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COMMUNIQUÉS DE PRESSE20 juin 2023

Pour le développement d’une économie verte et résiliente, le Gabon doit réformer les subventions aux carburants tout en protégeant les plus pauvres

LIBREVILLE, le 20 juin 2023 – Si l'économie gabonaise a bénéficié en 2022 des cours élevés du pétrole, la hausse des prix internationaux de l'énergie a également entraîné d’importants coûts budgétaires au détriment des dépenses sociales pour les plus vulnérables et de l’environnement. Publiée aujourd'hui, la dernière édition de la Note de conjoncture économique du Gabon souligne l'importance de réformer les subventions aux carburants afin d’en limiter le coût économique, environnemental et social, tout en renforçant les programmes de protection sociale de manière à soutenir les populations les plus vulnérables et d’améliorer la viabilité des finances publiques.

La reprise économique du Gabon s'est accélérée, pour atteindre 3,1 % en 2022. La balance commerciale et les finances publiques du pays ont bénéficié des prix élevés des produits de base et de la bonne tenue des exportations de matières premières comme le pétrole, le bois et le manganèse. Le Gabon a ainsi enregistré en 2022 son plus fort excédent budgétaire depuis les chocs sur les prix du pétrole de 2014.

Cependant, les effets prolongés de la pandémie de COVID-19 sur les chaînes d'approvisionnement mondiales, conjugués à l'impact de l'invasion russe en Ukraine, ont fait grimper les prix mondiaux de l’alimentation et de l'énergie. Alors que la population gabonaise, en particulier les habitants les plus vulnérables, ressentait de plus en plus durement les effets de l’inflation, le gouvernement a augmenté les dépenses destinées à subventionner les carburants et les denrées alimentaires dans le but de contenir la hausse du coût de la vie pour les ménages.

Pour tenter de limiter l’augmentation du coût budgétaire induit par les subventions aux carburants, le gouvernement a décidé de libéraliser progressivement les prix pour le secteur industriel à partir de juin 2022, tout en maintenant inchangés les prix pour les ménages. En dépit de ces efforts, le coût budgétaire des subventions aux carburants a continué d'augmenter. Estimées à 100,6 milliards de francs CFA en 2022, soit 0,7 % du PIB, les dépenses publiques allouées à ces subventions ont représenté les deux tiers des dépenses publiques totales consacrées à la santé, et plus de la moitié de celles affectées à l'éducation au cours de la même année.

« Les coûts d’opportunité fiscaux et sociaux des subventions sont extrêmement élevés. Le rapport souligne l’importance de développer une économie viable et intégrative, résistante aux chocs et de façon durable. Ce qui nécessite d’investir massivement tant dans les infrastructures que dans le capital humain », indique Aissatou Diallo, représentante résidente de la Banque mondiale pour le Gabon.

Cette nouvelle édition de la Note de conjoncture du Gabon, qui s’intéresse plus particulièrement aux réformes des subventions aux carburants, souligne que ces soutiens profitent principalement aux segments les plus riches de la population. Le rapport présente également les enseignements tirés de l'expérience de pays qui ont mené à bien des processus d’ajustement des prix.

« Étant donné que les subventions aux carburants profitent essentiellement aux couches les plus aisées de la population, il apparaît important d'envisager des politiques alternatives plus efficaces et mieux ciblées pour soutenir les personnes les plus vulnérables », explique Sonia Barbara Ondo Ndong, coauteure du rapport.

À la lumière de l’expérience internationale, le rapport décrit les bonnes pratiques et les mesures d'accompagnement possibles pour une réforme des prix des carburants qui soit socialement acceptable et qui réduise au minimum l'impact sur la population :

  • Réformer en priorité les subventions qui profitent aux couches les plus riches de la population et qui représentent le coût le plus élevé pour les finances publiques ;
  • Adopter un mécanisme temporaire de lissage des prix qui offre un juste équilibre entre volatilité excessive et risques budgétaires ;
  • Échelonner la réforme pour permettre aux ménages et aux entreprises de s’adapter et pour déployer des mesures d’atténuation ;
  • Engager des consultations avec toutes les parties prenantes et mener des campagnes de communication pour répondre aux préoccupations des différents groupes économiques ;
  • Adopter des mesures ciblées pour atténuer l’impact sur les groupes les plus vulnérables et les secteurs clés pour l’économie, en renforçant les filets sociaux et en augmentant les dépenses sociales.

La réduction des subventions aux carburants permettrait au Gabon de dégager des ressources qui pourraient servir à soutenir une politique budgétaire anticyclique et à relever les défis du développement.

« L’expérience des pays qui ont réformé les subventions aux carburants montre qu'il n'existe pas un ensemble unique et uniforme d’interventions. Au contraire, ces mesures doivent faire l'objet d'un débat public et être conçues de manière à refléter les préoccupations et les caractéristiques de chaque pays », affirme Erick Tjong, coauteur du rapport.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE N° : 2023/073/AFW

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À Libreville:
Laura Mebie,
+241 74 65 15 79
À Washington:
Caitlin Denise Berczik,
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