un partenariat mondial de pays et d’organisations multilatérales, qui s’appuie sur un cadre de gouvernance bien établi. 

Lors de sa 47e session tenue en mars 2016, la UNSC a fait du PCI un élément permanent du programme statistique mondial et a augmenté la fréquence de ses cycles d'enquête, pour la porter à trois ans à compter de 2017. Cependant, en raison des perturbations causées par la pandémie de COVID-19, le Conseil de direction du PCI, après avoir consulté les organismes de mise en œuvre régionaux et l’Équipe consultative technique spéciale, a reporté le cycle de 2020 à 2021. 

Bien que les difficultés liées à la pandémie aient perduré en 2021, c’est l’année au cours de laquelle la plupart des pays ont commencé à assouplir les restrictions sanitaires et à reprendre progressivement leur activité économique. De ce fait, 2021 constitue la première référence post-COVID des niveaux de prix à l’échelle mondiale. Afin d’aider les pays, le PCI a fourni des lignes directrices complètes sur la collecte des prix pendant la pandémie, ce qui a permis de garantir la qualité et la cohérence des données. 

Pour suivre l’évolution de la pauvreté dans le monde, la Banque compile et harmonise les données d’enquêtes auprès des ménages menées dans les pays du monde entier. Afin de produire des agrégats, un seuil minimal de couverture de la population est utilisé. Ce seuil permet de s’assurer que les données disponibles représentent une part suffisante de la population concernée. Pour pouvoir présenter un agrégat régional, les données d’enquête doivent avoir été recueillies dans les trois années précédant l’année de référence et représenter plus de la moitié de la population de la région. Pour produire un agrégat mondial, cette même règle s’applique, avec une exigence supplémentaire : les données doivent aussi couvrir plus de la moitié de la population des pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure, où vit la majorité des personnes pauvres dans le monde. Lorsque ces seuils ne sont pas atteints, les courbes de tendance ne sont soit pas affichées, soit représentées par des lignes en pointillés. 

Avec l’actualisation de juin 2025, la couverture de la population est suffisante pour publier des estimations jusqu’en 2023, pour le monde entier ainsi que pour toutes les régions, à l’exception de l’Afrique subsaharienne. La disponibilité de données d’enquête pour l’Égypte a permis d’assurer la couverture de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, qui n’était pas incluse lors de l'actualisation précédente des chiffres de la pauvreté (septembre 2024). En Afrique subsaharienne, la couverture est particulièrement limitée en Afrique de l’Ouest en raison de l’absence de données récentes pour le Nigéria.  

Le seuil international de pauvreté est utilisé pour évaluer l’évolution de l’extrême pauvreté à l’échelle mondiale et pour mesurer ainsi les progrès accomplis au regard des objectifs mondiaux fixés par la Banque mondiale, les Nations Unies et d’autres partenaires de développement.  

Pour informer les politiques publiques d’un pays ou cibler ses programmes en direction des plus pauvres, il convient d’utiliser plutôt son seuil national de pauvreté. 

Le nouveau seuil international de pauvreté est fixé à 3 dollars, en dollars internationaux de 2021. Toute personne qui dispose de moins de 3 dollars par jour est considérée comme vivant dans l’extrême pauvreté. En 2022, environ 838 millions de personnes vivaient dans l’extrême pauvreté selon ce nouveau seuil, ce qui représente une révision à la hausse d’environ 125 millions de personnes par rapport à l’estimation précédente — 713 millions —, qui datait de septembre 2024 et reposait sur un seuil de 2,15 dollars et des PPA de 2017. 

S’agissant de l’actualisation de juin 2025, trois facteurs principaux expliquent les révisions apportées aux estimations précédemment publiées. Tout d’abord, l’adoption des PPA de 2021. Ensuite, la révision du seuil international de pauvreté, qui découle à la fois des nouvelles PPA et de la mise à jour des seuils de pauvreté nationaux utilisés comme base de calcul. Enfin, l’actualisation des données issues des enquêtes auprès des ménages, notamment grâce à de nouvelles données disponibles pour l’Inde. 

