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La Banque mondiale et les questions de genre - Vue d'ensemble

Pour bâtir des sociétés plus inclusives, plus productives et plus respectueuses de l’environnement, il est indispensable de mieux protéger et investir dans le potentiel que représentent les filles et les femmes et de combattre les discriminations fondées sur l’identité de genre. Aucune société ne peut espérer évoluer durablement sans rebattre les cartes qui répartissent les ressources et les débouchés économiques et offrent aux hommes et aux femmes les mêmes possibilités de choix pour mener leur vie et apporter leur contribution à leur famille, leur communauté et leur pays.

Depuis la publication du Rapport sur le développement dans le monde 2012 : Égalité des genres et développement, des avancées ont été réalisées dans plusieurs domaines essentiels. En dix ans, la mortalité maternelle a ainsi reculé de près de 10 %, tandis que le taux de scolarisation des filles au cycle secondaire a progressé de 5 %. L'examen des données disponibles depuis 51 ans montrent en outre qu'entre 2012 et 2022, le score moyen de l'indice mondial sur les Femmes, l’Entreprise et le Droit a augmenté de 6,4 points, témoignant d’une amélioration des droits économiques des femmes et d’une représentation accrue de la population féminine dans les parlements nationaux.

Cependant, les progrès ont été lents dans de nombreux autres domaines importants. Les taux d’activité des femmes n’atteignent même pas 40 % (a) dans les pays à revenu faible ou intermédiaire de la tranche inférieure. Les femmes continuent d’assurer la plus grande partie des tâches liées à la prise en charge des soins aux enfants ou aux proches âgés. Elles restent sous-représentées dans les fonctions de direction au sein de leurs communautés ainsi qu’aux plus hauts niveaux de pouvoir des instances politiques ou du secteur privé. Enfin, les violences faites aux femmes et aux filles sont un fléau encore largement répandu.

La COVID-19 a exacerbé ces inégalités entre les sexes, mettant en péril plusieurs décennies d'avancées dans l’accumulation de capital humain, l’émancipation économique et la capacité de décision et d’action des femmes et des filles — autant de répercussions qui risquent d'avoir des effets durables au-delà de la pandémie. Celle-ci offre cependant l’occasion d’améliorer les systèmes, les pratiques et les financements en vue d’installer une reprise post-COVID plus inclusive. Ce qui suppose notamment de redoubler d’efforts en faveur de l’autonomisation des femmes et de l’entrepreneuriat, de l’éducation des filles et d’un meilleur accès aux services de santé sexuelle et reproductive. Il faut également s’attaquer aux violences faites aux femmes et à leurs causes, ce qui exige de mettre en place des approches systémiques, d’intégrer la lutte contre les violences de genre dans les interventions pour la santé et l’éducation, de favoriser la sécurité économique, laquelle offre une protection contre certaines formes de violence, et de fournir des services aux victimes.

L’égalité des sexes est au cœur du double objectif du Groupe de la Banque mondiale qui vise à mettre fin à l’extrême pauvreté et à promouvoir durablement une prospérité partagée. Son programme de travail dans ce domaine constitue un engagement ambitieux et commun à l’ensemble de l’institution. En 2022, la Banque a lancé l’initiative #AccelerateEquality, afin de se pencher pendant un an sur les progrès et les enseignements tirés de l'expérience de ces dix dernières années dans la lutte contre les inégalités entre les sexes et dans la promotion de l’émancipation des filles et des femmes, tout en mettant en lumière les possibilités de changements transformateurs pour demain.

Des défis persistants

Développement humain

Santé

Au niveau mondial, l'accès des femmes et des filles à des services de santé de qualité s'est amélioré, mais il reste encore beaucoup à faire. Et ce d'autant plus que la pandémie de COVID-19 risque également d’annuler bon nombre de ces avancées. Largement représentées parmi les agents de santé, les femmes sont en effet en première ligne et elles courent un risque accru d’exposition au virus. Dans certains pays, les femmes et les filles sont également confrontées à l’interruption des services de santé sexuelle et reproductive causée par la pandémie.

