Skip to Main Navigation
Podcast19 décembre 2023

Le BRT de Dakar : la solution de mobilité urbaine du futur

Use the following clickable timestamps to listen to the podcast.

[00:00] Introduction

[01:05] Le BRT, une réponse aux difficultés du système de transport de Dakar

[02:00] Témoignage de Joséphine Manka, une ambassadrice du BRT

[03:18] Modalités de mise en place du BRT

[04:00] Impact sur la durée et le coût du transport

[05:48] Urbanisation rapide des villes africaines et santé publique

[07:50] Partenariat Sénégal-Banque mondiale pour une ville plus verte

[09:36] Anticiper les défis futurs grâce à la formation

[11:52] Fary Dieng, première femme conductrice de BRT au Sénégal

[12:49] Conclusion

Pour ce nouvel épisode du People First Podcast, prenons un ticket de bus pour le pays de la Terranga.

Dakar la capitale sénégalaise, longtemps touchée par des problèmes de mobilité, connaît une véritable renaissance. La ville est sur le point d'accueillir le tout premier système de bus à haut niveau de service ou Bus Rapid Transit (BRT) entièrement électrique d'Afrique.

Ce projet révolutionnaire, soutenu par la Banque mondiale, vise à résoudre les problèmes de transport des habitants de Dakar et à améliorer leur qualité de vie.

Pour en savoir plus sur cette solution innovante, qui pourrait faire bouger les lignes dans d'autres villes africaines, écoutez People First Podcast maintenant.

Laissez un commentaire ici. Votre avis nous intéresse !

People First Podcast

Introduction : Fermez les yeux un instant….Vous êtes à Dakar… Quelle image vous vient à l’esprit ? 

Il y a bien sûr les incontournables : le Thiebou Dieune, Le monument de la renaissance africaine ou encore…. la musique sénégalaise, celle de Youssou Ndour, Baba Maaal, Waly Seck et tant d’autres… ça y est, vous y êtes ? Pas sûr que l’environnement que nous décrit notre première interlocutrice du jour soit aussi enchanteur. 

LA PREMIERE INTERLOCUTRICE : Parfois, le matin je me lève avec des allergies, à cause de la poussière, à cause des odeurs assez fortes, des odeurs de carburant, de pétrole…donc ça me met assez mal à l’aise. Regardez le taxi dans lequel nous sommes. On ne peut pas dire qu’il est assez propre ! 

RAMA GEORGE : Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast People First, le podcast de la Banque mondiale, région Afrique de l'Ouest et du Centre, qui donne la parole à ses habitants.  Ici Rama George.

Et si les difficultés du système de transport dans la capitale sénégalaise s’atténuaient grâce à une infrastructure jamais testée ?  Cela peut réellement se concrétiser avec le premier Bus à haut niveau de service dont vont bientôt bénéficier les habitants.

Ce système de bus rapide sur voie réservée a été réalisé avec l’appui de la Banque mondiale. Au-delà de ses capacités à régler les problèmes de mobilité, la singularité de celui de Dakar est qu’il fonctionne à l’électrique. 

Dans cet épisode, vous découvrirez que les bénéfices de cette première africaine ne se situent pas seulement au niveau du transport, mais aussi sur la qualité de vie. Nous verrons comment au pays de la téranga, on innove pour les modes de transport de demain. Enfin vous aurez droit à une petite balade à bord du BRT avec comme guide la première conductrice de ce moyen de transport innovant.

JOSEPHINE MANKA ET AGENT DU BRT

Bonjour, ça va…Le bus est vraiment joli !

RAMA GEORGE : Joséphine Manka est une jeune retraitée. Elle habite près du corridor de l’infrastructure qui devrait beaucoup améliorer la mobilité à Dakar. Elle fait partie des dizaines de citoyens ambassadeurs du BRT. Pendant des mois, elle a été témoin de la construction de la voie réservée du Système de bus rapide, de ses stations modernes fonctionnant à l’énergie solaire. 