L’impact global résulte de la combinaison de ces trois facteurs : au total, les nouvelles PPA, le nouveau seuil de pauvreté et les nouvelles données d’enquête entraînent une révision à la hausse du nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté, estimée à environ 125 millions de personnes supplémentaires en 2022. Si le nombre de personnes en situation d’extrême pauvreté est revu à la baisse en Asie du Sud (-45 millions), toutes les autres régions font l’objet de révisions à la hausse. La révision la plus importante concerne l’Afrique subsaharienne, où les nouvelles estimations font état de 111 millions de personnes supplémentaires en situation d’extrême pauvreté. 

Le seuil de pauvreté fixé pour les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure a été relevé, passant de 3,65 à 4,20 dollars ; le seuil pour les pays à revenu intermédiaire supérieur est lui aussi révisé, passant de 6,85 à 8,30 dollars. 

Soit une hausse respective de 15 % et 21 % du montant du seuil. 

Les trois facteurs cités précédemment (nouvelles PPA, nouveaux seuils de pauvreté et nouvelles données d’enquête) se conjuguent pour entraîner une révision à la baisse du nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté dans les pays à revenu intermédiaire inférieur en 2022, à hauteur de 180 millions de personnes de moins par rapport aux estimations de septembre 2024. Cette diminution s’explique principalement par les nouvelles données d’enquête disponibles pour l’Inde et couvrant 2022/2023. La modification des PPA, conjuguée au nouveau seuil de 4,20 dollars, contribue également à cette révision à la baisse. 

En revanche, pour les pays à revenu intermédiaire supérieur, la mise à jour conduit à une révision à la hausse du nombre de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté en 2022, à hauteur de 258 millions de personnes supplémentaires. À bien des égards, ces résultats s’opposent à ceux observés à la suite de la révision du seuil des pays à revenu intermédiaire inférieur. L’explication principale réside dans la révision des PPA, qui a conduit en particulier à un relèvement du seuil pour les pays à revenu intermédiaire supérieur, dont beaucoup utilisent des seuils de pauvreté relatifs. L’inclusion de nouvelles données d’enquête, provenant principalement de l’Inde, entraîne elle aussi une révision à la hausse des estimations pour 2022 (+95 millions de personnes au-dessous du seuil de pauvreté). 

Les révisions des seuils de pauvreté des pays à revenu intermédiaire inférieur et supérieur ont une moindre incidence sur les données historiques. Ainsi, les taux de pauvreté historiques calculés en utilisant le seuil de pauvreté des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure restent pratiquement inchangés, tandis que les estimations plus récentes (à partir de 2013) ont été révisées à la baisse. L’incidence de la pauvreté au seuil fixé pour les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure est rehaussée d’environ 3 points de pourcentage en 2022, tandis que la tendance historique fait l’objet d’une révision plus modérée. En conséquence, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté représentatif des pays à revenu intermédiaire supérieur atteint à l’échelle mondiale environ 3,8 milliards en 2022, soit légèrement plus qu’en 1990, où ce chiffre s’élevait à 3,7 milliards. 

Les révisions des taux de pauvreté d’un pays peuvent s’expliquer par plusieurs facteurs. Elles peuvent tout d’abord découler directement des nouvelles informations sur les prix intégrées dans les PPA. Par exemple, avec les nouvelles PPA, le niveau des prix dans un pays donné peut se révéler plus élevé qu’estimé auparavant. Cela signifie que la monnaie locale a en réalité un pouvoir d’achat plus faible, ce qui entraînera une hausse du taux de pauvreté, toutes choses égales par ailleurs. Ensuite, les seuils internationaux de pauvreté sont eux aussi révisés à partir des nouvelles PPA, mais aussi en fonction des seuils de pauvreté nationaux sous-jacents. Par exemple, dans la mise à jour de juin 2025 basée sur les PPA de 2021, le seuil international d’extrême pauvreté est relevé d’environ 40 %, une augmentation bien supérieure à ce que l’on pourrait expliquer uniquement par l’évolution des prix. 

