Développer la compétitivité : créer des emplois et réduire les inégalités

27 février 2014


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Ouvrier dans une usine en Inde

Ray Witlin / Banque mondiale

Le Groupe de la Banque mondiale aide les pays clients à identifier et mettre en œuvre les politiques publiques et les investissements susceptibles de favoriser la compétitivité dans l'ensemble des secteurs économiques et des industries. Les interventions vont d'opérations d'appui budgétaire à de l'assistance technique en passant par des projets d'investissement public. Déjà utilisée dans une trentaine de projets à travers le monde, cette approche est mise en œuvre par des équipes issues de l'ensemble du Groupe de la Banque mondiale. Le montant total des prêts avoisine 1,5 milliard de dollars, dont près de 580 millions de financements de l'IDA. Une vingtaine de projets sont en préparation en vue de répondre aux demandes des pays clients.

Défis

À l’horizon 2030, les pays en développement (principalement en Afrique et en Asie) vont devoir créer environ 600 millions d’emplois pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail. Une telle progression impose un rythme de création d’emplois sans précédent. Pour relever ce défi, les réformes portant sur l'environnement macroéconomique et le climat de l'investissement, bien que nécessaires, ne suffiront pas. Au-delà des mesures macroéconomiques, on peut opter pour une stratégie plus ciblée et développer les marchés d’emploi en se consacrant sur certains secteurs et pôles d’activité spécifiques, sélectionnés pour leur potentiel concurrentiel. À l’inverse des mesures antérieures de politique industrielle, l’approche fondée sur la compétitivité repose sur des méthodologies rigoureuses et des efforts d’évaluation soutenus afin de mettre en évidence les résultats, maîtriser les coûts budgétaires et limiter les risques de lobbying industriel et de « captation de la réglementation ».



Solutions

En matière de compétitivité industrielle, la situation de chaque pays client requiert une approche distincte, fondée principalement sur les difficultés spécifiques de l’environnement économique local et les ressources disponibles. Les interventions du Groupe de la Banque mondiale consistent généralement en un diagnostic des secteurs d'activité et des industries du pays, un dialogue ouvert entre les secteurs privé et public, une hiérarchisation stratégique des investissements publics, un échelonnement des réformes dans l'ensemble des secteurs, et des mesures permettant de garantir une responsabilisation exigeante durant la phase de mise en œuvre.

En vue d'optimiser le potentiel de création d'emplois que recèle l'économie de chaque pays, la palette des interventions axées sur la compétitivité porte sur le développement de :

Pôles de croissance dans une zone géographique délimitée, sachant que les investissements publics sont multisectoriels par nature et visent à fournir le climat d'investissement adéquat pour inciter le secteur privé à investir ;

Zones économiques permettant de tester les réformes politiques (un statut fiscal plus favorable par exemple) et d’organiser la fourniture de biens communs (concentration d’entreprises dans des parcs d’activité ou par filières) afin d’attirer des investisseurs privés et de maximiser les « effets de retombée » sur des industries similaires et, ce faisant, de stimuler la croissance ;

Chaînes de valeur et filières industrielles offrant un appui et des investissements pour augmenter la part de l’économie locale dans la chaîne d’approvisionnement industrielle du producteur au consommateur et pour aider les industries locales à se tourner vers des activités de biens et de services à plus forte rentabilité (transformation et transport en plus des activités de production agricole ou d’élevage par exemple) ;

Villes compétitives selon une approche analytique qui vise à rendre les économies urbaines plus résilientes en tirant le maximum des avantages comparatifs de leur « vocation économique » (domaines de spécialisation, que ce soit la pêche et des industries de services maritimes, la production et la transformation agricoles ou l’assemblage automobile et la fabrication de pièces détachées). 

Résultats

Voici quelques exemples des programmes de compétitivité entrepris par le Groupe de la Banque mondiale : 

1. Au Bangladesh : un investissement conjoint de la Banque mondiale et de la Société financière internationale (IFC) d'un montant de 98 millions de dollars dans un projet de zones économiques spéciales a incité le secteur privé à investir pour stimuler la création d'emplois par le biais des programmes de l'Autorité des zones franches d'exportation du Bangladesh (BEPZA) et du Fonds pour le climat d'investissement au Bangladesh (BICF), ce dernier étant financé par l'IFC.

  •  Résultats : les huit zones franches d'exportation financées par le BICF ont généré 1,8 milliard de dollars d'investissements, plus de 262 000 emplois et près de 22 milliards de dollars d'exportations. Avec l'appui du BIFC, l'action de la BEPZA a contribué à faire grimper l'investissement de 113 millions de dollars et à donner un emploi à environ 15 000 personnes entre 2007 et 2010.

2. À Madagascar : un projet de pôles de croissance d'une valeur de 129,8 millions de dollars visant à appuyer la création d'un pôle touristique à Port-Dauphin et d'un pôle d'industries manufacturières légères à Antananarivo a suscité un vif intérêt de la part des investisseurs privés. La Banque mondiale a financé certaines infrastructures publiques liées au projet, tandis que l'IFC a investi dans des infrastructures privées ciblées présentant un fort potentiel (les hôtels, par exemple), offert des lignes de crédit aux PME, fourni des mécanismes de garantie et financé une assistance technique destinée aux institutions financières.

