Le Rapport sur la situation économique du Cameroun 2025, intitulé « L'or vert du Cameroun : valoriser les forêts et le capital naturel », fournit une analyse complète des évolutions économiques récentes du pays, des perspectives à moyen terme et du rôle essentiel de la comptabilisation de la richesse dans l'évaluation des performances économiques du pays. Le rapport insiste particulièrement sur l'importance des forêts durables et de la gestion des ressources naturelles en tant que moteurs d'un développement inclusif et résilient.
LES POINTS MARQUANTS
- Le Cameroun a connu une augmentation modeste de son PIB réel, de 3,5 % en 2024, contre 3,2 % en 2023. L'inflation moyenne a diminué, passant de 7,4 % à 4,5 % entre 2023 et 2024. Le déficit budgétaire global s'est creusé à 1,5 % du PIB en 2024, contre 0,7 % du PIB en 2023.
- Pour minimiser l'impact de la croissance sur l'environnement et préserver les richesses naturelles, le Cameroun doit prioriser ses écosystèmes vulnérables de grande valeur et passer à une économie de services basée sur la forêt, en s'appuyant sur l'écotourisme, les services médicinaux avec sa flore unique et les connaissances forestières.
- La comptabilisation de la richesse est cruciale, afin de compléter le PIB, et fournir des informations importantes sur la base du capital nécessaire à la croissance et à la durabilité futures. Malgré une augmentation globale de la richesse totale à 553 milliards de dollars en 2020, contre 311 milliards de dollars (en dollars réels de 2019) en 1995, la richesse nationale par habitant a diminué de 11 % entre 1995 et 2020.
Principales conclusions
La première partie du rapport analyse les évolutions économiques récentes et présente les perspectives à moyen terme du pays. La croissance économique mondiale s'est stabilisée en 2024, soutenue par l'atténuation des pressions inflationnistes et les premières phases d'assouplissement de la politique monétaire dans les économies avancées comme dans les économies émergentes et en développement. Le PIB réel du Cameroun a augmenté de 3,5 % en 2024, contre 3,2 % en 2023, grâce à la hausse des prix du cacao et des rendements du coton, ainsi qu'à une amélioration de l'approvisionnement en électricité.
L'inflation moyenne est passée de 7,4 % à 4,5 % entre 2023 et 2024, sous l'effet d'un resserrement soutenu de la politique monétaire, du contrôle des prix et d'une réduction de l'inflation importée. Le déficit du compte courant est passé de 4,1 % en 2023 à 3,4 % du PIB en 2024, en raison de facteurs conjoncturels, en particulier la flambée des prix des fèves de cacao. Le déficit budgétaire global s'est creusé à 1,5 % du PIB en 2024, contre 0,7 % en 2023, en raison d'un dérapage des dépenses courantes et d'une performance plus faible que prévu en matière de recettes. Le niveau global de la dette publique a augmenté en 2024 pour financer un déficit primaire plus élevé.
Pour l'avenir, les perspectives à moyen terme sont modérément positives, bien qu'entourées d'incertitudes majeures dues aux changements en cours dans les politiques commerciales et budgétaires des économies avancées et à l'intensification des tensions et des conflits géopolitiques, risquant d'entraîner un accès plus difficile aux marchés, des taux d'intérêt plus élevés et une volatilité accrue des marchés des produits de base.
La croissance moyenne du PIB réel devrait augmenter modérément pour atteindre 3,9 % sur la période 2025-2028, soutenue par l'amélioration de l'approvisionnement en électricité pour les entreprises industrielles et l'augmentation des investissements publics, avec des effets positifs sur le secteur de la construction.
L'inflation moyenne devrait continuer de baisser pour atteindre le critère de convergence de 3 % de la CEMAC d'ici 2027. Le déficit du compte courant devrait se stabiliser autour de 4 % du PIB à moyen terme, sous l'effet de la baisse de la production et des prix pétroliers, des résultats mitigés des politiques industrielles gouvernementales et de l'augmentation des importations nécessaire pour accroître les investissements publics et privés.
Le déficit budgétaire devrait augmenter légèrement pour atteindre 2 % du PIB en raison de la baisse des recettes pétrolières. Alors que la dette extérieure et la dette publique globale du Cameroun devraient rester soutenables, le pays est confronté à un risque élevé de surendettement en raison de problèmes de liquidité.
La deuxième partie du rapport souligne l'importance de la comptabilisation de la richesse pour la gestion durable des forêts. En évaluant l'évolution du niveau et de la composition de la richesse nationale, les décideurs peuvent mieux comprendre la capacité d'une économie à générer des revenus futurs et à soutenir le développement.
Malgré la croissance globale de la richesse totale, qui a atteint 553 milliards de dollars en 2020, contre 311 milliards de dollars (en dollars réels de 2019) en 1995, la richesse nationale par habitant a diminué de 11 % entre 1995 et 2020. L'épargne nette ajustée (ENA) ajuste l'épargne nationale en fonction de l'évolution de la richesse d'un pays, donnant ainsi une image plus large de la viabilité économique d'un pays et de sa capacité à investir dans son avenir.
L'ENA de Cameron était modérément négative entre 2010 et 2020, ce qui indique que le pays épuise sa richesse légèrement plus vite qu'il n'accumule de nouveaux actifs. L'épuisement des forêts du Cameroun s'est considérablement accéléré après 2010, avec une conversion importante des forêts de plaine en mosaïques forêts-exploitations agricoles entre 2010 et 2020, dépassant cinq fois le rythme observé au cours de la décennie précédente. Au-delà de la réduction de l'étendue des forêts, l'état écologique des forêts camerounaises s'est considérablement détérioré, comme en témoignent les mesures satellitaires telles que la hauteur des arbres, le couvert forestier, la connectivité forestière et le caractère naturel du paysage.
Principales recommandations
Pour minimiser l'impact de la croissance sur l'environnement et préserver les richesses naturelles, le Cameroun doit donner la priorité à ses écosystèmes vulnérables et de grande valeur et passer à une économie de services basée sur la forêt, en s'appuyant sur l'écotourisme, les services médicinaux avec sa flore unique et les connaissances forestières. Le rapport plaide pour des modèles de financement climatique qui reconnaissent les forêts comme des dépositaires de valeurs d'options planétaires, au-delà des paiements basés sur les résultats pour les émissions évitées.
Les recommandations spécifiques sont les suivantes :
- Intégrer des indicateurs de l'état des forêts dans les systèmes nationaux de classification de l'affectation des terres et éclairer les formules de transfert budgétaire, lorsque cela est possible,
- Investir dans la comptabilité et l'évaluation régulières du capital naturel des services forestiers.
Ébénier, région du Sud – Cameroun
O. Hebga / World Bank