Les changements de PPA et de seuils de pauvreté peuvent entraîner une révision des niveaux de pauvreté des pays, mais ils n’affectent généralement pas la tendance de la pauvreté dans le temps. En d’autres termes, ces révisions ne font que décaler vers le haut ou vers le bas la courbe des taux de pauvreté.  

Un autre facteur de révision des estimations de la pauvreté est l’intégration de nouvelles données d’enquête, qui remplacent les estimations antérieures. Par exemple, la mise à jour de juin 2025 intègre de nouvelles données pour l’Inde, qui viennent modifier le taux de pauvreté estimé pour ce pays.  

Les changements de seuils de pauvreté ne modifient pas la réalité quotidienne des personnes concernées. Cependant, ils permettent de mieux en rendre compte, et donc d’adopter des politiques publiques plus efficaces et plus ciblées pour lutter contre la pauvreté. C’est un peu comme un médecin qui dispose de meilleures informations et de meilleurs outils pour diagnostiquer et traiter une pathologie.  

Enfin, il convient de rappeler que lorsqu’on analyse les tendances pour un pays donné, le seuil national de pauvreté reste l’indicateur le plus pertinent. Il reflète une définition de la pauvreté adaptée au contexte national, et la manière dont elle doit être actualisée au fil du temps pour tenir compte de l’évolution des méthodes d’enquête et des besoins.  

Les seuils nationaux de pauvreté reflètent la manière dont chaque pays définit le niveau de ressources nécessaires pour qu’une personne ne tombe pas dans la pauvreté. Ces seuils sont régulièrement révisés afin de tenir compte des nouvelles données d’enquête et de prix au niveau national. Dans la mise à jour actuelle, la révision à la hausse des seuils nationaux servant de base au calcul du seuil international de pauvreté joue un rôle particulièrement important.  

De nombreux pays à faible revenu, qui ont récemment adopté des méthodologies améliorées pour mesurer le bien-être des ménages, ont également établi de nouveaux seuils nationaux de pauvreté, généralement selon l’approche dite du « coût des besoins de base ». Cette méthode consiste à évaluer le coût d’un panier correspondant aux habitudes alimentaires réelles de la population, auquel s’ajoute une composante de la consommation des ménages non alimentaire et reposant sur des estimations. Avec l’amélioration des méthodes d’enquête, la consommation mesurée a tendance à augmenter, ce qui conduit mécaniquement à une hausse des seuils nationaux de pauvreté. Ainsi, les seuils nationaux de pauvreté sont spécifiquement conçus en fonction des données issues des enquêtes utilisées.  

Lorsque de nouvelles PPA sont adoptées, l’ensemble de la série historique est révisé. À ce titre, la Banque mondiale présente un aperçu révisé des progrès accomplis dans la lutte contre l’extrême pauvreté dans le monde. Si la tendance observée depuis 1990 reste globalement inchangée, le niveau d’extrême pauvreté a été révisé à la hausse, surtout pour les années les plus anciennes, ce qui suggère des progrès encore plus rapides qu’estimés auparavant. Pour 1990, le niveau d’extrême pauvreté est révisé à la hausse de 6 points de pourcentage, contre +1,5 point seulement pour 2022. Ces données révisées indiquent qu’environ 1,5 milliard de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté entre 1990 et 2022, contre 1,3 milliard selon les estimations antérieures. Cette révision historique s’explique principalement par les ajustements dans la région Asie de l’Est-Pacifique, et plus particulièrement en Chine.  

Le nouveau seuil international de pauvreté influe sur l’estimation du niveau actuel de l’extrême pauvreté, mais il ne modifie pas de manière significative les tendances récentes ni les projections mondiales. Par conséquent, les principales conclusions du Rapport sur la pauvreté, la prospérité et la planète sont toujours d'actualité. De fait, certains constats et recommandations apparaissent même encore plus pertinents : le niveau de pauvreté dans le monde est plus élevé qu’estimé précédemment ; la réduction de la pauvreté a ralenti au point d'être quasiment au point mort ; les années 2020 s’annoncent comme une décennie perdue ; et une part encore plus importante de l’extrême pauvreté mondiale se concentre en Afrique subsaharienne. 

