Sur les 2,4 milliards de personnes (a) dans le monde qui vivent privées d’installations sanitaires améliorées, près d’un milliard pratique la défécation à l’air libre. En dépit de progrès remarquables, avec l’accès à des toilettes et des latrines au bénéfice de 2,1 milliards de personnes environ depuis 1990, l’objectif du Millénaire pour le développement (OMD) relatif à l’assainissement était l’un des moins susceptibles d’être atteints. Seuls 68 % de la population mondiale disposent d’un assainissement amélioré ; en Afrique subsaharienne, ils sont 70 % à en être dépourvus et 53 % en Asie du Sud. Pour atteindre la cible des OMD, il aurait fallu dénombrer 700 millions de bénéficiaires de plus.
L’assainissement sous-tend de nombreux enjeux de développement, l’absence d’installations sanitaires étant préjudiciable à la santé publique, l’éducation et l’environnement. Chaque jour, près de 1 000 enfants de moins de cinq ans meurent de diarrhée provoquée par une eau insalubre, des installations sanitaires insuffisantes et le manque d’hygiène. Sans équipement sanitaire, les filles sont plus susceptibles d’abandonner leur scolarité ou s’exposent à des agressions lorsqu’elles doivent s’isoler. Des travaux récents montrent que la disparition de la pratique de défécation à l’air libre permettrait de sauver des vies chez les enfants en réduisant la propagation des maladies, les retards de croissance et la sous-nutrition, soit autant de facteurs qui jouent un rôle essentiel dans le développement cognitif de l’enfant et, à terme, dans la productivité d’un individu.
L’absence d’assainissement freine également la croissance économique et coûte des milliards (a) à certains pays : l’équivalent annuel de 6,3 % du produit intérieur brut (PIB) au Bangladesh, 6,4 % en Inde, 7,2 % au Cambodge, 2,4 % au Niger et 3,9 % au Pakistan. Ce manque à gagner s’explique principalement par les décès prématurés, le coût des traitements médicaux, les pertes de temps et de productivité liées à la recherche de soins et d’un accès à des installations sanitaires. La pollution qui résulte d’une évacuation et d’un traitement inadéquats des eaux usées et des boues de vidange contamine les ressources hydriques et les écosystèmes, alors que ces déchets peuvent être valorisés (eau recyclée, nutriments et énergie) et source de débouchés économiques, notamment dans les zones urbaines et les environnements où l’eau est rare.
Dernière mise à jour: juin 21, 2017