Selon les données recueillies avant la COVID-19, la mortalité maternelle avait reculé dans le monde, pour passer de 342 à 211 décès pour 100 000 naissances vivantes entre 2000 et 2017 (a). Avec une baisse de leur taux de mortalité maternelle de 31 % et 23 % respectivement, l’Asie du Sud et l’Europe-Asie centrale sont les deux régions du monde qui ont enregistré les progrès les plus importants au cours de la dernière décennie. Même l’Afrique subsaharienne, qui affiche les plus mauvais chiffres de mortalité maternelle et de fécondité chez les adolescentes à l'échelle mondiale, a elle aussi vu ces taux diminuer au cours de la dernière décennie, de 15 % et 13 % respectivement.

Presque tous les décès maternels peuvent être évités, comme en témoignent les énormes disparités constatées entre régions et entre les pays les plus riches et les plus pauvres. Deux régions, l'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud, cumulent 86 % des décès maternels dans le monde. C'est en Afrique subsaharienne que le taux de mortalité maternelle est le plus élevé : 533 pour 100 000 naissances vivantes, soit 200 000 décès chaque année. Cela représente plus des deux tiers (68 %) de l'ensemble des décès maternels par an dans le monde. 

Dans le monde entier, la proportion de naissances assistées par un professionnel de santé qualifié est passée de 63 % en 2000 à 81 % en 2018 (a). Cependant, en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, les progrès sont plus lents : les taux respectifs de ces deux régions sont passés de 41 et 36 % en 2000 à 61 et 76 % en 2018. Par ailleurs, les femmes représentent 70 % du personnel de la santé et des services sociaux dans le monde, mais elles n'occupent qu'environ 25 % des postes de direction.

Il y a 1,2 milliard d'adolescents dans le monde. Leurs intérêts, leurs besoins et leurs préoccupations diffèrent, mais des améliorations concrètes ont été apportées à certains aspects de la santé et des droits sexuels et reproductifs des adolescents. Pour nombre d'entre eux, la première expérience sexuelle est plus tardive que par le passé. Les rapports sexuels avec un partenaire hors mariage ou concubinage sont moins fréquents et les adolescents utilisent plus souvent des préservatifs lorsqu'ils sont sexuellement actifs. Les filles ont moins de risques d'être mariées et d'avoir des enfants avant l'âge de 18 ans et elles sont plus susceptibles d'utiliser des moyens de contraception et de bénéficier de soins de santé maternelle. Elles sont moins exposées aux mutilations génitales féminines, reconnues internationalement comme une violation des droits de la personne. 

Malgré une plus grande sensibilisation aux besoins des adolescents en matière de santé sexuelle et reproductive, certains aspects clés ne se sont pas améliorés. Ainsi, dans de nombreux contextes, la menstruation est encore un sujet tabou. Les adolescents sont aussi le seul groupe d'âge dans lequel les décès liés au VIH ne diminuent pas et, d'après les quelques données disponibles, les niveaux d'autres maladies sexuellement transmissibles sont élevés et en augmentation. En outre, un nombre élevé d'adolescentes subit des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire. Enfin, on manque toujours de données fiables sur le taux d'avortements à risque chez les adolescentes, ainsi que sur les cas de mortalité et de complications qui en découlent.

Éducation

En dépit d’une amélioration constante et significative de l’éducation des filles et des jeunes femmes dans le monde, notamment en termes d’accès aux études et aux apprentissages, les progrès sont encore bien trop lents en ce qui concerne des indicateurs clés, en particulier en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud et dans les situations de fragilité, de conflit et de violence. 

À l’échelle mondiale, les filles continuent d'accuser un retard considérable par rapport aux garçons en ce qui concerne les taux d'achèvement du secondaire, tandis que les préjugés sexistes qui prévalent dans le système éducatif renforcent la ségrégation professionnelle. La perpétuation des stéréotypes de genre, par l'environnement d'apprentissage en classe ou par le comportement du corps enseignant, du personnel et des pairs, induit des effets durables sur les résultats scolaires et les disciplines d'études, en particulier dans les filières scientifiques. Le manque d’opportunités éducatives pour les filles entraîne des répercussions importantes. D’après une étude réalisée par la Banque mondiale, cet accès limité à l’instruction et les obstacles qui empêchent les filles d’achever leurs 12 années de scolarité coûtent aux pays entre 15 000 et 30 000 milliards de dollars en perte de productivité et de revenus tout au long de la vie. 