C’est un jour spécial ! Elle est sur le point d’expérimenter l’un des 158 bus qui devraient à terme connecter 300 000 usagers au quotidien, mais aussi le confort du silence qui va avec. 

RAMA GEORGE : Ah ! L’un des avantages d’un bus fonctionnant à l’électrique… Immersion sous les yeux émerveillés de notre visiteuse du jour.  

JOSEPHINE MANKA : Voyager à bord d'un bus BRT, c'est vraiment un réel plaisir. C'est bien équipé. Il y a beaucoup de places assises. Il y a le climatiseur, il y a tout. Ça, peut-être que c'est l'écran, c'est une télévision ? Ou bien ?

AGENT BRT : Ça s'appelle des bornes d'information, des BIV, bornes d'information voyageurs. C'est pour afficher un peu, quand on est à l'approche d'une station. C'est pour afficher le nom de la station. 

RAMA GEORGE : Voici un bel exemple de système de transport qui allie innovation et confort. Mais comment va-il se mettre en place ? 

Fatou Diagne Diop est responsable communication du Conseil exécutif des transports urbains de Dakar, l’unité de gestion du projet BRT au Sénégal. Voici ses explications. 

FATOU DIAGNE DIOP : C'est un système de transport de masse efficace qui va traverser 14 communes avec 23 stations sur 18,3 kilomètres. Ce sont des chiffres clés à retenir. L'exploitation démarrera de 5h00 à 23h00, de 5h00 du matin jusqu'à 23h00. Ce qui offre quand même une alternative unique aux populations dakaroises.

RAMA GEORGE : Quant à Joséphine Manka, elle a le privilège d’expérimenter le BRT avant son inauguration…elle a hâte de le voir se concrétiser.  

JOSEPHINE MANKA : Comme tous les Sénégalais, les embouteillages nous hantent. Quand tu veux aller en ville, tu as vraiment mal au cœur parce que tu passes une heure et demie sur la route pour arriver en ville. De liberté 5 en ville, tu passes plus d'une heure de temps à cause des embouteillages. Donc avec le BRT, j'ai entendu dire que de Guédiouaye à Pétersen c'est 45 minutes, donc moi peut-être je fais 10 minutes pour arriver en ville. Ça me permettra de gérer mon temps, vraiment, par rapport à mes autres activités.

RAMA GEORGE : Pour Joséphine qui débute sa vie de retraitée, ces tracas sont occasionnels.

Notre prochaine intervenante est cadre dans une banque, habitant elle aussi à côté d’une des stations du BRT. Elle n’est que trop familière des coûts des congestions à Dakar. 

FRANCOISE : Mahob, Françoise, Stéphanie, Francesca. J'ai 25 ans. Je suis assistante fiscale. Je vais au plateau. Oui, place de l'indépendance. Hein? 2 000, il y en a 2 000. 2 000, qu'est-ce que c'est? Il m'a proposée 2 500 mais j'ai eu à négocier à 2 000 francs. 

RAMA GEORGE : Autant dire qu’un système de transport de masse sur voie réservée avec des tarifs autour de 500 francs CFA, lui permettrait de faire des économies.   

FRANCOISE : Je quitte de 2 000 francs à 300 ou 500 francs le transport. Il y a une marge de 1 500 en fait. C'est pas que rien en fait, c'est énorme. 

RAMA GEORGE : Les villes africaines ne cessent de grandir. Cette urbanisation rapide entraine de nombreux problèmes et défis liés au transport. Leur prise en compte dans une vision holistique devient plus que nécessaire pour un environnement plus vert, plus sain, bref plus vivable. A Dakar, il ne s’agit pas que de mobilité…il s'agit aussi de santé publique. 

Pour en savoir plus, nous vous embarquons à L'Hôpital d'Enfants Albert ROYER de Dakar.

IDRISSA DEMBA : Bonjour, je m'appelle professeur Idrissa Demba, je suis le Chef de service de pneumologie pédiatrique de l'hôpital d'enfants Albert Royer. Je suis pneumologue et allergologue. 

