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DISCOURS ET TRANSCRIPTIONS 20 avril 2022

Allocution d’ouverture de la conférence de presse des Réunions de printemps - David Malpass, Président du Groupe de la Banque mondiale

Bonjour à tous. Beaucoup de choses se sont déjà passées cette semaine. Les Réunions de printemps du Groupe de la Banque mondiale et du FMI ont commencé, et nous nous rencontrons à un moment marqué par des crises. Nous faisons face à la COVID-19, à l’inflation et à la guerre en Ukraine. En ce qui concerne nos perspectives de croissance, nous avons revu à la baisse nos prévisions de la croissance économique mondiale et j’ai vu que le FMI en a fait de même. L’arrêt de l’activité économique en Chine en lien avec la COVID-19 n’y est pas totalement étranger et pourrait peser sur l’économie mondiale en 2022. Par-dessus tout, la guerre et ses conséquences sont une source de stress pour les pauvres à travers le monde. Elle ajoute au fardeau de la dette, accable de nombreux pays et fragilise l’environnement mondial. L’un des principaux mécanismes de transmission de ses répercussions est la pénurie de denrées alimentaires, d’énergie et d’engrais. Les engrais et l’énergie étant essentiels au cycle des cultures, ils interagissent et créent une crise d’insécurité alimentaire qui durera au moins des mois et se prolongera probablement jusqu’à l’année prochaine. Les prix des denrées alimentaires ont déjà augmenté de 37 % en glissement annuel. Il y a eu un basculement au niveau des prix relatifs, l’augmentation de ceux des denrées alimentaires ayant dépassé l’indice des prix à la consommation (IPC). C’est un indicateur important qui permet de déterminer dans quelle mesure l’augmentation touche les pauvres, qui doivent dépenser plus pour l’alimentation en prélevant sur leur budget quotidien. Lorsque l’augmentation des prix alimentaires est supérieure à l’IPC, cela met évidence le fardeau et les effets inégalitaires des différentes crises mondiales.

Le Groupe de la Banque mondiale est intervenu rapidement face à ces crises : d’abord, il a augmenté ses financements pour lutter contre la COVID-19 au cours des deux dernières années. Ces financements faisaient partie des plus rapides et des plus importants de l’histoire de notre institution. Et nous consacrons maintenant des fonds à l’Ukraine et avons accéléré nos procédures aussi bien pour les engagements que pour les décaissements, dont la somme de près de 1,5 milliard de dollars que j’ai annoncée en Pologne la semaine dernière.

Ces concours s’inscrivent dans le cadre de l’augmentation des financements du Groupe de la Banque mondiale, que nous comptons exécuter au cours des 15 prochains mois et qui devraient atteindre 170 milliards de dollars. Ce serait la plus importante série d’engagements jamais pris par le Groupe de la Banque mondiale. Nous travaillons également sur d’autres problèmes majeurs auxquels sont confrontés les pays en développement. Les vaccins sont importants et nous continuons d’avancer sur ce front. D’ici fin juin, nous aurons engagé 11 milliards de dollars dans des programmes de vaccination dans 81 pays. Nous travaillons sur des solutions pour la transparence et la viabilité de la dette des pays en développement, qui concernent aussi bien les pays à faible revenu que les pays à revenu intermédiaire.

Nous travaillons également activement sur le climat, dans le cadre de notre Plan d’action sur le changement climatique et de l’élaboration des rapports nationaux sur le climat et le développement (CCDR), qui recenseront les plus grandes priorités pour les pays dans les efforts qu’ils déploient afin d’atténuer le changement climatique et de s’y adapter.

Le monde doit prendre des mesures importantes pour faire face aux crises actuelles. L’une d’elles consiste à favoriser plus d’échanges commerciaux. Les mesures d’ouverture des marchés sont très importantes. J’ai été intrigué de voir l’Inde hier et aujourd’hui commencer à mettre sur le marché une partie de ses réserves de pétrole, une mesure que j’ai saluée. Je pense que l’ouverture des marchés par bon nombre d’économies avancées pourrait considérablement accroître l’offre mondiale et atténuer certaines des conséquences que subissent les pays pauvres. Et ceux-ci doivent eux-mêmes mettre en place des systèmes pour produire plus. Le hic est que ces dernières années, les investissements font défaut, en particulier dans les pays en développement. À l’avenir, nous devons mettre au point des mesures publiques qui favorisent l’accroissement des investissements.

L’une des solutions pour le monde est d’avoir conscience que les marchés ont une démarche prospective. Si des mesures sont annoncées aujourd’hui, cela influe immédiatement sur là où les gens commencent à investir. Je pense que le monde peut s’avancer et dire que la répartition du capital des ressources mondiales peut être améliorée. Cette répartition est aujourd’hui à l’origine de profondes inégalités. Et en réalité, ces inégalités se creusent. Ce qui signifie qu’un plus grand nombre de pays restent encore plus à la traîne, ne progressent pas et ne reçoivent pas les investissements dont ils ont besoin. La faute en partie aux politiques macroéconomiques des économies avancées. Celles-ci contractent de gros emprunts sur les marchés financiers mondiaux et ne laissent pas grand-chose aux autres pays. Cela peut être amélioré.

Et au fur et à mesure que les banques centrales relèvent les taux d’intérêt, il est important qu’elles utilisent tous les instruments dont elles disposent et que leurs efforts ne soient pas sapés par les mesures prises par les États pour stimuler la demande. Les banques centrales peuvent utiliser des instruments qui favorisent une augmentation de l’offre et une meilleure répartition du capital. Je pense que cette démarche sera cruciale. Elles évoquent non seulement les taux d’intérêt, mais aussi la contraction des bilans, ce qui, à mon avis, aurait un effet stimulant sur le climat de l’investissement mondial, car au vu de la situation actuelle, moins de capitaux seraient utilisés au niveau des banques centrales. En outre, ces dernières disposent d’instruments de réglementation qu’elles peuvent utiliser pour permettre et encourager davantage d’investissements dans les petites et les nouvelles entreprises, qui seront le segment dynamique d’une nouvelle économie.

Je rappelle là encore que les marchés sont orientés vers l’avenir. Les annonces sur la stabilité monétaire ne sont pas sans effet, et celles sur la répartition du capital ont un impact positif à un moment où le monde s’efforce de faire face à ces diverses crises.

Je tiens à ajouter une dernière chose avant de répondre à vos questions. La crise de la dette en elle-même est un sujet de discussions approfondies cette semaine, tant au FMI qu’à la Banque mondiale, ainsi qu’au sein du G20 et d’autres groupes d’actionnaires qui se réunissent cette semaine. C’est une question fondamentale et nous savons ce que montrent les données : une accumulation massive de la dette, en particulier dans les pays les plus pauvres. Il est important que le processus de résolution démarre rapidement. Lorsque l’on perd du temps, il devient beaucoup plus difficile de mettre en œuvre la résolution. C’est le problème auquel est confronté le Sri Lanka aujourd’hui. Il est important de constituer rapidement les comités de créanciers. La Chine a été invitée ce jour à mettre sur pied le comité des créanciers de la Zambie, qui aiderait à mettre en œuvre le Cadre commun. Comme je l’ai indiqué, à mesure que les taux d’intérêt augmentent, les pressions liées à la dette s’accentuent sur les pays en développement, et nous devons trouver des solutions de toute urgence. Je vous remercie de votre attention et vais maintenant répondre à vos questions.

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