Gaspar Sitoé, jeune homme talentueux originaire du sud du pays, rêvait de monter sa propre entreprise. Il voulait créer une marque de prêt-à-porter qui réponde à des besoins et la commercialiser, mais ne savait trop par où commencer.
Tout a changé lorsqu'en 2022, il a été retenu pour bénéficier d'Emprega, programme soutenu par la Banque mondiale et fournissant à de jeunes créateurs d'entreprises des financements et des mentorats. Gaspar a ainsi acquis les compétences de chef d'entreprise nécessaires pour poursuivre son rêve.
Au début 2023, il a créé la marque Cachichi puis, loin de s'en tenir là, Cachichi Clothing Enterprise, société qui produit et commercialise ses vêtements. L'entreprise est désormais bien installée à Matola, deuxième ville de la province de Maputo après la capitale.
« Quelle aventure !, raconte Gaspar. Si on m'avait dit comment cela allait se passer, je ne l'aurais pas cru. »
Créer de l'emploi
Aujourd'hui, Gaspar emploie une équipe de cinq personnes (trois hommes et deux femmes). En plus d'honorer deux contrats fixes de fourniture de vêtements de travail et d'uniformes scolaires, il s'est constitué une clientèle diverse et régulière. Il a en outre noué des alliances commerciales avec des partenaires internationaux. Parmi ses clients figurent d'autres jeunes gens soutenus par Agora Emprega, ce qui démontre l'efficacité du programme à favoriser l'établissement de réseaux et la croissance de leurs entreprises.
Malgré les nombreuses difficultés qu'il rencontre encore, dues notamment à la concurrence déloyale et informelle, aux taxes d'importation sur les équipements et à d'autres obstacles bureaucratiques, il ne perd rien de son allant. Il projette entre autres d'achever l'installation des locaux de l'entreprise, de diversifier sa clientèle ainsi que sa production, d'ouvrir une boutique de mode et de s'implanter dans les régions de Beira et de Nampula, où il a déjà établi des contacts avec des partenaires potentiels.
« Je vois combien mon entreprise est utile à la collectivité. Je voudrais encourager les jeunes comme moi à y croire, à ne jamais renoncer à leurs rêves et à aller de l'avant », ajoute Gaspar.
Favoriser l’entrepreneuriat chez les jeunes
Au Mozambique, il n'y a pas assez d'emploi pour les jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Environ 20 % des jeunes urbains sont au chômage. Dans les zones périurbaines et rurales, beaucoup travaillent dans l'agriculture ou occupent des emplois familiaux non rémunérés. Nombre d'entre eux ne possédant que des compétences limitées, il faut d'urgence leur procurer les formations nécessaires pour accéder à des emplois, à des rémunérations salariées ou à des possibilités de travail indépendant.
Pour répondre à ces besoins essentiels, la Banque mondiale a noué avec les autorités du pays un partenariat visant à améliorer l'accès des jeunes au travail via le programme Emprega, qui associe création d'emploi et actions en faveur de l'entreprise individuelle. Emprega comporte deux volets : Agora Emprega, concours de projets de création d'entreprises, et Acredita Emprega, programme de soutien à la productivité par la formation à l'activité indépendante.
Agora Emprega supplée au déficit d'emploi en finançant des plans d'affaires pour des entreprises nouvelles ou déjà existantes qui offrent un potentiel élevé de création de postes de qualité. Ce programme a pour objectif, à l’horizon 2025, d’accorder à 500 entrepreneurs sélectionnés sur l'ensemble du territoire des subventions pouvant atteindre 23 400 dollars, ainsi que des mentorats. À ce jour, 3 850 jeunes ont déjà reçu une formation à la création d'entreprise, dans les 11 provinces du pays. Les principaux critères applicables aux projets sont l'utilité et l'impact socioéconomiques, la promotion de l'égalité des sexes et la préservation de l'environnement. Le programme a déjà permis de créer près de 1 000 emplois, soit 384 à durée indéterminée et 608 à durée déterminée, 61 % d'entre eux étant occupés par des femmes.
Transformer des rêves en entreprises
Comme celle de Gaspar, l'aventure de Maria Vilanculo a débuté par un rêve : apporter du changement autour d'elle. Jeune psychologue déterminée, dans un pays où les personnes atteintes de troubles mentaux ou neurologiques sont très peu reconnues et prises en charge, elle rêvait d'ouvrir une clinique pour les accueillir. Mais pour transformer ce rêve en réalité, il lui fallait une aide.
Sélectionnée pour bénéficier du programme Agora Emprega, Maria a pu acquérir les connaissances en gestion dont elle avait besoin. Un an plus tard, elle recevait la première tranche de financement prévue par le programme et fondait la Casa da Psicologia (« Maison de la psychologie » en portugais), première clinique privée et multidisciplinaire exclusivement consacrée à la santé mentale dans le pays. En raison de la stigmatisation des troubles mentaux ou neurologiques, les degrés de prévalence au Mozambique sont peu connus. La clinique de Maria propose des prises en charge spécialisées en psychologie et aide psychosociale, psychiatrie, nutrition, thérapie de groupe et orthophonie.
« Il est à la fois difficile et beau de faire ce travail dans un environnement où les gens ne connaissent rien ou pas grand-chose aux troubles neurologiques et émotionnels, explique Maria. Mais nous y sommes arrivés et nous avons bien l'intention de poursuivre sur cette voie. »
Aujourd'hui, elle emploie quatre personnes, auxquelles s'ajoutent des intérimaires en fonction des besoins. Elle envisage à présent d'étendre son activité au reste du territoire et même à l'étranger. « Je suis tellement reconnaissante de la chance que m'a offerte Emprega. C'est mon rêve devenu réalité et je ne compte pas m'arrêter là ! »
Agora Emprega donne aux jeunes une chance de déployer leur esprit d'entreprise et de créer de l'emploi, temporaire ou permanent. Au total, Emprega devrait bénéficier à plus de 20 000 jeunes Mozambicains âgés de 18 à 35 ans, dont une moitié de femmes. Ce programme est soutenu par la Banque mondiale dans le cadre du projet pour la valorisation du dividende démographique (a), mis en œuvre par l'Institut national de la jeunesse sous l'égide du secrétariat d'État à la Jeunesse et à l'Emploi. La Banque mondiale s'investit pour aider le Mozambique à agir en faveur de l'emploi des jeunes, de la création d'emploi et de l'indépendance économique des femmes.