Yaoundé, le 15 juillet 2024 – Le Groupe de la Banque mondiale a publié aujourd'hui le Rapport sur la situation économique 2025 du Cameroun, intitulé « L'or vert du Cameroun : valoriser les forêts et le capital naturel ». Le rapport fournit une analyse complète des évolutions économiques récentes du pays, des perspectives à moyen terme et du rôle essentiel de la comptabilisation de la richesse dans l'évaluation des performances économiques du pays. Le rapport insiste particulièrement sur l'importance des forêts durables et la gestion des ressources naturelles en tant que moteurs d'un développement inclusif et résilient.
Selon le rapport, le PIB du Cameroun a augmenté de 3,5 % en 2024, contre 3,2 % en 2023, sous l'effet de la hausse des prix du cacao, de l'augmentation des rendements du coton et de l'amélioration de l'approvisionnement en électricité. L'inflation moyenne a fortement diminué, passant de 7,4 % à 4,5 % entre 2023 et 2024, grâce au resserrement de la politique monétaire, au contrôle des prix et à la réduction de l'inflation des importations. Le déficit du compte courant s'est réduit, passant de 4,1 % à 3,4 % du PIB, principalement en raison de la flambée des prix du cacao. Cependant, le déficit budgétaire global s'est creusé à 1,5 % du PIB, contre 0,7 % du PIB en 2023, en raison d'un dérapage des dépenses courantes et de recettes plus faibles que prévu. La dette publique a légèrement augmenté, passant de 46,1 % à 46,8 % du PIB, principalement sous forme de dette extérieure.
Les perspectives à moyen terme sont modérément positives, avec une croissance moyenne du PIB réel estimée à 3,9 % entre 2025 et 2028, soutenue par l'amélioration de la production d'électricité et l'accroissement des investissements publics, en particulier dans le secteur de la construction. L'inflation moyenne devrait encore diminuer pour atteindre le critère de convergence de 3 % de la CEMAC d'ici 2027. Toutefois, le déficit du compte courant devrait augmenter à environ 4 % du PIB à moyen terme, en raison de la baisse de la production et des prix pétroliers, des résultats mitigés des politiques industrielles du gouvernement et de l'augmentation des intrants résultant de l'augmentation des investissements publics et privés. Alors que la dette extérieure et la dette publique globale du Cameroun devraient rester soutenables, le pays est confronté à un risque élevé de surendettement en raison de problèmes de liquidité.
« L'économie camerounaise a fait preuve de résilience face aux chocs extérieurs, mais de multiples faiblesses structurelles, en particulier le manque d'infrastructures, entravent son potentiel, souligne Robert Utz, économiste principal pour le Cameroun à la Banque mondiale et l'un des auteurs du rapport. « Un programme audacieux de réforme budgétaire est impératif pour combler ces lacunes et stimuler la productivité de l'ensemble de l'économie. »
Le rapport présente également la comptabilité de la richesse nationale comme un outil essentiel permettant aux décideurs politiques de mieux comprendre la capacité économique du Cameroun à générer des revenus futurs et à soutenir le développement. Bien que la richesse nationale totale soit passée de 311 milliards de dollars en 1995 à 553 milliards de dollars en 2020, la richesse nationale par habitant a diminué de 11 % au cours de la même période. L'épargne nette ajustée (ENA) – une image plus large de la durabilité économique d'un pays – était modérément négative entre 2010 et 2020, ce qui suggère que le Cameroun épuise sa richesse un peu plus vite qu'il n'accumule de nouveaux actifs. L'épuisement des forêts s'est considérablement accéléré après 2010, avec la conversion des forêts de plaine à un usage agricole entre 2010 et 2020, soit cinq fois le rythme de la décennie précédente. Dans le même temps, l'état écologique des forêts camerounaises s'est considérablement détérioré, les données satellitaires montrant une baisse de la hauteur des arbres, du couvert forestier, de la connectivité forestière et de la naturalité des paysages
« Pour minimiser l'impact de la croissance sur l'environnement et préserver ses richesses naturelles, le Cameroun pourrait privilégier ses écosystèmes vulnérables et de grande valeur, puis passer à une économie de services basée sur la forêt, en s'appuyant sur l'écotourisme, les services médicinaux avec sa flore unique et les connaissances forestières », explique Cheick F. Kanté, directeur de division de la Banque mondiale pour le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale.
Le rapport souligne que pour atteindre son objectif de devenir une économie émergente à l'horizon 2035, le Cameroun doit diversifier ses activités au-delà des matières premières. Avec l'un des écosystèmes les plus singuliers d'Afrique, un secteur touristique compétitif pourrait devenir un moteur essentiel de croissance et d'emploi, en tirant parti d'un capital naturel que peu d'autres pays peuvent égaler.