Haïti traverse actuellement l'une des périodes les plus difficiles de son histoire récente. Face à cette situation politique et sécuritaire déplorable, une Evaluation Rapide de l’Impact de la Crise (RCIA en anglais) a été menée et publiée en décembre 2024, sous le leadership du gouvernement haïtien et coordonnée par plusieurs bailleurs, identifiant des mesures pour faire face à la crise et soutenir la transition
A la demande du gouvernement haïtien, une table ronde des donateurs a été organisée sur la base de ladite évaluation, lors des réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI le 22 avril 2025, pour discuter des priorités programmatiques d’Haïti avec les partenaires internationaux dans une perspective de redressement.
La table ronde a été l'occasion pour les différents acteurs concernés par la situation d’Haiti d'examiner et de discuter d'une version mise à jour du plan d'investissement du RCIA, qui a identifié les priorités d'investissement les plus critiques pouvant être mises en œuvre dans le contexte sécuritaire actuel. Ce fut également l’occasion de réunir des experts pour rappeler à la communauté des donateurs et des partenaires que les « coûts de l’inaction » seraient insupportables pour Haïti et la région.
« L’exacerbation de la violence menace d’inverser les progrès réalisés par le gouvernement haïtien au cours des derniers mois, » a dit Carlos Felipe Jaramillo, vice-président de la Banque mondiale pour l'Amérique latine et les Caraïbes. « Aujourd’hui, Haïti a plus que jamais besoin d'un soutien concret pour sortir plus forte de cette crise. Aussi, sommes-nous ici pour rappeler que le coût de l'inaction est élevé. »
Haïti continue de se tenir debout
Lors de son intervention, le Premier ministre haïtien Alix Didier Fils-Aimé a relaté l’engagement du gouvernement en faveur de la relance économique et de l’amélioration de la sécurité. Il a expliqué que cette table ronde est fondamentale pour communiquer leurs priorités stratégiques à divers partenaires et pour demander le soutien nécessaire à la mise en œuvre du plan d’investissement résultant du rapport d’évaluation rapide de l’impact de la crise.
« Le Plan d'investissement ne se limite pas à une série de projets à financer. Il reflète la vision du gouvernement haïtien d'une relance fondée sur la justice sociale, la sécurité humaine et le développement économique », a déclaré Alix Didier Fils-Aimé, Premier ministre Haïtien. « Conformément à notre vision de la relance économique, le gouvernement a adopté une série de dispositions visant à aligner l’allocation des ressources publiques sur les priorités du Plan. »
Les besoins d’investissement globaux décrits dans le plan actualisé sont estimés à 644 millions de dollars américains, dans le cadre de 107 programmes distincts dans les quatre domaines prioritaires décrits dans l’évaluation. Le gouvernement a déjà mobilisé plus de 209 millions de dollars auprès de partenaires internationaux, ce qui laisse un besoin de financement de 364 millions de dollars pour les deux années à venir afin de permettre des interventions jugées urgentes, réalistes et d'importance stratégique.
Vers une version actualisée de l’impact de la crise actuelle
Tout au long de l'après-midi, l'ONU et la Banque mondiale ont animé des discussions techniques sur la coordination des donateurs, notamment le Plan de stabilisation des Nations Unies et les options de gouvernance et les modalités de mise en œuvre du Plan d'investissement actualisé de l'évaluation rapide de l'impact des crises. Pour mettre à jour le plan, les équipes du RCIA ont examiné la faisabilité de tous les programmes identifiés dans le rapport, s'ils correspondent aux priorités essentielles dans le contexte de sécurité actuel et ont mis à jour les besoins d'investissement en conséquence.
« La priorité est de protéger les institutions gouvernementales essentielles, nécessaires pour assurer la prestation de services dans les zones contrôlées par le gouvernement et faciliter la reprise économique. Il est également nécessaire de préserver le capital humain essentiel pour conserver les compétences et la main-d'œuvre nécessaires à la reprise », a déclaré Anne-Lucie Lefebvre, Responsable des opérations de la Banque mondiale en Haïti.
Par la suite, la Banque interaméricaine de développement a coordonné un panel sur le prochain plan de relance et de développement à moyen terme, demandé par le gouvernement haïtien et qui s'appuiera sur l'approche de partenariat adoptée pour le RCIA. Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé était accompagné du ministre des Finances, Alfred Metellus Fils, de la ministre du Plan, Ketleen Florestal et du ministre délégué à la Solidarité et à l'Action humanitaire, Herwil Gaspard.
Les principaux partenaires internationaux comprenaient Ilan Goldfajn, président de la BID ; Carlos Felipe Jaramillo, vice-président régional de la Banque mondiale ; Elizabeth Spehar, sous-secrétaire générale des Nations Unies chargée du soutien à la consolidation de la paix au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix ; Ulrika Richardson, représentante spéciale adjointe du Secrétaire général, coordonnatrice résidente et coordonnatrice humanitaire ; Rodrigo Valdes, Patrizia Tumbarello et Tina Burjaliani du FMI ; le secteur privé ; la société civile et des représentants de la diaspora.
Les acteurs de la société civile présents à la table ronde ont rappelé que les femmes et les jeunes, associés à la technologie, sont essentiels à la stratégie de relance post-crise. « Nous avons participé aux tables rondes des donateurs pour Haïti et insisté pour que l'accent soit mis davantage sur le pouvoir de la technologie, des femmes et de l'économie numérique comme élément de la solution pour la relance économique d'Haïti », a exprimé Marc Alain Boucicault de l’agence d’innovation BANJ. « Nous avons mis l’accent sur un meilleur accès à Internet, à l'énergie et aux FinTech en Haïti - des formations aux compétences numériques - l'inclusion des femmes - des partenariats public-privé prêts à l'emploi. »