La pauvreté demeure le premier déterminant de l’accès des filles à l’éducation. De récentes études (a) portant sur 24 pays à faible revenu montrent qu'en moyenne, seulement 34 % des filles des ménages du quintile le plus pauvre terminent l'école primaire, contre 72 % des filles issues des ménages du quintile le plus riche. Les recherches confirment systématiquement que les filles qui se heurtent à de multiples obstacles, tels que le niveau de revenu, le lieu de résidence, le handicap ou l'origine ethnolinguistique, accusent le plus grand retard.

Éduquer les filles (a) ne se limite pas à leur scolarisation. C’est aussi faire en sorte qu’elles apprennent et se sentent en sécurité à l’école ; qu’elles suivent un cursus complet en acquérant les savoirs et savoir-faire nécessaires pour réussir sur le marché du travail ; qu’elles se dotent des compétences socio-affectives qui leur permettront d’évoluer et de s’adapter aux mutations du monde ; qu’elles soient en mesure de décider de leur vie et de contribuer à la collectivité. Les femmes les plus instruites sont généralement mieux informées sur la nutrition et la santé, elles ont moins d'enfants, se marient plus tard et, si elles choisissent de devenir mères, leurs enfants sont souvent en meilleure santé. Elles ont aussi plus de chances de travailler dans le secteur formel et d'avoir des revenus plus élevés. La combinaison de tous ces facteurs peut contribuer à sortir les ménages, les communautés et les pays de la pauvreté.

À la suite de la pandémie de COVID-10 et de la fermeture des établissements scolaires, les filles courent davantage le risque de ne pas reprendre leur scolarité, ce qui restreindra leurs apprentissages et leurs opportunités futures. La fermeture des écoles, conjuguée à l’augmentation des violences de genre pendant la pandémie et à la perturbation des services de santé, risquent aussi d’entraîner une hausse des grossesses chez les adolescentes. Cette situation rend d'autant plus difficile le retour des filles à l’école et entrave l’accès des adolescentes à des « espaces sûrs » (comme les clubs de filles post-scolaires), ce qui augmente encore le risque de violence de genre et de grossesse.

Les défis de l'éducation des filles : des chiffres éloquents

  • Plus de 129 millions de filles ne sont pas scolarisées dans le monde (a), soit environ 32 millions en âge de fréquenter l'école primaire et 97 millions en âge de fréquenter l'école secondaire. En Asie du Sud, environ 46 millions de filles ne vont pas en classe, et elles sont 52 millions en Afrique subsaharienne.
  • Si les taux d'achèvement du cycle primaire (a) sont similaires pour les deux sexes à l'échelle mondiale (90 % pour les garçons et 89 % pour les filles), dans les pays à faible revenu, celui des filles est inférieur à celui des garçons au niveau du cycle secondaire : 36 % contre 44 %. 
  • Dans les situations de fragilité, de conflit et de violence, les filles ont 2,5 fois plus de probabilités de ne pas aller à l'école que les garçons et, dans le secondaire, elles courent 90 % plus de risques de ne pas être scolarisées que les filles vivant dans d'autres environnements.
  • On estime que les femmes représentent deux tiers de la population analphabète dans le monde. Le taux d'alphabétisation des femmes de plus de 15 ans n'est que de 83 %, contre 90 % pour les hommes.
  • Garçons et filles sont victimes d’une crise des apprentissages. Si la proportion d’élèves qui ne sont pas en mesure de lire correctement à l'âge de 10 ans est en moyenne inférieure de 4 points de pourcentage pour les filles par rapport aux garçons, les taux de pauvreté des apprentissages sont toujours très élevés pour les deux groupes. Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, le taux moyen est de 59 % pour les garçons et de 55 % pour les filles, mais l'écart se resserre dans les pays à faible revenu où la pauvreté des apprentissages est en moyenne de 93 % environ pour les garçons comme pour les filles.

Économie

Perspectives économiques et emploi

Les femmes ont moins de perspectives d'emploi que les hommes, comme en témoignent l'écart important dans le taux de participation à la population active (a) dans la plupart des pays, les disparités salariales ainsi que la ségrégation professionnelle qui cantonne les femmes dans des emplois à faible productivité. En Inde (a) par exemple, l'emploi féminin est toujours concentré dans les secteurs de la propreté, de l'éducation, des produits chimiques et du tabac, tandis que les industries à plus forte valeur ajoutée telles que la recherche et développement, l'informatique et les transports affichent les plus faibles taux de participation féminine. La suppression des restrictions légales sur les emplois que les femmes sont autorisées à occuper pourrait réduire la ségrégation professionnelle et l'écart salarial avec les hommes. Selon le rapport Les Femmes, l'Entreprise et le Droit 2022, 84 pays restreignent l'emploi des femmes, par exemple pour le travail de nuit ou dans les usines et les mines.

