Indonesie : Promouvoir l’éveil d’un demi-million d’enfants

03 avril 2013


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Une enseignante et ses élèves dans un centre de la petite enfance.

Ed Wray / Banque mondiale

Inauguré en 2007 et financé par la Banque mondiale, le Projet d’éducation et de développement de la petite enfance permet à 3 000 villages pauvres d’accéder à des services préscolaires destinés aux jeunes enfants. Près de 6 000 centres ont été aménagés dans 50 des districts du pays et ont accueilli, à ce jour, plus d'un demi-million d'enfants de moins de six ans.

Défi

L’Indonésie, pays à revenu intermédiaire qui connaît une croissance économique vigoureuse et constante, a devant elle un avenir prometteur. Ses indicateurs humains (niveaux d’éducation, de nutrition et de santé) sont cependant marqués par de fortes disparités, et des millions de personnes mènent une lutte difficile pour sortir du cycle de la pauvreté. Environ 35,6 % des enfants indonésiens souffrent de retards de croissance qui ont pour conséquence de réduire leurs chances de terminer l’école primaire et de nuire à leurs perspectives d’avenir. Des données issues de toutes les régions du monde montrent que ce sont les enfants les plus pauvres qui profitent le plus des dispositifs destinés au développement de la petite enfance. Si le gouvernement indonésien reconnaît de longue date l'importance de l'éducation préscolaire, la poursuite des objectifs définis par les pouvoirs publics s’est toujours heurtée à de multiples obstacles, dont l’insuffisance de l’offre de formation pour les enseignants, l'absence de normes nationales et d'autres outils d’assurance qualité, et le peu d’intérêt manifesté par les administrations des districts.



Solution

Ce projet, mis en chantier en 2007, vise à apporter à 3 000 villages pauvres des services destinés aux jeunes enfants. Cinquante districts ont été retenus comme cibles, sur la base d’un certain nombre de critères : le taux de pauvreté, le taux brut de scolarisation, la localisation géographique et l’adhésion des autorités locales. Soixante villages prioritaires ont ensuite été sélectionnés dans ces districts, soit 3 000 villages au total. Une première phase a été dévolue à une campagne d’information destinée à sensibiliser la population locale à l’utilité de l’éducation et du développement de la petite enfance. Puis les communautés ont été invitées à déposer des demandes de dotations globales (d’un montant total de 8 000 dollars sur trois ans, pour deux centres préscolaires par village) destinées à créer de nouveaux services ou à améliorer les infrastructures existantes. Des enseignants et agents spécialisés dans le développement du jeune enfant ont suivi 200 heures de formation. Des normes nationales ont été fixées, ainsi que des systèmes d'assurance de la qualité ; ces normes spécifient par exemple qu’un enseignant ne doit pas avoir à s’occuper de plus de 20 élèves dans une classe de maternelle. La mise en place de programmes, ainsi que leur gestion, suivi et évaluation, a également fait l’objet d’une formation. Un cadre détaillé des résultats a été mis en place, assorti d’indicateurs de résultats mesurables. Les districts ont été encouragés à institutionnaliser les services d’éducation préscolaire. Chaque année, les données relatives à ces centres sont recueillies pour permettre de suivre l'évolution des effectifs. Depuis 2009, une évaluation d’impact menée de façon aléatoire suit les enfants âgés d’un an et de quatre ans, afin de déterminer si le projet atteint ses objectifs.  



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Au centre de la petite enfance, les petits apprennent les bons gestes d’hygiène, comme se laver les mains.

Ed Wray / Banque mondiale

Résultats

Le projet a créé près de 6 000 centres, dotés au total de 12 000 enseignants formés à la petite enfance. Il a obtenu les résultats suivants (selon les chiffres d’octobre 2012) :