Compte tenu des données actualisées, la Banque mondiale prévoit désormais que 9 % de la population mondiale vivra encore dans l’extrême pauvreté en 2030. Ainsi, la cible des Objectifs de développement durable (ODD) visant à éradiquer l’extrême pauvreté, ainsi que l’objectif fixé par la Banque mondiale de ramener ce taux à 3 % ou moins d’ici à 2030, apparaissent encore plus hors de portée.  

Au cours des dernières décennies, l’Inde a modifié sa méthode de collecte des données sur la consommation. Les enquêtes reposaient traditionnellement sur la « période de référence uniforme » (URP), où l’on demandait aux répondants de déclarer leur consommation sur les 30 derniers jours. Avec le cycle 2011-2012 de la National Sample Survey (NSS), une nouvelle méthode a été introduite, en complément de l’URP : la « période de référence mixte modifiée ». Selon cette méthode, les répondants déclarent leur consommation comme suit : sur les 7 derniers jours pour les produits périssables, sur les 365 derniers jours pour cinq dépenses peu fréquentes, et sur les 30 derniers jours pour les autres biens et services. Afin d’assurer une comparabilité dans le temps, les estimations de la Banque mondiale sur la pauvreté en Inde publiées sur la plateforme Pauvreté et inégalités (PIP) étaient jusqu’à présent basées sur les données de consommation obtenues selon la méthode URP. Cependant, les nouvelles microdonnées issues de l’enquête sur la consommation et les dépenses des ménages (HCES) pour 2022-2023, qui sont intégrées dans la mise à jour de juin 2025 des estimations de la pauvreté mondiale, ne reposent que sur la méthode MMRP. Par conséquent, l’ensemble de la série chronologique disponible pour l’Inde a été ajusté pour tenir compte de ce changement. 

L’enquête de 2011-2012 comportait des agrégats obtenus à l’aide des méthodes URP et MMRP, ce qui a permis de comparer les estimations de pauvreté selon les deux approches. Par souci de comparabilité, les estimations pour 2011/12 de la plateforme PIP ont fait l’objet d’une révision selon la méthode MMRP, qui s'est accompagnée de plusieurs améliorations méthodologiques. Les agrégats de dépenses nominales ont ainsi été remplacés par des agrégats de bien-être économique, intégrant notamment un ajustement pour les différences de coût de la vie. Il en résulte une révision de l'évolution de la pauvreté entre 2011-2012 et 2022-2023.  

Avec ces ajustements, le taux d’extrême pauvreté en Inde, calculé à partir d’un agrégat de bien-être basé sur la méthode MMRP, est estimé à 16,2 % en 2011-12 et 2,3 % en 2022-23. ll s’agit d’une modification importante des estimations du taux de pauvreté pour ce pays, mais qui n'est pas sans précédent. De nombreux pays à travers le monde ont amélioré leur mesure de la consommation, ce qui se traduit par des niveaux de consommation mesurés plus élevés, comme c’est le cas pour l’Inde (voir l’annexe du chapitre 1 dans Banque mondiale, 2024 [a]).  

Les estimations antérieures à 2011 ont été ajustées pour tenir compte des deux changements mentionnés ci-dessus. Les anciennes estimations pour la période 2015–2016 à 2021–2022, qui n’étaient pas comparables, ont été supprimées de la plateforme PIP. De plus amples informations sur les modifications apportées aux données de l’Inde sont disponibles ici (a) et dans ce document méthodologique de référence (a).  

Les parités de pouvoir d’achat (PPA) sont à la fois des facteurs de conversion monétaire et des indices de comparaison des niveaux de prix entre pays. Elles permettent de convertir les monnaies nationales en une unité commune de référence, en prenant en compte les différences de prix entre pays pour exprimer un pouvoir d’achat équivalent. Les PPA représentent le coût d’un panier type de biens et services dans chaque pays, comparé à une économie de référence. 

