La Banque mondiale appelle au renforcement de capacités de la Direction nationale de l’eau potable et de l’assainissement pour assurer la gouvernance du secteur
Port-au-Prince, 29 janvier 2019 – Une nouvelle étude publiée par la Banque mondiale souligne l’urgence de mieux cibler les investissements dans le secteur de l’eau et de l’assainissement en Haïti afin de mieux servir toute la population et de lutter contre la pauvreté.
Le nouveau rapport intitulé « Regarder au-delà de la provision par le gouvernement des services en eau et assainissement - Les choix et pratiques des plus vulnérables en Haïti », démontre un lien direct entre le manque d’accès à l’eau et à l’assainissement et la santé de la population, avec notamment un effet néfaste sur la croissance des enfants. Cette étude informe qu’entre 1990 et 2015, il y a eu une diminution de 4 % de la population ayant accès à des sources améliorées d’eau (passant de 62 % à 58 %), et que la moitié de la population pauvre reste privée d’un accès à des infrastructures sanitaires alors que 30% dépendent d’installations non améliorées.
« L’accès à l’eau potable et à l’assainissement constitue un investissement direct dans le capital humain. Les efforts pour favoriser l’accès aux services de l’eau, d’assainissement et d’hygiène ont des répercussions positives sur la résilience des populations, notamment en matière de santé », a dit Anabela Abreu, directrice du bureau de la Banque mondiale en Haïti. « Cette étude doit permettre de mieux cibler les actions d’approvisionnement en eau et de les orienter vers les régions les plus nécessiteuses dans un souci d’équité ».
Près de 25% des haïtiens recourent aux services du secteur privé pour s’approvisionner en eau potable, un pourcentage qui est encore plus élevé dans la région métropolitaine de Port au Prince, et qui atteint les 57%. Ainsi, les dépenses en eau à Port-au-Prince représentent 15% des dépenses annuelles par ménage.
Par ailleurs, un inventaire national des infrastructures d’eau potable réalisé en 2017, montre la grande disparité de l’accès à l’eau potable à travers le pays. Cette disparité est marquée entre les départements, avec des accès à l’eau situés entre 28% dans la Grande-Anse et 52% dans le Sud et le Centre. Celle-ci est encore plus marquée entre les sections communales. Dans l’Artibonite les taux d’accès varient de 7% à 74%, et dans la Grande Anse de 0% à 55%
Pour atteindre l’objectif de développement durable consistant à garantir l’accès à l’eau potable et à l’assainissement à tous, approuvé par les Etats membres des Nations unies en septembre 2015, la Direction nationale de l’eau potable et de l’assainissement avec le soutien de la Banque mondiale a démarré en 2015 une approche de programme baptisée : « Budget Programme par Objectifs – BPO ». Cette approche consiste, entre autres, à permettre à l’institution d’avoir une base de données sur la situation générale du pays afin de concevoir un programme national. Ce programme doit permettre à la DINEPA de garantir à l’horizon de 2030, 100% d’accès de base à l’eau potable, 80% d’accès à l’assainissement de base amélioré et 20% à l’assainissement individuel regroupé pour les haïtiens. Pour y parvenir un investissement annuel de l’ordre de 124 millions de dollars est nécessaire.
Ces études menées en collaboration avec des partenaires financiers et techniques dont la Banque Interaméricaine de Développement, l'Agence espagnole de coopération internationale au développement (AECID), l’Unicef et la coopération Suisse doivent orienter des interventions stratégiques afin de garantir l’accès universel et équitable à l’eau potable et à l’assainissement dans le pays. Ces analyses proposent plusieurs options afin de mieux dépenser pour offrir une meilleure couverture eau et assainissement pour les plus pauvres :
- Cibler et augmenter le financement public dans les zones les plus dépourvues en eau potable et assainissement ;
- Travailler en collaboration avec le secteur santé pour que les interventions en eau potable et assainissement obtiennent de meilleurs résultats en matière de santé ;
- Elargir les partenariats et recherches de financements du secteur privé dans les services de délégations de gestion de l’eau potable et assainissement dans les zones urbaines et rurales.
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