Nous sommes dans la salle de nébulisation, au niveau du service de pneumologie.  Nous recevons beaucoup d'enfants qui viennent en crise d'asthme ou qui ont des tableaux d'obstruction bronchique. Donc il faut les soulager rapidement. C'est le cas du nourrisson de 15 mois. Donc il va bénéficier des séances de nébulisation. Nous utilisons ce qu'on appelle un produit, le salbutamine, c'est la ventoline, et parfois on mélange avec d'autres produits. On fait une séance de nébulisation, ça dure 5 à 7 minutes, ça permet de les aider. Vous voyez, il y a de la vapeur et quand ça va au niveau des bronches, ça permet de bien dilater et ça les soulage.

L'asthme n'est pas une maladie seulement liée à la pollution… c'est une maladie multifactorielle. Il y a la prédisposition génétique, comme l'enfant que nous avons vu, qui a un membre de sa famille qui a de l'asthme. 

Nous avons fait également une étude aussi sur la prévalence de l'asthme en milieu scolaire. On s'est rendu compte que les enfants qui venaient à pied à l'école faisaient moins de crise d'asthme par rapport aux enfants qui venaient en voiture. Ils restent longtemps dans la circulation, pendant une heure ou 45 minutes, à respirer tous ces gaz qui dégagent des moteurs, diesel, tout ça. Effectivement, donc, dans une étude seule, peut-être que ça ne suffit pas, donc, je pense qu’aller vers les énergies propres, vertes, avec moins de pollution. En tout cas, ça améliorerait le confort respiratoire, ça éviterait de respirer ces gaz toxiques qui donnent des maladies, qui impactent beaucoup sur la qualité de l'air, mais aussi la qualité de vie. 

RAMA GEORGE : L’enjeu est donc là. Les modèles de mobilité durable comme le BRT ne sont certes pas une panacée mais ils peuvent faire partie de la solution. Au Sénégal, la quête de celle-ci se traduit par une volonté du gouvernement et l’appui de la Banque mondiale, pour faire évoluer Dakar d’une ville congestionnée à une ville plus verte, plus résiliente, favorisant l’usage des moyens innovants de transport public et les modes actifs tels que la marche ou l’utilisation du vélo. Sur une période de 30 ans, le BRT devrait contribuer à réduire 1,2 million de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre. 

Fatima Arroyo Arroyo est la spécialiste principale de la Banque mondiale en Afrique de l’Ouest. 

FATIMA ARROYO ARROYO : La Banque mondiale, déjà, finance une partie importante du projet d'infrastructure. Il y a d'autres institutions qui cofinancent les projets comme les banques européennes d'investissement. Et aussi, il y a une contribution importante du gouvernement du Sénégal et du secteur privé dans les projets. Mais à part cela, la Banque mondiale aussi accompagne d'un point de vue technique. Du coup, on a appuyé depuis le début pour le design du projet, et l'accompagnement dans l'engagement du secteur privé, à travers l'engagement de IFC Advisory, qui est aussi une institution du groupe de la Banque mondiale. Du coup, ce n'est vraiment pas seulement le financement que la Banque mondiale mène, mais aussi un appui technique depuis le début de la conception du projet jusqu'à la finalisation.

RAMA GEORGE : Afin que la mobilité urbaine puisse vraiment mettre l'accent sur les besoins des personnes, il est essentiel de la concevoir de manière à répondre aux problèmes actuels et à anticiper les défis futurs. Nouveaux défis. Nouveaux besoins en ressources humaines.  

[Des bruits de fond dans une salle de classe] 

Allo oui, Monsieur Baldé, je pense qu’on peut commencer.

C’est bon ? Vous nous entendez bien ?

Oui, oui, on vous reçoit.

Merci

Ok, c’est bon. Merci.

D’accord. Merci.