À l'échelle mondiale, les hommes sont en moyenne 1,5 fois plus susceptibles que les femmes de participer à la vie active. Cet écart se creuse en Asie du Sud et dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, où les hommes sont trois fois plus susceptibles de prendre part au marché du travail que les femmes.

Dans tous les pays du monde, les femmes sont confrontées à des inégalités de rémunération. Si elles avaient les mêmes revenus que les hommes tout au long de leur vie, la richesse mondiale pourrait augmenter de 172 000 milliards de dollars et le capital humain de 20 %. Pourtant, le rapport Les Femmes, l'Entreprise et le Droit 2022 a révélé que seuls 95 pays du monde imposent par la loi une rémunération égale pour un travail de valeur égale, conformément aux normes internationales. 

Par ailleurs, les femmes agricultrices ou dirigeantes d'entreprise sont souvent moins productives que leurs homologues masculins. Une étude basée sur des données provenant de 126 pays (a) et couvrant plus de 46 000 entreprises révèle un écart important entre les sexes en matière de productivité du travail, les entreprises dirigées par des femmes étant environ 11 % moins productives que celles qui le sont par des hommes. Dans de nombreux pays africains, la moindre productivité des agricultrices résulte d'un accès plus difficile aux ressources productives telles que les engrais et les semences. Par exemple, en Éthiopie, les femmes produisent 23 % de moins par hectare que les hommes. 

La COVID-19 a exacerbé ces disparités. Les emplois féminins ont été détruits à un rythme plus rapide que ceux occupés par les hommes, et les micro, petites et moyennes entreprises détenues et dirigées par des femmes ont également été plus sévèrement touchées. Selon des travaux récents portant sur 48 pays, le taux d’interruptions de travail a été supérieur de 7 points de pourcentage pour les femmes. Malgré les difficultés, les entreprises dirigées par des femmes résistent à la crise de la COVID grâce à leur résilience et à l'innovation. Une enquête menée auprès de 45 000 entreprises dans des pays à revenu faible et intermédiaire (a) a révélé que les petites et microentreprises dirigées par des femmes étaient beaucoup plus susceptibles de recourir à des plateformes numériques que celles dirigées par des hommes. 

Tâches familiales

Les femmes consacrent trois fois plus de temps que les hommes, soit une à cinq heures de plus par jour (a), à des tâches domestiques et familiales non rémunérées. Leur charge de travail a en outre augmenté pendant l’épidémie de COVID-19, en raison de la fermeture des écoles, du confinement des personnes âgées et du nombre croissant des contaminations au sein des familles. Les données d’enquêtes menées fin octobre 2020 révèlent que 18 % des femmes et 10 % des hommes chefs d’entreprise ont consacré six heures ou plus aux tâches domestiques. L'accès à des services de garde d'enfants de bonne qualité et abordables ainsi qu'à des transports fiables et sûrs serait source d'amélioration en matière d'emploi, mais aussi d'autres avantages pour les femmes et les hommes. Offrir davantage de possibilités d'emploi aux femmes passe non seulement par des politiques, des programmes et des investissements publics, mais aussi par la mobilisation du secteur privé.

Violences sexuelles et sexistes

Plus d'une femme sur trois dans le monde (a) subit des violences de genre au cours de sa vie. Les violences faites aux femmes et aux filles ont de graves conséquences sur leur bien-être, mais aussi des effets néfastes qui se répercutent de génération en génération dans les familles et, plus largement, dans toute la société. Selon les estimations, leur coût atteindrait jusqu’à 3,7 % du PIB dans certains pays et devrait encore augmenter en raison de la pandémie. Pourtant, 30 pays (a) dans le monde n'ont promulgué aucune loi réprouvant spécifiquement la violence domestique et, dans 46 pays (a), il n'existe toujours aucune disposition légale prohibant et sanctionnant fermement les cas de harcèlement sexuel au travail.