Les PPA sont calculées par le Programme de comparaison internationale (PCI) (a), un programme statistique indépendant dont le bureau mondial est hébergé par la Banque mondiale (au sein de sa cellule Gestion des données sur le développement), sous l’égide de la Commission de statistique des Nations Unies. 

Le PCI produit des données comparables sur le volume du PIB et ses composantes de dépenses, en se basant sur les PPA. Pour ce faire, il coordonne la collecte de données harmonisées sur les prix et les dépenses nationales dans les pays participants. Les données sur les prix sont collectées pour un panier commun de biens et services, tandis que les dépenses sont compilées à partir des comptes nationaux de chaque pays, exprimées en monnaie locale. 

Le PCI applique les meilleures pratiques en matière de statistiques officielles et s’appuie sur une solide structure de gouvernance. Il garantit que les PPA et les résultats associés sont produits de manière indépendante, selon des méthodes harmonisées, rigoureuses et transparentes. Ces méthodes sont mises au point par des experts techniques et évaluées par des spécialistes reconnus. Avant publication, tous les résultats sont soumis à un contrôle méthodologique approfondi par l’Équipe consultative technique spéciale du PCI. 

Le site web du PCI propose une section FAQ (a) utile pour mieux comprendre les objectifs du programme, ses concepts fondamentaux, ses sources de données, ses méthodes et ses applications. 

Les résultats du prochain cycle du PCI, portant sur l’année 2024, sont prévus pour 2027. Ils comprendront de nouvelles PPA de référence pour 2024, des PPA révisées pour 2021, ainsi que des PPA pour 2022 et 2023 estimées par interpolation. 

Les estimations des seuils de pauvreté établis par la Banque mondiale reposent sur les seuils de pauvreté nationaux définis par chaque pays. Il s’agit généralement du montant en dessous duquel une personne dans un pays donné ne peut pas subvenir à ses besoins essentiels d’alimentation, d’habillement et de logement. Ces seuils nationaux de pauvreté augmentent donc en fonction du niveau de revenu global des différents pays. 

Comme ils varient d’un pays à l’autre, il n’est pas possible d’obtenir une mesure mondiale de l’extrême pauvreté en additionnant simplement les taux de pauvreté nationaux. Cela reviendrait à utiliser une mesure différente dans chaque pays pour déterminer qui est pauvre. Nous avons donc besoin d’un seuil qui mesure la pauvreté dans tous les pays avec un même étalon.  

En 1990, un groupe de chercheurs a étudié les seuils nationaux de pauvreté de certains des pays les plus pauvres du monde, puis les a convertis dans une monnaie commune en utilisant des taux de change en PPA. Ainsi, le taux de conversion utilisé garantit que les prix d’une même quantité de biens et de services sont équivalents d’un pays à un autre. À la suite de cette conversion, il est apparu que dans six de ces pays très pauvres dans les années 1980, la valeur du seuil national de pauvreté était d’environ 1 dollar par jour et par personne (aux prix de 1985). C’est ainsi qu’a été défini le premier seuil international de pauvreté. 

En 2022, il avait été relevé à 2,15 dollars, ce montant correspondant à la médiane des seuils nationaux de pauvreté de 28 pays parmi les économies à faible revenu, exprimés en PPA de 2017. C’est une méthode similaire qui a été actualisée pour l’actuelle mise à jour. Nous avons identifié les 23 pays classés dans la catégorie des économies à faible revenu au moment où ils ont fixé leur seuil national de pauvreté le plus récent. Nous avons ensuite converti leurs seuils nationaux de pauvreté en dollars internationaux en utilisant les nouveaux facteurs de conversion basés sur les PPA de 2021. Enfin, nous avons déterminé la valeur médiane parmi ces 23 seuils de pauvreté. Cette médiane est de 3,04 dollars, ce qui correspond au seuil national de pauvreté du Burkina Faso en 2022 (exprimé en PPA de 2021). Conformément à la pratique établie, cette valeur est arrondie à la dizaine de cents la plus proche, ce qui fixe le nouveau seuil international de pauvreté à 3 dollars (en PPA de 2021). 