RAMA GEORGE : Un professeur en ligne et des étudiants en classe, nous sommes en plein cours du master Interuniversitaire en Transport et Mobilité numérique. Les étudiants de la première promotion, composée aussi de professionnels, ont la volonté d’aider leur pays à relever les défis de la mobilité de demain.

AMINATA DIOP-BA : Mon nom est Aminata Diop-Ba, je suis étudiante pour ce Master. Il faut que le transport s'ouvre à la digitalisation. Pour moi, c’est une évidence parce que c'est l'ère de la digitalisation. Voilà ! Il faut être aux mêmes standards que l'international. Bien sûr on veut développer notre Sénégal. 

PROFESSEUR OUMAR NIANG : Professeur Oumar Niang. Je suis professeur titulaire des universités à l'école polytechnique de Thies.  Donc je suis pour le cas de ce Master là, je suis le coordonnateur du groupe de travail interuniversitaire. Nous avons des formations en transport logistique, nous avond des formations en mobilité. Mais la composante intelligente, avec, naturellement, des compétences autour des systèmes embarqués, de tout ce qui est objet connecté, de tout ce qui est manipulation de données massives, même autour de l'intelligence artificielle, on ne l'a pas, on ne l'a pas encore. Donc cette formation-là répond à ce besoin spécifique de mise à disposition de compétences permettant, de pouvoir allier les deux domaines. 

RAMA GEORGE : Le BRT de Dakar ouvre ainsi la voie à une ambition faisant le pari d’une mobilité intelligente mais ne tombant pas dans la caricature de l’automatisation outrancière. 

L’opérateur concessionnaire entend justement trouver cet équilibre… 

UN INSTRUCTEUR BRT : Vérification avant le départ.  

RAMA GEORGE : Les futurs conducteurs du BRT sont sur la dernière ligne droite de leur formation. Au milieu des auditeurs, une silhouette attire l’attention. Fary Dieng est la première femme à conduire un Bus Rapid Transit au Sénégal. Plus qu’une vocation, une passion. 

FARY DIENG [traduction du WOLOF] : Cela me suit depuis mon jeune âge. J’ai d’abord commencé par la moto. Puis, j’ai conduit un taxi avant de continuer mon expérience dans le domaine du transport avec les mini bus. Mais un bus de ce gabarit ce n’est qu’ici que j’ai commencé à le conduire. C’est vraiment une grande satisfaction pour moi. Les populations attendent avec impatience l’exploitation du BRT et moi aussi j’ai hâte que cela commence pour apporter ma pierre à l’édifice.

RAMA GEORGE : Nous terminons ce numéro à bord d’un des BRT. Fary Dieng est aux commandes. Elle compte être une pièce maitresse de l’exploitation, l’entretien mais aussi de l’appropriation citoyenne de ce système de transport. 

Plus que les 1 000 emplois directs qu’il a l’ambition de générer, plus que les 170 000 emplois qu’il vise à rendre plus accessibles, le BRT de Dakar donne le ton d’une mobilité mettant l’humain au centre. Comme en écho au nom de ce podcast. 

C’est la fin de cet épisode. Au nom de toute l’équipe, nous vous remercions de nous avoir suivis. 

Au micro : Rama George

Pour nous écrire, une seule adresse, peoplefirstpodcast@worldbank.org ou tout simplement pfp@worldbank.org  

A très bientôt pour le prochain numéro ! En attendant, prenez soin de vous et à très vite ! 

***

À propos du People First Podcast :

People First Podcast vient apporter un éclairage humain et concret sur les thématiques de développement spécifiques aux habitants d'Afrique de l'Ouest et du centre, et sur la contribution de la  Banque mondiale. People First Podcast, pour un développement durable et inclusif !

À propos du Groupe de la Banque mondiale :

Le Groupe de la Banque mondiale est l'une des plus importantes sources de financement et de connaissances au monde pour les pays à faible revenu. Ses cinq institutions partagent l'engagement de réduire la pauvreté, d'accroître la prospérité partagée et de promouvoir le développement durable.