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Fiches de résultats 21 décembre 2017

Indonésie : améliorer la qualité de l’éducation dans les zones rurales pauvres et isolées

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Tous les six mois, les enseignants et le comité des usagers de l’éducation de l’école élémentaire Hawir évaluent les indicateurs relatifs à l’accord de service, en appréciant la manière dont il a été mis en œuvre et en apportant les modifications nécessaires pour améliorer la qualité de l’éducation. (Photo : Fauzan Ijazah/Banque mondiale)


En Indonésie, un enseignant sur cinq est rarement à son poste. Le programme pilote « KIAT Guru » avance des recommandations étayées pour améliorer la présence et les performances des enseignants ainsi que les résultats des élèves. Selon l’évaluation d’impact conduite dans 270 villages défavorisés, cette opération a permis d’améliorer les capacités de 1 800 représentants communautaires et la responsabilité de 1 700 enseignants, au profit d’environ 26 000 élèves du primaire.

Renforcer la participation des communautés et conditionner la rémunération des enseignants à leurs performances

 

Défi

Le fort absentéisme des enseignants est un obstacle à l’amélioration de l’éducation et des résultats des élèves dans les régions pauvres et isolées d’Indonésie. Selon une enquête réalisée en 2014 par l’Analytical and Capacity Development Partnership, un enseignant sur cinq déserte son poste dans les écoles reculées. Plusieurs études établissent une corrélation entre l’absentéisme des enseignants et celui des élèves, les taux d’abandon et le faible niveau des acquis scolaires.

En 2016, la part du budget national allouée aux traitements et allocations des enseignants indonésiens représentait environ la moitié du budget de l’éducation, soit 16,5 millions de dollars. Conformément à la loi de 2005 sur les enseignants, le ministère de l’Éducation et de la Culture accorde systématiquement aux enseignants affectés à des régions spéciales (y compris dans des villages pauvres et reculés) une allocation temporaire qui représente une grande partie de leur salaire de base.

Malheureusement, les enseignants bénéficiaires affichent un niveau d’absentéisme supérieur à celui des enseignants non concernés par cette mesure. L’amélioration du bien-être des enseignants ne s’est donc pas traduite par une amélioration de leurs performances ou des résultats des élèves. D’autant que les autorités de district ont du mal à effectuer un suivi des enseignants nommés dans des écoles isolées. Enfin, sur le plan des acquis scolaires, les zones rurales restent nettement à la traîne par rapport aux zones urbaines.

 

Démarche

En donnant plus de pouvoir aux communautés, le programme pilote « KIAT Guru » entend améliorer l’assiduité des enseignants et, en conditionnant leur rémunération à leurs résultats, améliorer leurs performances. Deux mécanismes ont été testés :

1) la responsabilisation des communautés, qui leur permet de jouer un rôle explicite dans le suivi et l’évaluation de la performance des enseignants ;

2) la rémunération à la performance, qui conditionne le versement de l’allocation spéciale à l’assiduité de l’enseignant ou à la qualité de son enseignement.

Lancé fin 2016, ce programme prendra fin en juin 2018. Les autorités locales (districts et villages) sont placées sous la supervision règlementaire des autorités nationales, qui leur apportent aussi un soutien financier. L’étude pilote couvre 203 villages (et l’évaluation d’impact 270) dans cinq districts (Landak, Sintang et Ketapang dans le Kalimantan occidental ; et Manggarai oriental et Manggarai occidental dans le Nusa Tenggara oriental).

 



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Au début et à la fin de la journée scolaire, les enseignants se font photographier à l’aide de l’application KIAT Kamera pour Android. À la fin du mois, un contrôle des informations d’horodatage figurant sur les clichés permet de confirmer la présence des enseignants. (Photo : Fauzan Ijazah)on a cellular phone  before the start and at the end of the school day. The time recorded is collected by the end of the month as proofs of teachers’ presence (Photo: Fauzan Ijazah).

 

Résultats

  • Après l’adoption de la loi autorisant le ministère à conditionner les allocations des enseignants à leurs performances (assiduité ou qualité de l’enseignement), le programme pilote s’est attaché à renforcer le pouvoir des représentants des communautés afin de tenir les enseignants de 203 écoles comptables de leurs actes. En novembre 2017, les représentants communautaires dans toutes les écoles avaient procédé à un suivi et une évaluation des enseignants. Dans 135 écoles, le versement de l’allocation spéciale était corrélé, soit à la présence de l’enseignant (après vérification par les représentants communautaires), soit à la qualité de son enseignement (évaluée par les mêmes représentants).
  • En 2017, le ministère, les cinq gouvernements de district et 70 % des autorités villageoises sélectionnés ont cofinancé ensemble la mise en œuvre du programme pilote. Les premiers résultats suggèrent que le taux de satisfaction de la communauté vis-à-vis de l’assiduité des enseignants a progressé, de 68 % (valeur de référence) à 90 % mi-2017, contre une amélioration de 55 à 91 % sur le plan des performances.

Contribution du Groupe de la Banque mondiale

Le gouvernement australien a soutenu le programme pilote KIAT Guru depuis sa création, en 2012. En 2016, la Banque mondiale a étendu la portée du programme et réalisé une évaluation d’impact, grâce à des financements du gouvernement australien et de l’USAID, via des fonds fiduciaires, pour un total de 6,5 millions de dollars. Le programme Research in Improving Systems in Education (RISE), financé par le ministère britannique du Développement international et le gouvernement australien, a cofinancé l’évaluation d’impact. 

 

Partenaires

Le projet pilote KIAT Guru est le fruit d’une collaboration entre le ministère indonésien de l’Éducation et de la Culture, l’équipe nationale pour l’accélération de la réduction de la pauvreté (TNP2K) et les gouvernements des districts de Ketapang, Sintang, Landak, Manggarai oriental et Manggarai occidental. Il est mis en œuvre par Yayasan BaKTI, avec l’assistance technique de la Banque mondiale et un financement du gouvernement australien.

 

Perspectives

Les autorités indonésiennes ont souhaité que les recommandations stratégiques issues de ce programme servent à améliorer la qualité globale des services d’éducation, en particulier dans 122 districts défavorisés et 13 000 villages les plus démunis. Le ministère de l’Éducation et de la Culture a par ailleurs sollicité le déploiement d’un nouveau programme pilote pour améliorer la performance et la responsabilité des enseignants en milieu urbain en recourant à l’allocation professionnelle du gouvernement.

 

Bénéficiaires

« Depuis trois mois, aucun enseignant n’est arrivé en retard à son poste. Ce comportement rejaillit sur les élèves qui, voyant que leur enseignant respecte les règles, le font eux aussi. Ils se comportent mieux et n’arrivent plus que rarement en retard, même si certains doivent marcher pendant 30 minutes à une heure pour venir à l’école », déclare Andreas Jemahang, cadre du programme KIAT Guru dans le village de Kaju Wangi (Nusa Tenggara oriental), dont le fils est scolarisé à l’école élémentaire Mboeng.