Pour de plus amples détails sur la méthodologie de calcul et de révision du seuil international de pauvreté, consultez ce billet (a) et ce document de travail (a). Pour savoir comment le seuil international de pauvreté était révisé par le passé, vous pouvez vous reporter à Ferreira et al. (2016) (a) et Ravallion et al. (2009) (a). 

Le seuil international d’extrême pauvreté est exprimé en dollars internationaux (USD), calculés sur la base des parités de pouvoir d’achat (PPA). Il est déterminé à partir des seuils nationaux de pauvreté établis par chaque pays dans sa propre monnaie, puis convertis à l’aide des PPA fournies par le Programme de comparaison internationale (PCI), afin de permettre des comparaisons mondiales. 

La révision du seuil la plus récente (juin 2025) est le résultat de plusieurs facteurs : 

  1. Nouvelles PPA : Le passage des PPA de 2017 à celles de 2021 entraîne une hausse moyenne de 13 % du revenu ou de la consommation en termes nominaux, ce qui dépasse légèrement l’inflation aux États-Unis sur la même période (11 %). Dans les pays à faible revenu, cette augmentation est plus marquée, pour se situer à environ 21 %. 
  2. Révisions des seuils nationaux de pauvreté : Depuis la dernière actualisation basée sur les PPA de 2017, plusieurs pays à faible revenu ont relevé leur seuil de pauvreté. Au cours des dernières années, beaucoup d’entre eux ont en effet amélioré leurs méthodes de collecte des données auprès des ménages, ce qui a permis de mieux mesurer la consommation réelle et conduit à des révisions à la hausse de cet agrégat. Cela ne signifie pas que ces pays se sont soudainement enrichis, mais que les nouvelles données rendent mieux compte de la consommation réelle (par exemple, en incluant les repas pris à l’extérieur du domicile). Lorsqu’un pays met à jour sa mesure de la consommation, il doit également revoir le seuil qui définit la pauvreté — dans les pays à faible revenu, ces seuils sont généralement fondés sur le coût des besoins de base. Et, lorsque les seuils nationaux de pauvreté sont révisés à la hausse, cela se répercute sur le niveau du seuil international de pauvreté, puisque celui-ci correspond au seuil de pauvreté type des pays à faible revenu. 
  3. Autres facteurs : Des changements dans la classification des pays selon le revenu ainsi qu’une meilleure disponibilité des données jouent également un rôle dans cette révision. 

Tous ces éléments réunis contribuent au relèvement du seuil international de pauvreté. L'intégration des nouvelles PPA entraîne à elle seule une augmentation d’environ 0,35 dollar (en faisant passer le seuil de 2,15 à 2,50 dollars). Le reste de l’augmentation, soit 0,50 dollar (ce qui porte le seuil à 3 dollars), provient principalement de la révision des seuils nationaux de pauvreté dans les pays à faible revenu. 

Pour en savoir plus sur la méthodologie qui sous-tend l’actualisation de juin 2025, reportez-vous à ce document de travail (a). 

Il existe de nombreux indicateurs non monétaires (en matière d’éducation, de santé, d’assainissement, d’eau, d’électricité, etc.) qui sont extrêmement importants pour pouvoir appréhender les nombreuses dimensions de la pauvreté telle qu’elle est vécue par les personnes concernées. Ces diverses mesures de la pauvreté se complètent, sachant qu’il est essentiel d’adopter une vision plus large pour améliorer efficacement les conditions de vie des populations les plus pauvres.  

C'est pourquoi la Banque mondiale assure également le suivi d’un taux de pauvreté multidimensionnelle (a), qui intègre à la fois des dimensions monétaires et non monétaires de la pauvreté.