  • Depuis le début du projet, 537 700 enfants âgés de moins de six ans ont fréquenté ces centres.
  • 99 % des parents des communautés retenues (soit un taux supérieur aux 80 % ciblés) ont été informés de l’enjeu du développement du jeune enfant.
  • Des dotations globales ont été accordées à près de 5 990 communautés, ce qui est supérieur aux prévisions.
  • 38 des 50 districts sélectionnés (soit 76 % et un peu moins que l’objectif de 80 %) ont adopté des règlementations qui prévoient la création de postes de responsables de la petite enfance au sein des administrations des districts.
  • 67 % des villages procèdent désormais à des évaluations communautaires annuelles, et 93 % des villages présentent des rapports périodiques aux administrations des districts.
  • L’évaluation d’impact montre que les effets du projet ont été plus marqués chez les enfants les plus pauvres, chez ceux qui n'avaient jamais bénéficié auparavant de services de la petite enfance, et chez les enfants dont les parents faisaient preuve de pratiques éducatives défavorables. Par exemple, dans le champ du langage et du développement cognitif, l'effet du projet sur les enfants issus de familles pauvres s’est élevé à 14 %, alors que cet effet est statistiquement significatif au seuil de 5 % et que l’on observe un effet statistiquement non significatif chez la moyenne des enfants. Les centres ciblent avec succès les enfants des ménages les plus pauvres, en partie parce que leurs services sont gratuits pour la plupart.
  • De nombreux programmes et enseignants de la petite enfance qui ne sont pas couverts par le projet, de même que de nombreux enfants, en tireront néanmoins parti indirectement, grâce à l’application des normes de qualité nationales mises en place avec l’appui du projet. De telles normes étaient auparavant inexistantes, et les prestataires de services à la petite enfance n’étaient assujettis à aucune norme de qualité. Avec l’introduction de ces normes, les prestataires sont aujourd’hui obligés de satisfaire à une série d’exigences communes.

« Les mamans dont les enfants de moins de cinq ans n’ont jamais bénéficié de l’éducation dispensée par les groupes de mères peuvent maintenant recevoir une éducation parentale  »

Husnul Khatimah

employé dans un centre préscolaire de Samapuin, Sumbawa island

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Au centre de la petite enfance, un enseignant donne son goûter à un élève ; pour les familles pauvres, les repas scolaires sont une incitation à inscrire leurs enfants au centre.

Ed Wray / Banque mondiale

Contribution du Groupe de la Banque mondiale

Le coût total du projet s’élève à 127,74 millions de dollars pour la période 2007-2013. La Banque a apporté 67,5 millions de dollars sous la forme d’un crédit de l’Association internationale de développement (IDA). Le reste des fonds a été fourni par l’État indonésien et par des partenaires du développement, notamment les Pays-Bas.

Partenaires

La réussite du projet tient à l’étroite collaboration des partenaires du développement, en particulier les Pays-Bas, qui ont soutenu l'exécution du projet à hauteur de 25,3 millions de dollars par l'intermédiaire de leur Fonds fiduciaire de soutien à l'éducation. Par ailleurs, une équipe de chercheurs financée par le programme de bourses de recherche pour le développement (ADRAS) de l'Agence australienne pour le développement international (AusAID) a participé à la conception et à la mise en œuvre de l'évaluation d'impact.

Perspectives

Dans l’optique d’élargir l'accès aux services de la petite enfance, le gouvernement indonésien évalue actuellement le modèle de prestation de services utilisé dans le cadre du projet, afin de mettre en évidence ses points forts et ses points faibles et d’établir un plan de développement de ces services de manière globale et intégrée. Il a également entrepris d’adapter le volet du projet consacré à la formation des enseignants pour l’inclure dans son nouveau programme de formation des enseignants de la petite enfance.

Bénéficiaires

Avant la création des centres préscolaires, les familles du village de Samapuin, situé à Sumbawa, dans la province indonésienne des petites Îles de la Sonde occidentales, n’accédaient à des services de développement de la petite enfance qu’à travers les postes de santé villageois (Posyandu) ou des associations de mères de famille. Le projet a regroupé ces services sous un même toit, comme l’explique Husnul Khatimah, employé dans un centre préscolaire deSamapuin : « Les mamans dont les enfants de moins de cinq ans n’ont jamais bénéficié de l’éducation dispensée par les groupes de mères peuvent maintenant recevoir une éducation parentale ». 


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537 700
enfants ont fréquenté les centres dédiés à la petite enfance et ont ainsi bénéficié de services éducatifs et sanitaires améliorés


Carte du projet





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