Le dernier rapport de la Banque mondiale sur la situation économique de l’Algérie souligne le dynamisme de l’activité économique du pays et relève une baisse de l'inflation, tout en mettant en avant l'importance des données pour soutenir les efforts de l'Algérie vers une croissance durable et diversifiée.
ALGER, 22 mai 2024 — La croissance économique de l'Algérie est restée dynamique en 2023, le PIB enregistrant une hausse de 4,1 %, tirée par les solides performances des secteurs hors hydrocarbures et des hydrocarbures, selon le dernier rapport de la Banque mondiale. L'activité économique a été stimulée par une consommation privée dynamique et une forte croissance de l'investissement, alimentant une augmentation marquée des importations. La production d'hydrocarbures a été soutenue par une production record de gaz naturel, compensant la baisse de la production de pétrole brut due aux réductions volontaires des quotas de l'OPEP.
Malgré la baisse des prix mondiaux des hydrocarbures et l'augmentation des importations, qui ont entraîné une contraction de la balance commerciale, les réserves de change du pays ont continué à augmenter, atteignant un niveau confortable de 16,1 mois d'importations à la fin de l'année 2023. La croissance des prix à la consommation s'est modérée pour atteindre 5,0 % au premier trimestre 2024, contre 9,3 % en 2023, grâce à un dinar fort et à une baisse des prix des produits agricoles et des importations.
Le rapport souligne l'importance stratégique des données pour éclairer les politiques publiques et le potentiel des sources de données alternatives pour suivre en temps réel les développements économiques en Algérie. Ces sources, telles les données satellitaires sur l’éclairage nocturne et le développement des cultures, ou les mouvements des navires dans les ports algériens, permettent d’affiner le suivi de l'activité économique. Le rapport souligne également l'importance d'améliorer la disponibilité, la granularité et la publication en temps opportun des données économiques officielles, notamment en ce qui concerne l'activité, les investissements et le marché du travail.
« En 2022 et 2023, les autorités algériennes ont accéléré les efforts de numérisation et ont placé le renforcement des systèmes de données au rang de priorité nationale » , a déclaré Kamel Braham, représentant résident de la Banque mondiale en Algérie. "En plus de soutenir l'élaboration des politiques publiques, des données économiques robustes réduisent l'incertitude économique et soutiennent l'investissement, la croissance et la diversification."
Le rapport prévoit un ralentissement temporaire de la croissance en 2024, suivi d'une reprise robuste en 2025. Malgré les perspectives positives, il note que des dépenses publiques élevées et la croissance des importations, combinées à une modération des exportations d'hydrocarbures, pourraient exercer une pression croissante sur les équilibres budgétaires et commerciaux. De plus, des incertitudes importantes demeurent quant aux prix mondiaux des hydrocarbures et aux conditions climatiques.
Cyril Desponts, économiste principal de la Banque mondiale pour l'Algérie, a souligné l'utilité des sources de données alternatives : « Les données non conventionnelles apportent de la précision et de l’agilité à notre analyse car elles sont désagrégées dans le temps et l'espace, et disponibles rapidement. Début 2024, ces données indiquent que l'activité reste dynamique à travers le pays, mais à un degré moindre dans les régions productrices de pétrole affectées par les réductions de quotas, et que les régions de l’Est ont connu une reprise des précipitations et du développement des cultures, ce que nous reflétons dans nos projections macroéconomiques. »
Le rapport souligne également l'importance des réformes récentes et la nécessité d’accélérer la diversification en soutenant les investissements privés dans les secteurs hors-hydrocarbures. La loi relative à l’investissement de 2022, la loi monétaire et bancaire de 2023, l'adhésion formelle à l'accord de libre-échange continental africain, la loi sur le foncier économique de 2023 et le lancement des réformes des banques publiques visent à stimuler l'investissement privé pour favoriser la diversification. Renforcer ces efforts est crucial, car l'investissement public, autrefois moteur de la croissance de l'Algérie, est contraint par la croissance des dépenses courantes.