Les confinements et les restrictions de déplacement ont entraîné une forte augmentation des violences faites aux femmes, et de nombreux pays ont signalé une hausse considérable des appels d’urgence pour violence conjugale. Beaucoup connaissent également un déclin des possibilités d’accès aux services dédiés à la lutte contre les violences faites aux femmes, (centres d’urgence, lieux d'accueil, aide juridique, services de protection, etc.).

Actifs, finance et numérique

Actifs

Selon le rapport Les Femmes, l'Entreprise et le Droit 2022, 40 % des pays (a) limitent les droits fonciers des femmes dans le monde. Dans 19 pays (a), les femmes n'ont pas les mêmes droits de propriété sur les biens immobiliers. Les conjoints survivants masculins et féminins n'ont pas les mêmes droits d'hériter des biens dans 43 pays (a), et 42 économies (a) empêchent les filles d'hériter au même titre que les fils. Enfin, dans 18 pays (a), le mari exerce un contrôle administratif sur les biens matrimoniaux. Pourtant, les faits (a) démontrent que les droits fonciers sont la clé du développement économique. En effet, les pays dotés de régimes juridiques plus égalitaires (a) affichent généralement des niveaux plus élevés de propriétés détenues par les femmes. Or lorsque les femmes ont accès aux actifs, les communautés prospèrent, car cela accroît leur capacité à créer et développer des entreprises en leur offrant les garanties dont elles ont besoin pour obtenir des crédits. Elles peuvent ainsi investir pour leur famille et améliorer la situation (a) de leurs enfants. Et, ce qui est peut-être le plus important, cela leur permet de faire des choix et de vivre dignement. 

Services financiers et numériques

À l'échelle mondiale, les femmes ont 9 % de moins de chances (a) que les hommes de disposer d'un compte dans une institution financière ou d'un compte bancaire mobile, les disparités étant encore plus fortes dans les pays les plus pauvres. Certaines études montrent que la dématérialisation des services financiers peut améliorer la participation économique des femmes et, ce faisant, favoriser le développement économique des pays. Pour les femmes, les avantages des services financiers numériques par rapport à l’utilisation d'espèces résident notamment dans une plus grande maîtrise financière et des coûts de transaction moins élevés. De tels avantages peuvent les aider à investir dans une entreprise, obtenir un emploi et gérer les risques financiers. Selon les estimations d'IFC, le déficit de financements en faveur des PME féminines s'élève à 1 500 milliards de dollars.

Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, les femmes sont moins nombreuses à avoir accès à internet et aux téléphones mobiles (a). Avant même la pandémie, la probabilité qu’une femme vivant dans ces pays possède un téléphone mobile était de 8 % inférieure à celle d’un homme. En outre, toujours dans ces pays, il y a 300 millions de moins de femmes que d'hommes qui utilisent l'internet mobile, soit un écart de 20 %.

Identification et législation

Identification

Dans le monde d'aujourd'hui, si les femmes n'ont pas le même accès que les hommes aux moyens d'identification, les gouvernements auront du mal à assurer l'universalité des services de base, l'accès à des opportunités économiques et le respect des droits et des protections des citoyens, et aussi à donner aux femmes les moyens de participer pleinement à l'économie numérique. Pour 2020, les données (a) du rapport Les Femmes, l’Entreprise et le Droit indiquent que dans 9 pays, les femmes ne peuvent pas obtenir de document national d'identité de la même façon que les hommes. Et selon l'enquête Global Findex de 2017 (a), 45 % des femmes vivant dans les pays à faible revenu n'ont pas de pièce d'identité, contre 30 % des hommes.

Lois et réglementations

Les pays avancent à petits pas vers une plus grande égalité entre les sexes, mais à travers le monde, les femmes sont encore en butte à des lois et réglementations qui restreignent leur intégration économique, et la pandémie de COVID-19 engendre de nouveaux défis pour leur santé, leur sûreté et leur sécurité économique. Les réformes visant à supprimer les obstacles à l’inclusion économique des femmes ont été lentes dans de nombreuses régions ; en outre leur portée est hétérogène. En moyenne, les femmes ne jouissent que des trois quarts des droits juridiques accordés aux hommes. Les femmes étaient déjà défavorisées avant la crise de la COVID-19 et les initiatives gouvernementales visant à en atténuer certains des effets, bien qu’innovantes, ont été limitées dans de nombreux pays. Malgré la pandémie, 23 économies ont promulgué des réformes dans tous les domaines et, dans 29 cas au cours de l'année couverte par le rapport, davantage de bonnes pratiques ont été intégrées dans les législations. La majorité des réformes introduisait ou modifiait des lois affectant la rémunération et la parentalité. Les progrès en matière d'égalité entre les sexes devant la loi sont essentiels à la réussite de la reprise économique. En effet, des lois plus égalitaires (a) ont été corrélées à une plus grande participation des femmes au marché du travail, à une réduction de l'écart salarial entre les hommes et les femmes et à de meilleurs résultats en matière de développement, comme la santé et l'éducation des femmes.

