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publication 07 juin 2019

Comment le Gabon peut-il améliorer l’efficacité de ses dépenses publiques ?

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LES POINTS MARQUANTS

  • Un récent rapport de la Banque mondiale analyses les dépenses publiques du Gabon sur la période 2012 à 2017
  • L’étude constate que le gouvernement doit s’adapter à la baisse de ses ressources liée au choc pétrolier de 2014
  • Il s’agira d’accroître sa marge de manœuvre budgétaire, pour pouvoir allouer plus de ressources aux secteurs prioritaires, comme l’éducation et d’améliorer l’efficience de ses dépenses dans tous les secteurs

LIBREVILLE, le 6 juin 2019―La dernière revue des dépenses publiques du Gabon, publiée par la Banque mondiale, constate que dans un contexte macroéconomique tendu qui accentue les défis du chômage élevé, de la pauvreté et des inégalités, le Gabon doit faire des choix budgétaires pour s’adapter à la diminution de ses ressources publiques. Mais il faudra aussi veiller à ce que ces ajustements budgétaires n’affectent pas la qualité des biens et des services publics et n’entravent le développement.

Intitulée Améliorer la qualité de la dépense publique pour favoriser une croissance inclusive. Cette étude, qui couvre la période 2012 à 2017, évalue la qualité des dépenses publiques et détermine si elles sont conformes aux objectifs de développement du Gabon. Elle se concentre plus spécifiquement sur les dépenses publiques dans les secteurs de l'éducation, de la protection sociale et de la santé, qui sont cruciaux pour le développement socio-économique et la réduction de la pauvreté.

Le choc pétrolier de 2014 a provoqué une grave récession au sein des pays de la zone CEMAC, obligeant les pays comme le Gabon à donner la priorité au rééquilibrage budgétaire au détriment de dotations consacrées au développement. Avec une masse salariale importante, l’administration publique représente aujourd’hui le premier poste de dépense du Gabon, devant le logement, la santé, l'éducation et la protection sociale.

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Sources : Manuel de statistiques de finances publiques du FMI, autorités nationales, et estimations du personnel de la Banque mondiale.

Dans un souci d’optimisation de la qualité des dépenses publiques, l’étude suggère deux pistes prioritaires pour le Gabon : la première est d’accroître sa marge de manœuvre budgétaire, pour pouvoir allouer plus de ressources aux secteurs prioritaires, et la seconde d’améliorer l’efficience de ses dépenses dans tous les secteurs. Il faudrait notamment allouer moins de dotations à l'administration publique et privilégier l’accès au logement, la santé, l'éducation et la protection sociale.

Comment accroître la marge de manœuvre budgétaire ?

Pour permettre au gouvernement d’accroître sa marge de manœuvre budgétaire de façon durable, il est crucial de poursuivre les efforts entrepris ces dernières années pour diversifier l’économie. Une économie peu ou pas diversifiée est en effet plus exposée aux chocs extérieurs, comme cela a été le cas récemment avec la baisse brutale des prix du pétrole. Par ailleurs, en diversifiant davantage son économie, le Gabon serait en mesure de générer de nouvelles sources de revenus et de mobiliser davantage de recettes intérieures, tout en créant un plus grand nombre d’opportunités d’emplois pour les générations futures. Des solutions à plus court terme existent néanmoins pour permettre au gouvernement de consolider plus rapidement son équilibre budgétaire.

Parmi les nombreuses recommendations qui pourraient être mise en œuvre à court terme :

  • Mettre en œuvre le nouveau code régissant la passation des marchés publics et responsabiliser l’agence des marchés publics pour renforcer le processus de marchés publics ;
  • mettre à jour le plan national d’infrastructures et assurer une plus grande cohérence entre les plans sectoriels, en exigeant des mises à jour et des examens réguliers, pour une meilleure cohérence entre les plans sectoriels et une planification fondée sur des estimations réalistes des ressources ;
  • améliorer les contrôles en matière de recrutement et mettre en œuvre de nouvelles procédures d’embauche afin de gérer plus efficacement la masse salariale ;
  • concernant la mobilisation de recettes non pétrolières, développer des indicateurs de risque et classer les contribuables en fonction des risques afin de afin de faciliter un contrôle axé sur le risque.

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Jeunes lycéens, Libreville.

Comment améliorer la qualité des dépenses dans tous les secteurs pour promouvoir le développement humain ?

L’étude s’est particulièrement penchée sur l’éducation, la protection sociale et la santé. La récente Enquête gabonaise pour l’évaluation de la pauvreté (EGEP 2) a montré que la pauvreté se situait à 33,4 % en 2017 tandis l’indice de capital humain reste très bas, à 0,45 ce qui veut dire que le potentiel en capital humain des gabonais n’est exploitable qu’à un niveau maximum de 45 pourcents.

Parmi les recommandations faites :

  • dans le domaine de l’éducation, accroître la part des dépenses allouées à l’enseignement primaire et secondaire, tout en améliorant sa qualité ainsi que l’accès au collège dans les zones mal desservies ;
  • en matière de protection sociale, mieux cibler les services non contributifs pour avoir un plus grand impact sur la réduction de la pauvreté ;
  • dans le secteur de la santé, réorienter les dépenses au profit des soins préventifs dispensés dans les établissements de soins primaires et secondaires, pour améliorer le traitement les patients et les résultats en matière de santé publique.

Dans plusieurs de ces secteurs, certaines recommandations sont en cours de mise en œuvre, notamment dans le secteur de la santé où un projet pilote est mis en œuvre pour instaurer un mécanisme de financement basé sur la performance. Dans le domaine de la protection sociale, une nouvelle loi sur la définition des Gabonais économiquement faibles (GEF) a été promulguée et les mécanismes d’identification des bénéficiaires des filets de protection sociale sont en train d’être revus.