  •  Résultats : fin 2013, ces deux pôles comptaient plus de 4 000 entreprises enregistrées, et plus de 14 000 emplois formels avaient été créés. Le projet a bénéficié directement à plus de 21 000 personnes.

« L'argent de la Banque mondiale va me permettre de transporter mon bétail jusqu'au Nigéria.  »

Hassane Bola

L'un des nombreux bénéficiaires de la filière agro-industrielle appuyée par le Groupe de la Banque mondiale au Niger

Contribution du Groupe de la Banque mondiale

Plus de 1,45 milliard de dollars ont été investis dans des projets relatifs à la compétitivité industrielle, soit 27 projets en cours d'exécution financés dans leur quasi-totalité par l’IDA et la BIRD. Dix-neuf autres projets, pour une valeur totale de 1,566 milliard de dollars, sont en phase de conception. Cette quarantaine de projets sont répartis dans le monde entier : 53 % en Afrique, 5 % en Asie de l'Est et dans le Pacifique, 8 % en Europe et en Asie centrale, 15 % en Amérique latine et dans les Caraïbes, 8 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et 13 % en Asie du Sud. On compte également 56 activités d'analyse et de conseil dans différents pays et régions : 66 % en Afrique, 2 % en Asie de l'Est et dans le Pacifique, 5 % en Europe et en Asie centrale, 7 % en Amérique latine et dans les Caraïbes, 11 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 7 % en Asie du Sud, et 2 % dans le cadre d'initiatives mondiales.                                           

L’ensemble de ces opérations tirent parti du Programme pour la compétitivité et l’innovation industrielles (CIIP), un nouveau partenariat multidonateurs ayant pour vocation de compléter les contributions du Groupe de la Banque mondiale en mobilisant les ressources disponibles à l'échelle mondiale en termes d’expertise, de savoir-faire opérationnel et d'investissement. Au cours de ses cinq années d'existence (depuis son lancement durant l'exercice 2013), les partenaires du CIIP ont pour objectif de mobiliser un total de 100 millions de dollars en appui direct, qui permettront à leur tour de générer de 6 à 8 milliards de dollars d'investissements publics (y compris via des prêts du Groupe de la Banque mondiale) ainsi qu'un volume significatif d'investissements privés. À l'heure actuelle, 12 interventions nationales appuyées par le CIIP sont en cours de préparation (pour une valeur totale avoisinant les 12,5 millions de dollars), ainsi que quatre produits du savoir de portée mondiale (pour près de 3 millions de dollars) et un certain nombre de produits du savoir transversaux (pour 3 millions de dollars supplémentaires).

Partenaires

Aux côtés du Groupe de la Banque mondiale, de nombreux partenaires, parmi lesquels la Commission européenne, l'Autriche et la Suisse (les bailleurs de fonds du CIIP), ont adopté l'approche fondée sur la compétitivité industrielle. Un « centre de réflexion » composé d'universitaires (Ricardo Hausmann de l'Université Harvard, Francis Fukuyama de l'Université Stanford, Dani Rodrik de l'Université de Princeton, Charles Sabel de l'Université Columbia et Arun Maira de la Commission indienne de planification) fournit des conseils aux équipes concernées. Un autre groupe de spécialistes chevronnés rassemble des experts de haut niveau originaires de Malaisie, d'Espagne et du Chili. Une conférence mondiale organisée récemment avec le soutien financier du CIIP a rassemblé des partenaires et des clients participant à la mise en œuvre des politiques industrielles, des représentants du secteur privé impliqués dans ces interventions et des universitaires de renom effectuant des recherches sur ces approches. Cet événement a attiré plus de 200 participants et permis de stimuler le débat autour des modalités de la croissance et de la compétitivité, en analysant des expériences du monde entier.

Perspectives

En conjonction avec le CIIP, les équipes chargées des pratiques de compétitivité continueront d'appuyer les efforts déployés par le Groupe de la Banque mondiale pour promouvoir la compétitivité, la création d'emplois et la prospérité. À cette fin, elles mettront tout d'abord l'accent sur l'obtention de résultats tangibles dans le cadre des opérations financées récemment, avant d’élargir ultérieurement le périmètre de leurs activités.

Bénéficiaires

Hassane Bola est boucher dans le sud du Niger. Il vit à proximité du pôle agricole de Maradi (région haoussa) et a bénéficié, comme 4 000 autres entreprises nouvellement créées, d'un projet appuyé par la Banque mondiale qui a consisté à améliorer le réseau routier ainsi que les infrastructures de stockage et de transformation pour les PME du secteur de la viande et de la boucherie.

Il explique : 


« La viande [nigérienne] a une excellente réputation dans toute la région. Tous ceux qui y ont goûté la trouvent excellente. Les bons mois, je gagne assez pour subvenir aux besoins de ma femme et de ma fille. Je ne suis pas riche mais, par rapport à mes amis, j'ai plutôt de la chance. Nous avons suffisamment de millet pour nous nourrir. L'argent de la Banque mondiale va me permettre de transporter mon bétail jusqu'au Nigéria. Avec un abattoir de meilleure qualité, on convaincra également les Nigérians d'acheter nos pièces de viande. Et avec des services vétérinaires dignes de ce nom, nos animaux seront plus gros et moins souvent malades.  »
262 748 emplois
créés par le Fonds pour le climat d'investissement au Bangladesh, financé par l'IFC
Source »


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