Développement vert, résilient et inclusif

Pour réaliser pleinement le potentiel d’un développement vert, résilient et inclusif, il est indispensable que les femmes puissent participer, au même titre que les hommes, à l’économie et aux affaires publiques. Le Groupe de la Banque mondiale aide les gouvernements, les professionnels du développement, les donateurs et les bénéficiaires à identifier et exploiter les pistes d'action pour faire en sorte que les efforts de lutte contre le changement climatique intègrent davantage les femmes. La promotion de l’égalité entre les sexes est particulièrement bénéfique dans des domaines tels que la gestion durable des forêts et les systèmes de compensation financière des initiatives de préservation des forêts et de réduction des émissions de carbone. Des études ont ainsi montré l’efficacité accrue des programmes forestiers qui incluent les femmes au moment de leur conception et de leur mise en œuvre. A contrario, le fait de ne pas prendre en considération les différences entre les sexes et les obstacles structurels et comportementaux qui entravent la participation des femmes peut avoir pour effet d’affaiblir ces programmes avant même leur lancement.

Le Groupe de la Banque mondiale intensifie également ses efforts pour remédier aux inégalités d’accès aux emplois de la « nouvelle économie » dans les domaines des énergies renouvelables, de la construction respectueuse du climat et de l’adaptation ; favoriser la pleine participation des femmes aux bénéfices de la transition numérique (en utilisant par exemple les plateformes digitales de paiement entre l’administration publique et les particuliers afin d’accélérer la réduction de la fracture numérique entre les sexes) ; renforcer les capacités de leadership des femmes dans les mécanismes de préparation aux crises, d’intervention rapide et de relèvement, ainsi que dans les dispositifs de gouvernance des infrastructures ; et promouvoir les investissements dans des emplois de qualité et dans l’entrepreneuriat en faveur des femmes dans le secteur des énergies renouvelables.

Déplacements forcés

Les contraintes et les obstacles liés au genre sont souvent amplifiés dans les situations de déplacement forcé. Les données recueillies à travers le monde montrent que les femmes déplacées n’ont pas accès à des services essentiels, notamment en matière de santé sexuelle et reproductive, de soutien psychologique ou encore de prise en charge en cas de violence sexuelle ou sexiste. Elles ne bénéficient pas non plus d’une offre continue d’éducation ou de formation.

C’est dans le domaine de l’emploi que les disparités entre les sexes sont les plus importantes, avec un écart d’au moins 90 % dans les taux d’emploi en défaveur des femmes et atteignant même 150 % au Nigéria, où environ 36 % des hommes déplacés ont un emploi, contre une proportion d’environ 15 % chez les femmes. Ces chiffres témoignent plus largement de la ségrégation qui existe sur le marché du travail à travers le monde et qui est aggravée par des facteurs qui limitent les perspectives d’emploi des femmes réfugiées : barrières linguistiques, taux d’alphabétisation plus faibles, responsabilités familiales non rémunérées, normes de genre...

Les violences conjugales sont également plus élevées parmi les femmes déplacées que chez celles des populations d’accueil. En Somalie, les taux de violences conjugales atteignent 36 % parmi les personnes déplacées contre 26 % dans les communautés d'accueil (soit un écart de 30 %). Au Soudan du Sud, près de la moitié des femmes déplacées (47 %) avaient subi des violences de la part de leur partenaire au cours de l’année écoulée, soit près de deux fois plus que les estimations nationales (27 %) et quatre fois plus que la moyenne mondiale (environ 12 %). En Colombie et au Libéria, les femmes ayant vécu un déplacement forcé ou la proximité de la mort dans un contexte de conflit étaient entre 40 et 55 % plus susceptibles d’être victimes de violence au cours de leur vie (a). Dans le cas de la Colombie, les violences à l’égard des femmes déplacées sont plus graves, entraînant souvent des blessures.

RIPOSTE COVID-19

La COVID-19 a jeté un éclairage nouveau sur le travail du Groupe de la Banque mondiale en matière de genre. Le Groupe de la Banque mondiale aide les pays à faire face à la crise sanitaire immédiate et à ses impacts sociaux et économiques, ainsi qu'à reconstruire des économies plus inclusives et plus résistantes aux chocs futurs. Alors que la mortalité masculine a été plus élevée et qu'il existe des risques que les garçons et les filles ne retournent pas à l'école après les confinements, la pandémie a un impact disproportionné sur les femmes et les filles pour les raisons suivantes : 

  • la perturbation de services de santé essentiels, notamment la santé reproductive, la santé des adolescentes et la santé maternelle ; 
  • une plus grande exposition à la contagion et au stress induit par la charge mentale, car les femmes sont surreprésentées dans le secteur de la santé et du soin à la personne et plus susceptibles de s’occuper de leurs proches ; 
  • les emplois féminins ont été détruits à un rythme plus rapide que ceux occupés par les hommes, et les micro, petites et moyennes entreprises détenues et dirigées par des femmes sont également plus sévèrement touchées ; 
  • l'augmentation des tâches domestiques et des responsabilités en matière de soins ; 
  • des filets de protection sociale inadaptés, notamment pour les personnes employées dans le secteur informel où les femmes sont surreprésentées ; 
  • des inégalités entre les sexes en matière d'accès aux technologies numériques et de leur utilisation ; 
  • une forte augmentation des violences sexuelles et sexistes.

Les femmes entrepreneures du monde entier ont été durement frappées par la pandémie de COVID-19. L’Initiative de financement en faveur des femmes entrepreneures (We-Fi) (a) aide ses bénéficiaires à survivre à la crise, mais aussi à développer leur activité et à renforcer leur résilience à long terme. En s'efforçant d'améliorer l'accès des femmes aux financements, aux marchés, aux réseaux et aux informations, l’initiative We-Fi (a) les aide à réaliser leur potentiel et à devenir des moteurs de la croissance économique et de la création d'emplois. 

En Zambie (a), la Banque mondiale finance la continuité des services de nutrition et de santé de la reproduction, de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent(e). Au Cambodge (a), elle renforce la disponibilité des services essentiels pour la prévention de la mortalité des femmes, notamment un meilleur accès au planning familial, la réduction des grossesses chez les adolescentes, ainsi qu'un dépistage et un traitement efficaces du cancer du col de l'utérus.

La Banque mondiale aide les femmes à reprendre une activité économique, notamment par l'intermédiaire de programmes de travail contre rémunération, d'un soutien accru à la garde des enfants, de la fourniture d'intrants agricoles et d'un meilleur accès au crédit et aux liquidités pour les entreprises dirigées par des femmes.

En Afghanistan (a), en Mauritanie, au Mozambique (a) et au Togo, la Banque mondiale soutient le versement d’allocations monétaires au moyen de la téléphonie mobile afin de remédier à la baisse des revenus des femmes qui ne possèdent que rarement un compte bancaire. Au Népal (a), elle encourage les femmes à acquérir des compétences en matière de création d'entreprise et leur fournit de meilleurs équipements agricoles. 

Le projet de riposte d'urgence à la COVID-19 et de préparation des systèmes de santé au Sri Lanka (a) vient en appui de la stratégie gouvernementale — tester, tracer, isoler et traiter — en fournissant des produits médicaux essentiels, des kits de test et des équipements de protection individuelle, en soutenant les activités de recherche des cas contacts et en entretenant 32 centres de quarantaine. Le projet s’emploie également à renforcer le système de santé du pays pour améliorer la prise en charge des urgences sanitaires à l’avenir. Il vise en particulier à renforcer les services de santé mentale et ceux destinés aux victimes de violences sexuelles et sexistes au niveau des communautés, notamment dans les situations d'urgence.

Dernière mise à jour: avr. 20, 2022

Publications récentes

Le Groupe de la Banque mondiale et la lutte pour l'égalité des genres

Contact

Kristyn Schrader-King